Instantanés sportifs en France (1941- 1943).

            Course du 7 mars 42

1. Se nourrir : pour les sportifs, c’est la première des difficultés qu’ils rencontrent. Tickets de rationnement, queues, espoirs de colis de Province : c’est le quotidien en ville. Certaines compétitions dotées de prix en nature sont très recherchées : ce sont « les Courses au bifteck« !

La Vespa de Nanni Moretti.

https://www.youtube.com/watch?v=nf8g5fS_M3s

Comment oublier cette balade en Vespa ? Comment oublier le film de Nanni Moretti s’ouvrant sur un homme en scooter noir ? «Sur ma vespa» est le premier des trois chapitres de « Journal intime » tourné en 1994. Il dure 27 minutes et quarante secondes. Pas de plus belles séquences sur une ville (Rome) que ces minutes et que ces quelques secondes.

Nanni se balade en scooter, emprunte les chemins, serpente les rues en longs panoramiques. Rêveries d’un promeneur solitaire ? Non, pas tout à fait, parce qu’il «sera toujours avec peu de gens», parce qu’il gardera toujours sa «confiance en l’homme mais pas dans la majorité ». Il prend son temps pour dire que le temps presse : il y a urgence à dire qu’il déteste le film Henry, Portrait d’un serial killer de John MacNaughton, qu’il se désole d’une pitoyable et affligeante apologie du film. Le voilà qui s’arrête à Garbatella avant d’embrayer sur Casalpalocco: sinuosités, liberté de ton, fluidité des plans et des images.  Il interpelle un résident du quartier sur sa jeunesse de 1961, piétinée, déniée. Nanni Moretti est en colère : sa rage est brève mais bien sentie. Il monte le ton contre l’omniprésence des «chiens de garde et des cassettes-vidéos » derrière les murs des villas-blockhaus.

En voix-off et en images, Nanni dit ce qu’il aime, il aime les musiques conjuguées de Khaled («Didi »), de Léonard Cohen ( «I’m a Man ») et de Keith Jarrett ( le concert de Koln), il aime la danse (merveilleuse apostrophe en langue italienne de Jennifer Beals, héroïne de «Flashdance »). Et comment ne pas le rejoindre pour s’engager avec lui sur ces magnifiques panoramiques de quartiers romains (les prononcer, là encore, avec l’accent italien du réalisateur : Garbatella 1927, Village olympique 1960 , Tufello, 1960, Vigne Nuove, 1987) ? Comment ne pas aimer ce rythme filmique tout en déambulations et en virages, le tout pris sans brusquerie. «Ce que j’aime faire aussi, c’est regarder les maisons, dit-il de son accent inimitable. Comme ce serait beau un film fait de maisons, de panoramiques sur les maisons ». Premier film où le décor – qui n’en est plus un – devient le corps du film.

La ville revisitée, la ville et ses quartiers populaires d’antan, la danse, le cinéma à venir, le cinéaste Pasolini, fantôme en bordure d’écran : tout s’accumule. Comme ces Unes des journaux empilés sur l’assassinat du cinéaste de la Marge, de la Minorité.
Plage du crime, plage du film en longs plan-séquences. Ce « Pasolini-Plage » est à rebours des sables brûlants et touristiques de la Méditerranée. Sur les à-côtés, la lande est pelée, les roseaux sont vert pâle et au détour, juste derrière les barres de sûreté de la route, il y a un terrain de foot qui a la gale, il y a deux poteaux rouillés et une stèle mangée par le temps. Et encore juste derrière le vieux grillage, voilà Pasolini, toujours vivant, voilà toujours, en promesse entière, une certaine vision d’un cinéma rageur et enragé.  » Voilà, semble nous dire Nanni Moretti, des films vont se faire, des films vont venir : ils seront indestructibles ».

 

Les grands Penseurs d’Havas-Sport.

            Havas bavasse

Havas Sports est une agence de communication spécialisée dans le domaine sportif. Elle accompagne les sociétés dans leur démarche autour du sport. Dans ses principaux clients, elle compte de grands noms du monde des affaires, de gros, de très gros sponsors comme Coca-cola, EDF, Mac Donald, Adidas. Sony, Carrefour, Danone etc…

C’est l’Agence Havas Sports qui a emporté le morceau pour la com’ d’Annecy 2018. Cette agence avait en son temps développé le dispositif de communication du projet Paris 2012. Le Club des Entreprises, mené par Arnaud Lagardère, s’était associé à cette entreprise presque gagnante. Les Annéciens peuvent être fiers d’avoir choisi les gagnants-gagnants ! Rappelons les belles paroles d’alors de Lucien Boyer, directeur général d’Havas Sport :
« Au nom des équipes d’Havas Sports et de Jour J, je suis très fier que nous ayons su répondre avec autant de succès à la confiance de la Mairie de Paris et à ses partenaires du Club des Entreprises de Paris 2012 mené par Arnaud Lagardère. Un succès qui a suscité l’adhésion d’un million de français et qui a rayonné dans le monde entier.. ». Ouais, Lucien, le Monde entier !
L’Agence Havas avait eu beaucoup de travail en 2008 : elle avait été choisi – sous contrôle du CIO, du Ministère de la Culture chinoise et du Comité National Olympique – pour populariser le «Olympics Fine Arts 2008 ». Cette opération – défense de rire – a servi à élargir l’esprit olympique et à marquer la Solidarité artistique entre la Chine et les autres pays. On ne sait si cette Opération Solidarité avait aussi enthousiasmé les valeureux artistes… tibétains.

Havas fait aussi dans le Travail intellectuel et participe à cette campagne sourde mais audible (et dénoncée) pourtant par BiBi : la Droite française et européenne veut faire croire qu’elle mène aujourd’hui le débat intellectuel. Pour un temps, Havas gomme ses rapports avec le Bizness et le Marketing. Le voila organisateur – avec Euro RSCG Events – d’un Grand Forum sur le Sport à Barcelone les 26, 27, 28 février 2009. Cette manifestation se veut être le… « Davos du Sport » ! La capitale catalane accueillera l’événement durant cinq ans et versera un million d’euros par an. Le budget d’organisation s’élèvera entre 3,5 et 5 millions d’euros annuels, le principal poste de recettes étant les inscriptions. Bien sûr, des partenaires et des intellectuels de renom sont activement recherchés pour donner leur caution et leur soutien financier à cette Entreprise de Pensée très libérale. Une première grande pensée de Lucien a ébloui BiBi : « Le sport n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’expression. Il fait aujourd’hui partie intégrante de la société. Mieux le comprendre et l’analyser est désormais nécessaire». Woooouawww !

Parmi les organisateurs, relevons le nom de certains amis de Little Nikos :
Stéphane Fouks, qui organisa le match Little Nikos contre Madame Ségolène, grand ami de Frère Lagardère, de Manuel Valls et de Michel Rocard… 
Richard Attias, le Mari-de-qui-vous-savez.
– Le Playboy immigré, Eric Besson.
Juan-Antonio Samaranch qui donna le départ de la Course des Marchands du Temple.
– Le philosophe Jacques Séguéla.
Vincent Bolloré, l’incontournable patron d’Havas, dont on se demande s’il viendra en voiture ou en yacht de Malte.

Pour l’instant, le CIO, la FIFA ou l’UEFA se tiennent à distance. Dommage : ils auraient pu éclairer les débats de leur sagesse et louer la Beauté universelle du Sport. BiBi a compté les interventions des « speakers »: elles seront au nombre de 73. Il se murmure que Lucien a quelques regrets : il lui manque quelques intellectuels de très grand renom. Si Lucien lit cet article, il pourra toujours inviter BiBi. Que Lucien se le dise : BiBi n’est pas très exigeant, il a juste une préférence pour la cerveza et le cava. Il adore la sarsuela et ne demandera aucune indemnité.
Enfin si Lucien manque de thèmes, BiBi lui en propose quelques-uns. Le dopage en Espagne : Madame Fuentes sera t-elle invitée ? Le Barça : où en est son procès contre le journal « Le Monde » ? Opération Paris 2012 : où sont passés les millions qui n’ont servi à rien ? Opération Annecy 2018 : où vont passer les millions qui ne serviront à rien ? Le bouquin de Declan Hill est-il une bonne pub pour le Foot ? Les paris clandestins ont-ils influencé la World Cup de 2006 ? Ou encore les Agents dans le foot ou le Retour de Lance Armstrong dans le Tour de France sont-ils compatibles avec l’éthique sportive ?
Si les amis de BiBi ont d’autres sujets, ils peuvent toujours les envoyer dans la boîte à idées d’Havas et de Euro RSCG Events.

1939-1944 : la France occupée… par le Sport.

Miroir des Sports, miroir de Vichy et de Berlin

3 septembre 1939 : l’Allemagne vient d’envahir la Pologne. La France et l’Angleterre lui déclarent la guerre. Le 24 juin 1940, Pétain signe l’armistice. Le Sport, lui, va renaître assez vite après l’exode, les destructions et les brefs combats.
Les difficultés sont pourtant nombreuses : les soldats sont prisonniers, les rencontres sportives internationales sont suspendues, les compétitions vont souffrir de la division du Pays en trois zones : interdite, libre, occupée. Les problèmes de transport, d’équipement, d’alimentation dominent aussi chez les sportifs.
Pendant ces années de guerre, l’Italie fasciste et l’Allemagne d’Hitler vont rester des références en matière d’éducation physique et de sport. Les propagandistes de l’Auto et du Miroir des Sports, impressionnés par les infrastructures et par les grandioses démonstrations publiques des jeunesses sportives des deux pays, vont soutenir la politique de Vichy en propagandistes zélés. Vichy va critiquer avec virulence l’Intellectualisme responsable de la Défaite. Corollaire : on va vouloir donner à la jeunesse le goût de l’action et prôner le Culte du Muscle.

La France : le Pays des Réformes ! La France de 1940 devient le pays des Réformes et du Changement… dans sa politique sportive ! Vive les forts en muscles et les Hommes d’action !

Minutes heureuses.

        article-g-haldas-111.jpg

BiBi a eu un (fou)rire nietzschéen.
Quand le bourgeois Milliardaire se pâme devant l’Art, devant une phrase de Baudelaire ou devant une figure déchirée de Bacon, chaque sait qu’il n’est pas à sa place. Qu’il veuille amasser des valeurs côtées en Bourse ou s’enrichir de valeurs spirituelles, le Milliardaire est encore supportable (c’est la Loi de la Jungle d’aujourd’hui) mais sait-il seulement quelle prétention il atteint lorsqu’il se pique de poésie ou de peinture ? La prétention d’être l’égal du Poète et de la Poésie par ses avoirs. Pauvre et risible Milliardaire qui confond le verbe Avoir avec le verbe Être. Car un poète, lui, ne doit rien posséder.