Tag Archives: Sibyle Veil

Thomas Legrand et Patrick Cohen : des victimes ?

***

Dans les éditoriaux de Télérama, on avait déjà eu l’incroyable panégyrique de la rédactrice en chef de l’hebdo Fabienne Pascaud pour Roselyne Bachelot nouvellement nommée Ministre de la Culture.

Dans le numéro de cette semaine (Une avec titre : « France Inter dans le viseur de l’extrême-droite »), on a droit à la même glorification mais cette fois-ci, les louanges vont aux deux journalistes de la station de radio publique, Thomas Legrand et Patrick Cohen. Un mot sur ce titre de la Une où il est posé qu’il s’agit d’un PIEGE (on est dans le complot, n’est-ce pas !) INEXTRICABLE. Au fond, semblent dire les journalistes de Télérama, l’article qui va suivre ne sera pas plus éclairant. Cet épisode au Café est donc d’emblée « inextricable », impossible à analyser, comme serait impossible toute critique. Ici sont visées : celle de gauche et/ou celle d’Acrimed, posées implicitement comme invalides.

Rappelons les faits : les deux journalistes de France Inter rencontrent deux émissaires du Parti Socialiste dans un Café parisien et « parlent » politique. Ils sont enregistrés par la journaille d’un canard d’extrême-droite pro-Zemmour.

***

***

Legrand et Cohen « évoquent« , « analysent » : une double manip langagière !

Face aux attaques, la défense du duo a soudé instantanément la Corporation (avec ahurissant appui de la SDJ de Radio France (1)). Hein, ben oui, quoi de plus normal pour eux de causer politique autour d’un café ? Abel Mestre du Monde nous prend de haut en disant que les deux journalistes ne font finalement que  » parler avec des sources de la situation électorale du pays !  » A L’Obs, François Reynaert a d’autres verbes stratégiques pour porter secours au duo. Ils « discutent, ils échangent des propos« . A Télérama, on va bien entendu dans le même sens avec les deux verbes, maître-mots de leur démonstration : le duo ne ferait… qu’ » EVOQUER  » la situation politique du moment (l.9 et 14) et… qu' » ANALYSER un centre-gauche » (l.18) ! Rajoutons que Patrick Cohen « SE BORNERAIT [pas plus !] à estimer le score » de Glucksmann ! (l.17)

*

***

Tout le parti-pris de Télérama réside dans ces inflexions langagières, dans ces manipulations syntaxiques. Non, Legrand et Cohen ne font pas qu’ANALYSER ou EVOQUER ! Ils font plus. Ce n’est d’ailleurs pas seulement une aide, ils ne font pas qu’apporter leur concours aux deux socialistes Pierre Jouvet et Luc Broussy (qu’ils connaissent déjà). Ils font beaucoup plus : ils font partie intégrante de la stratégie politique du Parti Socialiste, ils peaufinent cette politique depuis leurs positions spécifiques et importantes dans l’espace médiatique. Ils œuvrent en faveur de Raphaël Glucksmann, pièce maitresse de leur stratégie du « front républicain/central » (2) (ou « bloc bourgeois« ). Thomas Legrand lui-même la formule dans ses propos en prônant une politique supposée gagnante qui s’appuie(rait) sur l’électorat majoritaire du « marais qui va du « centre-droit » au « centre-gauche » avec promotion de leur leader maximo, Raphaël Glucksmann (dans l’article, son nom n’est cité – en passant- qu’une seule fois !). Un héros qu’ils connaissent bien et qu’ils peuvent approcher tranquilou via Léa Salamé, leur collègue de France Inter. De cette stratégie du « marais« , absolument RIEN N’EST DIT, rapporté, développé dans l’article de Télérama.

Les deux adversaires visés : examen-BiBi.

*

L’un est cette pauvre Rachida Dati, magouilleuse sarkozyste de longue date. C’est une adversaire dans un contexte électoral particulier où, à Paris, la gauche (de rupture) n’a aucune chance d’arriver première. Aussi, via cette réalité (LFI hors-concours), il est facile pour notre duo de tout œuvrer pour aider le candidat de « gauche » et tenter de dézinguer Dati. Pour s’attirer les faveurs de son (é)lectorat, l’hebdo consacre la quasi-totalité de son article à nous causer de l’égérie sarkozyste et de ses très vilains soutiens dans la Machine Bolloré.

*

Le second adversaire ? Il n’est cité qu’une seule fois dans la phrase suivante : « la gauche mélenchoniste et la droite s’indignent aussi« . Remarquez que, dans cette phrase apparemment banale, le trio de journalistes met dans le même sac LFI et RN avec la tentative de persuader leur lectorat que le sens politique de l’indignation serait le même pour les deux partis. De l’indignation de cette gauche de rupture, il ne sera évidemment pas du tout du tout question alors qu’elle n’a absolument n’a rien à voir avec les anathèmes des braillards des radios et TV brunes. Quand Télérama cite Patrick Cohen pour le disculper) seuls sont rapportés ses attaques envers l’extrême-droite. Télérama SE TAIT, n’a pas une ligne pour rappeler que les deux compères dissertent, échafaudent, participent pleinement à la réalisation de leur plan Canfin-Ruffin-Glucksmann avec les deux clients du Café.

Omerta sur la critique de la Gauche critique.

Hé non ! Pas de paragraphe pour expliquer la critique de gauche ! On est dans Télérama, voyons ! On ne pourra pas non plus compter sur Charline Vanhoenacker pour amener une voix contraire à celle, par exemple, de sa patronne Sibyle Veil (3). L' »humoriste » essaie de nous convaincre que le licenciement de Guillaume Meurice se justifiait car « peut-être qu’il fallait mettre fin (censurer) à l’émission pour… éviter les attaques » de l’extrême-droite ! Guillaume Meurice appréciera !

Pour BiBi, on n’est pas loin de voir clairement quel est le point central de l’article. C’est l’Omerta sur les positions de la gauche critique avec, sous-entendue, la volonté de dézinguer « la gauche mélenchoniste » ravalée au même statut que celui de l’extrême-droite. Tous deux, déjà associés dans une « même » indignation, essaiment la « CONTAGION« , grossisent la « SUSPICION« , font pleuvoir ensemble les « INSULTES » sur les deux journalistes.

Le bla bla bla d’A.Van Reeth : « ni droite ni gauche ».

*

Et pour finir, on a droit au couplet d’Adèle Van Reeth, la directrice de France Inter, qui reprend le thème central de Macron 2017 (« Ni de droite, ni de gauche« ). On nous ressert encore le désir de la station (via Cécile Pigalle, directrice de l’info sur Radio France) de ne s’en tenir qu’aux « vérités historiques« , aux « faits » et bla bla bla. Quand on écoute la gentillesse, la complaisance, le manque de travail des journalistes lors de la réception en studio des membres du RN en opposition à la hargne instantanée qu’ils ont envers les insoumis (écoutez SVP une minute Sophia Aram), l’auditeur(trice) est servi. Rappelons que s’en tenir aux « faits » masque ces opérations implicites, ces non-dits que sont le tri au préalable (voir celui, souvent insupportable, du 13h de France Inter de Jérôme Cadet !), la hiérarchie des infos, le classement en importance des faits et de LEURS INTERPRETATIONS. Sourions encore lorsque notre trio de Télérama fait intervenir la médiatrice de la Radio qui serait un juge hors idéologie, hors de tout parti-pris. Bref, une voix de… Vérité :-). Serait vraiment de mauvaise foi celui ou celle qui critiquerait ce hochet leurrant qu’est cette fonction de neutralité et d’objectivité.

Cécité et déni font le jeu de l’extrême-droite.

Cette cécité fait évidemment le jeu de l’extrême-droite et de ses chaînes de m. qui ne cessent de faire croire que Radio France serait de… gauche. Le punching-ball, qui contente à la fois les bruns et France Inter, se poursuivra. Ces pseudo-adversaires ont un point commun qu’Olivier Pérou a très bien résumé et que le trio de Télérama fait apparaître en pleine lumière justement via leur silence et leur déni. Il s’agit de tout faire pour que le « PS ne retourne pas dans les jupes de Jean-Luc Mélenchon« .

Une fois encore, sont esquivées les grandes questions sur l’état du journalisme d’aujourd’hui. Parmi ces questions, déposons ici l’opportune réflexion d’Alain Accardo sur l’habitus de ceux et celles (une cinquantaine de chiens de garde ou « moutons », c’est selon) qui sont embauchés et qui, aujourd’hui, squattent les postes, officiant au top, dans les médias dominants dominés par nos milliardaires.

****

(1) Lire le billet d’Acrimed sur toutes ces positions corporatistes très très réactionnaires. (Extrait sur Thomas Legrand «dont l’honnêteté n’a jamais été remise en cause» (SNJ Radio France 6/09).

(2) Le front républicain (ou « bloc central ») est le désir d’unité entre les socialistes (voyez le nombre passé chez Macron depuis 2017)-les «écologistes» genre Canfin-Jadot-Tondelier, les Macronistes et le centre-droit avec des LR droite républicaine. Un seul ennemi : la gauche, celle de rupture. Sur leur lancée, il s’agit de se faire passer pour une vraie gauche (celle d’un Hollande, ennemi de la Finance, accueillant le sinistre Macron en 2014 dans son gouvernement).

(3) On n’a pas entendu une SEULE protestation du SNJ (et autres) sur ce tweet déposé sur Twitter par la directrice de Radio France qui encensait la députée macroniste, la très droitiste Nathalie Loiseau qualifiée de… « FEMME D’EXCEPTION » !

Fatigué mais entêté.

« Savoir consume des forces, mais ne pas savoir les épuise »

(Maurice Blanchot. « Le pas au-delà »)

Ne nous voilons pas la face : la période est à la fatigue.

* Fatigue de devoir rappeler que nous sommes dix ans après le début des persécutions contre le toujours emprisonné Julian Assange, fondateur de Wikileaks. Fatigue mais entêtement à le rappeler surtout à toute cette journaille qui regarde ailleurs.

* Fatigue de voir toutes ces commémorations.

Celle du 11 novembre par exemple qui voit tous nos politiques pleurnichant les morts de cette boucherie 1914-1918 en taisant la responsabilité des Etats impérialistes d’alors. A ceux que la fatigue n’a pas submergé, lire et relire le petit opuscule de Lénine («L’impérialisme, stade suprême du Capitalisme»).

* Fatigue sur le silence de ces anniversaires non célébrés par nos si éminents Européens. Ainsi des funestes Accords de Munich (28-29 septembre 1938) qui virent les gouvernements anglais et français baisser leur froc devant le pacifiste Hitler. Oui, fatigue.

*

*Fatigue, écoeurement (mais sans étonnement) de voir les crevures racistes tenant le haut du panier médiatique déverser quotidiennement leur haine du prochain.

*Fatigue à voir surtout les genuflexions ou les silences des Courtisans. Je pense ici aux troupeaux de moutons, de ceux qui plastronnent sur les écrans des milliardaires, qui ont des mots très durs sur le monde d’aujourd’hui mais oublient les mots «Macron, fascisme, Meloni, Darmanin, RN, Hanouna, Bolloré» dans leurs logorrhées.

Hanouna et ses soutiens.

*

*Fatigue de devoir rappeler que, le 15 janvier 2022, Mediapart publiait un article sur les violences sexistes à Radio France, parlant d’un «constat accablant». Sa directrice sarko-macroniste compatible, Sibyle Veil s’engageait à mener une enquête tout azimuth. Pour l’instant, silence dans les rangs radiophoniques. De Léa Salamé à Sophia Aram, de Renaud Dely à Bruno Duvic, de Fabienne Sintès à Marc Fauvelle qui ont pignon sur rue médiatiques.

*

*Fatigue mais entêtement à rappeler les conflits d’intérêts dans le scandale qui touche Agnès Runacher-Pannier, Ministre de la Transition écologique qui a violenté ses enfants en leur ouvrant des comptes dans les paradis fiscaux.

*Fatigue à rappeler ce que font les fils et filles de. Prenons Bolloré. Il a préparé notre présent et notre avenir et surtout celui des Africains depuis longtemps. Voyez les destins de ses deux rejetons Yannick et Chloé. Voyez, pas loin, le coquelet Antoine Arnault et la petite Delphine, copine de Brigitte. Bourdieu parlait déjà de ça dans les Héritiers. Trente ans après, le mécanisme de la reproduction sociale est de plus en plus perfectionné jusqu’à nous épuiser.

*

L’accumulation de scandales, d’exhibitions de pourritures sur nos écrans (quand on les ouvre) sont là, non seulement pour nous éreinter mais pour nous démobiliser et nous pousser à faire les autruchons. En quatre jours de Macronie, on a eu : les obscénités d’un De Fournas, la Ministre Runacher Pannier, le larbin Hanouna et le sinistre de l’Intérieur Darmanin revêtant la panoplie de l’antifasciste et du protecteur de migrants. Où trouver les antidotes contre cette fatigue qu’ils nous inoculent ?

Me souviens de ce vieux bonhomme fatigué sur lequel j’avais fait mon premier clip-vidéo.

« Hier en Italie, à l’âge de 93 ans, est mort un homme qui vivait depuis vingt ans dans les chemins de fer. Il ne cessait d’aller d’un train à l’autre, n’ayant pas d’autre domicile. Ancien député, il disposait de billets gratuits. Sa grande fortune ayant disparu, il ne lui restait plus que ces billets. Il mourut dans la gare principale de Turin, alors qu’il s’apprêtait à changer de train. »

*Fatigue, soupir : chacun sa façon singulière de descendre au Terminus.

*

*Fatigués, bien sûr. Comment ne le serions-nous pas ? Heureusement, d’autres l’étaient et nous ont rapporté leur expérience singulière de résistance.

Imre Kertesz, rescapé d’Auschwitz et de Buchenwald, rapportait ce mot allemand «Weltvertrauen» qu’il avait emprunté à Jean Améry, autre survivant, mot qu’on pourrait traduire par «la confiance accordée au monde». C’est de cette confiance basique, indestructible qui nous préserve du pire, qui nous fait tenir debout malgré nos corps endoloris, malgré le poids de confusion dans nos pensées.

Et c’est encore Jim Thomson («1275 âmes», n° 1000 en Série Noire) qui, du fond de son agitation intérieure, nous en parlait le mieux.

«Je m’appelle Nick Corey. Je suis le shérif d’un patelin habité par des saoulauds, des fornicateurs, des incestueux, des feignasses et des saloupiauds de tout acabit. Mon épouse me hait, ma maîtresse m’épuise et la seule femme que j’aime me snobe. Enfin j’ai une vague idée que tous les coups de pied qui se distribuent dans ce bas monde, c’est mon postère qui les reçoit. Eh bien, les gars, ça va cesser. Je ne sais pas comment, mais cet enfer va cesser». 

*

Bien entendu, cette fatigue infernale ne cessera pas mais, comme tout se termine en musique, on pourra s’arrêter sur cet instrumental qui nous persuadera provisoirement que la Vie l’emportera.

Y en a marre : un dimanche matin sur France Inter.

Ce dimanche matin, l’antenne de France Inter avait Alexis Levrier (1) comme invité d’honneur.

Il venait parler des relations entre la Presse et les Politiques. Il disserta sur la vampirisation de Bolloré. Fort bien -c’est toujours bien de se ruer sur le bouc emissaire – mais cette ruée lui permettait, dans les temps d’antenne qui ont suivis, de nous présenter un Macron 2017-2021 sans lien de dépendance avec la Presse ! :-))

Il aurait pourtant suffi de lui rétorquer :

  1. qu’en 2016-2017 Macron avait été la personnalité politique la plus médiatisée dans la presse.
  2. que les quotidiens Liberation, l’Obs, le Monde et L’Express avaient totalisé plus de 8000 articles sur lui contre 7400 pour – tous les trois réunis – Mélenchon-Hamon-Montebourg.
  3. qu’il lui aurait fallu – à titre d’exemple – lire mon billet sur le numéro de janvier 2017 du Point-Pinault et ses 48 pages d’adulation sur notre très détestable Emmanuel.

Mais nous sommes sur France Inter et nos animateurs Jérôme Cadet et Carine Rochat ont autre chose à faire qu’à préparer sérieusement leurs dossiers.

Y en a marre de ces expertises à la con.

Voulant bien entendu continuer sa démonstration que « Non, Macron n’a pas été le candidat de la Presse », notre bel expert universitaire a décoché ses flèches. Mais demandons-nous quels sont donc les discours qu’Alexis Levrier veut disqualifier ? Le voilà d’abord qui envoie une première flèche contre le discours (supposé) des Gilets Jaunes (2) avant de décocher sa seconde en râlant contre ceux (celles) qui appartiennent à « la critique radicale des Médias » (3). Il poursuit : « Macron manquait alors [2017] de relais dans la Presse ». Défense de rire !

On pourrait lui souffler de (re)lire « Crépuscule » de Juan Branco, lui (re)dire les liens forts des deux derniers directeurs du Monde avec le candidat 2017, l’amitié de Bernard Arnault, le relais Le Point-Pinault-Lagardère, les Unes du JDD, les photos de Paris-Match, les articles du Figaro, de La Montagne etc. etc.

Y en a marre des déformations sur le discours critique.

Dans la même émission, Alexis Levrier nous ressert le même discours dans la défense (supposée) des journalistes en les globalisant (c’est tellement plus simple d’ignorer les contradictions du champ) puis il enchaîne sa démonstration via un exemple :

Ecoutons-le :  » Il suffit de voir l’attitude du journal Le Monde à l’égard de Macron. Le quotidien n’a pas hésité à lancer des affaires comme l’affaire Benalla alors même que le couple Macron a des liens avec Xavier Niel ou avec Mimi Marchand. Cela ça n’a pas empêché Le Monde de faire un travail …« 

Voilà donc notre expert qui a subtilement quitté les deux années décisives de promotion par la Presse (2016-2017) pour sauter en 2018 (année moins chargée d’enjeu évidemment). Et là, pas de bol, BiBi veille : c’est que notre expert s’arrange joliment avec le Réel. Avec cette affaire Benalla, il oublie que c’est une vidéo de Taha Bouhafs qui fit un gigantesque buzz le premier mai de cette année-là et… que Le Monde fut alors obligé – pour suivre l’énorme mouvement d’interrogation et de protestation – de faire une enquête (deux mois et quinze jours pour trouver …. un seul nom !). Oui, obligé. OBLIGE.

Y en marre de ces exemples non-exemplaires.

Pour nous présenter un Macron traitant enfin les journalistes avec bienveillance (on approche des Présidentielles. Aussi faut gommer les défauts du Maître !), notre Universitaire aux anges nous serine qu’aujourd’hui avec Macron on serait « dans une logique d’apaisement avec la Presse, ce qui contraste avec le début de son quinquennat… ça change aujourd’hui IL FAUT S’EN REJOUIR ! ».

A la rescousse, il se sert du récent entretien de La Voix Du Nord avec le Président qui a accepté de parler, cette fois-ci, sans demander à ce que l’entretien soit avalisé par l’Elysée avant publication ! Quel progrès réjouissant ! Quelle avancée !

Devant l’aura de La Voix du Nord, j’aurais quelques réticences à présenter. Voyez ainsi mon tweet en réponse à celui de Julien Lécuyer, journaliste enthousiaste du bureau de Paris. Voyez son extase devant les potiches élyséennes LREM non masquées (en particulier Castex aujourd’hui touché par la Covid malgré deux doses).

Y en a marre du supposés « tous journalistes, tous marionnettes ».

Non, cher Alexis, perso, je ne pilonne que sur ceux que je vois jusqu’à l’overdose dans les grands médias des Millardaires, hein ? Et je me range du côté de ceux sur lesquels vous vous taisez, du côté de tous ces autres (précaires, désespérés, écartés, censurés ou en auto-censure).

Les « grands » journalistes, les « grandes » plumes  n’ont pas besoin d’une ligne téléphonique directe avec l’Elysée pour écrire. Oui, ils ne reçoivent pas d’ordre de Macron car ils n’en ont pas besoin : ils ont été recrutés parce qu’ils partagent et ont intériorisé – à très peu de choses près –  les valeurs dominantes de leurs Rédactions. Pour faire plus court, je fais ici un énième rappel : celui des analyses d’Alain Accardo.

Y en a marre de ces satisfecit directoriaux.

Laurence Bloch porte aux nues sa radio. Directrice de France Inter, la voilà très impressionnée par le nombre d’auditeurs (plus de six millions). Mais, comme toujours, est tû le pourcentage de ces mêmes auditeurs qui sont satisfaits (ou non) des programmes (surtout ceux qui groupent émissions politiques et journaux 13h-19h).

Rappelons une chose simple : on peut écouter une radio (publique, la NOTRE) et suivre ses émissions même si, globalement, on ne les aime pas. L’auditeur.trice instatisfait espère toujours que sa radio publique sera enfin pluraliste, qu’il pourra écouter autre chose que les inamovibles Lea Salame, Nicolas Demorand, Dominique Seux, écouter autre chose que les économistes libéraux, ne plus partager les tris très très discutables des éditoriaux et des titres de la rédaction de Bruno Duvic ou pouvoir contester la sélection des questions du Téléphone Sonne de Fabienne Sintès. Sans compter les invité(e)s ministériel(les) qui squattent les émissions quotidiennes (7/9 Inter) et les annonces gouvernementales sur la Covid.

Une étude de Fakir montrait que sur 1080 minutes d’écoute seules 18 l’étaient pour les ouvriers-employés (soit 1,7%). Enfin, répétons-le encore et encore, la directrice de Radio-France, Sibyle Veil, est une sarko-macroniste compatible, supportrice zélée de Nathalie Loiseau (qu’elle qualifia de « femme d’exception ») comme le fit à sa suite, la Directice Bérénice Ravache, directrice de FIP (tweets ci-dessus très réels).

____________________________________________________________________________________________________________________________

  1. Impressionnants titres que ceux portés par l’expert Alexis Lévrier. Maître de Conférences à l’Université de Reims, il s’intéresse prioritairement aux relations entre journalisme et politique ! Il y a consacré deux essais, dont le dernier : Le pouvoir présidentiel face à la presse. Encore une ou deux invitations et notre expert, nouveau venu dans les grands Médias, tiendra le haut du pavé… médiatico-politique.
  2. Verbatim :  » Je pense par exemple que les Gilets jaunes étaient dans un discours fantasmé de croire que tous les journalistes étaient aux mains d’oligarques et étaient des marionnettes entre leurs mains. Cette main mise des oligarques n’empêchait pas les rédactions de conserver leur indépendance au moins relative« . Jolie ce « au moins relative, non ?
  3. Verbatim : « D’avoir dit qu’Emmanuel Macron était le candidat de la presse ça, ça vient d’une critique radicale des Médias QUI EST LARGEMENT DE L’ORDRE DU FANTASME « . On devine de quel côté radical se porte l’exaspération de ce brave expert : celle probablement de l’équipe d’Acrimed. Enfin notons qu’à aucun moment, notre Universitaire n’évoque les médias alternatifs comme Le Media TV, Quartier Libre d’Aude Lancelin ou Blast de Denis Robert.

Dupont de Ligonnès : un désastre médiatique.

Cinquante-trois organes de presse-radio-Tv n’ont absolument eu aucune hésitation à suivre les Services de Police français et écossais pour nous rapporter que Dupont de Ligonnès, le meurtrier en cavale depuis 8 années, avait été soi-disant arrêté à Glasgow. Dès le vendredi 11 octobre aux environ de 21h, les premiers à suivre l’agence AFP furent BFMTV la chaine de la Honte puis, en presse-papier, le quotidien de Bernard Arnault (Le Parisien)

Ce fut ensuite notre Radio publique (FranceInfo) du macroniste Vincent Giret qui ne voulut pas rater cet incroyable course au scoop et qui embraya sur la (fausse) nouvelle sans absolument aucune retenue et réserve.

Cinquante-trois à bêler derrière les Services de Police. Seule La Provence fut sur ses gardes (Bravo !) en faisant suivre son titre de Une (« Arrêté ») d’un point d’interrogation.

Dans l’inventaire, on pourrait s’arrêter sur le menu fretin (du Dauphiné à L’Eclair, de la Charente Libre à la Dépêche du Midi) mais je commencerai plutôt par ceux qui se planquent derrière leur notoriété, leur objectivité dite légendaire et indiscutable, par ces deux quotidiens qui n’ont de cesse de se voir indépendants (pas des Services de Police pour cette affaire), qui se félicitent de leurs appendices chasseurs de… fakenews : les @décodeurs pour Le Monde et @Checknewsfr pour Libération. Guère besoin d’aller plus loin que d’exposer leur suivi moutonnier. Bêêê Bêêê derrière la Police (sans évidemment les précautions élémentaires de vérifications). En témoignent ces trois captures d’écran.

LIBERATION et LE MONDE
La PRESSE REGIONALE QUOTIDIENNE.

C’est par FranceInfo (lever vers 8h30) que j’appris la (fausse) nouvelle. Le journaliste Matteu Maestracci allait être aux commandes pour toute la matinée. Aucune interruption pour les quelques réclames, aucun autre titre (pourtant d’importance) n’étaient venus perturber la Machine à exhiber le scoop (jusqu’à écoeurement). On eut droit aux interventions de policiers, d’un auteur qui avait publié un livre sur l’Affaire, d’un psychiatre et de bien d’autres «experts» aux interventions (inter)minables. Jusqu’à 11 heures du matin, aucun doute n’avait été émis par la Rédaction et ses grands journalistes. L’avis des Services de Police – ici comme ailleurs – a fait loi. France Info a suivi. Bêêêê. Point.

Notons encore en passant qu’un expert, approuvé par le journaliste de FranceInfo, commença à douter du bien fondé de la source policière en mettant cette faute sur le dos des… auditeurs qui, bien naïfs, ont cru que les empreintes digitales étaient autant de preuves irréfutables ! C’etait donc, pour lui, la faute de « cette croyance populaire » (sic) !

Faut-il s’étonner du suivisme, de la soumission de la quasi-totalité des Medias à tout ce qui peut venir de ces Services de Police de Castaner, Services qui n’ont cessé de travestir les vérités sur leurs violences, qui diffusaient leurs comptages de manifestants pour les minoriser, qui déniaient continuellement le nombre d’opposants qu’ils ont blessés, meurtris à jamais ?

Rappelons-nous des titres du 22 novembre 2018, date de la seconde manifestation des gilets jaunes. La dépêche de l’AFP était lancée : elle posait que le « Mouvement s’essoufflait ». Même effet que pour l’Affaire Dupont de Ligonnes : les Medias avaient repris la dépêche dans les mêmes termes (y compris Le Monde) avec une belle unanimité. On sait ce qu’il est devenu de ce souhait de voir le Mouvement s’essouffler (dès l’Acte II) !

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Devant l’ampleur des moqueries sur les réseaux sociaux, on allait assister à la pauvre riposte de la Corporation Médiatique. Ô surprise, voilà le tweet du directeur de France Télévisions, Yannick Letranchant se fendant d’une excuse (un seul tweet, pas plus, hein, pour demander notre absolution) mais c’est aussitôt pour rajouter qu’ils ne… recommenceront pas. Il a du oublier comment, en son temps, les journalistes de sa chaine saucissonnèrent un discours de Mélenchon en y ajoutant des applaudissements au mauvais moment.

Mais le pire allait arriver avec le directeur macroniste de FranceInfo (Vincent Giret) qui déposa un thread avec ce tweet 4/5 des plus mensongers.

Notez ce gros mensonge énoncé sans vergogne : sa Radio aurait émis des doutes « dans la nuit du vendredi à samedi » ! Or je peux vous certifier qu’il n’en a pas du tout été ainsi. Ce n’est qu’aux environs de onze heures du matin que la Rédaction, via Matteu Maestracci, sentit le vent tourner. On entendit alors timidement l’adjectif « partielles » pour accompagner le mot « preuves ». Onze heures du matin. Pas avant. Faut-il s’étonner de ces mensonges lorsqu’on sait que son Directeur est un fervent groupie macroniste ? Ben, non. 

Les justifications allaient pleuvoir. La plus belle d’entre elles fut énoncée par tweet par Françoise Degois. Faisons une petite pause sur ce magnifique Collector :

L’aveu est formidable. Traduisons : pour FD si les Medias se sont trompés, c’est à cause de la «haute hiérarchie policière qui avait affirmé que cette info était sûre à 100%». Comme probablement l’affirmation policière selon laquelle Steve s’était noyé dans la Loire en prenant un bain de minuit.

Via son tweet consigné noir sur blanc, FD nous démontre à quel point les journalistes (et FD n’est pas la pire) ont intégré les méthodes de «travail» qui ont pour fondement les « infos » policières. Ils ne sont plus gênés d’être de simples caisses d’enregistrement de l’Appareil d’Etat policier. Françoise Degois ne voit pas que, assujettie aux sources policières, elle abandonne ses libertés et l’esprit critique qu’attend son lectorat. On pourrait se gausser d’une telle candeur dans l’aveu mais à y regarder de près, cette soumission a de quoi m’effrayer.

Hasard ? Non si l’on considère à quel point la majorité des Medias se donne des bons points, se vautre continuellement dans l’arrogance de l’Expert, dans le pseudo-savoir du grand Spécialiste incontesté. Ici, contrairement au vœu de FD d’arrêter le tabassage de cette Presse et les relations qu’elle entretient avec la Police, j’en rajouterai ici dans le sarcasme.

D’abord sur les syndiqués de Police-Synergie qui voulurent nous montrer leurs petits muscles et parader à vitesse grand V sur Twitter. Notre syndicat s’empressa de déposer ces deux tweets qui entreront dans la légende. Pas besoin de commenter mais on peut rire à gorges déployées. Oui, on peut.

Autre occasion de rire : Le 8 octobre, pour sa deuxième année, France Info, notre radio publique chapeautée par les macronistes Sibyle Veil et Vincent Giret et Les Echos de Bernard Arnault ont organisé les rencontres de Medias en Seine. Une journée où l’on a blablaté avec le plus grand sérieux du présent et de l’avenir des Medias. Dommage que l’affaire Dupont de Ligonnès ait éclaté trois jours plus tard car – tenez-vous bien – une des Conférences qui connut le plus grand succès avait pour thème « Comment éviter les… Fakenews« . Non je n’invente rien.

Fabienne Sintes, la journaliste de Radio-France qui ne s’excusa jamais sur son tweet accablant les gilets jaunes à propos de la soi-disant dégradation de La Salpêtrière, fut elle aussi de la partie pour défendre la Corporation. Difficile cette défense de la fake news reprise unanimement par ses confrères et consoeurs mais elle y arriva ! En deux phases : la première : « Il est faux de reprocher au Parisien une vérification zéro ». La seconde, merveilleuse façon de s’en laver les mains : « L’emballement est aussi policier ».

On peut effectivement en rire. Et j’en ris. Mais mon rire s’arrête vite car de cet énorme scandale, de cette honte, de ce désastre médiatique, je n’ai aucun doute : ils n’en feront rien.

Rien de rien.

Demain ils recommenceront et ça sera pire encore.

Pire, vous dis-je.

Ici France Inter, en direct de l’Elysée.

Me voilà branché sur France-Inter. C’est le journal de 13 heures en date du 31 mai 2019. Un des sujets en titre m’attire l’oreille. La causerie qui va suivre, présentée par Bruno Duvic, va porter sur les Violences policières. Nous sommes ce jour où il est question d’une présentation de ces Policiers-matraqueurs devant la Justice.

*

La Radio publique ouvre donc ses antennes à deux invités : l’un est Laurent-Franck Liénard, avocat de la défense de ces policiers. Il s’insurge qu’on puisse convoquer un policier devant un Tribunal. Ben voyons. Le second intervenant s’appelle David Dufresne. Il a répertorié toutes ces attaques policières inadmissibles contre les gilets jaunes et autres Citoyens et les a prouvées. Vidéos, photos, témoignages, blessé(e)s en nombre : autant de preuves indiscutables.

Survient la fin du sujet radiophonique. Que dit l’animateur du journal, Bruno Duvic ? Il remercie ses deux  journalistes pour ce reportage calibré en rencontre de Catch, avec les mots suivants : « Merci pour ce débat qui était arbitré par nos journalistes Lorélie Carrive et Yann Gallic».

Les deux intervenants ont eu le même temps de parole, ont été traités très démocratiquement – croit-on. Je ne chicanerai pas la Radio là-dessus car il s’agit de porter la question ailleurs, sur un autre versant.

*

Après cette écoute, deux fulgurances me sont alors revenues.

1. La première me rappelant les mots de Jean-Luc Godard parlant de l’objectivité dont se prévalent continuellement les Médias. Pour eux, disait-il avec sa suprême intelligence, l’idéal de l’objectivité, c’est l’égalité du temps de parole entre deux adversaires. L’équilibre Médias, méditons là-dessus, ce serait donc « un quart d’heure pour Hitler et un quart d’heure pour les Juifs ».

*

2. Il se trouve qu’au moment de mon écoute du 13h, j’étais plongé dans les livres passionnants d’Annie Le Brun (en particulier son « Du Trop de Réalité » en Folio-essais). L’épisode de 1999, rappelé par l’auteure, venait répondre à mon interrogation : où se situe donc le « trucage de l’affrontement », le « débat en trompe-l’œil »? Bref où dévoiler la Censure (invisible aux yeux de beaucoup) ?

*

Revenons au point central, au pivot de cette Censure, au mot ARBITRE prononcé par Bruno Duvic :

ARBITRE qui – soi-disant – supervise les débats et donne en majesté la parole, la distribue aux deux invités, gardant une position de retrait, de surplomb, de troisième larron, assis qu’il est, tout là-haut sur sa chaise, en arbitre de Roland-Garros.

ARBITRE. Avec ce mot, la Radio – via ses deux journalistes et leur Chef – organise très subtilement le leurre de la neutralité. Elle vient nous dire qu’elle est ce gage de liberté avec ce moment de pseudo-indépendance bien organisé. C’est en prenant appui sur ce leurre que le Pouvoir instille quotidiennement du mensonge sur la Démocratie qu’il prétend défendre. Avec cette organisation, avec ce type de présentation, le Pouvoir sort gagnant. Il fait Couple avec le Média (Media sur lequel il faut taire l’appartenance des grands Responsables).

Ici, je ne peux finir mon bibillet sans mentionner justement les antécédents anciens et récents de Sibyle Veil, la Boss des Rédactions de NOTRE radio (Radio France). Trois extraits ici regroupés pour montrer son appartenance, pour faire voir la collusion du Media avec le(s) Pouvoir(s) successifs. Voyez cette Cheffe macroniste ! Elle n’a aucun complexe à naviguer de Sarkozy à Macron, aucune réticence à glorifier l’élue LREM Nathalie Loiseau dans un tweet posté pendant la campagne européenne.

Enfin pour finir ce bibillet sur les Radios publiques, je remets ces constats de Fakir qui rappelait des choses que l’on nous dit jamais lorsqu’il faut réfléchir et débattre sur la grande liberté (supposée) qui court sur nos ondes.