Category Archives: Blogs et Revues de Presse.

Trois phrases, pas plus.

BiBi a relevé dans ses lectures trois extraits parus dans la presse, trois phrases en phase avec l’Actualité. Les deux premières sont destinées à Jean-Louis Masson, le député qui veut que les bloggeurs filent leur numéros de téléphone à la vindicte populaire et qui veut ainsi interdire toute Métamorphose du Sujet.

« C’est lorsqu’il parle en son nom que l’homme est le moins lui-même. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité » (Oscar Wilde).

« Parler de moi est difficile, dit Arié Elmaleh dans le dernier numéro de Psychologie-Magazine. Pour raconter une histoire personnelle, je préfère citer quelqu’un ou me glisser dans la peau d’un autre. Et ce, depuis l’enfance : j’ai toujours aimé jouer des personnages, imiter des attitudes, prendre des accents… Peut-être pour occuper plus d’espace… Mais c’est surtout, pour moi, une façon d’être vu différemment de ce que je donne à voir a-priori. Et de me faire accepter« .

Le troisième extrait est une lettre de lecteur, Serge Fournier, à l’hebdo Politis :

«  La fin des idéologies est précisément l’idéologie du Libéralisme. Celle dont il a besoin. Ce NO FUTURE est le Temps sans lendemain, c’est le Temps de la Bourse qui déjoue constamment les prévisions des prévisionnistes. Le matin, winner ; le soir, loser « .

Photo Libération Bruxelles

Roman Polanski s’évade grâce à Milan Kundera.

BiBi a dévoré « L’Art du Roman » de Milan Kundera et a fréquenté avec passion et gourmandise plusieurs de ses grands textes. Même si BiBi lui préfère Bohumil Hrabal et son chef d’oeuvre (« Une trop bruyante solitude » ), il a toujours été attentif aux interventions du Romancier franco-tchèque. Le Monde lui a ouvert un espace dans le Décryptages Débats du 7 mai. Le billet de Kundera est intitulé : « La Prison de Roman Polanski ».

Tristesse-BiBi dès les premiers mots de Kundera. L’écrivain franco-tchèque avertit le lecteur du désintéressement absolu de sa démarche. « Je n’ai jamais rencontré Roman Polanski ». Façon de dire et de tenter de nous convaincre que son argumentation sera donc dénuée de toute arrière-pensée, qu’elle sera objective et non partisane.

Voyons ça de plus près : Kundera se transforme en Juge et revêt illico un habit de Justicier. Il ne veut pas «dire un seul mot sur l’aspect juridique» mais, dix lignes plus loin, il délivre sa sentence en petit Procureur : «Le procès prolongé à l’infini n’apportera rien à personne, à personne, à personne».

La victime ? Bah ! Quelle importance ? Ravalée à un fantôme, elle a pardonné à Polanski «depuis longtemps». Alors un procès en Justice : pfffttt…

Et Polanski ? Ô le Pauvre Polanski ! «L’accusation occupe entièrement sa tête (…), le prive de vie». Milan Kundera a manifestement la mémoire courte : «The Ghost Writer», dernier film de Polanski, est sorti sans encombres le 3 mars sur les écrans. «Entièrement sa tête» ? Dommage que le cinéaste n’ait pas eu une petite place pour la victime et pour d’éventuelles « excuses ». Mais peut-être que BiBi n’a pas parcouru toutes les déclarations du cinéaste ?

Le point de vue et la défense de Kundera en deviennent tarabiscotés. Pour excuser et gommer un abus sexuel sur mineure de 13 ans, voilà la conviction du Romancier : «C’est l’art européen, sa littérature, son théâtre qui nous ont appris à déchirer le rideau des règles juridiques, religieuses, idéologiques, et à voir l’existence humaine dans toute sa réalité concrète». BiBi peut applaudir à l’assertion mais se demande quel rapport peut-il y avoir avec le procès qui attend le cinéaste ? L’Art (l’Europe) au-dessus des lois ? L’Art, la Culture européenne comme arguments décisifs de sa Défense ? Euh… BiBi ne pige pas.

Autre refrain déjà entendu ailleurs : «Roman est persécuté pour un acte qui a eu lieu il y a trente-trois ans». Devrait-on le laisser en paix pour cela et ne passer en procès que les actes d’abuseurs datant de 33 jours, de 33 minutes ou de 33 secondes ?

Pour BiBi, Milan Kundera se cherche toujours une Famille (surtout artistique, surtout européenne, surtout unanime). Pas forcément l’Europe des Droits de l’Homme et du Citoyen qui sortit la France monarchique (et l’Europe) des injustices de Droit divin. Et BiBi de conclure sur cette interrogation : n’y a-t-il pas là un transfert inconscient de Kundera sur le cinéaste Polanski… au mépris de la Vérité et de la Justice ? Lorsque Kundera écrit que le Cinéaste est «toujours en prison», ne parle t-il pas de lui, de son exil et des ses propres années sombres d’après le Printemps de Prague, années où il fut lui-même… «persécuté et surveillé» ?

Quand le « Fig-Mag » tourne en rond dans les Cercles… du Pouvoir.

BiBi adore le Figaro-Magazine de Sergio (presque autant que le Journal du Dimanche du Frère Lagardère). Dans le numéro du 29 avril, les journaleux de Dassault ont enquêté sur «Les cercles et lieux de Pouvoir ». On y parle de tout ce que BiBi avait déjà dévoilé dans ses deux articles sur le Cercle du «Siècle» (1), haut lieu de rassemblement du personnel politique, économique et… médiatique.

Le Livre du Ça.

Ça plane pour Hervé et Clara.

Dans une de ses dernières Flèches, BiBi rapportait que l’Elysée avait du mal à remplir les avions présidentiels. Un qui ne manque pas les occasions de sauter dedans, c’est Hervé Gaymard qui court toujours après les bonnes affaires. Le Figaro Magazine nous apprend que lui et sa femme Clara ont profité de l’avion de Nicolas Sarkozy pour être « ramenés » de Chambéry à Paris. A Paris ? Quoi ? Hervé et Clara auraient trouvé un logement parisien pas cher ? A Paris ou peut-être à Neuilly, avec taxe d’habitation gratuite ?

Ça se voile.

Le Figaro se félicite que Florence Woerth soit entrée dans le conseil d’administration d’Hermès. Le journal s’est bien gardé d’évoquer avec elle la question du foulard… de luxe.

Ça twiste SNCF.

«La dernière grève des cheminots est absolument scandaleuse». Voilà une fois encore Frère Xavier Bertrand qui déraille.

Ça pleurniche chez le Pauvre Giorgio.

Giorgio Armani pleurniche sur sa vieillesse ennemie (il a 75 ans). Le Figaro nous le présente avec de superbes trémolos dans ses lignes : « Quand on a un certain âge, gémit le couturier, on vous met à part. Personne ne m’appelle pour me proposer d’aller au cinéma. Vous ne le croirez pas mais je me retrouve parfois le soir seul chez moi à regarder la télé avec mon chat ».

Dans le même article, les journaleux du Figaro nous causent des récentes nuits enfiévrées du Milliardaire à Dubaï, de Cannes où Giorgio fera son festival et où il exhibera son nouveau yacht kaki de 65 mètres. « Petite folie à 40 millions d’euros », note le Figaro avec admiration. Ah, la Solitude, c’est pas du luxe ! Hein Giorgio ?

Ça gazouille chez les Grands et les Petits.

Le Président Chavez s’est lancé sur Twitter. En quelques heures, son compte a été suivi par près de 100.000 internautes. Encore loin des 3.800.000 abonnés de Barack Obama ou des 1,7 million de fidèles à Gordon Brown. BiBi en est à 118 mais il compte bien rattraper le compte du Petit Président qui est devant lui. Ils ne sont que 2200 inscrits sur la liste de l’Elysée.

Ça se conjugue au Conditionnel.

Arnaud Leparmentier, journaleux au Monde, a employé un joli conditionnel dans son compte-rendu du 30 avril. Il y parlait de la soirée du couple Sarkozy en Chine : «Nicolas Sarkozy aurait même réussi à parler du Tibet, des Droits de l’Homme, de la peine de mort  au Président chinois » pendant que l’Orchestre jouait deux chansons de Carla. Il aurait… Il aurait… Une rumeur de plus.

En Suisse, Micheline Calmy-Rey, Ministre des Affaires Étrangères, y va aussi de son couplet lorsqu’elle évoque les refuges helvétiques pour les dictateurs et leurs fonds détournés : «Des cas comme Mobutu et Duvalier ne devraient plus se produire ». Double parole des Temps présents.

Ça fait peur.

BiBi a remarqué qu’il y a désormais un mot fourre-tout pour caractériser les Dangers du Libéralisme, un mot qui ne nécessite aucune explication car tout le monde le comprend (surtout inconsciemment). Il évoque les grandes peurs d’antan (la Peste, la Famine, le Choléra), c’est le mot « Contagion ». A peine le prononce t-on du bout des lèvres qu’il se propage. Nul ne peut en arrêter les effets, ça court vite, ça s’étend et ça gagne partout mais surtout ça excuse les éventuelles responsabilités, ça dédouane nos Grands Médecins du Capitalisme. A l’instar de DSK, Docteur du FMI, ils clament tous… à nous rendre malades : « Il faut arrêter la contagion ».

Le dessin de Tintin a été retouché (paru primitivement dans Le Pélerin).

Humeurs des blogs et Marinade de BiBi.

Les bloggeurs se disent fatigués. C’est ce qu’on entend ici et là. Guy Birenbaum en fait un article sur son blog et décrète que les bloggeurs connaissent peut-être la fatigue mais ne sont pas morts.

Pendant ce mois d’Avril, certains bloggeurs se sont inventés des coups de fatigue et nous ont assurés qu’ils allaient désormais devoir espacer leurs billets (pour mieux les structurer ?). Voilà une bonne et vieille fatigue (recette ?) qui permet aux amis de venir en nombre dire « Non, non, ne désespère pas» et ainsi pouvoir… augmenter leur audience.

A la lecture-BiBi des blogs, l’atmosphère blogosphérique semble osciller entre Joie béate et Ennui de dandy.

Un bloggeur dit qu’il va ralentir ses billets, un autre annonce au Monde entier qu’il ferme son blog, un autre affirme avec solennité que le Hit-Parade Twikio va chambouler le classement, un autre continue toujours de backlinker à en perdre haleine et à réclamer en cri de Tarzan « des liens, des liens, rien que des liens ! ».

C’est qu’on a de plus en plus l’impression que les récents mouvements technologiques et politiques (la Guerre Twitter-Google et tutti quanti, les Festivals européens des Blogs, le Wikio new wave etc) cachent en fait une volonté de faire du buzz (en vieux français : « on veut se la péter »). On brode du twitt et on retwitte à qui mieux-mieux, on continue de s’échauffer sur les Classements, on se cite, on se re-cite, on se re-re-cite. En chemin : on s’essouffle et la Singularité des Blogs se perd un peu :  ce n’est certes que l’avis partiel et partial de BiBi mais c’est son avis.

D’autres bloggeurs, plus cools, dressent l’inventaire de ce qu’ils aiment en sept points (revient hélas en boucle unanime cet insupportable «plaisir d’écrire » en numéro Un), d’autres dansent sur les algorithmes, trouvent amusants les Classements de Blogs, valsent sur les places qu’ils occupent, pleurnichent sur celles qu’ils perdent, fanfaronnent discrètement sur celles qu’ils gagnent.

BiBi soupire avec eux : Vivre pleinement l’époque du Fun, ça fatigue effectivement peut-être beaucoup.

Encore une fois, pour BiBi, ce qui le regonfle, ce sont les lectures. Pas tellement les lectures sur écran ( BiBi fatigue beaucoup à y rester trop longtemps – c’est pour ça qu’il ne « linke » pas trop) mais les bonnes vieilles lectures-papier.

Elias Canetti d’abord dans ses « Territoires de l’Homme » : «Les mots ne sont pas trop vieux, ce sont seulement les hommes qui le sont et qui se servent trop fréquemment des mêmes » et Roland Barthes ensuite : « La Marinade : le mot est de Gustave Flaubert. On se jette à un moment sur son lit. On ne fait rien. Les Pensées tournent en rond, on est un peu déprimé. Des marinades, j’en ai souvent mais elles ne durent pas longtemps, un quart d’heure à vingt minutes. Après, je reprends courage ».

Alors pour finir, un salut-BiBi à tous les gars et gâtes de la Marinade.