L’OREAL au passé, Eric Woerth au futur.

Dans le livre de Monica Waitzfelder (1), on suit les démarches de cette dernière pour reprendre le bien de sa famille (une grande propriété à Karlsruhe) spolié pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les recherches amènent Monica à découvrir que L’Oréal – via sa filière allemande – avait récupéré la grande maison en taisant les tractations avec les nazis et l’Etat allemand.

Au chapitre 14, le livre retrace l’histoire de cette pieuvre géante qu’est encore aujourd’hui l’Entreprise de Liliane Bettencourt. On y apprend que cette dernière fut mariée dès 1950 à André Bettencourt, grand ami de Mitterrand et des cagoulards d’avant-guerre.

Le mari de Liliane, écrit Monica Waitzfelder «fut loin d’avoir été le résistant zélé qu’il prétendit être». Il avait été «un collaborateur zélé» et avait «écrit dès 1941 dans la revue La Terre Française, revue qui publiait les discours de Pétain, Laval et Darlan. Ce journal dépendait de von Ribbentrop en personne dans le cadre de la propagande allemande». Cet André Bettencourt fut, plus tard, un grand ami des gaullistes et de Jacques Chirac.

Le livre rappelle encore qu’en février 2002, Liliane – chez qui Sarkozy alla faire ses commissions et rétro-commissions – était la femme la plus riche de France (13ième au Monde). «Selon la société Fininfo, sa fortune virtuelle, compte-tenu des titres placés sur les marchés financiers, s’élèverait à 18,4 milliards d’euros. Et les Bettencourt s’enrichiraient de quelques 590.000 euros par heure, même pendant leur sommeil». Vous ne vous étonnerez ainsi pas qu’Eric Woerth ait fait la courbette à Lili pour qu’elle accepte Flo à la gestion de sa fortune.

Toutes ces choses sont parfaitement connues (2). Mais à ce point de la lecture du livre, me vient comme une nausée : je me rends compte que – malgré ces incroyables manœuvres illicites connues de tous – Eric Woerth, pourtant mis en examen en février 2012 pour trafic d’influence passif et recel – a été largement réélu député dans la 4e circonscription de l’Oise. Au second tour des législatives, il y a obtenu 59,23% des suffrages. Et c’est plus que effaré je peux lire les quelques mots de mon increvable bonhomme : «Maintenant, fort de cette légitimité, je serai un membre actif de l’opposition. Je vais revenir à la commission des… finances de l’Assemblée nationale».

*

(1) Monica Waitzfelder. « L’Oréal a pris ma maison » (Les secrets d’une spoliation). Hachette. 2004.
(2) Pour en savoir plus sur L’Oréal – en particulier sur Lindsay Owen-Jones qui en fut son Directeur – lire mon billet: «L.O.J. et la petite marchande de frites».

5 Responses to L’OREAL au passé, Eric Woerth au futur.

  1. captainhaka dit :

    Les habitants de certaines de nos contrées (Levallois, Chantilly etc …)se torchent allègrement le derrière avec leur droit de vote. Dire que des générations se sont battues pour cela !

  2. Robert Spire dit :

    C’est drôle comme il y a peu de pub sur certains bouquins.
    Je ne regrette pas d’être aller en 2009 avec 2000 personnes brûler quelques pneus (des Conti) devant la mairie de ce bouffon.

  3. Que dire si ce n’est, « money rules the world and some people consciences are runned by the lure of money »! Triste, triste monde…

  4. BiBi dit :

    @femmeindignée
    Bah ! Non ! Ces messieurs ne sont pas un résumé du Monde – si triste soit-il.
    Il y a aussi de la joie : joie de t’accueillir ici, chère Femme indignée, et de pouvoir lire tes propos 🙂

  5. Marnie dit :

    Il manque François Mitterrand grand ami de Bettencourt et de ses idées pendant et après la guerre.
    Pour mémoire F. Mitterrand a été embauché en 1945 par Eugèe Schuller (père de Mme Bettencourt) comme président-directeur général des éditions du Rond-Point (et directeur du magazine Votre beauté).
    La finance et la politique ce n’est pas nouveau, de droite comme de gauche.

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