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La Justice de Sarkozy : pressions et répression.

Le Pouvoir sarkozyste et ses Penseurs sortis de la Droite extrême n’ont que le mot de Répression à la bouche. Les lois qu’ils préparent portent une grave atteinte au fonctionnement des juridictions pour mineurs en alignant leur régime pénal sur celui des majeurs. De fait est occulté tout soutien éducatif possible.

Catherine Sultan, Présidente du Tribunal pour Enfants de Créteil et de l’Association française des Magistrats de la jeunesse et de la Famille, s’insurge à juste titre devant ce projet de loi qui instaure des jurés populaires et qui bouleverse la Justice des Mineurs. Elle s’arrête sur sa logique :

«Mettre les juges à l’écart, c’est donner le Pouvoir au Parquet, anéantir cette justice particulière attachée à la personne et détourner le travail éducatif (…). On entend élargir le placement en Centre éducatif fermé pour mettre plus facilement en prison alors qu’on avait surtout besoin de revitaliser les Foyers éducatifs, les Internats et les Services sociaux de Milieux ouverts renforcés» (Source : Politis du 26 mai).

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Le 21 juin, un certain nombre de magistrats et travailleurs sociaux ont flairé que de graves dangers se préparaient en douce sur la législation des Mineurs. Ils lancent un cri d’alarme dans Libération :

«Le gouvernement s’apprête à faire voter en procédure accélérée la création d’un tribunal correctionnel pour mineurs. Exit la spécialisation de la justice des mineurs et mise à l’écart du juge des enfants chargé du suivi des mineurs auteurs d’infractions».

Le projet fait en effet quasiment disparaître le tribunal pour enfants où siègent – aux côtés du juge des enfants – deux assesseurs recrutés pour leur intérêt pour les questions de l’enfance. Ils sont ainsi congédiés au profit du tribunal correctionnel, augmenté dans certaines affaires d’assesseurs-citoyens tirés au sort et où le juge des enfants servira d’alibi.

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« L’objectif avoué de la réforme est de renforcer la répression de la délinquance des mineurs en entretenant l’illusion que la crainte d’une sanction plus forte suffirait, de façon magique, à dissuader des adolescents déstructurés d’un passage à l’acte. Au contraire ces nouvelles dispositions vont affaiblir les moyens d’action éprouvés et efficaces de notre justice des mineurs» écrivent encore les signataires.

Aux violences repérées dans les Établissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM), voilà, en contrepoint, le constat de la Ligue des Droits de l’Homme de Midi-Pyrénées qui confirme cet objectif désastreux de renforcer à n’importe quel prix la répression.

«Aujourd’hui, certains de ces mineurs ne sont plus protégés de l’agressivité ambiante et les professionnels dépourvus de moyens et piégés par une mission impossible ne peuvent pas exercer leur métier dans le respect des règles. Au-delà des effets d’annonce démagogiques et martiaux, ce type de structures démontre à nouveau que tout enfermement des mineurs s’appuyant exclusivement sur la sanction et la contention est voué à l’échec, laissant entier le problème de délinquance». (Source : Lien Social).

Petites choses et Grands Patrons.

Laetitia et Benjamin.

Dans Télérama, c’est (presque) toujours le Courrier des Lecteurs qui fait l’intérêt de l’hebdo. Cette semaine, la dernière vignette de Catté (à Montéléger) mérite toute l’attention des bibis :

Réflexions sur la frénésie législative de Sarkozy.

Les sénateurs viennent de désavouer notre Grand Protecteur lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration.

Contre l’avis du gouvernement et de la commission, les sénateurs ont refusé de déchoir de leur nationalité les meurtriers de représentants de l’autorité de l’Etat. Mesure donc rejetée à 182 voix contre 156.

BiBi s’est demandé à quoi peuvent bien servir les lois dont notre petit Chef nous abreuve depuis qu’il est arrivé au sommet de l’Etat ? Quel est donc le sens de cette frénésie législative et – disons-le plus nettement encore – de cette véritable frénésie sécuritaire ?

Evidence-BiBi : la loi ne sert pas à  changer la Société. Retour en amont : épousant l’avis de Laurent Mucchielli, BiBi lui laisse volontiers la parole (1) :

« La loi n’a plus que valeur de symbole et sert surtout à envoyer des messages dans le débat politico-médiatique et à l’électorat. Dernier exemple en date : l’Assemblée Nationale a voté, le 30 septembre 2010, l’extension de la déchéance de nationalité aux Français naturalisés depuis moins de dix ans, condamnés pour meurtre d’agents dépositaires de l’autorité publique. En lisant le débat parlementaire qui a précédé le vote de cette disposition, on y voit un député socialiste poser cette question au [sinistre] Ministre Eric Besson :

« Comme vous êtes féru de statistiques, vous avez sans doute lu les rapports effectués chaque année sur le sujet. Ma question est très précise : au cours des trois dernières années, combien de crimes, parmi ceux évoqués à l’article 3 bis, ont-ils été commis en France, quelle que soit l’origine de ceux qui les ont perpétrés ? Combien de crimes de ce type ont-ils été commis contre des forces de police, des magistrats ou des jurés ? A combien de ces criminels aurait été appliquée la déchéance de nationalité ?»

En d’autres termes, le député demandait s’il y avait un fondement réel à cette mesure. Ni le [sinistre] Ministre ni aucun député ne répondront à la question dans cette séance, pas plus qu’ils n’y avaient répondu en commission parlementaire quand ce député l’avait déjà posée».

Donc notre ex-Ministre de l’Expulsion et notre Président Protecteur n’ont aucune idée sur le nombre de policiers et de gendarmes tués par des personnes de nationalité étrangère chaque année. Et pour cause : aucun rapport, il n’existe aucune évaluation sérieuse pour discuter et – éventuellement – justifier cette loi. Laurent Mucchielli y est allé d’une autre petite recherche :

«Pour la petite histoire, poursuit-il, j’ai fait la recherche de l’info en question et j’ai montré que, si cette loi avait été en vigueur au cours des dix dernières années, CELA N’AURAIT CONCERNE QU’UN SEUL POLICIER (2). Une loi pour un cas. Nous en sommes là».

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  • (1)   L’intervention de Laurent Mucchielli est extraite de la Revue «Lien Social» (son 1000ième Numéro. 13 Janvier 2011). BiBi espère les lire jusqu’au 10000ième et souhaite que le maximum de travailleurs sociaux se jètent sur les articles de haute tenue de ce numéro Collector !
  • (2) Voir l’article «Déchéance de nationalité : la Police a bon dos» sur le site du sociologue. Signalons en outre sa rencontre avec Stéphane Liévin, représentant du syndicat Unité SCP Police parue sur son site et dans le Journal du Droit des Jeunes (JDJ – numéro de décembre 2010).

Coupures de Presse d’hier et d’aujourd’hui.

Armé de ciseaux, BiBi tronçonne, découpe, regarde, retient ou rejette les innombrables articles qui envahissent son espace. Il plie sous les tonnes de papier puis, courageusement et minutieusement, il les déplie. Pour, au final, n’en garder que quelques coupures.

C’est vrai que tout fout le camp ?

BiBi a décidé d’ouvrir son blog à un billet du philosophe et sociologue Saül Karsz, animateur de séminaires et de journées de formation. Les travailleurs sociaux connaissent son humour dévastateur et politiquement incorrect. Ils l’apprécient aussi pour ses pensées constructives (et déconstructives), pour ses argumentations ouvertes, offensives et singulières. En somme… tout ce qui fait les délices de BiBi !

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« L’édito du numéro 987 (30 septembre 2010) de Lien Social part d’un constat : «tout fout le camp», détaillé par une énumération qui pourrait s’allonger pendant des pages et des pages. En France et ailleurs, de vastes domaines de l’existence individuelle et collective donnent l’impression qu’en effet tout fout le camp, implacablement. Le champ social et médico-social ne fait nullement exception. Pourquoi le ferait-il ? Ce constat rend encore plus prégnante une question complexe mais incontournable, que beaucoup se posent : que faire ?

Pareille question exige une compréhension aussi rigoureuse que possible de ce qui est en jeu aujourd’hui : on n’a jamais intérêt à se tromper d’adversaire ! Commençons par écarter une première posture aussi habituelle que catastrophiste. Ce sont les multiples dénonciations des temps présents, trop souvent nourries de la nostalgie d’un passé magnifié après-coup, mais qui fut, pour beaucoup de gens, difficile, très difficile, et auquel, quoi qu’il en soit, on ne retournera certainement pas. Contrairement à ce qu’affirment des auteurs pressés, nous ne vivons aucune «mutation anthropologique», «mise à mort de l’humain», «perte des repères», «cassure du lien social» et autres lieux très-très communs…

Pourquoi ne pas tenter de faire plus et mieux qu’idéaliser le passé et diaboliser le présent ? Voilà l’hypothèse que je souhaite soumettre au lecteur. A savoir : nous vivons à l’époque de la révolution néolibérale. Telle est la vérité contemporaine. Révolution, soit un processus de transformation relativement radicale des conditions de vie, objectives et subjectives, non seulement économiques mais aussi intimes. Non seulement collectives mais aussi individuelles. Ce ne sont pas uniquement des réformes, grandes ou petites, qui sont en cours. Ni non plus des modifications substantielles dans la production et la distribution – effrontément inégalitaires – des biens et des ressources. Sont également en cause la manière de naitre, de vivre et de mourir, la manière de penser, de se penser et de ne pas penser, les modalités du vivre-ensemble.

Ce n’est nullement l’humain qui est menacé de disparition, mais certaines de ses représentations, qui résistent mal aux offensives tous azimuts des doctrines néolibérales. Ce n’est pas rien, certes ! Mais ce n’est pas tout non plus. De même que le diagnostic sur une personne n’est pas cette personne, mais juste une des manières de la percevoir et de la traiter, les représentations avec lesquelles on s’approche du réel ne sont pas le réel. Celui-ci peut faire l’objet de bien d’autres représentations, de bien d’autres traitements…

Bref, ce n’est nullement de la fin du monde qu’il s’agit, mais de certaines de ses configurations idéologiques, humanistes notamment. Heureusement tout ne fout pas le camp, mais juste un certain nombre de nos naïvetés. Tous comptes faits, ce n’est pas forcément malheureux…

Restent alors des combats effectifs à mener : le combat des idées, capables d’aller au-delà de la dénonciation nostalgique et-ou de la diabolisation à outrance ; le débat argumenté quant à ce que peut et ce que ne peut pas l’intervention sociale et médico-sociale ; la défense, dans des actions collectives, d’une démocratie impossible à sauvegarder si ce n’est au prix de son extension ininterrompue. Faute de quoi, nous continuerons à faire, objectivement, le lit de cela même que nous dénigrons subjectivement».

(1) Saül KARSZ, philosophe et sociologue, responsable de l’Association Pratiques Sociales.  www.pratiques-sociales.org tél 06 45 90 67 61.

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Pour les habitués du Blog, voici les résultats complets et attendus du Quizz pipolitique de BiBi.

  • A. Jean Lacouture.
  • B. Aimé Césaire.
  • C. Sergueï Pougatchev.
  • D. Marc-Philippe Daubresse.
  • E. Visite 2010 au Plateau des Glières, au pied du Monument de la Résistance.
  • F. Nadine Morano.
  • G. Robert Nahmias.
  • H. Fabrice Luchini.