Richard Millet : escroc littéraire, danger politique.

Richard Millet est à l’honneur dans nos journaux, magazines et blogs littéraires. Fasciné, il vient de faire paraître deux livres dont l’un fait l’apologie littéraire du gentil garçon blanc norvégien Anders Anton Breivik. BiBi fait son autopsie.

 PROTÉGÉ, ADULE DES MÉDIAS ET DU MICROCOSME.

Ce Richard Millet est un peu comme tous les Eric Zemmour : il se plaint (jouit) d’être honni, banni, dérangeant, mais il ne perd pas le Nord, trustant les espaces médiatiques (j’ai relevé pour ces cinq derniers jours : Le Point bien sur, 20 minutes, L’Express (interview), Le Nouvel Obs, RTL, Le Monde, La Tribune de Genève), posant son cul sur les sièges douillets des télés (à ITélé, le Richard disposera de… 11 minutes d’interview etc).

On aurait tort de croire que c’est la démonologie de Richard qui serait à l’origine de ce tintamarre. On devrait plutôt y voir un j’men foutisme très intéressé des Médias toujours à la recherche d’un maximum de lecteurs aux grandes oreilles. Que ne ferait-on pas pour s’attacher son client ou s’arracher les internautes ? Pour exemple, Pierre Assouline se vautre dans l’Obscène sur son blog, louant en une conclusion fascinante/fascisante le «courage» de ce Défenseur de l’Europe Blanche : «Tant Richard Millet que Pierre-Guillaume de Roux qui le publie, font preuve d’un certain courage». Vous avez bien lu : d’un «certain courage» ! J’entends d’ici les protestations du microcosme outragé : «Hé, quoi ? BiBi ! Tu voudrais censurer cet «écrivain exigeant» doté d’un «certain courage» ? Et la liberté d’opinion, qu’en fais-tu, espèce de Stalinien ?»

LA CONSTRUCTION DE L’ÉCRIVAIN MAUDIT.

Et chacun des Idolâtres de retourner l’accusation : c’est évidemment l’Autre qui «traite» et exclut notre Richard ! Pierre Assouline : «Exclure Millet du débat d’idées en le traitant de fou, de réac, de fascistoïde ou de raciste revient à en faire un martyr sacrifié sur l’autel de la Littérature». Compris ? Cessez donc d’être intolérant et méchant avec lui : «Il faut le lire et le discuter». Le problème dans la République d’Assouline c’est cette ligne de partage et d’étanchéité qu’il met entre les Territoires du Politique et de la Littérature, ligne sujette à caution si on l’analyse (en contradictions, en la pensant avec l’autonomie relative de la pratique littéraire).

La stratégie du Richard est simple : tu le traites de facho, il te regarde amusé en levant les sourcils «Mais naan, pas du tout !». Tu lui mets sous le nez cette phrase prononcée chez son ami Finkielkraut (France-Culture, juin 2011 : «Quelqu’un qui à la troisième génération continue à s’appeler Mohammed quelque chose, pour moi, ne peut pas être français»). Il te répondra, offusqué : «Suis pas raciste, moi (…) Ce que je n’aime pas, c’est l’idée d’un immense village global». Il prend alors les devants en enfilant son costume de Victime, il joue à la pleureuse, revendique la place du Réprouvé qui reste son fond de commerce permanent :

«Quand je parle de façon diplomatique, personne ne m’écoute». Bouh ! Pauvre Richard ! Tiens, mouche-toi, v’la un mouchoir.

Ben, non, détrompe-toi : BiBi, lui, t’écoute. En 1975, il t’a écouté te vanter d’avoir fait le baroudeur au Liban et en 2000 il t’a écouté corriger ton tir : «J’ai seulement songé rejoindre les milices chrétiennes». Le songe, la fiction ne sont-ils pas les royaumes privilégiés de l’écrivain ? Vous voyez là un mensonge ? «Hé non, c’est que je suis un incompris».

Danser ? Chanter les textes ? Pour Richard, c’est d’une autre musique dont il est question : «Le goût des armes ne me quitte pas. Qui ne s’est jamais battu à l’arme automatique ignore tout du chant de la kalachnikov ou du M16 et de la danse qu’ils suscitent… ». Et le supporter Assouline d’en rajouter dans le ton staccato : «Richard Millet possède les… armes pour toucher et émouvoir tout en évitant le pire du pathos».

UN PLAGIAIRE PAS DU TOUT HONTEUX.

Dans «Le Sentiment de la Langue», le Millet dédie ses textes à Pierre Michon, auteur du «Corps du Roi», auteur qu’il copiera pour l’éloge du Corps de… Sarkozy. (Lire ici billet double de BiBi). Mais celui qu’il plagiera au-delà de tout, c’est Maurice Blanchot dont il singera les vocables, les titres, les infinitifs. Ainsi «L’Attente, l’Oubli» (ouvrage de Blanchot) devient chez le Richard : «Attendre, écrire, mourir». Ainsi écrit-il, dans un pauvre style de substitution, dans une copie pseudo-blanchotienne, dans une écriture plutôt d’ado boutonneux :

«Jamais nous n’avons cessé d’attendre ; et nous ne sommes attendus par rien ni personne» ou encore «Qu’est-ce que le silence [appréciez cette italique qui fait chic] d’un écrivain, sinon une dérisoire conjonction de ressentiment, d’hébétude et de mélancolie ?»

Il s’accapare les Grands Auteurs (un peu de cette gloire retombera forcément sur lui), aidé en cela par des Critiques à la sauce Assouline, celui de la Ré-pu-bli-que des Lettres, instance de consécration n°1 dans la nomenclature des Blogs littéraires. Le critique célèbre la «remarquable constance» de notre Richard, il n’hésite pas à le citer aux côtés de Francis Bacon et de son triptyque, il ose même le comparer à Artaud (Richard serait un Suicidé de la Société en puissance), convoquant rien de moins Thomas Bernhard (réprouvé lui aussi mais qui pourtant ne cessa de vomir l’Autriche pro-nazie), Sebald, Julien Gracq et Pierre Guyotat (dont les livres furent interdits).

Côté prose richardienne, pas une seule page où – stratège – le bonhomme ne cite qui de Blanchot, qui de Rimbaud, de Baudelaire, de Daumal comme références intimes.

VIVE LES ENNEMIS !

Comme tout écrivain qui ne respecte rien, Monsieur Richard se donne des ennemis prestigieux : Le Clézio aux «phrases insipides». Il se fabrique des ennemis à hauteur: Michaux ? Il l’exècre, seulement impressionné par les titres de ses livres et par sa prise de drogue. Le Richard fut là aussi plagiaire en usant, comme Henri Michaux, d’«opium, morphine, héroïne, haschich, LSD»… dans le «seul but de s’approcher de lui-même». Mais, au cours d’une nuit décisive, se sentant coupable, notre Richard, ado égaré, sentit la proximité de Rimbaud dont il se rappela alors la phrase : «Ma santé fut menacée». Et voilà le bonhomme tout transfiguré, devenu soudainement embryon d’écrivain, adolescent anonyme promis au plus haut, tout à l’écoute des fantômes rimbaldiens mais aussi, excusez du peu, des musiciens (Fauré, Mozart, Boulez), d’un peintre homonyme Millet etc.

LA FRANCITÉ CONTRE LA SOUILLURE DE LA LANGUE.

Notre Richard est aussi voyageur. De la Haute-Corrèze aux neiges du Liban, il ne cesse pas de faire l’éloge de la «francité» de notre langue, «concept» qui éblouit les groupies et les Salonnards. En creusant un peu cette idée (la plus belle langue du Monde serait le Français), on se voit ramenés au pire des idées nationalistes. Rêverie totalitaire, Rêve d’un Monde à la souche exclusive, débarrassée de toutes les scories des polyglottes (ces «imbéciles pathétiques»).

«Le français atteint parfois à une telle transparence qu’on n’imagine pas que Dieu soit prié en nulle autre langue, ni le monde nommé autrement que par elle» ou encore «Ne pas franciser, c’est accepter la perte du génie de la langue».

Pureté rêvée, pureté aryenne et idéale d’une langue impossible à écrire puisque toute langue est faite d’emprunts perpétuels, de larges mouvements rotatifs, de partages sans fin, de scories démultipliées et de chevauchements incessants.

C’est par là que s’infiltre l’idée extrêmement droitiste que la langue française serait souillée, dont l’Origine aurait été salie par «le multiculturalisme». C’est via cette soi-disant Pureté perdue que nous touchons aux ignominies perpétrées par ce soi-disant «proscrit autoproclamé qui se campe seul, esseulé, solitaire», par cet écrivaillon prolongeant la longue tradition de ces Ecrivains «héroïques», démiurges incompris, exigeants mais «fascinants» (fascisants).

OU L’ON REJOINT LE POLITIQUE.

La Tribune de Genève circonscrit le pamphlet Millet au seul microcosme intellectuel français. Pour le quotidien suisse, Millet sèmerait «le désarroi dans le microcosme intellectuel français». Pas d’accord, chers amis helvétiques : les positions de Millet n’intéressent pas le seul milieu intellectuel. Elles demandent à être combattues par tout démocrate.

Écoutons-le : Breivik ? Hé ! Mais ce n’est pas lui qui a commencé la bagarre ! Il a tué 77 personnes ? Mais c’est à cause de «la fracture idéologico-raciale que l’immigration extra-européenne a introduite en Europe». Bourreau certes le Breivik mais tout autant victime, n’est-ce pas ? Du coup, pardonnons-le, c’est un coupable innocent, très innocent même. Hein ? Quoi ? Une position politique, ça ? Ben non, je vous rappelle que «je suis un écrivain» et que «j’ai fait un travail d’écrivain».

Quand le Richard justifie le Destin d’Anders Anton par les «ravages du multiculturalisme», par «l’islamisation de l’Europe» et par le renoncement de cette dernière à «l’affirmation de ses racines chrétiennes», le bonhomme veut nous faire croire qu’on est alors au-delà du Politique : «De la Politique, ça ? Ben non, BiBi, vous m’avez mal lu, c’est juste… de la littérature».

VOCABLES MORTIFÈRES.

Restent ses vocables mortifères, ses gros mots préférés en litanie : Haine, Mort, Mélancolie, Vide, Rien, Passion de la Francité et du Subjonctif, Hébétude, Silence. Pour un peu, le bonhomme lâcherait ce cri franquiste : «Viva la Muerte». Ou répèterait encore : «Je suis un des écrivains français les plus détestés. Position intéressante, qui fait de moi un être d’exception». Raciste, lui ? Vous n’y pensez pas. «Je ne suis pas raciste» ou encore «J’aime l’Ailleurs, j’aime aller chez l’autre». Oui, rajoute BiBi, à condition que l’Etranger reste «chez lui» et à condition que notre Richard, «amoureux» de l’autre, ne s’éternise pas dans son Royaume pourri. Chacun chez soi, hein ?

DEUX EXTRAITS.

Dans son livre Opprobre, on lit encore : «Dans le métro, il ne reste plus qu’un siège dans un carré de quatre places: je m’y assois près d’un Pakistanais qui pue les épices, d’un vigile caucasien dont le chien empeste le mouillé, d’une fillasse en chaussures de sport qui sent des pieds et d’un type, debout près de moi, qui exhale une haleine chargée de tabac froid. Je me lève, cherche une autre place : il n’y en a pas» ou encore, tranquillou et ignoble, chez l’ami Finkielkraut au micro de France Culture SVP : «Quelqu’un qui à la troisième génération continue à s’appeler Mohammed quelque chose, pour moi, ne peut pas être français». Allons, allons, ça de la Politique ? Ben non, pôvres couillons que vous êtes, c’est juste (bis) de la littérature.

QUESTIONS.

Mais au-delà de l’apologie de la Nuit Brune, de l’éloge littéraire de Breivik, de la transformation par Millet du tueur d’extrême-droite en Héros excusable, BiBi se tournerait plutôt vers les Comités de lecture de ces éditions infiniment respectables que sont – par exemple – Fata Morgana, POL ou Gallimard pour les questionner :

Comment vous êtes vous laisser berner si longtemps par un plagiaire doublé d’un littérateur manipulateur ? Comment avez-vous pu rester sans vigilance et accueillir cette prose nationaliste («pur classicisme» se défendra bien entendu Richard l’Estroc), cette prose parfumée aux senteurs de la pire des Droites : l’extrême.

*

Pour mieux connaitre l’escroc et ses génuflexions  : lire ici le double billet-BiBi.

14 Responses to Richard Millet : escroc littéraire, danger politique.

  1. Bien dit. Je n’ai jamais lu cet écrivain mais j’ai découvert la polémique hier sur Changebook en lisant divers articles. Au-delà de l’auteur, c’est bien l’indulgence de ces confrères qui est la plus inquiétante. Et leur porosité à ce nationalisme comme l’illustre tes exemples…

  2. MHPA dit :

    Merci pour ce billet.

  3. Videorama dit :

    Monsieur,
    Mes remerciements pour un article qui m’a fait du bien car je partage votre indignation. Ce Richard Millet dont j’ai lu, voici un mois, quelques extraits, pour juger de son style qui passe pour une merveille de pureté tant le travail de la langue est exigeant, m’a laissé, je vous le confesse, sur ma faim. Les dits extraits ? Un conservatisme pieux et niais, pastiche de Proust sans intérêt pour l’histoire littéraire. Un disciple servile des grands innovateurs de leur temps, incapable de forger une langue avec les matériaux, la sensibilité et les idées de son temps à lui, fût-ce pour le combattre. Un premier de classe appliqué qui n’a pas su quitter les bancs de l’école, et qui s’émerveillera toujours des auteurs traités dans Lagarde et Michard. Un auteur ennuyeux à mourir. Un type assez creux pour ne pas se rendre compte qu’il incarne mieux qu’un autre l’écrivain médiocre type, qu’il ressuscite les détracteurs de ses propres héros. Il doit vivre dans un Eden littéraire où le temps n’a pas de prise, domaine merveilleux qu’il croit pouvoir nommer, à l’exclusion de tout autre, Art. La langue savoureuse d’un Gavroche, les néologismes d’un Rimbaud, les licences stylistiques d’un Proust, tous peu goûtés en leur temps par les cerbères autoproclamés de la grande littérature, semblent seul avoir droit de cité aux yeux de notre homme, dont la lecture des textes est pour cela même navrante. Ce qui a l’audace de leur succéder chronologiquement, sous forme d’ébauche ou sous une forme achevée, n’est que sacrilège irrémissible. Pas étonnant dès lors que dans un tel esprit où le temps est suspendu, le nationalisme d’un autre âge, le racisme le plus primaire et le plus abject, trouvent une légitimité à être défendus par ce qui reste en Europe de Don Quichotte ardents, eussent-ils massacré froidement 77 innocents.

  4. ah tiens je croyais qu’il avait vraiment rejoint les phalanges? Ou alors est-il revenu sur sa déclaration de 2000 plus tard?

    Quand au fait de lui donner de dire qu’il ne faut lui donner de l’importance à ce type aux idées infectes (dont le roman la confession négative était tout de même intéressant, non pas sur ses conclusions mais sur son récit et sa noirceur) je suis d’accord. Son truc sur Breivik pue le marketing du souffre. Mais alors pourquoi lui consacrer un billet? A moins que vous fassiez peu de cas de vos écrits?

  5. Julien dit :

    Un long commentaire le plus souvent médiocre. Fallait-il ajouter ceci aux nombreux articles ?

    Non !

  6. BiBi dit :

    @Julien
    Que tu ne sois pas d’accord…. soit.
    Par contre, ton argumentation est – tu l’admettras – un peu faiblarde.

  7. BiBi dit :

    @Romain Blachier
    Ce n’est pas de gaité de coeur que je me (re)plonge dans les écrits du bonhomme.
    Ensuite : « pourquoi lui consacrer un billet » ? Hé bien, j’ai été poussé par une nécessité intérieure de dégoût et de révolte, voilà qui devrait suffire comme motivation(s).

  8. Rosa L. dit :

    Il faut quand même rappeler que Breivic se réclamant de Finkelkraut, la boucle est bouclée.
    Dans un pays normal, on ne se poserait même pas la question.
    J’aime la référence à Rimbaud: marchand d’esclave, trafiquant d’armes, immonde ordure qui à la fin de sa vie, meurt d’une maladie vénérienne, achevé par l’alcool…Une bonne référence, en somme….

    Renaud Camus a été exclu du cirque médiatique, cela a-t-il enlevé de sa nuisance? Ses adeptes ne le sont pas…

    Cela mériterait un réel débat, non?

  9. BiBi dit :

    @Rosa L
    Merci pour ton com.
    Oui effectivement Rimbaud qui… comme Kafka est mis à toutes les sauces.
    Quant à Renaud Camus et tous ces idéologues qui jouent la confusion et font ami-ami avec tous ( gens de Gauche principalement), faut leur opposer un imparable rire nietzschéen.

    Et quand je parle de Camus (pas le Cognac ni celui qui désigne le bonhomme de Lourmarin que le Palefrenier de Marrakech voulait en son temps de Pouvoir introniser au Panthéon), faut encore citer le DG ( grand ami de la blogosphère de « gauche » sans que cela pose question aux bloggeurs qui l’affichent en blogroll), et encore tous ces Yann Moix (roitelet du Figaro), les Alain Soral (grand penseur de l’Europe Blanche)etc etc

  10. BiBi dit :

    @Rosa L.
    Sur Yann Moix, tu peux toujours te rabattre sur mes deux bibillets 🙂 :
    http://bit.ly/A3hdvr et http://bit.ly/wlYkf4

  11. Rosa L. dit :

    Excellent: surtout sur les Suisses: quand tu connais le sort des Suisses qui sont venus en France pour aider la Résistance dans les forces combattantes: le peloton d’exécution, puisqu’ils étaient considérés direct comme des traitres, vu la neutralité du pays. Donc des Suisses fusillés, il y en a un un sacré paquet.
    Encore un ignare en Histoire

  12. Nath dit :

    Merci pour cet article, le plus proche de ce que je ressens sur cette affaire. Le post d’Assouline m’a vraiment laissé une impression de malaise. Comment peut-il le comparer à Artaud, le plus lucide des années 30 et un des rares a dénoncer la folie d’Hitler? Comment peut-il parler de courage ? Millet sait parfaitement bien qu’il est loin d’être le seul à s’exprimer de la sorte… à pleurer sur la décadence de l’Occident. On peut les lire à droite et à gauche, les entendre sur France-Culture (en se demandant parfois s’il l’on est pas en train d’écouter Radio Courtoisie), leurs livres sont l’occasion de multiples débats de bon ton, sous le prétexte de la liberté d’expression et de la remise en cause « révolutionnaire » de la pensée unique et du politiquement correcte.
    Les vannes se sont vraiment ouvertes ces dernières années et je n’en peux plus d’entendre leurs discours putrides, banalisés par une réception tiède, un sourire en coin à la FOG. Leurs discours semblent être savourés avec plaisir : la posture d’extrême droite prend la douce saveur de l’interdit, revitalise l’exaltation de leurs combats de jeunesse, leur donne l’impression d’être toujours en vie alors qu’ils sentent la cendre. Ce qui me surprend c’est que les arguments utilisés se rapprochent de ceux exploités par les antisémites d’avant-guerre. Mais Millet n’est probablement pas antisémite, amateur qu’il doit être de « l’intelligence du peuple juif et de sa capacité d’intégration » ( ce qui en soi est antisémite). Pour le coup, il est absous… sans prendre en compte les dangers que sa pseudo-réflexion sous-tend.
 A plusieurs reprises, Millet a fait remarquer qu’il n’aimait pas le débat : quelle hauteur de vue … Il se contente d’asséner ses vérités douteuses, à coup de masse, sans nuance, ni finesse (un autre auteur dans le genre, écouté hier sur France Culture laisse pantois : Frederic Shiffter). Mais l’habillage stylistique donne le change et compense. La forme plutôt que le fond. Un bal à demi masqué où au final tout le monde s’amuse…

    J’ai réalisé qu’il avait participé ces dernières années à une série d’émissions télévisées que l’on peut visionner sur you tube (l’homme ne semble pas être le génie méconnu dont il est souvent question et semble apprécier l’ »exposure ») : ses propos définitifs à l’emporte pièce sont assez proches de ce que l’on peut entendre aux comptoirs des cafés sous le couvert du « bons sens ». Rien ne semble réfléchi, que de l’impulsion, de l’intuition (pourquoi pas mais cela n’empêche pas une réflexion basée sur l’intuition en question), du j’aime/ j’aime pas/ point final, mais tout cela proposé comme une vérité fondamentale que tout le monde devrait adopter comme telle, de l’étriqué à valeur universelle, du binaire eurocentré. Pourtant, il est capable de disséquer, et s’il peut manier la langue avec sensibilité, il le fait aussi en roué connaisseur de ses mécanismes, en bon petit soldat. Mais cet homme n’a ni la hauteur ni la fulgurance d’un Blanchot ou d’un Michaux. Et c’est peut-être là son drame, tant il est attaché à la notion de supériorité attelée à celle de pureté. Un attelage dangereux, que très peu manient avec intelligence. D’ailleurs, à ce propos, pourquoi n’écrit-il pas un ouvrage nous exposant les soi-disant faiblesses de Michaux écrivain ?



  13. BiBi dit :

    @Nath
    Heureusement, Annie Ernaux – dont j’ai lu nombre de livres – est entrée dans l’arène en prenant le petit taureau par les cornes (louons son courage).
    A sa suite, un certain nombre d’écrivain(e)s ont pris la même direction.

    L’Être-Millet, ce qu’il peut dire, ses pleurnicheries d’écrivain maudit, ses gesticulations ne m’intéressent pas. Sur mon compte-Twitter, le Monsieur a cru régler mon compte à propos de mon billet ( preuve qu’il a mal encaissé mon uppercut) en un : « Billet de social-démocrate dépravé ».

    Comme je ne parle que de ce que je connais, qu’il sache – en réponse – que j’ai volé son dernier livre… au cas où j’aurai à en parler.

    Rien de nouveau dans ses « pensées »: Europe blanche, on encense le peuple juif (qui ne sait que trop qu’en le glorifiant, on veut l’évincer), génuflexion dérisoire devant les écrivains comme l’immense Blanchot, insultes à Michaux, Le Clezio etc pour se grandir lui-même, mépris pour le Monde littéraire etc.
    Je répète : rien de vraiment nouveau : de la puanteur.

    Non, ce qui pose question, ce sont les Portes Ouvertes de France-Culture, les pages du Point comme autant de tapis rouges, ce qui pose question, c’est Millet-Directeur-de-Publication chez Gallimard, c’est Assouline et son Brevet délivré au « courageux » Millet.

    Bref, ce qui pose question, c’est cette Veulerie quasi-généralisée de ceux qui sont censés être des Médiateurs critiques, qui se veulent des intermédiaires éclairés entre les auteurs ( h et f) et le « public ».

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