Revue de Presse : L’Express & Le Point.

Je suis retombé dans mes pires défauts : lire les hebdos sauce Macron pour les dézinguer, relever le meilleur (rare), exhiber leurs obscénités (pas rares). Mes ami(e)s me disent que «ça me fait du mal», «que je ne devrais pas m’esquinter la santé avec ces torchons», «qu’il me faut plutôt passer du temps pour les belles choses». Et bien, promis, fucking Christophe Barbier, fucking les chroniques sur les déjeuners annuels pour grands écrivains à l’Hotel Intercontinental, fucking la prose d’Orelsan, fucking Hortefeux serviteur de Wauquiez.

Promis les ami(e)s, je ne recommencerai plus.

OK, plus jamais avant mes prochaines lectures de presse.

Barbier de L’Express du 7-13 février.

Dans la Semaine Express, Christophe Barbier, le journaleux à l’écharpe rouge, nous démontre en quoi c’est un grand, un très grand journaliste. Le voilà se pâmant devant Edouard Philippe et un de ses camarades : Frédéric Mion. Vous me direz «qui c’est celui-là ?». Parrain d’un des enfants d’Edouard, c’est aussi le Directeur de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po), un des fleurons de nos grandes écoles. De celles qui fabriquent les Aubry, Raymond Barre, Attali, Juppé, BHL de demain.

Notre Christophe Barbier ne nous rase pas. Pas du tout. Le voilà nous livrant des informations essentielles. Un chef d’œuvre d’éditocrates. Qu’on en juge lorsque le Journaleux nous apprend qu’avant son départ pour la Tunisie, Madame Trogneux-Macron hésitait sur la couleur de ses tenues. Elle demanda alors à son Emmanuel : «Rouge et blanc, Biquet, c’est bien pour la Tunisie, non ?» Tout ça, c’est de l’info, de la grande, n’est-ce pas ? Deux petites questions-BiBi insistent quand-même : «Mais où était donc notre Barbier pour écouter et nous rapporter tout ça ? Dans le placard ?»

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Grande bouffe au 18ème déjeuner annuel de l’Express.

Ce déjeuner rassemble les plus gros vendeurs de livres 2017 et leurs éditeurs à l’Hotel Intercontinental. On y a pleuré l’absence de Jean d’Ormesson mais fort heureusement Amélie Nothomb et son magnifique couvre-chef étaient là. Michel Serres y a cotoyé le Général Pierre De VilliersBertrand de Saint-Vincent, «chroniqueur piquant du Figaro» blablatait avec Erik Orsenna qui – apprend-t-on – a refusé le poste de Ministre de la Culture.

Ce qui surprend les demeurés comme nous, c’est de voir à quel point les écrivain(e)s ça bouffe ! Et SVP, de la grande, de la très grande cuisine! Visez donc un peu le menu : «Noix Saint-Jacques marinées à l’huile noisette et citron caviars. Chausson de gibier à belles plumes. Poire pochée fourrée au sorbet. Le tout arrosé de Bordeaux blanc et rouge».

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La prose d’Orelsan pensée et récompensée.

Il paraît que cet Oreslan, chanteur couronné aux Victoires de la Musique, a une «vie simple, basique». C’est un «enfant devenu adulte». C’est «le rappeur qui monte». Un adulte qui doit faire peur à beaucoup de monde via ses prises de positions : «Je reste en dehors de la politique et du champ social. Dans mes morceaux, il y a des choses que je pense, et d’autres non. J’ai besoin de rester un observateur neutre». Pas besoin d’aller plus loin pour comprendre pourquoi l’hebdo de Drahi lui offre 4 pages de promotion.

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Comme il est d’usage dans ces milieux artistes-critiques-journalistes, on se rend des petits services. A toi, chroniqueur du Figaro, je te fais une critique de ton livre et plus tard, dans le Point, tu me rendras la pareille. Ainsi, dans ce n° de L’Express, on fait la pub du dernier ouvrage de Patrick Besson homme de lettres-Pinault-LePoint. On oublie de dire que notre Patrick arpenta sans aucune gêne beaucoup d’autres couloirs pour y plastronner (De L’Humanité au Figaro, via Voici, Marianne etc). Lire ici un souvenir-bibi sur le bonhomme.

Dans cette faune, on y déverse quand-même un peu d’arsenic. Jugez la façon qu’ils ont de se réconcilier. Extrait de la critique du dernier opus de Patrick Besson : «Ce Besson au « Pays des Soviets » est vif, drôle, un poil long, meilleur que les derniers romans de l’auteur». 🙂

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(Se) faire Le Point.

Pour ne pas être taxé de torchon pro-Macron, l’hebdo-Pinault nous parle de notre actuel Président, Président qu’il a soutenu sans vergogne, jusqu’à l’overdose, pendant la campagne électorale. Une fois le travail de Propagande proprement fait, une fois la place gagnée par Emmanuel pour cinq ans, Le Point peut nous la jouer «rebelle», genre : «Vous voyez bien qu’on n’est pas aux bottes du Pouvoir».

Et donc, on apprend que Philippe de Villiers se félicite de ce «président anormal» qui a «restauré la symbolique régalienne en matière de diplomatie», que Robert Ménard «applaudit des deux mains» les réformes sur l’éducation, que Charles Begbeider, de son côté, se réjouit idem : «Macron a un certain style, un charisme et il a magnifiquement pris le costume présidentiel». De toutes ces louanges, celle-ci vaut son pesant d’or : «Jean-Marie Le Pen loue son attitude et sa manière d’incarner le rôle présidentiel».

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Brice ! ô cher Brice ! Te revoilà !

Dans le même numéro, quatre pages suivent sur…. Brice Hortefeux, celui- la même dont Valérie, l’ex-femme, joue les lobbyistes pour Bolloré dans une grande banque italienne et qui se repose dans un bien parisien acheté 3,5 millions d’euros.

Brice Hortefeux donc, visé par une enquête pour détournement de fonds publics, supporter de Maurras, c’est l’homme au dérapage raciste contre les arabes. Souvenez-vous :«Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes».

Fort de ses insoupçonnables réseaux,  le voilà à nouveau en tête d’affiche, numéro 2 des Républicains derrière Wauquiez. Mais on fronce les sourcils et on s’interroge quand on s’arrête sur le passage suivant de l’article : «Lors de la polémique qui a opposé une partie de l’état-major de LR au ministre-tranfuge Gérald Darmanin accusé de viol mais clamant son innocence malgré les appels à sa démission, Brice Hortefeux tentait d’éteindre le feu en échangeant des SMS avec l’actuel Ministre des Comptes Publics».

C’est vrai ça, on peut se demander les raisons pour lesquelles Brice «veut éteindre le feu». Oui, tu nous dis, Brice.

Ces rapprochements plein de gentillesse, on les a retrouvés lors du passage de Macron à Clermont-Ferrand. C’est en effet, Brice qui personnellement s’occupa de loger Emmanuel dans «une belle chambre-ministre rénovée». Il n’est pas dit si Brice a ensuite nettoyé la chambre, s’il y a fait le lit et le ménage. Peu probable. Peut-être a t-il fait appel à une Auvergnate, une seule aura suffi car c’est «quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes».

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Des cols Mao au cols blancs.

Finissons par faire le point sur Le Point. Dans les dernières pages consacrées aux Livres, on parle de François Hourmant qui a écrit : «Les Années Mao en France. Avant, pendant et après 1968». Je me suis attardé sur ceux qui passèrent du col Mao au col blanc : blogueur chic littéraire, architecte Castro, psy en col blanc dans la Famille Gérard et  Jacques-Alain Miller, Serge July à Libération, Jacques Broyelle reconverti à Valeurs Actuelles, André Glucksmann qui finit à genoux devant Sarkozy, Olivier Rolin ou autre Jean-Pierre Le Dantec. Comme le souligne l’auteur : «Après avoir dénoncé l’impérialisme US au Vietnam, ils finiront [pantouflards ou/et chiens de garde en furie] en défenseurs inconditionnels des Etats-Unis, justifiant l’intervention en Irak menée par George W.Bush». C’est quand-même bien de revisiter l’Histoire, non ?

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4 Responses to Revue de Presse : L’Express & Le Point.

  1. KB-19 dit :

    Toujours aussi agréable à lire le BiBi

  2. Un partageux dit :

    Et les aigreurs d’estomac ? On n’en meurt pas mais ça pourrit la vie quotidienne…

    Cette presse-là ne doit être consommée qu’en quantité homéopathique. Nous avons enfin trouvé un cas où la neuvième centésimale de Hahnemann est parfaite. ;o)

  3. Juan S. dit :

    joli billet ! Ta documentation m’impressionne toujours.

  4. BiBi dit :

    @JuanS
    Toujours un peu dérouté, dépité, circonspect, un peu honteux même devant mes lacunes et devant ce qu’il reste à apprendre et que je n’aurais jamais le temps d’apprendre.
    Mais toujours savoir de quoi on parle quand on parle.
    Toujours savoir que ce qu’on écrit est précis, vérifié et que les sources sont vérifiables. Ne jamais transiger là-dessus.

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