INSTANTANES PRESIDENTIELLES 2017.

Beaucoup d’entre vous le pensent et ils ont raison : nous traversons une période inédite faite d’espoirs, de colères, d’élans rageurs, d’interrogations, d’hésitations et/ou de grande confiance. Au cours de ces jours post-premier-tour, j’en ai entendu des choses : des vertes paroles et des pas mûres, des insultes, des gentillesses assassines et des conversations meurtrières qui vous secouent…

Mais le fil rouge basique demeure inchangé : indécrottable anti-libéral, je reste. Pour ce qui touche au match contre la fasciste, inutile de préciser aux Réveillés-de-la-Dernière-Heure, de redire à ces Plus-anti-fascistes-que-nous-il-n’y-aurait-pas-eu-avant, qu’ils n’ont pas le monopole du cœur combattant les Chemises Brunes.

Retour, donc, sur le tintamarre des derniers jours de cette campagne des Présidentielles. 

*

Paroles fortes.

J’ai débusqué cette forte parole de Jacques Rancière : «Répétez en toutes circonstances : il y a un problème des immigrés qu’il faut régler si on veut enrayer le racisme. Les racistes ne vous demandent pas plus : reconnaître que leur problème est bien un problème et « le » problème ».

J’ai trouvé ceci dans un billet d’un blogueur sur Mediapart : « Au passage, nous ne l’appellerons jamais «Marine», cette manière si médiatique et au fond si politique de la rendre familière. C’est une petite chose, un détail d’expression : un signe révélateur de la banalisation. Si le FN s’est imposé dans le paysage avec autant d’aplomb, c’est entre autre par cette façon qu’ont partagée bien des médias de lui faire place».

Les «Experts».

Le journal Le Monde ne fait pas que du copié-collé des études de l’Institut Montaigne très libéral et très macronien. Il laisse parfois passer des vérités en citant ici un  «habitué des dîners du pouvoir». Celui-ci parle de Macron : «il est celui dont le Siècle a toujours rêvé : homme de gauche faisant une politique de droite».

Brice Couturier, l’expert de C’est Dans l’Air, émission concoctée par Maximal Production de Lagardère soutient que «le FN n’est pas un parti xénophobe». Bouh. Il rejoint Jacques Sapir qui, dans un premier temps, s’acharne contre la meute qui insulte Mélenchon. Avant de, lui aussi, déclarer son amour pour la fasciste : «Car, quelles que soient les critiques que l’on peut faire à Mme Marine le Pen (…) la décence devrait obliger cette même meute de reconnaître qu’il n’y a rien de «fasciste» ni dans son programme ni dans le comportement de son mouvement». Bouh. Bouh. Qu’ils dégagent.

*

 Au bistrot des Insoumis.

En ce lieu, l’oreille-BiBi a traîné et il en a ramené ces autres paroles fortes :

  • « Ne ressemblez pas à ceux que vous voulez dégager».
  • « La cible prioritaire de la campagne Mélenchon sont les dégoûtés de la politique».
  •  « A ces dégoutés, les écouter, leur mettre le doute. Faire du judo avec leur état d’esprit ».
  • «Nous avons autant de candidats qui ont la vingtaine que de candidats qui ont la cinquantaine/soixantaine».

*

La fasciste et son Parti.

La merveilleuse phrase (de Françoise Dolto) qui touche ceux et celles qui, votant, penchant pour la fasciste, ont ce sentiment de désespoir de ne pas exister : «Ecouter l’autre c’est le faire exister».

Sur le parti de la fasciste, sur son rôle dans les stratégies qui le combattent/promeuvent, c’est encore Frédéric Lordon qui en parle le mieux : «Le FN est ce merveilleux péril, cette providentielle horreur, qui permet à soi seul de « fixer » l’idée d’alternative et, par cette fixation même, de rendre essentiellement abominable tout projet de « faire autre chose » – quelle que soit cette autre chose. Même dans une démocratie aussi approximative que la nôtre, seul le recours à un monstre de service parvient maintenant à stabiliser un ordre devenu socialement odieux à des fractions de plus en plus larges de la population».

Divas du Divan.

Des psychanalystes s’invitent dans la campagne. « Comment ne pas se rendre à l’évidence ?» assène le gourou Jacques-Alain Miller. Le noyau pur et dur de la gauche est travaillé à son insu par le désir innomable de s’abandonner dans les bras de la monstrueuse walkyrie-MLP». Curieux qu’un psy se range sous la bannière de «l’évidence», lui dont le métier est de les traverser. En catégorisant les Insoumis comme «noyau pur et dur de la gauche», «Le Professeur» (dixit un de ses groupies, Pierre Sidon) quitte le divan pour descendre dans la rue. Et là, hors de son intimité, notre pôv Jacques n’a plus les protections de son dispositif de cure. La convocation de l’insu dans sa «démonstration» (que chacun peut mettre à toutes les sauces), expression destinée à faire impression et intimidation devient dès lors – pour BiBi – comme le Degré zéro de l’Argumentation.

Des tweets.

Tortiller des fesses. «ça sert à rien de trouver tout un tas d’explications en tortillant des fesses, il a fait une grosse connerie Mélenchon, dommage pour lui» écrit un twitto. Ôtons le masque à ce réac brandissant ce vieux cliché de…«Tortiller des fesses», cliché qui dit tout le mépris de sa haine des femmes et des homosexuels.

Le retour de Monsieur 49Trois. «Si Manuel Valls est prêt à quitter le PS et participer à cette majorité présidentielle, il le pourra». Signé qui ? Signé Emmanuel Macron.

Plagiaire. Joseph Macé-Scaron, viré de Marianne, écrivait les discours de Fillon, discours plagié ce lundi par la Fasciste. Ce qui est rigolo, c’est que le conseil de plagiat a surement été soufflé par un habitué en la matière : probablement ce Macé-Scaron, lui-même condamné pour… plagiat.(Même si le discours de la fasciste a été écrit par un certain Paul-Marie Coûteaux, qui, avec son nom est bien à sa place chez eux).

Christophe Castaner. Voilà un de nos futurs gouvernants ! Il est soutien de Macron, député de Haute-Provence. Il n’a rien vu venir. Il est comme-qui-dirait En marche à l’aveugle(tte). «Nous étions habitués à l’alternance systématique Droite/Gauche et on n’a pas vu la montée du FN».

Bertrand Delanoe : «Dans les années 1930 en Allemagne, l’extrême gauche n’a pas voulu choisir entre les sociaux-démocrates et les nazis». Ce qui est oublié – dans le même temps – c’est que dans les années 30 en Allemagne, on ouvrait les premiers camps pour y mettre gens de gauche, syndicalistes, communistes et extreme-gauche.

Bové vote Macron. Mon tweet : «Vous verrez que, dimanche prochain, Bové et Macron fêteront la Victoire au MacDo».

Rappels.

Je vais toucher à son poste et rappeler qu’avant le premier tour, Cyril Hanouna avait invité Dupont-Aignan pour faire du buzz. Tu nous repasses ton émission, Cyril, notre anti-fasciste des Beaux-Quartiers ?

Arlette Chabot et Gilles Leclerc (grands journalistes devant l’Eternelle Pensée libérale) ont élu récemment Steeve Briiois Prix du meilleur élu local à Hénin-Beaumont.

Yann Moix. Il est fier de n’avoir jamais voté mais insulte le… vote de Mélenchon, le traitant de dictateur.

Jean-Michel Aphatie fait de même, attribuant un Ni-Ni imaginaire aux Insoumis, oubliant qu’il avait déclaré avoir toujours voté blanc. Donc blanc en 2002 lors du second tour Chirac-LePen.

Au bout de ma relecture de mes semaines dernières : cette phrase de Michel Butor : « L’écriture a toujours été une forme de résistance» et celle de Georges Haldas : «Ne pas se laisser engluer par l’évènement. Ni passer à côté. Tâcher d’en lire le sens».

 Elle me disait.

Elle me hante, elle va et vient, elle va et revient toujours, flux continu, flux et reflux, elle continue de me dire. Elle sera bientôt en récit avec, pour échos, tous ses propos ramassés en 140 caractères et regroupés dans un livre. Pour mes fidèles lecteurs, il vous en coûtera 13 euros. Et pour les autres… aussi.

ELLE : C’est que, parfois, elle rôde sur les terrains du Politique, les arpente. Au hasard, cinq résonances :

Elle me disait : «Je déteste le Sens de la Populace, préfère le Sens du Social».

Elle disait : «La pire des choses, c’est peut-être bien de ressembler à tes ennemis».

Elle me disait : «Il n’y a que ces foutues penséesMarketing pour croire que le langage peut-être reçu 5 sur 5».

Elle disait : «Ils ont épousé la langue de l’ennemi le jour où ils ont associé «immigration» à «problème».

Elle disait : «Bizarrerie de la Mode contemporaine : sur chaque Chemise Brune, on trouve une poche-revolver».

10 Responses to INSTANTANES PRESIDENTIELLES 2017.

  1. Robert Spire dit :

    Les donneurs de leçons médiatiques se réveillent « résistants antifascistes » de la dernière heure uniquement pour masquer le fait qu’ils justifient tout le reste du temps le véritable fascisme de notre temps. Lire Pasolini : « Je crois profondément, que le véritable fascisme est celui que les sociologues ont appelé, de façon trop débonnaire, la “société de consommation”. Une définition qui semble inoffensive, purement indicative. Mais il n’en est pas ainsi. Si l’on observe bien la réalité, et surtout si l’on sait lire dans les objets qui nous entourent, dans le paysage, dans l’urbanisme et surtout dans les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation, sont les résultats d’une dictature, d’un véritable fascisme. »
    http://antoinechimel.hautetfort.com/archive/2014/04/08/le-fascisme-des-antifascistes-par-pier-paolo-pasolini-1-2-5322421.html

  2. Jeannedau dit :

    « Sur chaque chemise brune, on trouve une Poche revolver »

    Elle te disait.

    ……

  3. lediazec dit :

    Ben, que dire ? Que dimanche prochain je reste « dans mon lit douillet » ! Facho, moi ? Merde alors !

  4. AgatheNRV dit :

    La stratégie fausse primaire puis épouvantail mais rien à voir avec son père ce qui sera tout de même de votre pure responsabilité si cette non fachiste mais un peu fachiste par rapport à Maqueron car tout est relatif… Tu as parfaitement résumé, cette fausse democratie ose en toute decomplexion un simulacre de vote gagné d’avance. Un ponte de l’Unesco m’avait dit, les mains dans les poches : »Vous aurez un jeune, vous aurez Macron ». C’était avant les élections, c’etait déjà fait…

  5. Rien à ajouter comme d’habitude.
    Énorme cette phrase de Castaner qui n’a pas vu venir le FN…surtout dans le 13. Heureusement qu’il ne fait pas de politique mais du marketing.

  6. AgatheNRV dit :

    Le simulacre de démocratie avait déjà adoubé les moins pires que le péril rouge (Hitler vaut mieux que Staline), ce présupposé offrait la seule fausse alternative qu’un type de l’Unesco, mains dans les poches m’avait désignée avant les élections : « Vous aurez un jeune, vous aurez Macron ». C’etait déjà fait …

  7. AgatheNRV dit :

    Bon j’ai un peu bégaye mais mon premier commentaire avait disparu, je l’avais refait différemment

  8. BiBi dit :

    @Agathe
    C’est rien, je laisse qd-même 🙂

  9. Rémi Begouen dit :

    La meilleure nouvelle de ton billet est cette annonce finale de la prochaine parution en « VRAI LIVRE » de tes beaux billets « Elle me disait… » – qui méritent mille fois cette diffusion !
    Je suis preneur !

  10. BiBi dit :

    @RemiBegouen
    Merci. Je te ferais signe dès parution. Un livre soigné en auto-edition suite aux nombreux refus de Maisons d’éditions françaises (alors qu’il y a plus de 20 ans j’avais été publié 5 fois – non à compte d’auteur). Pour ce coup-ci, il t’en coûtera 13 euros:-). Dès l’impression et dès réception de mes exemplaires, je mènerai campagne de « pub » hors-circuits commerciaux, comptant sur mes fidèles abonnés des réseaux sociaux et sur mes étonnant(e)s lecteurs (lectrices) de ce blog-ci. Plutôt content d’en passer par une initiative individuelle pour faire vivre « mes » écrits. Bonheur de ne pas devoir compter sur les intermédiaires même si naviguer « underground » a des désavantages (la vente/promotion ne sont pas mon fort).

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