Propaganda provinciale : «La Semaine de l’Allier» et ses éditoriaux.

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Naïf, pauvre imbécile que je suis. Malgré mes petites connaissances sur le monde des médias et de la presse, j’ai toujours cette illusion de croire qu’en Province, je vais enfin trouver des journaux qui sortent du ronron parisien et de l’orbite de la Pensée Unique (néo-libérale). Quel bonheur ce serait de trouver des journalistes, éditorialistes qui iraient me surprendre, journalistes indépendants, avec une touche d’originalité et bien éloignés des réseaux parisiens. Mais il m’a fallu hélas me rendre à l’évidence : pauvre con que je suis de croire encore à un Monde de Bisounours. C’est que la guerre (idéologique), elle est à Paris. Elle est aussi en Province.

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Je suis donc allé ouvrir et feuilleter les deux derniers numéros de la Semaine de l’Allier. Une pagination abondante (40 pages) avec une très grosse partie pour l’info autour des trois grandes villes (Moulins, Montluçon, Vichy) et de toute une kyrielle de villes et villages de moindre importance (département exclusivement de l’Allier). Le plus interessant pour BiBi, c’est de se pencher sur la plume de leurs éditorialistes, sur la teneur de leurs travaux, ceux qui donnent le ton de l’hebdo.

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A la lecture de La Semaine du 8 septembre, on a droit à l’edito de Jean de Charon (page 2), à la fois directeur de publication et responsable de rédaction. Le titre de son article ? «On descend en marche» où il énumère les «nouveaux venus» qui s’installent sur les sièges du train (Tsipras, Pablo Iglesias, Cinq Etoiles, Alternativ), de ce «train qui déraille» avec, en France, «le chef de gare en déroute» (Hollande). Le choix politique du «journaliste» reprend sans ciller la classification néo-libérale, rapprochant dans le même wagon «populistes de droite et de gauche». Tu vois, lecteur ? C’est toujours le même truc qui passe en douce, comme allant de soi : Mélenchon = Marine LePen.

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Je continue de lire : «Le bon exemple en France est bien sur Emmanuel Macron». Diable ! Macron populiste ? C’est alors que, pour classer cet OVNI venu des Banques, Jean de Charon opère une subtile distorsion propre à tous les propagandistes de droite et de «gauche» : «Certes, E.M. n’est pas populiste pour un sou, il n’en descend pas moins du train et son Mouvement «En Marche» a déjà plus de 80.000 adhérents» (un chiffre dont on ignorera d’où il est tiré). Leçon à tirer, lecteur de la Semaine : au lieu de crier «à la trahison» de Macron, tu ferais «mieux d’en prendre la mesure». T’as bien compris, lecteur de l’Allier, bouseux ou ouvrier, employé ou petit cadre ? Deux leçons :

  1. Les populistes de gauche, c’est pas bon du tout du tout pour la France.
  2. Et dans le Macron, tout est bon.

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Une Semaine de l’Allier plus tard, dans le numéro qui suit (15 septembre), je tombe sur l’edito concocté cette fois-ci par un beau Chien de Garde qui aboie souvent sur les antennes radio-TV nationales : François d’Orcival de «l’Institut» (J’ignore de quel Institut il s’agit mais ça doit classer son bonhomme pour qu’il s’en glorifie). En page 3 (autre page stratégique), on lit – devinez quoi ? – (Mais bon sang mais c’est bien sur) un éloge de… Macron ! «Emmanuel Macron n’a pas été inventé par la presse ; son audience, il ne la doit pas aux journalistes mais à lui-même».

Dommage que ce brave François ne lise pas le Blog à BiBi, il aurait su que de grands hommes d’affaires sont derrière Macron, sympathique ex-ministre (Hervé Hermand par exemple), que Macron en voyage d’affaires a récolté 12,75 millions d’euros lors d’un voyage à Londres, qu’il a, pour preux Propagandistes, les Communicancants de Stéphane Fouks/Bolloré (Havas) derrière lui et que le milliardaire Lagardère lui ouvre les bras chaque semaine dans sa presse. De tout cela, silence, bouche cousue de François dans la Semaine de l’Allier.

Et j’ai bien peur, hélas, que cela ne dure pas qu’une seule Semaine.

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Avant de refermer ces deux numéros, je vise l’encart qui présente l’hebdo («une entreprise indépendante» dixit la présentation hum hum) et son personnel. Dans les «Principaux abonnés», je m’aperçois qu’outre Jean de Charon, il y a le nom de… Denis Tillinac.

Voyons, voyons, Denis Tillinac… Hé oui ! C’est bien le supporter indécrottable de Sarkozy. C’est aussi celui qui écrit dans ce torchon de Valeurs Actuelles, là où l’on trouve cette pétition signée par la belle petite Caste parisienne et médiatique, parfumée aux odeurs les plus nauséabondes de la Droite.

Une caste où l’on retrouve ce texte de Tillinac signé par Charles Begbeider (n°2 du MEDEF), Finkielkraut, Elisabeth Lévy, Ivan Riuofol, Zemmour : «Parce que nos églises, même désaffectées, ne sont pas destinées à devenir des mosquées, Denis Tillinac et «Valeurs actuelles» lancent un appel pour préserver ces sentinelles de l’âme française».

Alors, Que faire ? comme disait Saint Lénine ? Peut-être allumer un cierge dans une des belles églises du département et prononcer des voeux pour qu’on puisse enfin entendre les voix de Gauche (qui ne manquent sûrement pas auprès de notre Seigneur).

5 Responses to Propaganda provinciale : «La Semaine de l’Allier» et ses éditoriaux.

  1. Robert Spire dit :

    Même la France profonde serait folle « Allier »…:-)
    Heureusement il y a « Fakir ». (Et ça,c’est pas du surgelé!)

  2. Le rouleau compresseur médiatique ne néglige aucune zone…

  3. BiBi dit :

    @despasperdus
    J’avais commencé ma matinée par François d’Orceval, ce journaleux du puant Valeurs Nouvelles qui est editorialiste invité dans cette Semaine de l’Allier et qui voit tous les musulmans prêts à l’assassiner. J’ai fini la journée en tombant sur France Inter (émission Les Informés) avec le même Dingo qui répandait le même fiel et les mêmes propos délirants. Oui « le rouleau compresseur médiatique ne néglige aucune zone… »

  4. Robert Spire dit :

    Installer en local un journal indépendant de gauche est un parcours d’obstacle. Je m’y suis frotté durant quelques années avant de jeter l’éponge, ensuite vers 2008 je me suis dépensé (comme beaucoup) à propager les éditions Fakir dans ma région.
    Le site Acrimed se fait l’écho des difficultés (physique et juridique) que rencontre cette presse locale.

  5. BiBi dit :

    @RobertSpire
    Oui j’imagine.
    Avec surtout ce rappel : l’argent est le nerf de la guerre (idéologique).
    Autre point : si je critique des journalistes (principalement les Editocrates maitres d’oeuvre) il en reste d’autres – intelligents, interessants – qu’on peut lire ( dans des articles souvent relégués dans l’arrière-boutique). Important ce que j’écris et que je rappelle dans mes discussions. C’est le FN qui met TOUS LES journalistes dans le même sac et qui poursuit sur leur lancée 1933-1944 contre l’Intellectualisme ( avec leurs haines chevillées à leurs corps contre ceux qui pensent, écrivent, peignent etc).
    A gauche, on ne fait pas la critique de TOUS les journalistes car dans le champ intellectuel, il y a des contradictions, des ruptures, des points de vue opposés etc. Bref, il y a là, la traversée de la lutte des classes.

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