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« Chiquita Lévy », la Fille du bord de Mer.

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Étrange effet que me fit ce billet de Marie-Anne Paveau mis en ligne sur son blog («Appelez-moi Chiquita Lévy»). Rebond et rebondissement de ce halo évocateur jusque chez moi, au plus loin. Le «Chez moi» déplacé, embarrassé, angoissé, revivifié par cette intrusion d’un prénom Chiquita Chiquita Chiquita (Oui, «nos prénoms nous hèlent jusqu’à notre mort» Pascal Quignard) et d’un nom gravé dans une pierre tombale du Cimetière Sao Joao Batista de Rio. Un autre dira : «Inquiétante étrangeté». Un autre, encore : «Inquiétude étrange».

Jean Genet, ce « cul-de-Paris ».

J’ai décidé de parler de la Racaille à nettoyer au karcher, de tête brûlée, de Blouson noir, de Graine de Crapule. Jean Genet, le poète-écrivain, fut de ceux-là. Je fis un détour par Larache (Maroc) pour découvrir sa tombe tellement ses textes m’avaient impressionnés dans mes débuts de tout jeune lecteur. Genet avait été enterré non loin du cimetière espagnol. Une simple pierre avec deux gros cailloux sur le côté. Une tombe face à l’Océan. Un habitant de Larache me raconta qu’il avait connu l’écrivain (très humble) et qu’il le rencontrait souvent au Café… Cervantès (!) sur la Place centrale qui ressemble un peu au centre-ville des villages mexicains.

La Beauté de Larache (Maroc).

Larache (Maroc)

M’est revenue la beauté de Larache…

Me sont revenues les ordures de novembre déversées sur la plage encastrée dans les roches rouges. Des ordures, des immondices colorées, des guirlandes épousant les dessins fins des ravines, des ordures comme des mots qui se jetteraient dans quelque recoin inatteignable. Un thé mentholé au « Cervantès », le  bistrot de Jean Genet qu’il fréquenta les 12 dernières années de sa vie. Et encore cet autre souvenir, cette conversation d’hotel entre ces deux hommes, deux ingénieurs français, dont l’un disait que l’eau serait dans les années futures le bien le plus précieux… pour son entreprise. Longue discussion sur la longue barre qui envoie les vagues à pleine puissance sur la côte, au nord de Larache. Les Travaux Publics marocains devaient aller chercher loin des gros cailloux jusque dans l’intérieur des terres pour les ramener et éviter l’ensablement du port. Au crépuscule, Mohammed, un habitant du quartier du Cimetière arabe me parla longuement de l’ami de Jean Genet et de sa tante enterrée du côté de Meknès. « Deux gros cailloux. L’un pour la tête, l’autre pour le corps : rien de plus. Comme pour ta tante » avait dit l’écrivain à son ami marocain en lui parlant de sa propre pierre tombale.