Cédric Villani, Laurent Bouvet et M. Valls, les 3 héros de M Magazine.

Le Monde est-il toujours ce quotidien de l’objectivité, du sérieux, de l’exigence ? Euh…

En tous cas, il reste un journal d’élite pour l’élite, un journal qui continue de jouer de son fort capital intellectuel. Des chroniques, des articles, des analyses mais peu de photos (on laisse ça aux journaux people). Le quotidien, qui n’a guère de concurrent, veut encore nous faire croire à sa fonction… critique.

Soupirons devant ce qu’est devenu ce «monument». Et balayons devant la porte de son objectivité. Pour ça, il suffit juste de reprendre le tweet du défunt Pierre Bergé, membre de la Troïka aux mains de fer (avec Pigasse et Niel), un tweet qui résumera la posture de ce quotidien pendant ce moment décisif que fut la dernière Présidentielle. Aucune surprise…

*

…Aucune surprise : à genoux devant Macron

Le Monde, donc. En plus du quotidien, le groupe de Niel-Pigasse s’est doté d’un mensuel : le Magazine M. Le numéro de février traîne dans les casiers de la Bibliothèque Municipale. (Hélas pas aux côtés de Politis, de l’Humanité, de Fakir tous absents sur les étagères).

CEDRIC VILLANI.

La couverture est un peu sombre mais on devine à qui appartient le gros nœud bleu et la veste. Non, ce n’est pas la tenue vestimentaire de François Ruffin qui aurait endossé son maillot de foot. Le héros du mois qui tire la couverture à lui, c’est le «fantasque» (voire le «fantastique») Cédric Villani.

D’emblée l’édito de Marie-Pierre Lannelongue lui déroule le tapis rouge. Le matheux est présenté ainsi : «Villani se raconte avec une franchise assez nouvelle dans le monde politique» (Appréciez le mot «assez»). «Il parle sans détours». Félicitons Marie-Pierre, «une habituée qui suit le monde politique depuis 20 ans» d’avoir «ausculté avec précision et gourmandise le nouveau specimen», «un des plus interessants».

Ce qui se lit entre les lignes (sur 6 pages quand-même !), c’est quand-même une incommensurable vanité chez le bonhomme. Bien entendu, logique est sa fierté d’avoir été primé pour son travail de mathématicien. Mais cela ne le préserve pas d’une prétention en marche sans nom. «Il ne boude pas sa notoriété» lâche la chroniqueuse qui se pâme devant son Maître. (Tu parles, tout est calculé chez lui !)

Ahurissant. Une somme de louanges rarement vues.

En voici l’Inventaire.

« Il travaille comme un damné ».

« Il prend des milliers de notes ».

« … parfois jusqu’à l’épuisement physique ».

« Il peut rester 19 heures dans son bureau ».

« Hypermnésique ».

« Personne ne risque à le faire chauffer ».

« Cédric est gentil ».

« Libéral, décomplexé, apôtre de la réforme ».

« Orateur excellent et charismatique ».

« L’argent n’est pas un tabou pour le prof ».

« Un sens du marketing exceptionnel »

(avec l’aide quand-même du Think Tank EuropaNova).

PS : Oubli dommageable. La groupie du quotidien n’a pas mentionné Bernard, ce grand ami du mathématicien. Mauvais calcul : BiBi a rattrapé son oubli.

*

LAURENT BOUVET.

Comme si Villani ne suffisait pas, voilà Laurent Bouvet, photo avec un profil de baroudeur-professeur, barbe taillée, mâchoire carrée. Un petit Chabal devenu «gladiateur» (titre de l’article de 6 pages). Le bonhomme serait «au cœur des débats qui agitent – et qui déchirent- la gauche d’aujourd’hui». Evidemment, il s’agit de cette gauche dont nous parle le Monde qui se prend pour tout le Monde. Pas besoin de revenir à 1983, 2002, 2012 ou 2017 pour avoir une petite idée de cette «gauche» : c’est celle qui jubile aujourd’hui d’avoir conduit la France des urnes au désastre Macron.

La seule question portée au plus haut par les dithyrambiques chroniqueurs du Monde, question qui est censée intéresser tout ce Monde sur ce «gladiateur», défenseur d’une «laïcité intransigeante», la voici : «Alors, Bouvet est-il ancien ou moderne» ? Après les 6 pages laudatives qui montrent les contradictions du bonhomme (ça c’est très moderne), la réponse laissée au lecteur.trice ne peut manquer d’être celle-ci : Laurent Bouvet est un gladiateur (des temps anciens) qui a des très belles idées sur la laïcité (un homme moderne, non ?). Vaut quand-même mieux parcourir le billet d’Aude Lancelin pour avoir une idée précise sur ce barbu radicalisé.

*

VILLANI, BOUVET. NON CE N’EST PAS FINI.

Pas fini car je vous ai caché le meilleur pour la fin. Manuel. Oui, Manuel Valls. Le magazine va nous conter cet extraordinaire voyage de Monsieur 49/3 en Espagne. Un voyage dont toute, absolument toute la péninsule ibérique a parlé. Toutes les sommités espagnoles se sont bousculées pour être sur la photo avec lui. Qui ça «ils» ?

  1. Une humaniste : la Secrétaire générale du Parti de Droite au pouvoir.
  2. Un démocrate amateur de la trique contre les Catalans : le Ministre de l’Intérieur.
  3. Un joyeux luron : Santiago Abascal, le président de Vox, petite formation d’extrême-droite.

Là aussi, pas question pour ce grand Monde de verser dans la critique. On passe la brosse à reluire à chaque ligne, on reste béats, admiratifs, en extase. Je n’invente rien. Extraits : «Un tel cortège (…) c’est tout simplement exceptionnel». On peut croire la chroniqueuse : «Ce dernier [Valls] ne les a pas déçus : il a conquis son auditoire». Sauf sa sœur catalane (on la mentionne, «objectivité» oblige) qui «aurait eu une syncope». Ben oui, malade, certainement punie à cause de ses mensonges et de ses insultes à la famille.

Non, non, ce n’est pas fini. Pouvoir exceptionnel de notre Manuel qui est «partout, tout le temps», héros «qui ne se décourage pas» devant ces abrutis d’indépendantistes, et qui – vent debout, héroïque, majestueux, grandissime – continuera «de diffuser sa vision de l’Espagne».

*

PAS ENCORE FINI !

Villani, Bouvet, Valls ! Non, vous ne lisez pas un fac-simile de la Pravda. Non, nous sommes au cœur de la grandeur journalistique française. Une page va quand-même nous retenir. Hein ? Quoi ? Une page sur Julian Assange ? Une page pour défendre les lanceurs d’alerte ? Vais-je rectifier le tir et me dire que «bon, quand-même, le Monde, j’ai été trop sévère, trop…».Wow, J-u-l-i-a-n A-s-s-a-n-g-e!

Hé non, oui on parle de lui mais on redescend vite sur terre. Nous sommes à la page… Mode ! Il y est question exclusivement des… tenues vestimentaires de ce cher Julian. On y présentera «les déguisements» du lanceur d’alerte, on saura tout sur «sa veste déstructurée», son «catogan filandreux», sa «cravate à pois», son «sport-coat en tweed» et de son «col roulé». Julian, lanceur de charme donc.

Avec cette envie-bibi de dire à ce «journaliste» d’aller se rhabiller et à vous, précieuses lectrices, précieux lecteurs, de passer un bon week-end malgré les orages qui s’annoncent.

7 Responses to Cédric Villani, Laurent Bouvet et M. Valls, les 3 héros de M Magazine.

  1. Verdière Michel dit :

    Hélas ! « Le Monde » est devenu, comme tant d’autres, un zélote de la macronie…

  2. devot dit :

    merci Bibi
    Dire que »le monde »fut une référence
    Il est devenu un instrument de propagande
    La Pravda de Macaron

  3. BiBi dit :

    @devot
    On peut trouver des éléments interessants sur ce « Monde » dans le petit livre instructif de Patrick Champagne (« La Double dépendance » dans la collection Raisons d’Agir). En particulier sur l’instauration des mediateurs dans ce journal, censés faire le pont entre Rédaction et lecteurs.trices.(Pages 94 à 136).

  4. BiBi dit :

    @MichelVerdière
    Les « journalistes » du Monde sont comme ceux de Libération : ils n’aiment pas du tout qu’on leur rappelle qui est leur Boss (Pigasse-Niel-Drahi). Ils se mettent très très en colère dès qu’on leur serine que ces Grands Patrons d’Entreprise sont les socles indispensables pour les faire travailler. Très très en colère aussi quand on leur rappelle que leurs Boss sont directement intervenus pour faire de Macron notre Président en ayant appuyé et participé à toute sa stratégie de conquête du Pouvoir. Ils ont fait – avec ces petits et grands soldats de l’editocratie fait en sorte que MLPen soit présente au second tour par exemple, sachant – comme chacun de sensé – que jamais ce parti d’extrême n’avait la moindre chance d’arriver au Pouvoir.Plus grave aujourd’hui, ces deux quotidiens ont mis en place deux équipes de Policiers (Libedesintox et Decodeurs) payées par FaceBook pour services rendus. Quels services me direz-vous ? Hé bien, s’autorisant d’eux-mêmes Détenteurs de la Vérité sur le Monde politique et social, ils trient, censurent, écartent tous ceux/celles qui luttent contre Macron (blogs, sites etc) avec leurs deux arguments séparés ou conjoints (c’est selon) : complotistes et/ou antisémites. Voilà où le désastre Macron, aidé par les banques et le Medef nous mènent.

  5. Robert Spire dit :

    12h30 dans le champ (médiatique) du salon de l’Agriculture est un record pour un Président. Pour cette Longue Marche de démagogie pénible et de mensonges droits dans les yeux, L’Ordre du Mérite Agricole devrait décerner à Macron une médaille « Fields ». 🙂

  6. Merci de te faire du mal pour nous 🙂

  7. BiBi dit :

    @despasperdus
    Ce serait bien de créer une « Cellule d’Investigation des Bibis » ! 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *