Monthly Archives: août 2010

Les Hortefeux, amis des milliardaires de Droite.

Brice Hortefeux, tout rose de colère, s’est insurgé contre la Gauche milliardaire. De quoi rire lorsqu’on se souvient des vacances de Monsieur Brice chez les Auvergnats richissimes d’Agadir… Agadir (ou Marrakech) où il passe régulièrement ses vacances dans les Palaces ou les ryads de ses potes tous fauchés comme les blés. Souvenons-nous qu’à Noël 2006, Monsieur Brice prenait ses petits déj avec Jean-François Copé, le françafricain André Guelfi et Bernard Tapie au Palace marocain du Dorint Atlantic, face à l’Océan. Il y causait alors des affaires du Crédit Lyonnais et du beau cadeau de Noël qu’il fit au génial Nanard quelques mois plus tard.

Parlons aussi de Valérie, sa très gentille épouse, elle aussi amie de « Milliardaires de Droite ». Elle fait régulièrement ses courses dans les quincailleries de la Place Vendôme à Paris. La jolie Dame de Brice s’est même crêpée le chignon avec une cliente qui avait visé le même vison qu’elle et l’avait menacée : « Attention, mon mari est Ministre de l’Intérieur ! ».

C’est toujours en amie de milliardaires de Droite qu’elle et son mari sont les invités réguliers des hôtels chics de Marrakech appartenant à Lucien Barrière (Hôtel Naoura par exemple). D’ailleurs, ils participèrent à l’inauguration en grande pompe de ce dernier hôtel avec les frères Hermès (ceux qui ont embauché Florence Woerth) et tous les pauvres types de la jet-set parisienne (Laurent Gerra, Alain Chamfort en tête).

Entre deux réceptions prolétariennes, les Hortefeux vont se reposer à Saint-Tropez où ils adorent recevoir Charlotte Rampling et son mari, abonné au RSA, Jean-Noël Tassez, top conseiller en Com’ et ex-directeur de Radio-Monte-Carlo. Sans compter les visites impromptues d’Edouard Balladur, de Bernard Arnault, de Didier Lombard.

Citons encore les Clubs auxquels Madame Valérie appartient : le Cercle MBC (ex-Maxim’s Business Club) où elle tient conversation avec les déshérités Nino Cerruti, David de Rothschild, Ernest-Antoine Seillères, les Princesses Napoléon et de Savoie. Pendant ce temps, Monsieur Brice, lui, s’en va boire un coup au Jockey Club ou au Centre Interallié, là où les Auvergnats se font rares et où il se gausse avec ses richissimes amis des Milliardaires de gauche.

Rires d’été, faits divers.

Dévoré par un ours.

Un homme de 60 ans a été dévoré par un ours sur l’île de Sakhaline en Extrême-Orient russe. Sakhaline ? Un ours, ça câline pas toujours.

Diagnostiqué de travers.

Ron Sveden, 75 ans, s’est présenté à L’Hôpital de Boston car ses médecins lui avaient diagnostiqué une possible tumeur du poumon. Il se trouve que la masse noire visible sur ses radios était en réalité un pois égaré qui avait germé dans son système respiratoire. Jusque-là, BiBi connaissait l’expression «avoir un poids sur l’estomac», il aura désormais appris qu’il y a «un pois dans le poumon».

Un grain de sable.

Une femme allemande fait la collection d’échantillons de sable du Monde entier. Elle en possède plus de 10.000. BiBi aime ces grains de folie pour un grain de sable. Il manque vraiment un grain à cette collectionneuse : celui de la Guinée équatoriale.

Calcul japonais.

Un japonais calculateur affirme avoir calculé 5000 milliards de décimales de la constante mathématique Pi. Ce japonais qui semble en connaître un rayon l’a affirmé en (cir)conférence de presse devant un cercle de journalistes.

Nuance.

Un immigré turc accusé d’avoir agressé sa femme a tenté d’expliquer à la justice néo-zélandaise la subtile différence entre Violence conjugale et Chorégraphie, affirmant qu’il dansait le «kolbasti», une danse très populaire turque. L’histoire ne dit pas si la justice néo-zélandaise lui a collé une contredanse.

Hortefeux voit grand.

On n’a plus besoin de mesurer 1,60 m pour entrer dans la Police. Avec ce décret publié au Journal Officiel, on allège les conditions d’aptitudes physiques pour intégrer la Fonction Publique. Désormais, lorsque Brice invitera Nicolas pour une revue des effectifs, nul besoin d’une agence de com’ pour faire les figurants : les futurs policiers seront à hauteur de leur Chef élyséen.

Hortefeux voit la Vie de haut.

A Lyon, Brice a lancé son plan de bataille pour lutter contre les vols à main armée avec l’utilisation d’hélicoptères C135 capables de transmettre au sol en temps réel des images de voleurs en fuite. Hélicons : bon plan ? Plutôt Hélicon, piège à cons.

Le cliché est de la photographe Pauline A. (www.back-to-intro.com)

Voyage en Syrie (4): en pays de chrétienté.

1. Tamara, 27 ans, est une femme heureuse : elle a épousé tout récemment un ingénieur de 42 ans. Chrétiens tous les deux. Elle attend la fin de ses études de Droit pour être Juge et travailler auprès des enfants. Elle voudrait améliorer les lois qui protègent les mineurs contre l’arbitraire. Paradoxalement, elle trouve qu’à Damas, il y a trop de jeunes (irakiens réfugiés) : «Cette arrivée massive a perturbé notre pays». Ses parents habitent à 150 kilomètres de Damas, la Capitale. Malgré la voiture qu’elle peut conduire (40 centimes d’euro le litre d’essence), malgré le prix en car (1,5 euro le trajet), elle ne leur rend visite qu’une fois tous les deux mois. Comme beaucoup de syriens, elle ne connaît pas très bien la géographie intérieure de son pays et n’ose guère s’y aventurer. Sa maison est en construction, toute proche de celle de ses beaux-parents. Son visage est radieux et son thé délicieux.

2. B., 32 ans, est un homme célibataire, de confession chrétienne. Ce soir-là, il se laisse séduire par un groupe de jeunes musulmanes buvant un thé à la terrasse. Certaines sont coiffées d’un voile, d’autres ont leur chevelure qui vole au vent, d’autres fument le narguilé sans complexe, jouent au jacquet ou se remettent du fond de teint devant les miroirs des couloirs.

B. compte quelques amies musulmanes mais n’en épousera aucune. Les codes sont trop prégnants, la pression des familles souterraine est omniprésente, les habitus sont trop pesants. «Ils nous acceptent mais ils veulent que nous restions à notre place». Mais la réciproque est aussi vraie : les chrétiens – 13% de la population, couche sociale aisée – veulent coexister mais ont le même adage : «chacun chez soi». Pas de mélange ou de réciprocité via la mixité des mariages par exemple.

La Famille reste un point d’ancrage incontournable, décisif : « à mon âge », dit-il, « je dois accélérer le mouvement » (il se doit de trouver rapidement une femme jeune, en âge de procréer). S’il n’y arrive pas, il sera triste. Seule possible sortie d’impasse : rejoindre un oncle au Canada avec ce prix à payer : distendre les liens familiaux, s’éloigner de ses proches.

3. Pour comprendre ces mariages impossibles et inenvisageables, rappelons que 8 syriens sur 10 se réclament de l’Islam et du sunnisme (pour 80 % d’entre eux). Les minorités druzes, kurdes et celle des Alaouites (à laquelle appartient la famille du Président Bachir El Assad) se réclament elles aussi de l’Islam.

4. A l’opposé, les Chrétiens sont eux aussi disséminés, entre grecs orthodoxes, latins, arméniens. Enfin restent seulement 300… juifs, juifs qui constituaient avant 48, une des plus importantes communautés religieuses du Moyen-Orient.

Syrie (3) : femmes sous le voile et femmes dévoilées.

Dans les échoppes des souks, la femme y est introuvable. Elle n’est ni à l’accueil – derrière le comptoir de la boutique -, ni au devant du client. Elle n’est pas non plus caissière ou suppléante de son mari. Le plus souvent, c’est le fils qui relaye le père fatigué.Vous ne verrez guère de femmes dans les cafés populeux, dans les magasins, dans les restaurants (salle ou cuisine). Peu d’entre elles s’aventurent en ville en voiture. Paradoxe : probablement étudiantes, elles sortent en groupe, commandent du thé dans les restaurants, s’accrochent à leur portable toutes les cinq minutes et attendent leurs amoureux.

Des femmes au travail, il y en a : surtout au travail domestique dans les maisons aux intérieurs frais. Elles sont quasi-invisibles sous les tentes poussiéreuses du désert mais très présentes dans les cueillettes aux champs, dans les pharmacies, aux guichets des banques, dans les administrations (postes et justice). Certains matins de la semaine, quelques-unes viennent nettoyer les chambres d’hôtels décrépis où l’on compte les cafards qui tournent et les mégots qui trainent. Ombres irréelles et silencieuses, présences fantomatiques au service des Maitres.

Beaucoup de femmes portent le voile, voile qui est l’objet de toutes leurs attentions. Dans le souk, il est – comme les longues robes noires qu’elles portent  – soigneusement examiné, choisi. On tâte l’étoffe, on en discute avec les copines, on l’imagine sur soi, on l’essaye, on engage de longues palabres sur le prix.

Lorsqu’elles sont voilées, elles prennent très soin de leur regard. Leur choix se porte alors sur la plus belle des paires de lunettes noires. Les jeunes femmes ont souvent un maquillage discret.

Voilées intégralement, elles sortent dans la rue, le plus souvent avec leur homme. Elles le suivent systématiquement. Elles font impression, couvertes jusqu’au bout des doigts, toutes gantées de noir, chaussettes de même couleur sombre et chaussures basses. En les croisant, nos cœurs se serrent. Sur l’étoffe noire, les motifs sont souvent de jolies broderies blanc-crème très discrètes. Sous le tissu léger, on devine un corps aux formes invisibles, une vie emmurée, cadenassée.

Parfois, les enfants sont devant : habillés à l’européenne – un peu de ces sosies de petits garçons nickel, abonnés de la paroisse parisienne de Saint-Eugène Sainte-Cécile.

Au mari interpellé (souvent en short et cheveux gominés à l’italienne), il est demandé «Pourquoi caches-tu ainsi ta femme ?». La réponse-couperet tombe : «Mon Ami, que fais-tu si tu possèdes un gros diamant que tout le monde t’envie ? Tu le mets dans un coffre-fort, n’est-ce pas ? Pourquoi alors devrai-je le montrer à tous ?»

Millénaire d’oppression : la Beauté féminine garde un éclat sombre et sordide, celui de l’Objet, celui du Mutisme. La Femme demeure l’impossible Sujet rayonnant. Bouche invisible, interdite de mots, entièrement nimbée d’un soleil noir, elle gémit en silence sous l’étoffe feutrée, sous cette enveloppe qui couvre sa vie entière, de la tête aux pieds. Peut-être conte t-elle tout ceci à l’ombre de son mari et… au soleil de ses amitiés féminines ?

Voyage en Syrie (2) : Haya laisse son empreinte.

Elle montre son pouce marqué à l’encre. C’est la raison de sa venue en ville : elle vient au Poste de Police pour refaire sa carte d’identité de femme de 38 ans. Assise sur le rebord du trottoir, toute timide, elle se laisse aborder. Avec Boto-Boto, elle va engager une prudente mais souveraine conversation. Entre femmes, la glace va se rompre à vitesse grand V.

Pour Haya, l’échange avec une femme européenne est un présent de Dieu, une grâce d’Allah, un court temps hors-monde dans son quotidien. Malgré les différences culturelles, les sujets abordés seront nombreux : les enfants (3 d’entre eux s’amusent sur le capot rouge d’une KIA coréenne sans que cela fâche le père), l’aîné est bon élève, tout fiérot, il compte en anglais jusqu’à dix, les grossesses ont été difficiles, le mari fait du commerce en campagne. Elle écrit son prénom HAYA, elle sourit, tente de repérer la France sur les contours européens que Boto-Boto lui dessine sur son petit carnet. Les enfants insisteront pour une longue séance-photo. Au dixième cliché, Haya acceptera de s’y associer.

Le mari est de retour. Le salut est respectueux. Chaleureux, il envoie l’aîné chercher deux boites de Pepsi-Cola pour nous les offrir. Ce matin-là, il fait 45 degrés sur le trottoir de Palmyre et BiBi pense aux peurs, à la méfiance infondée et à l’inhospitalité d’une certaine France d’aujourd’hui.

Au moment de la séparation, cette incise temporelle d’une heure, ces soixante minutes hors du commun, inédites dans le Quotidien de Haya, feront douleur. Ses yeux brillent : des larmes retenues ? Elle racontera à ses amies du village la rencontre, l’échange avec la femme européenne jamais jusqu’ici croisée, une de celles qu’Haya voit sur son écran dans les fictions télévisuelles occidentales ou égyptiennes.

Pour Boto-Boto aussi, cet instant restera exceptionnel.

A jamais.