Des petits monstres ?

Durant cette semaine, BiBi a préparé trois billets qui donnent – en vrac – des impressions sur « la» Jeunesse d’aujourd’hui. De l’enquête récente de l’UNICEF à la relecture d’Ostinato de René-Louis des Forêts,reste l’étrange image qui persiste de l’Enfant. Image de l’enfant monstrueux ou image de l’enfant merveilleux , celles-ci ne cessent de perdurer en notre Fort intérieur d’adulte.

La peur du Petit Monstre.

Pour les idéologies droitières (celle au pouvoir depuis 2007), l’Enfant est potentiellement un petit monstre. Lorsqu’on parle de lui, le mot «éducation» n’y est jamais prononcé. C’est un mot menotté qui doit rester au fond de la classe. L’enfant est toujours une menace, un être inachevé, un de ces êtres hybride, étrange, incontrôlable, donc à dresser.

Une Enquête qui lève le voile.

L’Unicef a commandé une enquête à l’Observatoire International de la Violence à l’école. Elle a été réalisée par deux spécialistes, Eric Debarbieux et Georges Fotinos et a été menée avec les équipes de recherche de sept universités. Cette enquête portait sur la violence et le climat scolaire dans les écoles du Primaire. 12326 élèves de 8 à 12 ans ont été interrogés.

Les conclusions sont à la fois réjouissantes et préoccupantes. Elles montrent que les réponses de nos chérubins ne sont pas dénuées d’intérêt et qu’elles apparaissent à contre-courant des discours sécuritaires. Premier axe d’importance : le climat scolaire est «largement positif» :

–  89% affirment se sentir bien à l’école et avoir de bonnes relations avec leur maître. Voilà qui contredit cette psychose scolaire co-construite avec des médias complaisants et nourris au sensationnalisme.

–  95% sont satisfaits de leur instituteur qui enseigne bien

–  83,5% ont de bons copains.

–  93% rapportent qu’ils ont des récrés agréables.

–   75% reconnaissent que les punitions qu’ils reçoivent sont justes.

Bien entendu, les médias se sont focalisés sur le seul chiffre très préoccupant : le taux de victimes de harcèlement physique à l’école peut être estimé à 10,1% des élèves.

Des gros titres qui entretiennent la peur.

A Villeneuve d’Ascq, un enfant de 7 ans avait tenté de mettre le feu à son école. Il a craqué une allumette dans la gaine d’aération des toilettes et les murs ont été légèrement noircis. Un gros titre sur le Feu, l’Enfant délinquant et l’Ecole qui irait à vau l’eau. Oui, tout ça pour ça.

A Laval, des sévices à l’école valent, là encore, des titres racoleurs sur la Loi de la Jungle. Un mois après, dans le silence des médias, les conclusions tirées ont parlé de «comportements d’enfants» sans infractions. Source : Lien social (28 avril).

Un livre.

Ostinato de Louis-René des Forêts restera le livre incontournable. Livre de l’enfant et de l’Enfance.

«Souffrance, détresse, fureur dont il se délivre par le rire, et c’est ainsi qu’on le tient pour un garçon joyeux».

«Toutes ces grandes personnes parlent sans répit et si fort qu’il se retire loin de leurs voix dans sa fable intérieure».

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Les deux tableaux sont d’Albert Anker, peintre suisse (1831-1910).

Prochain article : « Génération Galère ?».

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