L’«enterrement » de Fidel Castro (6).

*

Pour la presse occidentale, Fidel Castro est déjà mort un millier de fois. Rigolo : il ressuscite tout autant de fois. Sur place à la Havane, BiBi a enquêté. 

Les dernières fois où Fidel Castro apparut publiquement fut 1. lors de la visite de Benôit XVI et 2. lors d’une rencontre avec la dirigeante  étudiante chilienne Camila Vallejo (5 avril dernier).  Depuis, les Médias occidentaux, la presse américaine spéculent sur la mort de Fidel Castro, l’annonçant sans preuve, amplifiant les rumeurs pour tenter de déstabiliser Cuba ( à l’Ouest, on n’a toujours pas digéré l’épisode peu glorieux de la Baie des Cochons)…

La presse française n’est pas à la traîne, elle aussi. Au hasard, deux articles tous deux datés de mi-octobre (l’un de Mediapart , l’autre de Libération) reprennent les interrogations de Washington sur la mort éventuelle de Fidel Castro. Toujours une plus-value publicitaire et marchande pour nos deux journaux révolutionnaires 🙂 que d’écrire sur Fidel.

Etant présent à Cuba les trois premières semaines du mois d’Octobre, j’ai pu avoir les dernières nouvelles du «Comandante» via le quotidien du PCC où Fidel avait l’habitude d’y écrire ses pages spéciales («Réflexions»). Depuis quelque temps, Castro s’était dispensé de les faire publier. Dans la page du numéro de Granma (voir page de Granma dans mon encadré photographique), il est pris quatre fois pris en photo pour prouver qu’il est toujours vivant (mais une photo n’est jamais une preuve) et pour tenter de tordre le cou aux gallinacés du «poulailler de propagande impérialiste» qui le donne – une fois de plus – comme mort.

Je ne crois pas au décès secret de Castro, que l’on cache sa mort  (pourquoi cacher cette disparition hypothétique même si l’on sait que les idoles sont… immortelles ?) Fidel Castro est par contre en très très mauvaise santé (cancer du colon, Maladie de Parkinson disent les cubains avec qui j’ai parlé) même si dans le billet de Granma du 20 octobre, Castro s’occupe de cultiver paisiblement son jardin, même s’il ironise sur sa supposée agonie. Son écrit (Castro a toujours eu le sens de l’humour et une intelligence hors-pair) est appuyé par le témoignage d’un homme politique du Venezuela, Elias Jaua, candidat/gouverneur de l’État vénézuélien de Miranda. Ce dernier venait lui rendre visite ce jour-là pour compenser la bêtise d’un autre journaliste vénézuelien qui avait écrit sur les «faiblesses de Castro ». On peut faire quand-même l’hypothèse que si Fidel a stoppé ses publications déjà irrégulières dans le quotidien du PCC, il connait une très grosse  fatigue.  Son aveu (dénégation ?) peut prêter à sourire :
«J’ai abandonné la publication de Réflexions dans Granma parce que certainement, ce n’est pas mon rôle d’occuper les pages de notre presse, consacrée à d’autres tâches que demande notre pays« .

Mouais. Ne s’agit-il pas là plutôt d’un affaiblissement inéluctable et compréhensible ?

Il faut non seulement rappeler l’âge de Fidel (86 ans) mais aussi celui de son frère Raul (81 ans) qui détient le Pouvoir. Aucun cubain que j’ai rencontré n’a pu me dire qui (quel clan) pouvait prendre la suite.
Ce que je crois c’est que le régime a déjà entamé – sous pressions de crise économique et d’embargo US (est-ce la même chose ?)- une importante mutation, celle d’abord de libéraliser les allées et venues des cubains avec la loi des migrations qui prendra effet le 14 janvier 2013 (plus besoin de cartes d’invitation pour qu’un cubain aille voyager à l’étranger).  Je prends le pari que les USA (avec Obama 2) et Cuba vont « normaliser » leurs relations dans les années qui viennent. Il y aura là un compromis d’importance même si les discours resteront aussi offensifs et virulents de part et d’autre. Avec le retrait de Fidel et l’âge avancé de son frère Raul, on se dirige à mon avis vers d’importants changements dans la vie cubaine. Le socialisme, lui aussi, doit inventer de nouvelles voies et développer autrement la participation des «masses populaires» à l’élaboration de sa politique du futur…

So… wait and see.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *