Les Flèches de Cœur de BiBi.

Jean-Louis MURAT.

Le chanteur refuse systématiquement de participer à des opérations caritatives comme les Enfoirés.

«Je trouve ce système dégoûtant. Les jolis cœurs, les plus-généreux-que-moi-tu-meurs, je n’y crois pas du tout. Tous ces artistes sont des monstres d’égoïsme. La vraie générosité, elle est silencieuse. Tu fais, mais tu fermes ta gueule. Ça ne doit pas devenir un élément de promotion.» Puis plus loin : «L’idéologie chez les artistes, c’est une funeste blague. Ce qu’ils portent vraiment, c’est dans leurs chansons et leur comportement ? Qu’est-ce que c’est que ces petits chanteurs de variétés qui font des trucs à la con de trois minutes avant de disparaître, et qui d’un seul coup ont des consciences de Prix Nobel de la paix? Ça n’est pas sérieux». Ben, si, c’est sérieux, très sérieux, Jean-Louis : ça fait tourner les Machines, celles du Bizness, celles des Médias, les rotatives des  journaux, les moteurs des télés. Et même dernièrement les roues de vélos de certains Blogueurs.


Le cinéaste Abbas KIAROSTAMI.

«Toutes les souffrances, toutes les pathologies humaines prennent leurs racines dans une absence de regard. C’est parce qu’on n’est pas vu que l’on souffre. C’est aussi pour cette raison qu’on crée».



Serge BRUSSOLO.

« La période de conception d’un roman est, curieusement, la plus éprouvante. Une idée jaillit, au hasard et n’importe où, et me plonge dans un état de surexcitation. Très vite, j’entrevois une sorte d’arborescence hyperréaliste, formée de lieux, de personnages, de situations ou de dialogues, qu’il faut organiser sous forme d’un canevas de base solide mais suffisamment souple. Je travaille cette structure à temps complet, nuit et jour s’il le faut, jusqu’à un sentiment d’épuisement, aux deux sens du terme. La deuxième phase est celle de la mise en forme, à l’écriture quasi-automatique qui m’évite l’autocensure. (…) Cette phase est intense et aberrante. Elle peut être comparée à l’état de transe que ressentent certains comédiens immergés dans leur rôle ». Quelquefois, dans la rédaction de ses billets, BiBi un peu, lui aussi…


 

Jean TARDIEU.

Le poète regrettait qu’il n’y ait pas  (en français) un seul verbe  pour signifier l’acte «qui consiste à boire un verre de vin blanc au café Bleu vers six heures du soir, un jour de pluie en parlant de la non-signification du monde, sachant que tu viens d’appeler Clodine et qu’à côté de toi une jeune femme dit à sa voisine : je lui en ai fait voir de toutes les couleurs tu sais».



George STEINER.

Le mot « LION » ne rugit pas.

«On apprenait et savait tant de choses par cœur : ce terme rend si justement la présence organique, dans les replis de la conscience individuelle, du sens et de la parole conjugués. Le déclin catastrophique du «par cœur» dans notre système d’éducation moderne, ses conséquences chez les adultes, sont un des symptômes déterminants, encore que mal élucidés, d’une après-culture».



Roland BARTHES

Le mot « MERDE » ne sent pas.





Gustave FLAUBERT

« Tiens bon ! Tiens bon ! Le meilleur reste encore à venir »




Jean-Bertrand PONTALIS.

«Seule une extrême attention portée aux détails, à l’infime, au singulier, à l’inconvenant, bref à tout ce qui se situe dans les marges du ou en contradiction avec le consensus  des pensées et des perceptions – et chacun de nous participe à ce consensus -, seule cette attention-là permet de découvrir le secret de fabrication du tout».


Marcel PROUST.

« Là où je cherchais de grandes lois, on m’appelait fouilleur de détails »



Alberto GIACOMETTI.

« Vous n’arrivez au général qu’à travers le plus particulier possible ».






Marina TSVETAEVA.

«L’argentc’est ma possibilité de continuer à écrire. L’argent – ce sont mes poèmes de demain. L’argent – c’est la rançon que je verse aux éditeurs, rédacteurs, logeuses, commerçants, mécènes – c’est ma liberté et ma table de travail, c’est aussi le paysage de mes poèmes, c’est la Grèce où je voulais tant aller, pendant que j’écrivais Thésée, et la Palestine où j’aurai tant envie d’aller quand j’écrirai Saül, ce sont les bateaux et les trains qui vous emmènent dans tous les pays et au-delà de toutes les mers du monde !

L’argent, ce n’est pas seulement la possibilité pour moi de continuer à écrire, mais aussi d’écrire mieux, de ne pas prendre d’avances sur honoraires, de ne pas hâter les événements, de ne pas boucher des brèches poétiques avec des mots pris au hasard, de ne pas passer des heures avec X ou Y dans l’espoir qu’il publiera ou qu’il « placera… », l’argent c’est mon libre choix, ma sélection personnelle.

L’argent enfin – troisième point et le plus important, c’est la possibilité pour moi d’écrire moins. Non pas 3 pages par jour mais 30 lignes».

5 Responses to Les Flèches de Cœur de BiBi.

  1. Rodrigue dit :

    Touché!

  2. BiBi dit :

    @Rodrigue
    Tu es un internaute qui me tient à… cœur 🙂

  3. Rem* dit :

    Alors là je dis chapeau à Bibi !!! et je ne suis pas du genre à tirer mon chapeau à tout le monde, comme le dit mieux Georges Brassens…
    La phrase, typique de son style, de Jean Tardieu est entre autres Magnifique…
    Et puis, en creux, on pense à tous ces pauvres types (des 2 sexes) qui « causent et causent pour étaler leur pseudo-générosité intéressée…

  4. BiBi dit :

    @Rem
    Finalement je crois qu’il existe ce verbe «qui consiste à boire un verre de vin blanc au café Bleu vers six heures du soir, un jour de pluie en parlant de la non-signification du monde, sachant que tu viens d’appeler Clodine et qu’à côté de toi une jeune femme dit à sa voisine : je lui en ai fait voir de toutes les couleurs tu sais».
    – Alors, Rem, toi aussi, tu me suis ? Un verre de vin blanc à six heures du soir ? 🙂

  5. benoit barvin dit :

    Cher Bibi, rien que du beau monde… Murat et Brussolo s’embrassant sur la bouche, fallait oser… Que de bonnes lectures donc, qui élèvent le niveau pourri par les chaussures compensées et les tics de langage – et les tocs physiques… Merci de nous éclairer de ta lanterne magique dans cette caverne aux murs maladifs qu’est devenue ce pays.

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