Monthly Archives: août 2010

Fin de Syrie.

Fin de voyage en Syrie. BiBi espère que ces photos en diront plus long que n’importe quel commentaire. La photographie est d’importance en ce pays. Les gens s’offrent volontiers à la visée de votre appareil. Nul narcissisme mais une fierté légitime d’avoir à partager avec l’Étranger. Enfants et adultes vous font ces cadeaux merveilleux de simplicité, en haut et en couleurs, heureux que vous les emportiez avec vous aux quatre coins du Monde. Qu’ils en soient ici remerciés.

Petits métiers et grandes rencontres.

Couleurs au Souk d’Alep.

La Palme à Palmyre.

Les enfants de Syrie ( Hama, Damas, Alep, Apamée…)

Toutes ces photos reprises doivent comporter la source initiale et le nom de l’auteur (du blog). Rappel : les éléments présents sur Internet sont soumis de facto au droit d’auteur, même si leur accès est libre et gratuit et qu’aucune mention ne précise qu’ils sont protégés. Merci.

Les lecteurs du Blog peuvent revenir aux premiers articles sur la Syrie :

Voyage en Syrie (1) : une télé branchée.

BiBi et Boto-Boto avaient pensé à l’Iran (mais trop de risques), à la Jordanie (mais trop de risques… de tomber sur un tourisme de masse). Finalement, sac à dos, les voilà partis pour quatorze jours en Syrie. La Syrie : le Pays où le Christ fit ses premiers pas et dit ses premiers mots (en langue araméenne). Premier volet du voyage : sur les terres du Christ, la… parabole est partout.

1. En Syrie, il y a une chaine officielle et trois autres programmes qu’on branche via la voie hertzienne ou via la version-satellite. Sur les écrans syriens, prédominent aussi les autres chaines des pays frères du Monde Arabe. Les plus suivies sont celle d’Al Jazeera, celles de Dubaï, de la BBC en langue arabe, celle du Qatar, du Pays d’Oman et celles des réseaux ultra-religieux. On y a toutes informations – pas forcément énoncées par un homme mais le plus souvent par de nombreuses présentatrices, jolies, maquillées, à visage découvert.

2. Dans les fictions, le gouvernement a interdit que les héroïnes soient… voilées. C’est qu’il faut présenter à la Nation des figures modernes qui offrent du Rêve. Les seuls moments où les fictions laissent apparaître des femmes voilées lointaines, ce sont des scènes de rue, des scènes d’extérieurs (hall de gare, escalators de grandes boutiques, souks etc).

3. Pour un français, ce sont France 24, l’insipide chaine de la Reine Christine Okrent-Kouchner et TV5-Monde qui informent et distraient. Antoine d’Alep, 52 ans, est venu une seule fois en France. Il dit avoir appris et perfectionné son français en suivant cette dernière chaîne. Cette semaine, il y a visionné  des reportages d’Envoyé Spécial. Il nous parlera aussi de Carla Bruni-Sarkozy, vedette de cinéma dans « Paris Midnight » : « Comment expliquez-vous cela ? Une actrice top-model avec un agité ? Par l’Amour ? » nous interrogea t-il. Et l’écho lui répondit : « Par amour du Pouvoir certainement« .

4. Les écrans de télé sont omniprésents. En campagne reculée, sous les tentes des Bédouins, sur les terrasses des plus beaux hôtels-restaurants comme dans les plus petites boutiques des souks. Dans le dédale des marchés, tout en sourdine, le poste est allumé. Écran plat minuscule, placé au fond de la boutique. On y entend à peine les rire gras enregistrés des émissions aux séquences grosses ficelles. Le tenancier de l’échoppe a du mal à quitter l’écran où sont diffusés beaucoup de films (par exemple, « Le Transporteur » de Luc Besson !) et de séries policières locales. La violence y est surprenante : femmes tirées par les cheveux, insultes, empoignades virulentes et corporelles entre hommes et femmes.

5. Dubaï-Sport reste une chaine très suivie. La Coupe du Monde a connu de gros scores d’audience. On a aimé Zidane (un jeune homme montre son portable : deux vidéos de Zizou marquant ses deux buts en finale 98), on adule le Messi de Barcelone. D’ailleurs, on ne se trompe pas en déclarant que la Syrie est coupée en deux : il y a les pro-Barça et les pro-Real de Madrid. On se souvient à peine de l’Olympique Lyonnais terrassant l’Ogre madrilène en huitièmes de finale de la Champion’s League.

6. Hotel J.Daydé : la terrasse est superbe avec sa vue sur la forteresse illuminée d’Alep… Sauf que sur les côtés, deux écrans géants diffusent les spots publicitaires de la première chaîne. BiBi y remarquera trente secondes de publicité sur les produits L’ Oréal. Les plats commandés mettront une éternité à atterrir sur sa table : ils seront servis tout froid. C’est que les serveurs, eux aussi, en cuisine et en terrasse, ont eu du mal à quitter l’écran géant des yeux.

Nicolas S. et les Arts : un fondu de cinoche (2).

Une fringale cinématographique.

C’est évidemment Chochotte qui a fait son éducation. Son métier d’avocat et ses numéros d’acteur en Politique ne lui ont guère laissé de temps d’aller au Cinéma.

Il a fallu quand même lui dire que Luchino Visconti n’était pas un des valets de chambre des Bruni-Tedeschi, dans le Palais où Chochotte avait grandi. Le Castello di Castagneto, la maison de maîtres de Carla Bruni Sarkozy, a été récemment vendue au Cheik Waleed al-Sand. Dommage ! Woody Allen aurait pu y tourner un remake de Sissi Impératrice.

Nicolas et le Cinéma : une belle histoire.

Ensuite, Chouchou a du avaler tous les films de Frank Capra, tentant d’oublier Les Bronzés 1, 2 et 3. Bien entendu, il a gardé (et regardé encore et encore) les films du prodigieux Christian Clavier, du sublime Jean Reno et du très rigolo Dany Boon.

Il adore tellement le grand Walt Disney que son premier déplacement présidentiel fut d’aller saluer Mickey et Donald à DisneyLand-Paris.

Le 11 janvier 2010, il pleure à la disparition d’Eric Rohmer. Imaginez-vous Nicolas clamer ceci sans Conseiller culturel derrière ? « Classique et romantique, sage et iconoclaste, léger et grave, sentimental et moraliste, il a créé le style « rohmérien », qui lui survivra ». Eh bien, BiBi, oui, l’imagine très bien.

Pendant ce mois d’août, notre Président aura tout loisir de se faire l’intégrale de Woody Allen pendant que Madame joue le rôle de sa vie avec le cinéaste new-yorkais à l’Hôtel Bristol. A la fin de ses repas en solitaire, repensant à Liliane de Neuilly, il pourra toujours visionner ce film-culte : « Prends l’oseille et tire-toi« .

Enfin, grande nouvelle : Denis Podalydès est pressenti pour jouer le rôle de Chouchou dans un prochain film. La consécration ! Notre Président, qui avait déjà envahi le petit écran, sera bientôt sur le Grand.

Louanges.

Dans ces louanges, n’oublions pas les récents propos de Claude Lelouch : «Sarkozy est une belle chance pour la France». Pour lui, il n’y a qu’un Homme et une Femme. N’oublions pas non plus de citer son acteur américain préféré avec lequel il s’est entretenu sur nombre de sujets, laïcs et religieux : Tom Cruise.

Enfin, bravo à Luc Besson qui, hier, crachait sur les méchants pirates d’Internet et qui, aujourd’hui, vient d’engager Emmanuelle Mignon, conseillère à l’Elysée dans son équipe EuropaCorp. Chouchou voulait la recycler ailleurs. Merci Luc pour le coup de main !

Nicolas S. et les Arts : un Maître en Littérature (1)

Un Promeneur littéraire unique.

Catherine Pégard, conseillère élyséenne de Nicolas Sarkozy, nous a loué son Maître dans le JDD, le qualifiant de «Promeneur littéraire». Chouchou, qui connaît par cœur les Œuvres monumentales de Johnny et de Didier Barbelivien, serait un familier de Jacques-Henri Pinault, spécialiste de livres anciens «auquel il rend visite depuis des années dans sa librairie de la Rue Bonaparte».

Toujours d’après notre Dame, le Président pourrait parler des heures durant (mais hélas, il est toujours pressé) du «désir dans l’œuvre de Proust», rajoutant que notre grand Dévoreur de livres sait parfaitement le titre des livres d’Henri de Montherlant. Chouchou aime « La Reine morte« , BiBi préfère « Le Roi se meurt » d’Ionesco.

A propos de Camus, circulait cette rumeur inepte et tenace que Chouchou avait confondu Camus le Cognac et Camus l’algérien lors d’un cocktail à New-York. En tous les cas, ses Conseillers Com’ ont confirmé qu’en 2012, il lira « La Chute » de l’auteur non-panthéonisé.

Des goûts très affirmés.

Question Hauteurs et Auteurs, Catherine Pégard  la Conseillère ne nous a pas tout dit : rappelons-nous que Chouchou avait beaucoup aimé le Goncourt de Jonathan Littell (surtout les premières pages) et qu’il en avait fait son livre de chevet. Il avait été aussi très emballé par Gérard de Nerval et par Marcel Proust (on avait immortalisé notre Président en une photo-agitprop qui fera date – voir photo).

Notre Président a même des goûts très affirmés : par exemple, il n’a pas du tout aimé la Princesse de Clèves (il n’y a qu’une Princesse et elle s’appelle Carla) mais il ne dédaigne pas lire et relire du Julien Gracq auquel il a rendu hommage… après avoir consulté Wikipédia.

Une culture impressionnante.

L’Express nous avait livré de précieuses infos sur le goût de la lecture de notre Président. Au Cap Nègre, le voilà faisant visiter la «chaise longue où il lit». Dans son avion de milliardaire, il laisse traîner négligemment un exemplaire des « filles du Feu» de Gérard de Nerval. Il s’enferme pour lire Zweig, Borgès et Zola. Sur Zola, il confond – malgré les cours attentionnés de Carla – Rougon-Macquart et «Roujon- Macquart». Il a attaqué Le Clézio, Stendhal et Houellebecq (décoré à l’Elysée) et aussi Albert Cohen (avec Belle du Seigneur). Obligation : Solal, le héros d’Albert Cohen, avait été accolé au nom de Sarkozy (le bébé avait Jean-Jean, le fiston à pistons comme Papa et Jessica de chez Darty comme Maman).

Prochain article : « Nicolas S. : un fondu de Cinoche ».

Roland Barthes : populaire et contemporain (2).

Deuxième partie de l’entretien de Roland Barthes avec le journaliste de l’Humanité, Alain Poirson en 1977. Le magnifique  livre « Fragments du Discours amoureux » au Seuil venait de sortir. L’article avait un titre tout en justesse : « Populaire et contemporain à la fois ». [Extraits 2].

« Il n’y a pas eu beaucoup d’articles critiques consacrés à ce livre… Au reste, est-ce qu’il y a encore une « critique » ? Ce qu’il y a eu, ce sont des demandes d’interviews, des projets d’adaptation (au théâtre), des lettres de lecteurs ; et le livre s’est vendu davantage que mes autres livres, du moins au départ, car je ne pense pas qu’il continuera à se vendre – contrairement à mes ouvrages antérieurs. Il s’agit donc d’un accueil «passionné» et fugace. Pourquoi ? Il y a eu surprise : on n’était pas habitué à ce qu’un intellectuel parle d’une passion et d’une «passion démodée» : romantique, sentimentale qui n’emprunte rien au prestige du sexe, de la contestation etc. »

« Le discours amoureux m’a paru solitaire non par rapport bien sûr à la masse importante des gens qui sont ou ont été amoureux mais par rapport à ce qui intéresse et à ce que disent les intellectuels d’aujourd’hui. Il se peut, en définitive, que l’accueil fait au livre soit l’indice (parmi d’autres) d’un certain changement de l’opinion à l’égard du rôle qu’on attribuait à l’intellectuel, dont on voit bien qu’il n’a plus procuration pour parler au nom de l’universel ».

« Je n’ai pas cherché à tenir sur l’amour un discours sérieux, objectif, exhaustif… Il ne faut pas oublier que c’est un amoureux qui parle – et non un savant, ni même un essayiste, il parle avec sa culture, et sa culture du moment : avec les livres que le hasard lui fait lire ou relire pendant la crise amoureuse et qui viennent «alimenter» son soliloque intérieur. Il ne se force pas à lire des livres «qu’il faudrait lire»… Ni Breton, ni Aragon par exemple. Je ne me sentais pas d’ailleurs «consoner» avec ces discours-là… »

«L’écriture est beaucoup plus exigeante que la parole : elle ne peut compenser les imperfections de l’expression par une action du corps (voix, inflexion, sourire etc). Dans l’espace de parole (celui du cours, du Séminaire), il y a un rapport amoureux diffus, un échange de séductions, de sympathies, d’appels. L’écriture, au contraire, est difficilement amoureuse : aussi, quand elle veut exprimer un amour, elle ne peut le faire qu’en renonçant tragiquement à impressionner le destinataire de cet amour : c’est là un des sens de mon livre».