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Envahissement de nos terrains.
On remarquera juste que les commentateurs sportifs qui envahissent les écrans fondent toutes leurs analyses du jeu sous le prisme du Cocorico. Rien de changé depuis l’indéboulonnable Thierry Roland, proche des idées FN, resté plus de quarante ans aux manettes à distiller des obscénités dans ses analyses du jeu des équipes. Aujourd’hui, la Pensée Unique n’a connu qu’un seul pseudo-changement. Hier Thierry Roland était seul à monopoliser le discours sur les rencontres et sur les à-côtés du football. Aujourd’hui, nous avons de la «diversité» avec Pierre Menès, Pascal Praud, Jacques Vendroux ou les gueulards de RMC mais c’est toujours la même Pensée Unique qui nous brouille la vue et tympanise nos oreilles. Beurk. Et encore beurk.
Mon Amour du ballon.
Dès mon plus jeune âge, j’ai joué. Au Maroc, dans la rue, pour d’interminables parties. J’ai aimé et j’aime ce jeu qui, comme l’écrivait Jean-Luc Burnot (1), est «un lien et un lien social mettant en jeu l’intelligence individuelle de chacun et de tous». J’aime le football mais avec cette restriction : je n’ai absolument aucune passion pour «notre» équipe (ou toute autre d’ailleurs). Ce qui m’interesse, ce qui me met en joie, c’est le jeu.
Le Jeu et le Supporter.
C’est comme lorsqu’on tâche d’associer deux pièces de bois. Entre elles, il y a du jeu. Si l’on reste scotché à une pièce de bois sans voir ce qui se passe entre elles, alors on fait fausse route. Le «supporter» ne voit que son équipe. Le phénomène du supporter (je ne parle même pas ici du hooligan) a participé à la dégradation de la culture foot.
Cette détérioration dépasse la question de la passion individuelle, passion que je comprends bien puisqu’elle me traverse aussi. J’ai été aussi ce «supporter» en 1998, désirant la victoire de la France, même si son jeu n’était guère enthousiasmant. J’ai voulu cette victoire qui allait combler l’injustice de 1982 où la magnifique équipe de Platini avait été éliminée injustement à Séville.
Hors cela, aucun engouement pour l’équipe de France actuelle, bien peu offensive, celle de Deschamps, entraineur bien terne qui a la grande chance d’avoir deux ou trois super-joueurs dans son équipe.
TV et Commentaires.
Autre phénomène concomittant de cette dégradation : la retransmission des matches. Là encore, répétons cette évidence et soyons étonnés de reposer ces deux constats banals mais hélas bien peu étudiés : 1. Il est faux de dire que les gens voient le match. Ils le voient certes mais… à la TV ! Et avec ce médiateur télévisuel non-innocent, c’est toute une optique idéologique qui s’y engouffre (par exemple : les lectures du jeu uniquement perçue via l’omniprésence idolâtre des Stars) 2. Pourquoi faudrait-il obligatoirement des commentaires pour accompagner les images ?
Mes ami(e)s.
Suis entouré de camarades (de jeu et d’opinions politiques assez semblables) qui – pour certain(e)s – dénigrent tout ce qui se rapporte au football. Je laisserai de côté ici tous leurs jugements hâtifs et/ou méprisants qui font fi de la complexité du jeu, des fulgurances de certains joueurs, de l’ingéniosité dans leurs déplacements, de la beauté des mouvements collectifs et des gestes individuels etc. C’est qu’on ne fait pas entendre les sourds avec du bruit.
Affluent alors d’autres arguments pour disqualifier le football. L’argent. La colossale masse salariale draînée. Les transferts aux sommes astronomiques de joueurs. La voyoucratie de la FIFA. Les comptes offshore du Footleaks etc.
Curieux ressentiments.
S’il faut émettre ce genre de critiques sur le foot-business, entièrement d’accord mais pourquoi s’étonner que le football vive du Marché, qu’il en soit un des composants majeurs, que ce même Marché utlise ce sport numéro Un, comme numéro Un de la dope, numéro Un du blanchiment d’argent, de la concurrence féroce etc ? Va t-on dénier toute valeur de Beauté aux tableaux de Van Gogh parce que ceux-ci sont hors de prix et de l’entendement ? Que Bernard Arnault soit omniprésent sur le Marché libéral de l’Art en organisant des expos grandioses sur Picasso et de Goya, dévalorise t-il pour autant les travaux majestueux des deux peintres ?
Oublier Macron ?
Avec ce mois de folie fooballistique, avec ce «sport de beauf», les français oublieraient-ils les obscénités de la politique Macron ? Qui n’a pas entendu : «Ah, ces Français, ils descendent dans la rue pour des footballeurs millionaires mais pas pour des cheminots smicards !»? Comme si tous les amateurs(trices) du jeu seraient dupes et seraient devenus soudainement naïfs, blousés par – bien sur – l’idéologie dominante.
Désolé, on peut tenir les deux mi-temps.
S’échauffer et s’engueuler à propos de football : tant mieux. Rajoutons, au fond, que lorsqu’on parle «foot» (en négatif ou non), ce qui s’engage a à voir avec bien plus que le «foot». Parler foot, cela met en jeu bien d’autres choses qui… n’ont pas grand-chose à voir directement avec le football. (2) Et je peux – dans la même vibration – aimer ce jeu et continuer de tenir l’autre bout de la ficelle avec ce constat-là, incontournable, implacable : «Le jeu de football a troqué sa force de vie pour l’argent et les résultats au sens économique de la question qui, comme chacun sait, sont les versions à peine voilées de l’immobilisme et de la mort». (3)
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J’ai un copain qui, comme toi, aime le jeu du football. Mais déteste cornes de brume et commentaires. Alors il regarde le match en coupant d’office le son de la télé. L’image lui suffit. Et il écoute un opéra en même temps…
@UnPartageux
Chacun voit le match à la télé comme il… l’entend. Ce qui m’interesse (et c’est une drôle de chose de se poser à peu près seul la question) c’est de rappeler que le match télévisé est vu à travers un dispositif dont le télespectateur n’est pas maître. Les images diffusées ne sont pas innocentes : elles ont un point de vue, elles ont une prise de position avec laquelle on peut être en total désaccord. Exemple : l’orgie de ralentis qui – pour moi hein ?- remplace les temps morts, le son ramené au bruit de la foule ( quid du son dans les passes, les shoots par exemple etc ?), la focalisation sur le joueur idolâtré, l’absence du hors-champ qui interdit de voir TOUTES les possibilités de passe du joueur, le suivi ridicule du ballon en quasiment toute séquence etc etc. Attention : je ne dis surtout pas qu’il y a UNE vérité de visualisation, NON. Ce qui fait défaut (et ce dont je rêverais) serait de multiplier les façons de retransmettre un match. J’aimerai – voeu impossible – qu’on confie un match en direct à Jean-Luc Godard par exemple (voilà qui ferait discuter !).
Mais bien sur, de ces petites pensées-bibi, les chaines des Milliardaires (et les footeux qui regardent) n’en ont rien à foutre !! :-))
A propos des journalistes sportifs, j’ai lu quelque part que Jean-Luc Godard regarde le Tour de France car pour lui s’est le seul moment de l’année où l’on voit des journalistes travailler.:-)
Ce n’est pas pour me dédouaner mais je n’ecoUte jamais les commentaires et supporte le beau jeu et non pas des idoles mais force est de reconnaître certains d’entre eux font rêver bcp de gosses les miens les 1ers et permette à bcp d’oublier quelques heures leurs mauvaises situations mais j’approuve ton analyse et je fais partie aussi des aveugles
@KB19
Je n’ai pas écrit ce billet pour accuser qui que ce soit ( hormis une mise en cause le Marché libéral qui atteint à des hauteurs obscènes inégalées). Que tes enfants continuent à rêver ! C’est le Monde du Capital qui nous met dans ces paradoxes : tu regardes le foot joué par des milliardaires et tu t’enthousiasmes pour Ronaldo ou Messi qui truandent le fisc et cachent leur pognons dans des Paradis fiscaux.
Un jour tes enfants grandiront et comprendront ces paradoxes.
A partir du moment où ils auront saisi les paradoxes dans lesquels on les enferme,ils ne seront déjà plus tout à fait des Prisonniers. 🙂
@RobertSpire.
Ah, ah, ah !