Journal alternatif de la semaine.

Sirtaki

Espérons qu’avec l’arrivée de Syriza une brèche s’ouvre dans le dispositif libéral et dans la puissance jusqu’alors incontestée des Princes de Bruxelles. Bien entendu, l’adversaire sera féroce et fera jouer à fond la désinformation. Puisse pourtant cette petite lueur grecque éclairer les consciences, raviver la flamme et – pourquoi pas – mettre le feu à quelques forteresses.

En attendant, je vous offre mon Journal de la Semaine.

Jean Tirole, Chien de Garde.

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Dans le champ économique, la lutte est sans pitié. Le regretté Bernard Maris avait déjà souligné cette férocité : «Les théoriciens de l’économie industrielle sont une secte, dont l’obscurantisme et le fanatisme donnent froid dans le dos. Il n’est pas difficile de repérer le taliban sous l’expert, et le fou de Dieu sous le fou de l’incitation».

Jean Tirole, titulaire d’un prix Nobel, présenté comme «modeste et empreint de retenue» a sorti sa dentition de Chien de garde. Il a écrit à la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche (Geneviève Fioraso) pour dénoncer ses collègues et les disqualifier. En effet, ces derniers auraient le tort de construire un projet d’une deuxième section d’économie dans les Universités françaises. Baptisée «Institutions, économie, territoire et Société», cette section ferait une large place non pas aux mathématiques et aux théories d’équilibre général chers à la pensée unique des «économistes orthodoxes» mais aux sciences sociales et politiques.

Le secret éventré des Affaires.

Cette semaine vit la présentation de la proposition de loi relative à la protection du secret des affaires, disposition écartée grâce à la mobilisation de journalistes. L’acceptation de cette proposition des «socialistes» aurait fait de la France le premier pays européen à pénaliser la divulgation d’informations «à valeur économique». Cette loi aurait limité la capacité d’action des institutions représentatives du personnel (comités d’entreprise, CHSCT…) et des organisations syndicales, rendant impossibles à divulguer des informations que les directions d’entreprise sont obligées – pour l’instant – de communiquer.

L’article L. 151-8 – I. précisait :«Le fait pour quiconque de prendre connaissance ou de révéler sans autorisation, ou de détourner toute information protégée au titre du secret des affaires au sens de l’article L. 151-1 du code de commerce, est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende».

Mais ne nous leurrons pas, c’est sous couvert de directives européennes que cette loi va prochainement revenir. On peut quand-même citer ceux et celles qui – sans ciller et sourciller- eurent cette grande idée démocratique et qui – n’en doutons pas – avaient crié oui à la Liberté d’expression trois semaines plus tôt dans les rues parisiennes : Bruno Le Roux, Jean-Jacques Urvoas, Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Marc Ayrault, Claude Bartolone, Delphine Batho, Karine Berger, Malek Boutih, Marie-Arlette Carlotti, Laurent Cathala, Henri Emmanuelli etc.

Les trombines et combines du Trombinoscope.

Briois

Pour la première fois en 23 ans, un élu FN – Steeve Briois – a été honoré de la distinction d’«élu local de l’année» par le jury de cette Association du Trombinoscope.

Font partie du jury : Arlette Chabot, Laurent Joffrin, directeur de Libération, Christophe Barbier, directeur de L’Express, Bruno Dive, éditorialiste à Sud Ouest, Gilles Leclerc, président de la chaîne Public Sénat, Paul-Henri du Limbert, directeur délégué des rédactions du Figaro, et Alberto Toscano, journaliste italien et président du Club de la Presse européenne. On rajoutera que les lauréats sont d’abord sélectionnés par un panel de 120 «journalistes» et qu’en 2011, Arlette Chabot, droite dans ses bottes, accepta le Prix Roland Dorgelès, écrivain notoire d’extrême-droite. (Voir mon billet ici). 

Marion Maréchal Le Pen, supportrice de Briois et présente à la remise des Prix, s’avança vers  Gilles Leclerc : «Vous avez été vraiment minable. On va vous avoir. Et quand ça va arriver, ça va vraiment vous faire mal». On aurait attendu des grands éditocrates qu’ils se lèvent d’un coup, qu’ils sortent les poings, qu’ils crient au scandale. Ben non, couchés, muets eux aussi dans leurs niches.

Les froussards de France-Inter.

franceinter

Pour exemple, ce jour-là, la Radio Publique France-Inter dans le journal de 13 heures de Claire Servajean, ne pipa mot sur cette affaire. Ni sur les insultes ahurissantes de Marion Maréchal ni sur le projet de loi Macron qui pénalisait si durement le journalisme d’investigation. BiBi cherche toujours à écouter la différence. Pour la déférence, il sait où trouver la Radio.

Les applaudissements de Najat Vallaud-Belkacem.

Najat VB

On a entendu Najat Vallaud Belkacem applaudir à deux mains le passage d’un enfant de 8 ans au poste de police de Nice pour… «apologie du terrorisme». La ministre fit passer ce petit texte dans lequel elle félicite l’équipe pédagogique qui «a très bien fait de convoquer le père». Mais trois lignes plus loin, on lit de façon très embrouillée : «Lorsque le père est venu dans l’établissement, il a eu en revanche une attitude brutale, il s’est même à plusieurs reprises introduit sans autorisation dans l’établissement scolaire en menaçant le personnel de l’établissement. Donc c’est pour cette raison précise, et cette raison seulement que le directeur de l’école a porté plainte contre le père et pas contre l’enfant». Si le père a été convoqué à l’école, pourquoi dire qu’il s’est «introduit sans autorisation» ? Et si le père a eu une attitude brutale, en quoi cela regarde t-il son enfant ? Et pourquoi le père a été accompagné par son enfant au Commissariat ? Et pourquoi ce motif d’«apologie du terrorisme» écrit noir sur blanc sur les PV signés par l’avocat ?

Les gazouillis d’Eric Ciotti.

sarkozy_ciotti

On a vu tous ceux en haine de l’enfant approuver cet interrogatoire policier. Soutien sur Twitter d’Eric Ciotti qui fut cependant magnifiquement épinglé par un tweet de @MaximeHaes : « Eric Ciotti : – Nicolas Sarkozy interrogé ? C’est un scandale. – Ahmed, 8 ans, interrogé ? C’est absolument normal».

J’y allais aussi du mien : «La dernière fois qu’un gosse de -10 ans a été déclaré officiellement «terroriste», ce fut par un policier français à Beaune-la-Rolande en 1942».

Les vérités d’une blogueuse.

Peut-être que notre Ministre de l’Education devrait s’attarder sur les blogs et lire particulièrement celui de Monolecte : «Parfois, des amis me demandent si ça se passe bien avec ma fille qui avance à grands pas dans l’adolescence. Je réponds invariablement : « Jusqu’ici, tout va bien, on continue à discuter, le dialogue n’est pas rompu ». C’est ce que je me dis. Tant que les mots circulent, rien n’est perdu».

Affaire Bettencourt.

Les Médias transforment cette affaire politique en petite histoire rocambolesque chez les Riches. On s’attarde sur le profil psychologique de chacun des protagonistes, on ricane mais on laisse le scandale économique de côté. Rappelons cet extrait tiré de mon billet signalant que les «Bettencourt s’enrichiraient de quelques 590.000 euros par heure, même pendant leur sommeil…»

 Manuel Valls.

Rien à dire sur ce pauvre Communicancan si ce n’est de remettre en ligne son tweet très rigolo de décembre 2011 (du temps de Sarkozy) et ses paroles pêchées dans le Canard Enchaîné de cette semaine.

Chômage

*

Valls Canard Enchaîné

La tuerie Charlie.

Signalons enfin le beau billet de Christian Salmon aux réflexions pertinentes, peu travaillées hélas : «Ces terroristes, écrit-il, sont des enfants du numérique, ils connaissent également les lois du storytelling et les mécanismes de la tension narrative : surprise, suspense, coups de théâtre. Ils savent comment attirer les chaînes d’info sur le théâtre de leurs exploits et les lancer à leurs trousses. La raison en est simple : ils poursuivent le même objectif et luttent pour obtenir et garder le monopole du récit».

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