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Où partir ? A quel appel répondre ? (1)

Où partir ? D’où revenir ? A quel appel répondre ? Où chercher la métamorphose de Soi ? Faut-il se quitter soi-même ? Se chercher à se perdre momentanément de vue ? Se laissera t-on aller à profiter de la lumière estivale qui nous rendra aveugle ? Et pourquoi pas tout cela dans un même élan ?

C’est que nous cherchons aussi ces chemins, ces ouvertures pour en aimer les noms : Route de Corinthe, Passage du Havre, Sentier des Douaniers, Canal de Panama, Détroit de Behring. Amour des noms couplé avec les détours littéraires.

« Désolée mais ça ne vous regarde pas… »

Trois lectures, trois pensées-BiBi.

Trois questions sur la place des enfants, des parents. Trois entrechocs aussi.

C’est en lisant l’interview de Karin Viard dans Télérama que BiBi s’est souvenu des paroles de Pierre Legendre dans son petit livre «La Fabrique de l’Homme Occidental» et des interrogations de Daniel Sibony.

Lacan à prendre et à laisser (1).

Les lacaniens vont fêter le 30ième anniversaire de la mort de Jacques Lacan. Même si il n’y a pas de biographie possible – comme en est persuadé Jacques-Alain Miller – BiBi rappellera quand même que Lacan est décédé à Paris le mercredi 9 septembre dans la soirée. Il avait 80 ans et il est mort des suites d’une tumeur abdominale dont il avait été opéré le 2 septembre. Les obsèques du Maître eurent lieu dans la plus stricte intimité.

Dans Le Monde du 11 septembre (!) 1981, Christian Delacampagne parlait de «la magie de son verbe», de «son sens du geste et de l’élocution» et de «son art de conteur». Magie de son verbe : ça dépend sur quel divan on pose son cul et son QI. BiBi a beaucoup ramé pour rire sur les effets-Lacan. Le lendemain de la mort de Lacan, ce furent André Green et Octave Mannoni qui se coltinèrent les articles nécrologiques en fidèles veilleurs du Maître.

Pendant qu’ils dissertaient sur celui qui fit passer son École freudienne à la moulinette un an plus tôt (dissolution en 1980), François Mitterrand rencontrait Margaret Thatcher et on discutait «nationalisations» dans la… Gauche socialiste ! Remarquons encore l’humour involontaire du Monde : au-dessus de l’article sur la mort de Lacan, on peut apercevoir l’entrefilet : « La Comédie intellectuelle« . Hasard sans doute mais hasard objectif : les psys allaient se la jouer (la Comédie) en s’entredéchirant.

On objectait souvent que le style de Lacan était confus, qu’il aurait du écrire comme (ou pour) «tout-le-Monde» pour se rendre plus accessible. Lacan avait déjà anticipé cette critique : «Je n’ai pas écrit mes livres pour tout le monde, pour qu’ils soient compris par tout le monde. Je n’ai pas eu le moindre souci de plaire à quelque lecteur que ce soit. J’avais des choses à dire et je les ai dites». Plutôt réjouissant pour BiBi de ne pas se laisser trop intimider par son Surmoi ! Ce qui doit affleurer et ce qui compte, c’est moins le Un qui se pavane en Société que le Sujet divisé, morcelé, en miettes.

BiBi applaudira donc aux formules tranchantes de la théorie lacanienne sur le Sujet divisé et sur l’Inconscient. Celle-ci par exemple, incontournable (quoiqu’en dise ce pôvre Michel Onfray et ses supporters) : «L’inconscient est structuré comme un langage». Mais BiBi soulignera la pauvreté de son style (qui sidère les fidèles). Mettez James Joyce ou Maurice Roche à côté : question fulgurances et rire qui fusent, y a pas photo. BiBi peut alors corriger quelque peu son titre : «Lacan : à prendre, oui. A lester : surement».

*

Pour BiBi, un des seuls psychanalystes à avoir parlé justement de Lacan reste Daniel Sibony. Voilà un choix qui ne fera pas forcément plaisir… à tout le monde (…des psys). Sibony rappelle à juste titre: «Lacan affichait le fantasme d’une «transgression intégrale» de la doctrine, et ce grâce à quelques objets mathématiques érigés en fétiches et à un curieux discours où la rigueur porte sur le flou (ce qui a des effets hypnotiques). (…) Or une «transmission intégrale», c’est la folie de la transmission ; les héritiers se sont d’ailleurs affolés. Et le grand mérite de Lacan, le seul à mon sens, celui d’avoir introduit Freud, il le fit payer très cher à ses émules en les réduisant pour longtemps au statut de fils morts ou mortifiés».

De l’œuvre de Lacan, «on peut en prendre de la graine pour justement ne pas rester dans ce sillage : trouver son propre souffle, ses inconnues, ses lieux d’échange ; porter son énigme aux confins de l’être plutôt que de s’en servir pour fasciner certains êtres». (in «Du Vécu et de l’Invivable». Psychopathologie du Quotidien, pages 199-214)

En écho, on sait aussi que Dame Dolto allait jusqu’à dire qu’il est incompatible d’être analyste et affilié à une institution, «façon de rappeler que la croyance à l’inconscient tient lieu de lien et de filiation». BiBi serait plutôt à accorder plus d’importance aux rencontres effectives qu’aux célébrations (même si celle-ci en est aussi une – indirecte 🙂 !).

A suivre.

La Fiction-DSK de Daniel Sibony : hélas, une de plus !

Sur son blog, Daniel Sibony  intervient à propos de l’Affaire DSK. Surprise : lui aussi vient participer à la Grande Foire aux Fictions (d’Innocence, de Culpabilité – peu importe) de la Doxa. Article : Affaire DSK : justice et Jouissance.

En préambule.

BiBi se doit de rappeler combien l’ensemble des écrits du Psychanalyste-mathématicien (des magnifiques écrits «Du vécu de l’invivable» aux concepts féconds de «L’Entre-deux») l’ont marqué dans sa vie intime et professionnelle. Le billet qui suit ne s’attachera donc qu’à la seule intervention qu’il fait sur l’Affaire DSK et à sa lecture attentive.

Bouc-émissaire.

BiBi ira directement à la dernière ligne : «Je n’aime pas la Scène du Bouc émissaire, tout simplement». Et là, accord sur toute sa ligne. Haro sur les dépiauteurs, les journaleux, les intellos éditocrates, médiocrates (hélas jamais comptabilisés par Sibony dans sa vision de la «Doxa»). Haro, oui, (cités cette fois à juste titre par Sibony) sur les Psy et sur ceux qui s’improvisent illico en juges du côté des «Pauvres». BiBi donne mille fois raison à la parole biblique reprise par Daniel Sibony : «Dans sa querelle, ne glorifie pas le pauvre».

Part de jouissance.

Dans cette affaire, «chacun veut d’abord prélever sa part de jouissance en disant ce qu’il a sur le cœur». Dans ce «chacun», BiBi se sent – comme chacun – interpellé. Alors, il précise sa position personnelle en rappelant qu’il a toujours considéré DSK– emprisonné ou non – comme un adversaire politique, un représentant politique au service du Libéralisme à combattre. En témoignent  – AVANT l’Affaire – les trois billets-BiBi écrits : «Les Affaires de DSK 1 et 2» et «Sarkozy-DSK : c’est tout Com’». En témoignent les lignes de ses deux billets APRÈS l’Affaire (1 en date du 15 mai et 2). A chacun des ces billets, nulle part une part de jouissance en s’étendant sur ce que BiBi a sur le cœur. Par contre, Sibony, inversant quelque peu le sens de la Doxa, s’est montré un peu aveugle et sourd devant le déferlement de la gentry médiatico-politique qui SOUTENAIT DSK. Pas un mot là-dessus.

Des milliers de jugements, certes.

BiBi s’en désole mais ce qu’écrit Sibony est  juste : «Au fond, il y avait une violence plurielle qui attendait cette affaire pour affluer de toutes parts, et s’exprimer largement». De TOUTES PARTS ? Sibony retient la violence de «milliers de jugements». OK mais de qui ? De quoi ? D’où part-elle ? BiBi attendait une analyse contradictoire, différenciée, plus complète, plus fine. Mais il n’aura rien de plus.

Point de désaccord.

BiBi relève 1. «Une loi sur le harcèlement n’y change pas grand-chose». 2. «Il n’y a rien qui puisse régler ABSOLUMENT, en vérité, l’approche des sexes». Mais on peut se battre pour une loi (possible et souhaitable sur le harcèlement) en étant conscient qu’elle ne règle pas ABSOLUMENT l’approche des sexes. Faut-il pour cela renoncer à se battre pour qu’une loi, toujours perfectible, puisse changer un petit-quelque-chose ?

Point d’accord.

«On juge une personne, pas un rapport social ou un symbole». BiBi rajoute que ce «ON», c’est la Justice, c’est ce qui vient faire Tiers indispensable entre la (supposée) victime et le (supposé) coupable. Ce «ON», c’est la Justice (ici américaine – avec tous les aléas possibles dans le rendu de son Jugement). Dans ce «ON», BiBi ne compte ni Sibony, ni BiBi himself, ni la Doxa. Ce «ON», c’est l’appareil judiciaire (même s’il est imparfait). Pas plus, pas moins.

Le cœur de BiBi.

BiBi s’interdit de dire ce qu’il a sur le cœur et d’y prélever une part de jouissance. BiBi a d’autres espaces pour aller jouir et ne dira rien là-dessus. Il ne dira ni son opinion, ni ses ressentis, ni ses pré-jugés, ni ses idées à la con (cela n’a strictement aucune importance). Par contre, il continuera de parler de DSK (de lui et d’autres) comme un adversaire politique à combattre. Il le combattra en adversaire et NON EN BOUC EMISSAIRE. Tous ses bibillets vont et continueront d’aller dans ce sens.

Une étonnante conclusion.

Sibony – hélas, lui aussi – vient nous délivrer «sa part de jouissance» alors qu’il pourfend à juste titre les Psy quelques lignes plus haut qui  disent «ce qu’ils ont sur le cœur». Et c’est la phrase suivante qui ne dit rien qui vaille à BiBi : «Cela dit, a-t-on envisagé cette hypothèse sur l’événement ?»

Et hop, hop,  puisque « cela est dit« , voilà Sibony qui nous inflige son hypothèse, sa Fiction (d’Innocence ? De Culpabilité ?). Il n’y résiste pas lui aussi. Le voilà qui prend position dans ce capharnaüm alors que tout son début d’article aurait supposé une courageuse position finale d’attente du Procès à venir et de retrait (les SEULES QUI VAILLENT POUR BIBI). Le voilà – via son hypothèse «brûlante» – qui alimente «la violence plurielle» qu’il dénonce.

Hélas, Monsieur Sibony, vous aussi, vous aussi.

Les Flèches de BiBi (en avant-dernière).

L’amer Michel.

Michel Houellebecq, le rebelle à l’anorak kaki, a déclaré à France-Inter de son ami Val (20 octobre ) : «Je ne suis pas un citoyen et je ne veux pas le devenir. Le devoir par rapport à son pays, ça n’existe pas. Il faut le dire aux gens, aucun. On est des individus. La France est un hôtel, pas plus… » Il aurait pu ajouter que la France est un Hôtel de passe, que la Citoyenneté est une catin et qu’il se pourrait même que, Houellebecq lui-même, soit un de ses proxénètes.

Un résistant qui résiste au Temps.

Le bloggeur Vogelsong rapporte que Stéphane Hessel, le résistant, l’anti-Houellebecq, vend plus de livres que le Rebelle en anorak kaki. Pas de doute, Stéphane Hessel ne joue pas dans la même cour de récré : il est évidemment hors-goncourt.

Jean-Jean, le Fiston à Pistons.

Dans le JDD, le journaleux Bruno Jeudy offre une page entière à Jean Sarkozy. Il l’aide discrètement à remonter la pente de l’Enfer. Mine de rien, le canard-laquais nous dessine un jeune homme au grand cœur, repenti mais toujours battant. C’est la Stratégie du Junior : pas trop de pub prématurée mais ne pas se faire oublier non plus, pas de questions qui fâchent etc. L’article est impeccable, venu au bon moment : il plaira beaucoup à Papa et à son frère Arnaud (Lagardère). Pour faire taire les méchantes langues, Bruno Jeudy précise même – en encart – que Jean-Jean a eu son Bac A avec mention Bien. C’est vrai que le Fiston-à-Pistons est méritant et très volontaire… surtout avec un papa qui n’a jamais lu un livre de sa vie.

Quand Hulot hulotte…

«Pour moi, un tandem Jean-Louis Borloo /Nathalie Kosciusko-Morizet au Ministère de l’Ecologie aurait été une configuration idéale» (Journal Métro du 15 janvier dernier). Ajoutons que BiBi rajouterait bien Hulot à cette configuration (ou à cette figuration de c…).

Enfance en chiffres.

1. Selon le rapport 2010 sur le mal logement de la Fondation de l’Abbé Pierre, la France sarkozyste compte 3,5 millions de non logés ou de mal logés dont 600000 enfants.

2. En date du 15 mars dernier, l’NAF livre des chiffres-clés sur les bouleversements de la vie familiale : 357.000 emplois détruits en 2009 ; 216.396 dossiers de sur-endettement déposés en 2009, 105.271 jugements d’expulsion locative prononcés en 2008, 7711 enfants décédés à moins de 25 ans en 2006.

Dolce Vita.

En 2009, trois mille nourrissons ont été trouvés, vivants ou morts, en Italie berlusconienne. Ils seraient pas moins de 400 par an dans Rome et ses banlieues. La capitale italienne a donc décidé de créer des «Berceaux pour la vie» : des points où pourront être déposés les bébés abandonnés avec l’objectif de «sauver le plus grand nombre possible de bébés abandonnés par des mères en détresse qui veulent garder l’anonymat».

Phénomène fuyant.

1. Entre 2002 et 2007, on a comptabilisé 11.039 cas de fugues supplémentaires (soit + 32%).

2. ¾ des fugueurs ont entre 15 et 18 ans mais la tendance est au rajeunissement.

3. Les filles sont plus nombreuses que les garçons.

4. En 2008, les «récidivistes» ont représenté 44% des cas de fugues.

5. 1/3 des fugues durent plus d’un mois.

6. 22% des mineurs fuguent «par amour», 21% à cause d’un mauvais climat familial et 8,5% des fugues ont un rapport avec Internet.

7. 98% de mineurs fugueurs sont retrouvés. ( Source : Rapport d’activité 2008 – SOS Enfants disparus).

Bakchich et phrase en procès.

1. Bakchich est un des seuls Canards que BiBi n’a pas trop envie de déplumer. L’hebdo a été condamné pour avoir diffamé le Prince Albert de Monaco. L’équipe de Bakchich aurait dû adopter la position-BiBi qui avait élevé la phrase de Bébert («Monaco n’est pas un paradis fiscal») en phrase la plus drôle de l’année. Cela suffisait car (presque) tout le Monde avait compris.

2. BiBi constate avec déplaisir que l’humoriste Paul Wermus s’amuse encore dans les colonnes du journal mais avec plaisir que, par contre, Henri Maler d’Acrimed y fait son entrée.

BiBi vous offre son petit conte de Noël.

«BiBi est agent immobilier athée : il propose une église au juif, une synagogue à un islamo et une mosquée à un catho. Et pour le prix de la location, il leur dit : «1. C’est vrai vous n’êtes pas proprio des murs. Et 2. N’oubliez pas que Dieu soit… loué !»

Flèche de Cœur.

BiBi s’est attaqué au livre de Daniel Sibony («Le Sens du Rire et de l’Humour» chez Odile Jacob). Sans rire, c’est un très bon livre. Témoin ce passage très sérieux :

«Le rire met en acte une rupture de la solitude narcissique. Plaisir soudain d’être à deux, d’avoir d’emblée une partenaire, une promesse de jouissance (…). Mais être deux, c’est aussi être avec son double ; de préférence en bonne entente, sans fusion ni confusion, sans trop d’agressivité, c’est-à-dire de peur. Comme avec un sosie ou un alter ego ; pouvoir jouer à passer l’un pour l’autre, à se moquer de sa naïveté, en toute bonne foi».

Si bon, Sibony.