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Des détails qui tuent. (A propos de « L’Amour est un Crime parfait » des Frères Larrieu).

 Larrieu

«Explorer l’anodin» écrivait l’écrivain (suisse) Robert Walser. Beau programme qui rejoint celui d’un Docteur viennois qui débusquait derrière les plus petits détails des affaires de la plus haute importance. Je ne pensais pas du tout à cela lorsque débuta le film «L’Amour est un crime parfait» des frères Larrieu. Avant de payer ma place, j’avais juste lu le portrait des deux frères dans un article de Libération. Le journaliste-interviewer rapportait qu’Arnaud et Jean-Marie Larrieu n’avaient eu «aucun souvenir de rivalité, ni même de conflit», insistant même : «leur mémoire est commune et leurs propos ne se contredisent pas. Ils font tout pareil». Tout pareil. L’un égale l’autre. L’un se fond en l’autre et vice-versa. Deux frères, une seule parole. Des films en commun, comme «un», «sans souvenir de rivalité».

Et moi qui croyais naïvement que le pire dans la vie était de rencontrer son double parfait.

Après-midi ensoleillé à Auvers-sur-Oise.

VG Sous la pluie

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Vous avez continué de vivre cahin-caha et plutôt pépère tant d’années après la découverte des toiles de Van Gogh au Musée d’Amsterdam. Vous avez rangé toutes ces espèces de bouts de toile sciés, limés, râpés, martelés et rabotés dans un coin de votre mémoire. Mais les voilà qui resurgissent avec une force inentamée. Vous avez l’impression subite de croiser ses pinceaux et ses toiles. Vous vous souvenez alors des efforts d’énergie assez considérables du peintre, de sa mélancolie, de sa ténacité  de son épuisement. Ce bouleversement ne peut revenir qu’en certaines occasions. Celle – par exemple – d’un passage à Auvers-sur-Oise, après-midi ensoleillé.

Les lunettes noires de Jean-Pierre Léaud.

Les lunettes de Jean-Pierre Léaud

Ce lundi sur Arte, on passait le grand film de Jean Eustache («La Maman et la Putain»). Je l’avais déjà enregistré en VHS  lors d’un dernier et lointain passage à la télévision. Ce qu’il y a de fort dans la re-vision d’un film qu’on a aimé c’est le trouble vers lequel il nous renvoie, trouble différent aux différents âges auxquels on le voit. Trouble d’adolescent en 1972 à l’Olympic-Entrepôt, troubles d’adultes plus tard. Et hier soir encore.

C’est évidement le privilège des films singuliers que d’être pluriel, que de se démultiplier, que de nous remuer ainsi et autant de fois. Pluralité et bouleversements inattendus de nos regards qui confirment la phrase rimbaldienne : «Je est un autre».

Paris, Fontaine des Automates.

Fontaine 3

PARIS. La Fontaine des Automates (ou Fontaine Stravinski) fête ses trente ans. Passage obligé pour se rendre Place de l’Hotel de Ville tout proche où se déroulèrent les Concerts FNAC (19-21 juillet). Et toujours cette secrète et insistante correspondance entre l’acte de lire (de relire) et de déambuler. C’est qu’entre photographies des Automates du Bassin et réminiscences écrites, il y aurait comme l’avènement d’un étrange calme, quelque chose comme un miraculeux apaisement.

Paris Trash.

Poubelle 6

Évacuons ! Par ici les déchets !

Même pour nettoyer, pour rendre propres les Propriétés, on met les formes. Joliesses et couleurs pour dire le cul du Monde où finissent les inestimables marchandises qu’on nous fourgue et que nous «choisissons». Plastique lisse et vert-de-gris, bouchons dentelés, boites écrasées, gâteaux émiettés : tout cela offert aux Corps à la peine furetant dans les poubelles ensoleillées.

Et les accompagnant, l’ombre de ces quelques aphorismes pour un instant de répit.