Yearly Archives: 2011

DSK : c’était il y a un mois, c’était il y a un siècle.

Le lundi 2 mai, nous étions dans la période ascensionnelle de DSK. Tout le Monde attendait sa candidature. Le Maître ne se prononçait pas encore, laissant ses sous-fifres et ses Conseillers à la Con gloser dans le Mentir-Vrai d’une Candidature mi-virtuelle, mi-inévitable.

1. Avril/Mai 2011 : Partisans, alliés, amis journaleux

Les Flèches de BiBi (1/15Juin).

Tout beau, le Figaro.

En lisant le Figaro, vous apprendrez que Maurice Lévy, 69 ans, PDG de Publicis et ami sarkozyste,

Et si on lisait le Courrier des Lecteurs ?

BiBi a toujours aimé s’attarder sur le courrier des lecteurs. Probablement parce que les lettres publiées

« Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde » (2)

BiBi s’est réveillé et son Double l’a rappelé au Désordre du Monde en criant « Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde » (Part.2)

«Plus de mineurs, plus d’adultes, plus de Vieux, juste des consommateurs qui communient ensemble» écrit le Sociologue avisé.

Dégoût et déglutition.

On ne peut que vomir cette inversion fondamentale et dominante des Temps Présents : «Maintenant, écrit justement Tony Anatrella, psy et… prêtre, ce sont les adultes qui cherchent à s’identifier aux adolescents».

«Je ne suis pas un ado, pas nostalgique et je vous emmerde».

Je ne veux pas être le Clone des Bobos des «Petits Mouchoirs» de Guillaume Canet, je ne veux pas être un Enfant de la Nouvelle Star ou un ex-ado du Grand Bleu. Je ne veux pas qu’une mère de 40 ans prête ses strings à sa gamine de 10 ans et j’emmerde ces Quadra-Quinqua qui singent nos chérubins, ceux qui vont en boite chanter du Chantal Goya, qui regardent Champs-Elysées de Michel Drucker la larme à l’œil et qui laissent leurs gosses de 12 ans jouer aux Bad-Boys et aux Lolitas.

Dureté.

Que ne voient-ils pas la dureté des rapports sociaux, les lois d’acier qui régissent le(ur) Corps Social ? Sous des dehors ludiques (la Pub aujourd’hui fait sourire et amuse beaucoup. Le même ami quinqua extasié : «Faut avouer qu’elles sont bien faites»), sous les anabolisants qui transforment le Citoyen en Geek, que voit-on ? Des hommes, des femmes qui refusent d’entrer dans le Monde adulte et qui prolongent des comportements d’adolescents jusqu’au-delà la barrière des Trente Ans.

Refrain : «Je suis un vieux, pas nostalgique et je vous emmerde ».

Tout ce qui m’est proposé est débectant : des Cinq fruits et légumes imposés pour rester en bonne santé à ce plaisir vintage d’avaler des Haribo et de mâcher des Malabars. A gerber ces promesses d’éternelle jeunesse. A gerber ces caresses démultipliées sur le portable pour vérifier – comme le petit garçon et son robinet – qu’il est toujours, à portée de main. A gerber ces obscénités quotidiennes et majeures du XXI ème Siècle, ces tendances à vouloir être maternés à n’importe quel prix. D’où vient cette incroyable propension à refuser la Séparation et la Solitude pourtant constitutives de la personnalité humaine et fonctions structurantes fondamentales ?

Cybercrèches.

Exemple : relisant Serge Tisseron, j’ai redécouvert l’existence des cybercrèches. Dans les pièces ou chambres où déambulent les petits enfants, on a installé des webcams pour que Papa au bureau puisse voir et admirer continuellement son chouchou. Le Rêve des Puissants se réalise : transformer les Papas & Mammas en Agents de Surveillance, new Big Brothers.

Le Temps passe.

Le Temps passe et ça fait mal. Mais ce Mal peut faire du bien quand, dépassant les rhumatismes, évitant les lumbagos, rajustant le dentier, constatant sa perte de vue, sa perte de cheveux, sa perte de tension-là-où-vous-savez, quelques-uns ont encore la force de crier cette vérité du jour :

«Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde».

(Aides à la Rédaction : Serge Tisseron – L’Intimité Surexposée et Cédric Biagini «Areuh, areuh, la croissance régressive» N° de Décroissance – Juin 2011).

 

«Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde» (1)

BiBi se demande s’il n’est pas touché par le phénomène de la ventriloquie. Cette nuit, il a écouté une voix – celle de son Double – qui lui chantonnait ce curieux refrain : «Je suis vieux, pas nostalgique du tout et je vous emmerde».

Infantilisation et Désir de régresser.

D’un côté l’infantilisation prônée à vitesse grand V par le Marketing et les Publicitaires, de l’autre, le désir increvable chez l’adulte (30-60 ans) de régresser. L’un ne va pas sans l’autre. Les deux axes sont solidaires et traversent le Corps social dans son entier – particulièrement dans ses couches moyennes.

Mon Ami Quinqua.

Lorsqu’il m’a demandé si j’étais inscrit à CopainDavant.com (12 millions d’inscrits en France) ou si j’étais allé sur Photo-de-classe.com (130.000 clichés en ligne), il a souri à ma réponse négative.

Mais je n’ai pas aimé ce rictus narquois. Du tout. Et, furieux, je lui ai crié sans raison : « Je suis vieux, pas nostalgique et je t’emmerde ». Sans raison ? voire.

Lui, il avait retrouvé ses potes de Troisième du lycée en 1970 et a cherché à savoir personnellement ce qu’ils étaient devenus. Après le premier contact, ils n’avaient plus rien à se dire. Il m’a ensuite rajouté [en sourdine] : «J’ai même retrouvé celle qui m’a dépucelé».

Machine arrière toute.

Ces retrouvailles en ligne témoignent des pulsions régressives qui, si vous refusez de les satisfaire, vous fait passer pour un ringard. C’est ce qu’explique le psychologue clinicien Michaël Stora : «Avec les réseaux sociaux, chacun peut renouer avec son passé, retrouver une période de sa vie d’il y a plusieurs années, au moment où celui-ci réalise qu’il devient adulte. C’est le désir de régresser».

Il ne s’agit pas d’un besoin de se réapproprier son propre passé, d’en faire un bilan pour aller de l’avant mais d’échapper au présent en se polarisant à l’extrême sur le Passé, sur son passé.

Peur du Conflit.

Nous sommes dans une période d’évitement des conflits. Même les syndicats parlent de «partenaires sociaux» en rencontrant les Représentants Patronaux, jamais d’«adversaires sociaux». A l’échelle individuelle, les Vieux jouent aux Jeunes. Du conflit de générations, on n’en veut plus. Du coup, on fabrique une masse indifférenciée de mutants ( les «Kidults», contraction de «Kids» et d’ «Adults»).

On écoute la zizique de son fils, on se colle du tee-shirt «Che» sur son ventre bedonnant, on joue à la Lolita malgré ses culottes de cheval, on sort sa Play, on se rue au Cinoche pour voir Harry Potter ou Shrek 4.

Adultes atteints de crétinitude.

Ils refusent le MOURIR, l’angoisse qui nourrit l’Humain et l’Incertitude qui fait vivre. Ils se bardent de marques – les mêmes que les gars de 20 piges-, ils se gavent de jeux-vidéos ( aux USA, 75% sont des adultes et leur âge moyen 32 ans). Passé la cinquantaine, ils sont encore plus aveugles. Ils ne sont pas vieux, ils sont «Seniors». Ils sont dans le déni, regardant sans ciller le mot d’ordre obscène de la Pub Virgin («Ne vieillissez pas trop vite»). Derrière ces modèles, ils ne devinent pas l’Obscénité et la Violence symbolique. Pour un peu, ils ne sont pas loin de croire dur comme fer au Grand Fantasme du Libéralisme : «Achetez ! Suivez les Conseils du Marché et vous deviendrez immortels».

Eh bien, moi, Refrain : «Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde».

Refus de la Séparation.

On ringardise ceux qui décrient l’effacement des frontières entre générations. On se moque de ceux qui veulent assumer leur présence changeante et douloureuse au Monde. Merde à ceux qui ne veulent pas reconnaître le Temps qui passe. Merde à ceux qui écartent sans cesse les difficultés toute humaines à éprouver ces passages vitaux, inéluctables.

A suivre… (Part 2 : Le temps de reprendre mon second souffle).