Sport : les dessous de l’Euro 2012 et l’habillage de Londres.

Du Sport ! Du sport et encore du sport ! Avec l’Euro 2012 puis avec les Jeux Olympiques (27 juillet-12 août), personne n’y échappera. Tout cela tombe bien pour moi car j’ai été élevé au biberon sportif. Je me souviens encore des Jeux de 64 où, enfant, je parlais – comme toute la France du Général De Gaulle – de la médaille d’or du super-favori du 5000 m Michel Jazy et de celle de Kiki Caron (médailles qui finirent en chocolat). Souvenir aussi des Jeux de Mexico où je fus émerveillé par les sauts de Dick Fosbury (voir billet-BiBi ) et où je vis mes premières images du Politique via le poing levé de Tommie Smith (voir là aussi le billet-BiBi ). Revenons au présent sur ces deux compétitions d’importance que sont l’Euro 2012 et les JO de Londres.

Avec les analyses fouillées sur les JO et le CIO, avec la corruption qui les entoure – mon intérêt purement sportif a quelque peu faibli. Il n’empêche : ces JO et leurs préliminaires habillent déjà les couvertures des magazines (TéléramaLondres se prend aux Jeux). Ils restent quand-même passionnants mais… d’une passion qui s’en trouve quelque peu déplacée : je ne m’attarderai en effet pas sur les confrontations sportives à venir. Plus intéressants sont les enjeux et les silences qui entourent ces compétitions sportives.

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Un très festif EURO 2012.

Je suis tombé sur un passage du livre de Jérôme Jessel et Bruno Godard (page 170 «Sexe Football Club» Editions Fetjaine). On peut parier qu’aucun journal ou magazine ne fera le déplacement en Ukraine et en Pologne pour nous en amener des preuves :

«Lorsque l’UEFA a décidé d’accorder l’organisation de l’Euro 2012 à l’Ukraine et la Pologne, le petit monde du football a sabré le champagne. Et pas seulement parce que ses membres ont une âme slave et qu’ils sont heureux que le football se développe à l’Est. Si les journalistes, les agents, les joueurs, les dirigeants et tous les hommes qui gravitent autour du ballon rond ont sauté de joie, c’est parce qu’ils sont assurés de passer de bonnes soirées dans ces pays qui savent recevoir. Pour tous, un bon Euro est un Euro festif. Là-bas, ils vont pouvoir oublier la Coupe du Monde en Afrique du Sud où les nuits étaient plus calmes. En raison de l’insécurité, la plupart de ceux qui avaient suivi la compétition n’avaient pas osé sortir et se sont ennuyés à mourir».

JEUX OLYMPIQUES de LONDRES.

Lorsqu’on lit les articles de Télérama (N° du 5 mai 2012) sur les Jeux Olympiques, on croit rêver. Les journalistes nous servent une soupe aux douces épices anglaises.

1. Agnès Catherine Poirier nous la présente via un très exotique «saleur de saumon» qui a «failli tout perdre à cause des Jeux» mais qui réussira néanmoins à sauver ses poissons des eaux troubles de la reconstruction du Quartier de l’East End. On se croirait au 13 heures de Jean-Pierre Pernaut sur TF1.

Voyons quand-même ça de plus près : Lance Forman, notre héros solitaire, est un commerçant qui a résisté aux promoteurs, aux organisateurs et aux Envahisseurs. N’est-elle pas belle cette Histoire où tout est mal engagé mais où tout finit bien… pour le plus grand bonheur du saleur. Cette Love Story londonienne s’achève dans le bonheur car ce saleur opportuniste «a déjà la solution» : «ses terrains vagues seront transformés en ateliers et galeries d’artistes»… Bref, on excuse l’arrivée des promoteurs-organisateurs-envahisseurs qui ont tout fait pour que des artistes (c’est-à-dire des Marques) prennent lieu et place de pauvres gens expropriés sur lesquels la journaliste n’a évidemment pas enquêté. N’est-il pas magnifique ce mariage du Sport et de l’Art – via la Finance et la Spéculation ? Ô bienfaisant Libéralisme (à l’anglaise), comme nous te chérissons, comme nous louons tous tes bienfaits !

2. Le second article de Télérama (Laurent Rigoulet) est un peu du même acabit. On y justifie les transformations de Brick Lane via les guides touristiques que seraient les… disquaires du quartier. Là, on y célèbre désormais les marques via la jeunesse branchée et la bohême artistique. Sont relégués hors des zones reconstruites les dealers, prostituées, immigrés etc. Pas un mot, pas un reportage pour dire le scandale : pour eux, les Jeux sont déjà joués.

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Pour mieux comprendre les veuleries de la réorganisation des quartiers Est de Londres, il vaut mieux lire le billet d’Agone : «Les Jeux Olympiques, médaille d’or des expulsions».

Extrait 1 : Dans ces quartiers, «les JO de 2012 provoqueront une diminution du stock de logements abordables. À en croire le London’s Advisory Services to Squatters, «le logement social promis par la société du village olympique ne sera pas disponible à temps pour compenser la perte importante de logements locatifs dans la zone».

Extrait 2 : «Principales victimes des méga-événements, les plus désavantagés sont massivement présents dans les zones vouées au réaménagement, aux embellissements et à la gentrification. Ils sont le plus souvent locataires ou ne jouissent pas de titres de propriété clairs et définitifs. Les groupes affectés de façon particulièrement disproportionnée sont les minorités ethniques (comme les Roms à Athènes), les personnes âgées (Barcelone et Sydney), les handicapés physiques ou mentaux, les vendeurs de rue (Séoul et Beijing), les travailleurs du sexe (auxquels Barcelone fit particulièrement la guerre) et les travailleurs migrants (Beijing)».

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