Jour de Mai : le grand 8.

Picasso et ses mains

Bibi lisait le recueil de pensées de Picasso et les quelques anecdotes à son sujet. (« Picasso » par Picasso » aux Editions Ramsay, textes et paroles recueillis par Paul Désalmand).
Picasso était un peintre malin, un de ces rusés métèques qui aurait été expulsé aujourd’hui par Brice et ses amis. Il n’avait pas sa langue dans sa poche et, en juin 40, il ne pouvait pas voir les Allemands occupant Paris… en peinture.

A cette époque, il vivait avec l’artiste Dora Maar dans un hôtel particulier, rue des Grands-Augustins. Dora – que Paul Eluard lui avait présenté – a photographié en 1937 les différentes étapes de la réalisation de Guernica. Le peintre a choisi de rester à Paris, enfermé dans son atelier pendant toute l’Occupation. Son œuvre des années 1935-1945 fut interdite d’exposition. En 1938-39, Dora était devenue le « modèle » de très importants ensembles de toiles sur le thème des Femmes Assises, des Femmes au chapeau et des variations autour du thème de la Femme qui pleure.
Pour les nazis, pas question d’exposer Picasso car il fait partie à leurs yeux de ces artistes qui font la promotion de… « l’art dégénéré « . Aussi au début de l’Occupation, Picasso a droit comme nombre d’artistes de l’époque (pas tous…), à une visite en règle de la Gestapo qui vient fouiller minutieusement l’atelier.
Un officier nazi voit une photographie de la grande planche de Guernica, l’examine attentivement et se tourne vers Picasso :
– C’est vous qui avez fait ça ?
Et le peintre de répondre :
– Non, c’est vous !

                                                                                                                                  
BiBi avait lu «  L’Espèce Humaine » de Robert Antelme, livre qui reste un des livres -références éclairant au mieux l’Univers Concentrationnaire de cette épouvantable lumière noire. BiBi a retrouvé Robert Antelme dans un petit livre publié chez Farrago («Vengeance ? »). Robert Antelme écrira ce court texte peu après sa sortie du camp de Dachau, voulant s’élever contre le sort (la mort sans sommation et sans jugement) réservé en France aux Allemands prisonniers et répondant à la haine ambiante pas encore retombée. (Nous sommes en 1946).

Dans sa réponse à Charles Eubé, il s’oppose à ce qu’on fige l’Homme allemand dans une pseudo-essence porteuse du Mal.
« Penser qu’un déporté puisse se réjouir de ce que certains Allemands en France soient en train eux-mêmes de devenir des « déportés » , ou simplement le tolérer, c’est croire qu’ayant reçu en Allemagne une correction, nous nous réjouissions qu’on la rende à ceux qu’on a sous la main. C’est ne rien comprendre à ce qui a été vécu là-bas ».
Et encore : « Je croyais avoir enfoncé une porte ouverte en distinguant les « coupables » qui doivent être jugés ( et je précise qu’il s’agit des SS et plus généralement, des nazis, et d’autres cas), des autres Allemands, qui encourent en tant que citoyens, une « responsabilité » politique, obligeant aux réparations et justifiant les garanties de sécurité dont nous devons nous entourer, mais ne sont pas passibles d’un « châtiment ».
 
Ce jeudi 8 mai, les anciens combattants fleuriront les Monuments aux Morts dans une minute de silence. Il serait bon à l’avenir que cette minute de Silence se transformât en une Minute d’Histoire et expliquât un tant soit peu aux badauds qui iront chercher leur pain à la boulangerie quid des Camps de Concentration et quid des Camps d’Extermination.

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