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Thomas Legrand et Patrick Cohen : des victimes ?

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Dans les éditoriaux de Télérama, on avait déjà eu l’incroyable panégyrique de la rédactrice en chef de l’hebdo Fabienne Pascaud pour Roselyne Bachelot nouvellement nommée Ministre de la Culture.

Dans le numéro de cette semaine (Une avec titre : « France Inter dans le viseur de l’extrême-droite »), on a droit à la même glorification mais cette fois-ci, les louanges vont aux deux journalistes de la station de radio publique, Thomas Legrand et Patrick Cohen. Un mot sur ce titre de la Une où il est posé qu’il s’agit d’un PIEGE (on est dans le complot, n’est-ce pas !) INEXTRICABLE. Au fond, semblent dire les journalistes de Télérama, l’article qui va suivre ne sera pas plus éclairant. Cet épisode au Café est donc d’emblée « inextricable », impossible à analyser, comme serait impossible toute critique. Ici sont visées : celle de gauche et/ou celle d’Acrimed, posées implicitement comme invalides.

Rappelons les faits : les deux journalistes de France Inter rencontrent deux émissaires du Parti Socialiste dans un Café parisien et « parlent » politique. Ils sont enregistrés par la journaille d’un canard d’extrême-droite pro-Zemmour.

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Legrand et Cohen « évoquent« , « analysent » : une double manip langagière !

Face aux attaques, la défense du duo a soudé instantanément la Corporation (avec ahurissant appui de la SDJ de Radio France (1)). Hein, ben oui, quoi de plus normal pour eux de causer politique autour d’un café ? Abel Mestre du Monde nous prend de haut en disant que les deux journalistes ne font finalement que  » parler avec des sources de la situation électorale du pays !  » A L’Obs, François Reynaert a d’autres verbes stratégiques pour porter secours au duo. Ils « discutent, ils échangent des propos« . A Télérama, on va bien entendu dans le même sens avec les deux verbes, maître-mots de leur démonstration : le duo ne ferait… qu’ » EVOQUER  » la situation politique du moment (l.9 et 14) et… qu' » ANALYSER un centre-gauche » (l.18) ! Rajoutons que Patrick Cohen « SE BORNERAIT [pas plus !] à estimer le score » de Glucksmann ! (l.17)

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Tout le parti-pris de Télérama réside dans ces inflexions langagières, dans ces manipulations syntaxiques. Non, Legrand et Cohen ne font pas qu’ANALYSER ou EVOQUER ! Ils font plus. Ce n’est d’ailleurs pas seulement une aide, ils ne font pas qu’apporter leur concours aux deux socialistes Pierre Jouvet et Luc Broussy (qu’ils connaissent déjà). Ils font beaucoup plus : ils font partie intégrante de la stratégie politique du Parti Socialiste, ils peaufinent cette politique depuis leurs positions spécifiques et importantes dans l’espace médiatique. Ils œuvrent en faveur de Raphaël Glucksmann, pièce maitresse de leur stratégie du « front républicain/central » (2) (ou « bloc bourgeois« ). Thomas Legrand lui-même la formule dans ses propos en prônant une politique supposée gagnante qui s’appuie(rait) sur l’électorat majoritaire du « marais qui va du « centre-droit » au « centre-gauche » avec promotion de leur leader maximo, Raphaël Glucksmann (dans l’article, son nom n’est cité – en passant- qu’une seule fois !). Un héros qu’ils connaissent bien et qu’ils peuvent approcher tranquilou via Léa Salamé, leur collègue de France Inter. De cette stratégie du « marais« , absolument RIEN N’EST DIT, rapporté, développé dans l’article de Télérama.

Les deux adversaires visés : examen-BiBi.

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L’un est cette pauvre Rachida Dati, magouilleuse sarkozyste de longue date. C’est une adversaire dans un contexte électoral particulier où, à Paris, la gauche (de rupture) n’a aucune chance d’arriver première. Aussi, via cette réalité (LFI hors-concours), il est facile pour notre duo de tout œuvrer pour aider le candidat de « gauche » et tenter de dézinguer Dati. Pour s’attirer les faveurs de son (é)lectorat, l’hebdo consacre la quasi-totalité de son article à nous causer de l’égérie sarkozyste et de ses très vilains soutiens dans la Machine Bolloré.

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Le second adversaire ? Il n’est cité qu’une seule fois dans la phrase suivante : « la gauche mélenchoniste et la droite s’indignent aussi« . Remarquez que, dans cette phrase apparemment banale, le trio de journalistes met dans le même sac LFI et RN avec la tentative de persuader leur lectorat que le sens politique de l’indignation serait le même pour les deux partis. De l’indignation de cette gauche de rupture, il ne sera évidemment pas du tout du tout question alors qu’elle n’a absolument n’a rien à voir avec les anathèmes des braillards des radios et TV brunes. Quand Télérama cite Patrick Cohen pour le disculper) seuls sont rapportés ses attaques envers l’extrême-droite. Télérama SE TAIT, n’a pas une ligne pour rappeler que les deux compères dissertent, échafaudent, participent pleinement à la réalisation de leur plan Canfin-Ruffin-Glucksmann avec les deux clients du Café.

Omerta sur la critique de la Gauche critique.

Hé non ! Pas de paragraphe pour expliquer la critique de gauche ! On est dans Télérama, voyons ! On ne pourra pas non plus compter sur Charline Vanhoenacker pour amener une voix contraire à celle, par exemple, de sa patronne Sibyle Veil (3). L' »humoriste » essaie de nous convaincre que le licenciement de Guillaume Meurice se justifiait car « peut-être qu’il fallait mettre fin (censurer) à l’émission pour… éviter les attaques » de l’extrême-droite ! Guillaume Meurice appréciera !

Pour BiBi, on n’est pas loin de voir clairement quel est le point central de l’article. C’est l’Omerta sur les positions de la gauche critique avec, sous-entendue, la volonté de dézinguer « la gauche mélenchoniste » ravalée au même statut que celui de l’extrême-droite. Tous deux, déjà associés dans une « même » indignation, essaiment la « CONTAGION« , grossisent la « SUSPICION« , font pleuvoir ensemble les « INSULTES » sur les deux journalistes.

Le bla bla bla d’A.Van Reeth : « ni droite ni gauche ».

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Et pour finir, on a droit au couplet d’Adèle Van Reeth, la directrice de France Inter, qui reprend le thème central de Macron 2017 (« Ni de droite, ni de gauche« ). On nous ressert encore le désir de la station (via Cécile Pigalle, directrice de l’info sur Radio France) de ne s’en tenir qu’aux « vérités historiques« , aux « faits » et bla bla bla. Quand on écoute la gentillesse, la complaisance, le manque de travail des journalistes lors de la réception en studio des membres du RN en opposition à la hargne instantanée qu’ils ont envers les insoumis (écoutez SVP une minute Sophia Aram), l’auditeur(trice) est servi. Rappelons que s’en tenir aux « faits » masque ces opérations implicites, ces non-dits que sont le tri au préalable (voir celui, souvent insupportable, du 13h de France Inter de Jérôme Cadet !), la hiérarchie des infos, le classement en importance des faits et de LEURS INTERPRETATIONS. Sourions encore lorsque notre trio de Télérama fait intervenir la médiatrice de la Radio qui serait un juge hors idéologie, hors de tout parti-pris. Bref, une voix de… Vérité :-). Serait vraiment de mauvaise foi celui ou celle qui critiquerait ce hochet leurrant qu’est cette fonction de neutralité et d’objectivité.

Cécité et déni font le jeu de l’extrême-droite.

Cette cécité fait évidemment le jeu de l’extrême-droite et de ses chaînes de m. qui ne cessent de faire croire que Radio France serait de… gauche. Le punching-ball, qui contente à la fois les bruns et France Inter, se poursuivra. Ces pseudo-adversaires ont un point commun qu’Olivier Pérou a très bien résumé et que le trio de Télérama fait apparaître en pleine lumière justement via leur silence et leur déni. Il s’agit de tout faire pour que le « PS ne retourne pas dans les jupes de Jean-Luc Mélenchon« .

Une fois encore, sont esquivées les grandes questions sur l’état du journalisme d’aujourd’hui. Parmi ces questions, déposons ici l’opportune réflexion d’Alain Accardo sur l’habitus de ceux et celles (une cinquantaine de chiens de garde ou « moutons », c’est selon) qui sont embauchés et qui, aujourd’hui, squattent les postes, officiant au top, dans les médias dominants dominés par nos milliardaires.

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(1) Lire le billet d’Acrimed sur toutes ces positions corporatistes très très réactionnaires. (Extrait sur Thomas Legrand «dont l’honnêteté n’a jamais été remise en cause» (SNJ Radio France 6/09).

(2) Le front républicain (ou « bloc central ») est le désir d’unité entre les socialistes (voyez le nombre passé chez Macron depuis 2017)-les «écologistes» genre Canfin-Jadot-Tondelier, les Macronistes et le centre-droit avec des LR droite républicaine. Un seul ennemi : la gauche, celle de rupture. Sur leur lancée, il s’agit de se faire passer pour une vraie gauche (celle d’un Hollande, ennemi de la Finance, accueillant le sinistre Macron en 2014 dans son gouvernement).

(3) On n’a pas entendu une SEULE protestation du SNJ (et autres) sur ce tweet déposé sur Twitter par la directrice de Radio France qui encensait la députée macroniste, la très droitiste Nathalie Loiseau qualifiée de… « FEMME D’EXCEPTION » !

Dernier arrêt avant 2025.

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Bien entendu, il s’agit d’un ressenti-BiBi mais je trouve les gens de gauche (écartons la « gauche » promulguée par nos socialistes tous aussi lamentables les uns que les autres) exagérément optimistes avec leurs mots d’ordre et leurs certitudes.

Voir « la fin du macronisme », voir « une nouvelle censure qui pousserait Macron à la démission », penser qu’un homme ou femme de gauche pourrait assurer les affaires du pays, se glorifier des articles du Monde (dont le fait que le gamin Attal en ait été le « dealer ») sont autant de leurres car l’analyse de l’Adversaire et celle du jeu politique (bref le regard sur le rapport des forces) restent incomplètes voire contre-productives.

Le vote d’une nouvelle censure ? Il est bien aléatoire et loin d’être réalisé quand on considère que le RN a obtenu ce qu’il voulait (en attendant plus). Que gagnerait le RN à censurer une nouvelle fois ce gouvernement ?

Le Temps : quotidien des grands patrons (De Wendel).
Le Monde : quotidien des grds patrons 2024 (X.Niel)

Il y a des gens de gauche qui se félicitent des parutions anti-Macron dans le quotidien Le Monde sans s’interroger sur le pourquoi et sur le moment de cette livraison. Comment peut-on être si aveugles devant ce « lâchage » de Macron par les médias ? Les médias mainstream savent très bien que Macron ne se représentera pas et qu’il faut miser désormais sur Edouard Philippe et sur le gamin Attal et (pour l’instant en sourdine) le RN de Marine Le Pen. (Prenez 30 secondes et demandez-vous pour qui ces médias comme Le Monde pencheraient en cas de second tour MLP-Mélenchon ?)

Toute analyse (celle d’hier, d’aujourd’hui) a pour base déterminante l’Economie (la dernière instance), ce que beaucoup d’observateurs de tous poils évitent dans les fondements de leurs démonstrations. Or que voyons-nous ? Une partie du petit et moyen patronat (le grand patronat, on sait) se dit que face à cette gabegie, un régime qui mettrait de l’ordre, qui prendrait des mesures anti-européennes (illusoires bien sûr tant est que le Grand Capital s’en nourrirait – voyez Meloni en Italie à plat ventre devant Bruxelles), qui interdirait toute hausse de salaires, qui interdirait toute influence syndicale, qui continuerait l’assignement de tout musulman à un terroriste, de tout débatteur sur Israël et de Netanyahou à un antisémite et qui poursuivrait plus que jamais la traque innommable des étrangers et des migrants, ce serait pas si mal. Soyons réalistes et ne tergiversons pas : ces « mesures » contenteraient la base de masse (une partie importante, oui. Suffisante ? Je ne sais) du RN à 11 millions de votants quand-même.

Résumons : avec Attal, Borne and Co, ce n’était pas très brillant avant la dissolution mais qu’a obtenu la Gauche après le 7 juillet. Au bilan de ce jour de Noël : un gouvernement Bayrou aux commandes, si bien piloté par le… RN. Si bien que nous avons désormais le plus inquiétant et le plus dangereux duo de fachos (Retailleau – Darmanin), un duo qui nie l’indépendance de la Justice et qui se félicite de « travailler main dans la main ».

Enfin, je sais que les Damnés de la Terre sont enclins à participer hélas à leur propre damnation sociale. Mais attention, n’allons pas nous réfugier dans le dénigrement de ces couches sociales. Elles sont constamment sous influence alors qu’elles subissent – elles aussi – une crise économique terrible. Ce sont évidemment les appareils idéologiques qui assurent leur domination. Ils sont connus. Renommons-les : ils sont à 99% aux mains des Bolloré-Saadé-Kretinski-Drahi-Bouygues (lisez L’Humanité) qui ont placé les meilleurs propagandistes dans leurs rédactions… à charge pour ces rédactions (qui donnent la nausée) de mettre à l’écran des animateurs-touche-à-tout (j’ai découvert ce petit facho moustachu de Gauthier Bret qui égale le crétin de Pascal Praud, tous deux à CNEWS), des experts sortis des think-tanks d’extrême droite pour des « débats » où sont visés exclusivement les Insoumis(es), l’extrême-gauche et les syndicats de lutte.

Mais j’aurais tort de ne m’en tenir qu’à eux. Il y a tout l’appareillage médiatique public. Lui aussi assure la Vente des idées nauséabondes. Il suffit de voir l’importance du réseau Glucksmann-Léa Salamé à France Inter, le tri des questions dans les émissions dites ouvertes aux Citoyen(ne)s (avec un interstice rare d’un auditeur hier retraçant l’itinéraire et les contorsions de Valls), les invitations de France Culture (de Brice Teinturier à Jérôme Fourquet en passant l’Odoxa de Bernard Sananes), le silence de Sibyle Veil sur les violences sexistes dans sa radio, la présence de Sophia Aram etc etc.

Non, la route qui mène à un changement sera rude. Encore plus rude quand on connaît la brutalité des classes dominantes et leur perte d’influence internationale. Affaiblissement en notre chère Afrique par exemple : en Algérie, en Tunisie, au Burkina Faso, au Tchad, au Niger, au Mali et bientôt au Sénégal. Le pillage colonial par la France est fini mais cette déroute a de quoi rendre les grands patrons d’ici encore plus méchants

. Oui le Monde change mais l’impérialisme trumpiste aidé par la soumission des Pays bruxellois a encore de «beaux» atouts (Entre autres atouts : le pouvoir d’aider Macron à finir tranquilou son quinquennat, le pouvoir de financer les gens genre Glucksmann-Cazeneuve-Delga and Co pour diviser la Gauche).

La guerre et sa poursuite sont les seules armes trumpistes (Ukraine, Gaza et maintenant velléités au Panama, au Groenland avec déjà une victoire : le soutien de l’Argentine de Milei). Aussi gens de gauche ayant cru que Trump allait jouer la Paix, faites-vite demi-tour.

Enfin un dernier mot pour finir et un premier voeu pour repartir : que l’Année 2025 contredise tout mon baratin.

France Inter : humour et désespoir.

Humour pyramidal.

Ah l’humour, « politesse du désespoir » comme l’écrivait Boris Vian. Humour, politesse du désespoir mais ce sens-là de l’humour n’est pas partagé par tout le monde.

Léa Salamé et Nicolas Demorand du 7/9 de France Inter.

Trois rigolos qui rient… de nous.

Prenons les rires exotiques de Nicolas Demorand et de Léa Salamé intervenant tout de suite après une rubrique de Nicole Ferroni ironisant sur la politique de JM Blanquer. Tout juste après cette écoute, de quoi peuvent donc rire les deux inamovibles du 7-9 de France Inter ? De quoi rient-ils nos deux journalistes de préfecture, fervents admirateurs de l’intelligence de Macron et de l’opiniâtreté de son ministre de l’éducation ? Mon hypothèse écarte tout mystère : ils rient (ou font semblant de rire) pour nous imposer leurs images de grands animateurs dépourvus de toute envie de censure, pour perpétuer leurs images de journalistes prêts à tout… entendre.

France Inter encore.

Le 19 avril dernier, Guillaume Meurice fait une chronique amusante à propos des dépôts de marque abusifs et il y inclut deux saillies percutantes, drôles, très drôles (1) sur ses deux collègues de la famille France-Inter (Léa Salamé et Dominique Seux). Mais – ô surprise – le lendemain matin (avant le journal de 6 h), ces deux blagues (1) sont purement et simplement retirées de sa rubrique de la veille.

Humour et cadre.

On ne peut parler de l’humour des Guillaume Meurice, des Tanguy Pastureau sans parler du cadre dans lequel ils officient. La France a une tradition d’humour politique qui brocarde depuis toujours les puissants. France Inter (2) l’a bien compris. La radio ne peut se passer d’humour car – à censurer cet humour et ses humoristes – elle se couperait d’une bonne partie de ses auditeurs.trices. La présence de Meurice and Co a donc un intérêt… économique : augmenter l’audimat en s’attachant des tranches d’auditeurs importantes, en les fidélisant.

Les bases de ce type d’humour sont des interventions rigolotes centrées sur l’actualité politique. Pour comprendre sa permanence sur les antennes, mettons cet humour en miroir avec son reflet complémentaire, celui-là beaucoup plus sérieux et non-humoristique : celui des Infos. Dans ce dernier créneau, nulle place pour les rigolos et la rigolade. Les « journalistes » versant Infos, c’est de la réflexion, de l’analyse « poussée », de l’échange « très interessant », tout un dispositif bien cadenassé par d’inamovibles « journalistes » chez qui la pensée libérale domine à 99%. Citons-en les supports : Léa Salamé, Nicolas Demorand, Fabienne Sintès, Bruno Duvic, Dominique Seux, Thomas Legrand, Pierre Haski, comme autrefois Bernard Guetta, JM Cavada etc. Rajoutons encore les journalistes-maisons qui tiennent les émissions économiques, les animateurs.trices du « Téléphone Sonne » (avec tri et sélection des questions d’auditeurs, invités préférentiels). Tous ces temps d’antenne sont les chasses gardées de l’Info France Inter. Je rappelerai ici que ce dispositif, ces choix et compositions de rédactions sont ceux de la Macronie 2017 qui a tout fait pour placer Sibyle Veil à Radio France et Vincent Giret à France Info, tous deux sarko-macro-compatibles.

Triste inventaire (ne pas rire SVP).

Difficile de rire et difficile de ne pas verser un tantinet dans le désespoir (préférons lui la révolte) quand on dresse l’inventaire des invité(e)s aux micros et sur les écrans publics et privés d’hier, mardi 27 avril 2021 :

France Inter : BHL et Frédérique Vidal.

France-Info : Marine Le Pen.

RTL : Philippe De Villiers.

Sud-Radio : Nicolas Dupont-Aignan

RMC-BFMTV : Elisabeth Borne.

LCI ( La Chaîne Immonde) : Jean-Pierre Raffarin et Raphaël Enthoven.

Europe 1 : Michel Onfray.

CNews : Gilles Keplel

« L’humour est la politesse du désespoir ». C’est vrai qu’il faut rester envers et malgré tout dans cette politesse-là mais reconnaissons que cela devient – ô combien – difficile !

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(1) «Lea Salame a déposé l’expression moment de grâce pour en faire un parfum. Il faudrait aussi déposer Dominique Seux, mais sur le bord de la route».

(2) A France Inter, on n’arrête pas de se marrer avant, pendant ou après chaque émission. Plus particulièrement lors des passages de témoins matinaux (entre A.Trapenard et Sonia Devillers, entre Philippe Bertrand et Nicolas Soufflet) ou encore, pendant l’émission de la Bande Originale (11-12h30) avec les congratulations et/ou petites piques inoffensives de Nagui ou de Leïla Kaddour-Boudadi sur leurs collègues, piques censées nous faire rire, nous faire oublier bla bla bla la dureté du quotidien, nous auditeurs. Misère.

COLERES et SCANDALES TOUS AZIMUTS.

On ne compte plus les scandales dans la Macronie. Des mensonges de Marlène Schiappa aux contre-vérités d’un Darmanin, on ne sait où donner de la tête. Les Agences politique élyséennes comptent certainement sur nos vertiges et notre sidération pour… nous en offrir d’autres.

Ainsi – via cette méthode d’accumulations de scandales et de mensonges – cette odieuse Macronie tente de faire taire nos cris de colère. Hé bien, non, c’est manqué.

MICHELIN.

Ce matin, on apprend que Michelin va licencier 2300 personnes. C’est ce même Michelin qui entretient toujours la légende du trust au service de tous. Une légende qui s’est construite avant et après-guerre, périodes pendant lesquelles Pierre Michelin finançait les Cagoulards via l’activiste d’extrême-droite François Méténier (ami jusqu’à sa mort d’un autre François : Mitterrand). Rappelons que 33% de la production française de caoutchouc de Michelin était livrée alors au Reich depuis les plantations d’Indochine qui appartenaient toutes à cette noble famille. Ce caoutchouc était intégralement livré pour l’effort de guerre allemand au prix de répressions syndicales et politiques, au prix de la semaine à soixante heures et de diminutions drastiques de salaires.

Aujourd’hui, pour son usine de La Roche-sur-Yon, Florent Menegaux, président de Michelin nommé en mai 2019, a béneficié de 65 millions d’euros du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) ces dernières années (dont 4,3 millions pour l’usine de la Roche-sur-Yon).

Bien entendu, la Machine de la Novlangue s’est illico mise en marche. Florent Menegaux répond dare-dare à une invitation du Figaro et se justifie en ces termes : « Il s’agit à la fois d’un plan de simplification de nos activités administratives et tertiaires et d’un plan d’amélioration de la productivité industrielle de nos sites historiques en France ». On retiendra les mots de «simplification» et d’«amélioration de la productivité». Le grand Boss évitera bien sûr de prononcer le chiffre de 2300 salariés mis au chomage et ne dira rien sur la violence terrible qui s’ensuit avec les conséquences sur les familles. Des mots absents du dictionnaire des libéraux.

Florent Menegaux n’est pas tout seul dans cette Opération Manipulation. Il lui faut des appuis nationaux. Il est un grand ami de Macron rencontré au Salon de l’Auto en octobre 2018. Des appuis nationaux mais aussi régionaux via le journal de révérence : La Montagne.

Voyez la façon de présenter ces licenciements de la part du quotidien pro-macroniste. Là où d’autres auraient mis des guillemets à la phrase où il est question de «simplification» et de «productivité», La Montagne elle, n’en a cure. Elle reprend les mêmes mots mais en levant tranquilou les guillemets. Traduisons donc la prise de parti du canard régional au final : «Pourquoi mettrais-je des guillemets ? Je suis du même avis que Menegaux, étant fièrement son relais patronal privilégié ». 

LAGARDERE ET SES TORCHONS.

Pendant que Michelin licenciait sans vergogne, un autre patron se frottait les mains. Arnaud Lagardère, dont les affaires tournent mal, vient de toucher le « jackpot » grace à son ami Emmanuel.

JDD, Paris-Match : les torchons Lagardère.

Le groupe s’est vu octroyer un prêt garanti par l’Etat de 465 millions d’euros. Les prêts garantis par l’Etat (PGE) permettent de faciliter l’octroi d’un emprunt à une entreprise ayant des difficultés de trésorerie. ( Ô le pauvre Arnaud !). Le pire est là : en cas de non-remboursement, l’État s’est engagé à prendre à sa charge la majeure partie du reste du crédit à rembourser, en l’occurence… 80 %. Voilà où passera notre argent.

LES LOIS LIBERTICIDES APPROUVEES PAR LE CONSEIL D’ETAT.

Une nouvelle qui n’a guère fait le buzz dans les rédactions de nos radios publiques (1) et de nos chaines (de la Honte ou non) c’est celle de l’annonce de l’approbation par le Conseil d’Etat de la loi scélérate qui autorise désormais le fichage. Faisons l’inventaire : fichage politique, relevé de nos commentaires sur les réseaux sociaux (2), collecte de nos identifiants, de nos convictions religieuses, de notre appartenance syndicale, de nos n°s de téléphone, de nos «signes physiques particuliers et objectifs» et – tant qu’on y est – de nos bulletins de santé (renvoyant à la poubelle le secret médical).

Rajoutons que le juge des référés, qui a considéré comme légal le fait que la police et la gendarmerie puissent ficher des personnes, s’appelle Mathieu Herondart. Et ô surprise, il était conseiller de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.

Agnès BUZYN file en SUISSE.

Autre scandale : le départ d’Agnès Buzyn pour un poste au siège de l’OMS à Genève où elle bénéficiera d’une immunité diplomatique (?) et de 15.000 euros mensuels. Pas belle la vie ? De quoi lui redonner le sourire après ses pleurnicheries de février. Certains se demandent comment elle peut continuer à vivre aussi lâchement. Alors précisons que, chez ces gens-là, on ne raisonne pas du tout à partir de nos critères moraux. Peu probable en effet qu’Agnès Buzyn se sente «lâche». Son déni, son aveuglement sont tellement incrustés en elle qu’elle vit sa nouvelle affectation à Genève non comme une fuite mais comme une reconnaissance de ses qualités professionnelles et comme une promotion méritée.

Pascal BRUCKNER et Catherine CLEMENT.

Au nombre des déclarations scandaleuses qui donnent à vomir :

  1. celle de Pascal Bruckner, habitué des croisières gratuites sur la Méditerranée, pensant certainement que la Covid ne tue pas assez vite ni en assez grand nombre, a lâché : «Il faut fixer l’âge de la retraite à 70 ans».
  2. celle de Catherine Clément – via le tweet ci-dessus où elle parle de « délation » au sujet des révélations de Camille Kouchner. Catherine Clément fut anciennement proche des Communistes, une collaboratrice de cette belle revue que fut La Nouvelle Critique, une intellectuelle jadis estimée. Personnellement, je suis toujours un peu sidéré d’assister à ces chutes abyssales vers de telles déchéances.

OLIVIER DUHAMEL.

Je ne m’attarderai pas sur la pédocriminalité d’Olivier Duhamel qui tient boutique à Europe1, sur La Chaine immonde (LCI), à Science-Po, à France Culture, etc. Je relèverai que dans cette affaire, les Medias moutons ne se sont guère étalé sur sa Présidence au « Siècle », officine où se rencontrent régulièrement personnel politique, médiatique, économique de haute tenue.

« Une centaine… ».
On attend donc l’inventaire d’Ariane Chemin.

On peut comprendre ce silence sur nos antennes de radio et nos écrans puisque la quasi-totalité de nos grands médiacrates (et autres) en sont membres. (3)

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(1) Au 5 janvier, au 13-14h de Bruno Duvic de France Inter, on titre sur la Covid (15 mn), sur Véran et les vaccins, sur Joe Biden Mais pour cette rédaction, ce fichage n’est pas une info.

(2) On imagine d’ici la joie de tous ces médiacrates – de Jean-Michel Aphatie à Patrick Cohen, de Lea Salame à Thomas Legrand et Pujadas – tous en haine des interstices de contre-pouvoirs résiduels sur le Net.

(3) Outre Sarkozy, on a pu y repérer un autre membre de cette confrérie : le nom de notre actuel Président. Gageons que cette autre Dame (Brigitte M) ne manque pas, elle aussi, de présenter sa carte de fidélité avant les Dîners du dernier mercredi du mois au siège du Cercle Inter-Allié.

VIEILLES PEAUX ET NOUVELLES TÊTES A CLAQUES.

Les temps nouveaux ont besoin d’images nouvelles, d’images de têtes nouvelles.

C’est qu’il faut – dans les personnalités médiatiques invitées, dans les animateurs, dans les chiens de garde – trouver un juste équilibre entre vieux de la vieille et nouveaux entrants. Donc ni trop câliner le téléspectateur ni le désorienter. Pour ça, il faut de la diversité. Il faut renouveler les apparitions dans les écrans, avoir des voix jusqu’ici absentes des micros pour paraître une Chaîne jeune, une Radio dynamique, et ainsi répondre à la nouvelle situation.

Changement souhaité certes mais on garde le Pivot central. Celui qui dit qu’il faut – sans complexe – « se réinventer » et se lancer dans une Révolution « apprenante et culturelle » pour cet été.

MACRON donc. Et mon dieu, il se réinvente le bougre ! Un jour, sans peur et sans reproche, le voilà qui va visiter au fin fond de la Bretagne des plants de tomates, qui s’en va affronter une classe maternelle (bravant les gestes barrière dont il se fait le chantre) ou encore faire le spectacle, en bras de chemise BHL, pour causer Culture en mauvais acteur. Il mérite indéniablement la première place.

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Naviguons dans les Radios. Celle RMC où deux minutes suffisent à vous envoyer râler dans la cuvette WC. Mais tenons bon entre le Senior Bourdin (70 ans) et le quinqua insupportable Olivier Truchot (52 ans). Tendons l’oreille : insultes aux fonctionnaires, «le COVID19 est une grippette» ou encore «Je pense que les Patrons du CAC 40 bossent plus que la plupart d’entre nous». «Entre nous» dit-il. Nous ? Et la, me vient derechef la question : «Ce Monsieur Truchot, à part rester vissé sur son fauteuil des TV/Radios de Drahi (Roi de l’Evasion fiscale) et encenser le Grand Patronat, il fait quoi dans la vie ?»

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Sur le même registre,  Zemmour (62 ans) et Naulleau (59 ans). Toujours accrochés à leur Chaine de la Honte, brimés par les Médias, ils gardent sans protestation aucune leur émission en prime-time. Un petit tour, ici dans mon encadré ci-dessus, des censures TV et Radios «subies» par Zemmour, rebelle honni, pauvre victime censurée, vilain petit canard, raciste deux fois condamné et éternel damné con.

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Jérôme Jaffré (80 ans), toujours sondeur à la con d’Institut de sondages à la con (Sofres), chroniqueur sur LCI (La Chaine Immonde) est toujours là. Invité du Quotidien Tendance Yann Barthès (46 ans), il s’était félicité en février, de l’arrivée du COVID19 «qui peut permettre au Gouvernement de reprendre pied» et qui jacasse sur un «souhaitable remaniement» qui sauverait son ami Macron.

Quant à son compère plus jeune, Gilles Finchelstein (57 ans), n’oublions pas qu’il a contribué à introduire les idées du libéralisme au PS, qu’il écrivit le discours de Hollande au Bourget («Merde à la Haute Finance, mon ennemi»), qu’il est membre du Siècle, un invité régulier de France Inter, de France Culture, qu’il fut un des Quatre Mousquetaires de DSK (avec  Anne Hommel, Ramzi Khiroun et Stéphane Fouks).

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Dans la même veine, un seul tweet de Brice Couturier, cachottier (impossible de truver son âge), ex-maoïste du 16ème, inamovible pilier de France Culture, inventeur d’un Parti des Medias (qui seraient de… Gauche), vomissant les Gilets Jaunes etc, suffira. 

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Comment se passer de Laurent Joffrin (68 ans), Rédacteur de Libération, qui nous a pondu un fameux billet pour traiter les Enseignants de poules mouillées, eux qui s’interrogent à juste titre sur le déconfinement, les masques, les protections élémentaires. Du haut de sa planque, Lolo veut monter les Français (soignants exemplaires) contre les Français (enseignants odieux). Tout à fait dans la logique macroniste qui ne vise qu’un seul et unique but : gommer les responsabilités du Gourou pour qui Libération appela à voter en 2017.

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Dans les nouvelles têtes à claques, les Médias ont fait dans le pluralisme. Il y a par exemple ce Laurent Bigorgne (46 ans), jusque-là, planqué dans le JDD et l’Institut Montaigne (Loi Travail, Loi Chômage, Loi Santé, c’est lui), ami de Macron de longue date, qui a décidé de nous montrer dorénavant sa binette. Et hop, comme crevard et crevure, tu ne fais pas mieux. Que préconise t-il ? Riens de moins que de supprimer des congés, des RTT, de travailler plus pour être pauvre plus vite. Crevard,crevure, Racaille de la Haute. De la très Haute.

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Enfin en ces temps de COVID19, on voit arriver d’étranges extra-terrestres. Celui-ci par exemple : Mathias Wargon (49 ans) qui se qualifie lui-même de «grande gueule» (C’est la mode et ça rapporte beaucoup en Profits de Notoriété). On se dit «Tiens, il va avoir peut-être des choses nouvelles à nous dire. Le nouvel entrant médiatique «cultive l’humour noir», spécialiste urgentiste «pugnace au langage fleuri» (Le Monde). Mais là aussi, il y a oubli d’importance : Mathias est le mari d’Emmanuelle Wargon, la Secrétaire d’Etat de l’Ecologie, celle-là même qui empocha des bonus exhorbitants quand elle bossait à Danone. Merveilleux monde médiatique !

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Alors, on rêve que tout ce petit monde soit réuni pour une soirée télévisée de Bienfaisance (avec Appel aux Dons – pourquoi pas ?) sur CNEWS.

Je vois bien Sonia Mabrouk ( 43 ans) en animatrice zélée de CNEWS. Pas trouvé mieux pour couper court, pour sortir les ciseaux dès qu’un mot critique affleure chez ses invités. Un avenir assuré pour Madame. Assurément elle deviendra, à n’en pas douter, la Claire Chazal (64 ans) cette dernière, embauchée à France Info – oui la Claire Chazal du XXIème siècle.