Dick Fosbury, un sauteur qui a pris de la hauteur.

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BiBi a toujours aimé ceux qui ne font rien comme personne, ceux qui lèvent le doigt quand il ne faut pas, ceux qui haussent les épaules devant les conseils trop pédants, ceux qui s’entêtent malgré les quolibets tout autour. BiBi aime imaginer que Dick Fosbury était de ces gamins obstinés et malins, pas prétentieux mais avec une bonne dose d’orgueil. «  Faire au mieux dans le temps qui nous est réservé », voilà ce qu’écrivait la poétesse Marina Tsataeeva. Le temps d’une Olympiade, Dick Fosbury fit au mieux ce qu’il pensait devoir faire.

A ses retours d’école, Dick Fosbury aimait sauter par-dessus les haies qui entouraient les jardins. Il vivait à Medford dans l’Etat d’Oregon avec une mère secrétaire et un père directeur de vente de gros camions. Lorsque Dick Fosbury débuta dans sa High School âgé de 16 ans, il utilisait le saut en ciseaux, contrairement aux autres athlètes qui étaient les partisans du rouleau ventral californien.
Un jour, en compétition, il battit son record personnel à 1,63m et on plaça la barre à 1,68m. « Je voulais essayer quelque chose de différent pour pouvoir aller plus haut. J’ai couru et à l’intuition, j’ai essayé d’engager mes épaules d’abord et ça a marché. En sautant ainsi, j’ai battu mon record de 15 cm. J’ai continué au meeting suivant et mes performances se sont améliorées ».
Bernie Wagner, son coach,  s’est demandé si cette approche de la barre était admise dans les compétitions plus importantes. Dick fut soulagé de savoir qu’il pouvait officiellement sauter de cette manière. A l’université de l’Oregon, il perfectionna son style et sa technique et engagea un programme d’entrainement qui insistait sur la souplesse, la rapidité de course et la musculation. Rappelons que le Fosbury Flop engage d’abord la tête et les épaules pour passer la barre puis le dos, avec une course d’élan en courbe et une impulsion bien plus rapide que la normale.
A l’âge de 20 ans, sa meilleure performance est de 2,10 mètres. Les Sélections US pour les Jeux Olympiques seront mouvementées. Dans un premier temps, à Los Angeles, Dick termine premier mais une réclamation conduit à l’annulation de sa victoire. Une seconde sélection lui permettra quand-même de terminer dans les 3 premiers et Dick Fosbury se qualifie pour Mexico 1968.
«  Même si alors j’étais dans les six premiers mondiaux, je ne pensais pas à la médaille d’or mais à atteindre la finale et bien y figurer. La Finale des Jeux sera le meilleur concours de ma vie : je n’ai pas manqué un seul essai jusqu’à 2,24m, mon record personnel. J’ai attendu le troisième essai pour franchir la barre et devenir ainsi champion olympique ».
Entre ses essais spectaculaires, devant les entraîneurs et les adversaires médusés, la foule grondait de plaisir en criant des « olé ! » devant les sauts de ce compétiteur qui inventait dans l’enceinte du Stade Olympique une gestuelle inédite et jamais vue. Ed Carouthers gagna la médaille d’argent devant Valentin Gavrilov, tous deux adeptes du ventral. Le record du Monde de Valéry Brumel à 2,25m avait eu chaud. Pendant l’un de ses sauts, eut lieu l’entrée du premier coureur de Marathon, Mamo Wolde dans l’indifférence générale tant la foule n’avait d’yeux que pour l’athlète américain.

Au retour sur ses terres d’Oregon, il reçut un accueil triomphal. Dick ne voulut pas défendre ses chances en 1972 à Munich. Il fut l’Homme qui révolutionna le saut en hauteur puisque malgré les peurs des parents qui pensaient que leurs enfants allaient se briser le cou en sautant de cette façon. «  Je ne garantis pas les résultats, disait toujours modeste Dick Fosbury, et je ne recommande à personne mon style. Tout ce que je dis c’est que si un gosse n’a pas peur, il peut essayer de me suivre. »
Tout ne fut pas si simple. Pendant trois/quatre ans, les entraineurs furent très divisés, certains ne supportant pas de voir leurs acquis délaissés par l’apparition de ce nouveau style. Ce sont les athlètes féminines qui s’engagèrent les premières. Debbie Brill, l’athlète canadienne de Vancouver fut la première femme à adopter le style Fosbury.

Après son succès, Dick Fosbury, âgé de 21 ans, poursuivit ses études et fut le premier dans sa famille à être diplômé de son Université. En 1977, on le retrouve dans l’Idaho où il a créé sa propre entreprise d’Engineering mais il garde toujours un œil sur l’athlétisme, conseillant les entraineurs et les enfants qui essayent d’assouvir leurs passions pour ces épreuves sportives.
Dick Fosbury rajoute qu’il ne regrette pas d’avoir si peu bénéficié de sa renommée sportive. Tout ce qu’il a fait, répète t-il, il l’a fait par amour du Sport et il est plutôt content de n’avoir pas vécu la grande explosion des drogues illicites sur les pistes de l’Athlétisme mondial. En 1998, il sera nommé Secrétaire général de la WAOW (Association Mondiale des Champions Olympiques).

Fosbury… de ces chics types qui ont déserté les pistes dorées et argentées de l’athlétisme moderne.

4 Responses to Dick Fosbury, un sauteur qui a pris de la hauteur.

  1. riffraff dit :

    J’ai le sourire après avoir lu cet article. Merde bibi… J’adore ton style! C’est ça le sport, point final… des mecs qui osent, qui réussissent, qui nous donnent envie de nous surpasser.
    Le rêve? L’envie? Le dépassement de soi? La passion? Des valeurs qui se perdent actuellement. Heureusement, Bibi est là et surtout Dick est là. Un sourire, c’est peu mais c’est tellement beau.

  2. Jean dit :

    J’ai vu une vidéo parlant de Bruce Quande qui a sauté de cette manière en 1963(http://fr.wikipedia.org/wiki/Saut_en_hauteur) avec une photo le prouvant.Mais cela n’enlève aucun mérite à Dick Fosbury sauf la paternité du saut.Si l’histoire est vraie

  3. tapemoi.com dit :

    Dick Fosbury, un sauteur qui a de la hauteur…

    Dick Fosbury n’a pas fait les choses comme les autres. Avec son saut singulier il a révolutionné le saut en hauteur. Devant des spectateurs médusés, il a remporté la medaille d’or du saut en hauteur aux Jeux de Mexico. bonne lecture et venez fa…

  4. fatus dit :

    Tiens, à propos des mecs si cools des JO de 1968, là, las et nostalgique je me demande s’ils prnaient déjà quelques substances bizzares ?
    Couac il en soit, ainsi fut-il, amène… des souvenirs des JO de 1988, souvenirs, soupirs, sourires, voici ma petite chronique ironique intitulée…
    “Vas-y Ben, nous sommes fiers de ce que le Canada a fait de toi!“
    En effets secondaires, de rien merci, nous avions bien ri, ma tendre et moi, lorsque nous n’avions plus revu ce spot publicitaire sur les chaînes de “Radio Canada” en septembre 1988, juste après la révélation de dopage de ce fameux “100 m qui a changé les jeux” !
    Cet après-midi, mes chers cyberjournaleux sportifs, grâce à votre forme olympique, je me souviens de tout le cirque médiatique orchestré par “Radio Canada”, peu avant ce fameux 100 m du 20ème siècle. A cette époque épique, en septembre 1988, il se trouve que nous nous trouvions de passage à Vancouver, en année sympathique et sabbatique. Or (olympique), en ce temps là, il était impossible de ne pas se laisser prendre par le tapage diurne et nocturne orchestré de mains de maîtres par tous les médias et les sponsors canadiens réunis ! Ainsi, je me souviens du duel de Séoul 1988, annoncé haut en couleurs, entre le black jamaïcain boy Big Ben Johnson (adopté par le Canada) et le beau sombre héros made in the Nike USA, soit King Carl Lewis ! Surtout que notre grand bon homme roi, surnommé Carl à la mâchoire d’acier (bonjour en passant aux bienfaits des hormones de croissance…) venait de se faire surclasser pour la première fois lors d’une compétition officielle; c’était une année auparavant, aux championnats du monde de 1987 à Rome; en effet, le petit Big Ben Johnson, venant du Canada d’à côté, se révéla le plus rapide, tel un chien déboulant tout tout en boules de muscles; d’ailleurs depuis là, certaines mauvaises langues dont celle de votre cyberserviteur, l’avaient surnommer affectueusement Benoïde (bonjour en passant aux bienfaits des stéroïdes anadiabolisants…o:) !
    Mais trêve de détours, revenons vite dans cette fameuse course folle du siècle passé: Benoïde, le noir au blanc des yeux presque jaunes, était ultra nerveux et monstrueusement stressé avant le départ. Contrastant, du haut de sa haute stature d’athlète longiligne, King Carl Lewis (qui ne courait pas en Jean’s, rassurez-vous…) paraissait serein, voire carrément zen, car peut-être un peu trop sûr de son coup (des pattes) ?!
    Mais ne voilà-t-il pas qu’à peine le coup de feu du départ donné, notre petit canadien d’adoption laissa littéralement sur place tous ses rivaux pour finir en bombe et en trombe dans le temps canon de 9 secondes et 79 centièmes, ce qui correspondait alors à un nouveau record du monde, avec plus de 10 centièmes de mieux que le précédent, ce qui est énorme comme amélioration, à ce stade de compétition !
    Alors là, vous auriez vu la tête du king avec son regard hébété de roi déchu et déçu !? Mais surtout, surtout, surtout… je vous laisse imaginer le délire des journaleux canadiens qui en oublièrent même dans la foulée que le petit Ben était originaire des bas fonds de la Jamaïque (idem pour les sponsors qui nous repassèrent en boucle leur fameux clip: “Vas-y Ben, nous sommes fiers de ce que le Canada a fait de toi…) !
    Mais rassurez-vous, mes chers lecteurs, s’il en est encore à ce stade de la chronique… cet oubli ne dura pas longtemps; juste le temps d’apprendre que le vilain petit canard jamaïcain avait abusé de produits illicites; ce qui se voyait et se savait depuis belle lurette, mais bon, ceci est une autre affaire ( à suivre) !
    Curieusement, les sponsors retirèrent alors leur fameux spot à la gloire du Canada et de ses méthodes musclées pour fabriquer des champions hors pair (et hors sol…) !
    De plus, les journaleux canadiens nous la jouèrent tout d’abord offusqués; puis ensuite, les analyses se révélant positives, ils positivèrent en affirmant sans vergogne que ce n’était qu’un tout tout misérable petit cas isolé et qu’il fallait en faire un exemple, de ce cas d’école, qu’ils surnommèrent alors: le cas canadien Benoïde !
    En outre, quoi qu’à la mi-août, je me souviens aussi qu’en parallèle, chez ces dames, ce fut Flo-JO (mais oui, vous pouvez sourire en passant à ce bon jeu de mot olympique) qui s’imposa en souriant et les doigts dans le nez; ce qui la fit tout de même grimacer quelque peu car il faut écrire qu’elle avait alors de fort beaux ongles réincarnés en taupe modèle !
    Et n’oublions pas enfin de mentionner que le Reagan Ronald duck, représentant en chef de service de la nation amère ricaine toute entière, se fendit alors d’un très beau discours électoraliste et nationaliste qui fut probablement accompagné en sous mains d’espèces sonnantes et trébuchantes !
    Malheureusement pour tout ce joli petit monde olympien, ce qui est sûr, de nos jours, c’est que Flo-JO n’est pas morte subitement de mort subite quelques années après son triomphe (je crois même que son record immonde tient toujours, de nos jours…); en effet (secondaires), elle aurait plutôt succombé plus tard des suites du dopage de destruction massive administré par l’armée des médecins sportifs américains … ?!
    Finalement, n’oublions pas que, sur les 8 finalistes du 100 m olympien de Séoul 1988, il y en avait en tout cas 6 qui étaient dopés (de source sûre et de manière certaine); y compris King Carl et Christie, le christique britannique, quoiqu’en fait aussi jamaïcain d’origine; Christie qui gagnera le 100 m olympique suivant, à Barcelone en 1992…

    Moralité: aucune, et alors ? Couac… vive le sport et n’oubliez-pas, mon cher baron et mes chères téléspectatristes, que l’essentiel est d’y participer, à ce bien beau cirque olympique de nos temps modernes !

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