Grégoire Verdeaux, l’Auvergnat de la Maison Carla (1).

La Présidente et son conseiller

BiBi aime bien esquisser des portraits. Surtout ceux qui passent, repassent, défilent dans les Allées du Pouvoir. En se penchant sur ce Microcosme, il a découvert toute une flopée de Courtisans qui se croisent, s’enhardissent, se tournent le dos, se haïssent, s’allient, se réconcilient. Tous mus par l’intérêt supérieur de l’Etat, l’Etat étant ici le Représentant des Forces économiques supérieures, l’Etat étant ici le Personnel politique solidaire.

BiBi examinera à la loupe un de ces jeunes loulous, sortis du sérail des Grandes Ecoles, petit protégé de la Grande Dame de l’Elysée : un certain Grégoire Verdeaux. Ce petit Spin Doctor a été engagé par Nicolas Sarkozy pour mener à bien une Opération idéologique de belle envergure : il s’agit de faire oublier Carla-la-Bombe-sexuelle pour, dans un même élan, la promouvoir en Femme-BoBo, ouverte à «gauche» et refermée sur ses deux Combats généreux (contre le Méchant HIV d’une part et contre les Odieux internautes d’autre part). Une Princesse séductrice en somme, joli piège pour attendrir nos Intellos de Salon (Louis Bertignac, Julien Clerc, Juliette Gréco, Gérard Miller, Pierre Arditi, Philippe Val, etc). Pendant ce temps-là, les basses besognes se poursuivent : Besson charge les charters d’Afghans, MaM cadenasse les minots, Xavier licencie en silence, on applaudit Barroso et Angela et Chouchou maudit toujours Obama qui tient assez bien la baraque USA.

Dans l’entourage des élus UMP, il se dit en catimini que la Première Dame de France a déjà fait assez de dégâts et qu’elle serait «responsable de la plupart des ennuis du Chef de l’Etat en cet automne agité». Il va de soi que ce n’est pas l’ex-Mannequin, insupportable aux yeux de beaucoup d’UMP, qui, seule, a pu causer tant de dommages. BiBi se demande si ces dernières semaines n’ont pas mis en évidence les Troisièmes Couteaux, ceux qui, tapis dans l’ombre, œuvrent pour le bien – du moins le croient-ils – de la Grande Famille du Pouvoir, tous ces membres des Cabinets, experts en Com, qui entourent Chouchou et s’agitent autour de Chochotte.

Tout gonflé de sa récente notoriété, il en est un, stratégiquement important, marionnettiste et pantin à la fois (c’est le lot des Troisièmes Couteaux) qui se nomme Grégoire Verdeaux. Il a été ex-avant-centre de l’équipe de foot de Saint-Flour (pas de l’équipe 1 quand même !), il a toujours été un admirateur inconditionnel d’Edouard (Balladur) et  – Chouchou ne le sait probablement pas – mais il se moquait alors avec ses camarades de promo d’un Petit-qui-allait-vouloir-un-peu-plus-tard-devenir-Président. Bon, passons, mais comme disait le copain à Chouchou et Chochotte, Michel Drucker : «Chouchou, si tu nous regardes… »

Ce Greg, stratège de Com aux petits pieds (il est, lui aussi, petit), alterna sa tenue de foot (transfert dans l’Equipe des Men in Black de Sciences-Po en 95) avec le gilet trois-boutons cher à son idole Edouard B. Il se disait même qu’il courait en tous sens le tout Saint Germain des Prés pour en trouver un, parfaitement semblable à celui du Touriste de Karachi.

Depuis sa nomination en octobre 2008 comme Chef de Com de l’Elysée catégorie Femme, Grégoire accompagne partout l’Artiste-qui-se-rêve-en-grande-figure-musicale (Madame Carla). De son discret bureau Rue de la Boétie, des locaux du Quai Branly ou encore du 40 de l’Avenue Hoche, il organise les programmes de Chochotte, il lui donne quelques idées (lorsqu’il en trouve), il commande le Champagne pour les réceptions (celui du Carlyle à NYC, c’était lui), il reste avec elle lorsqu’elle est interdite de Kazakhstan. C’est aussi lui qui lui écrit ses discours (pas encore ses chansons), elle qui peut à peine aligner deux mots dans les interviews qu’elle accorde. Pardonnons à Chochotte : ce n’est évidemment pas dans les cabines d’essayages de l’Agence City Models qu’on peut apprendre à parler, et ce n’est pas non plus avec Mick Jagger ou Eric Clapton qu’elle a pu réciter ses leçons.

C’est encore ce Grégoire-là qui lui a confectionné le premier Discours que notre First Lady tint devant sa Charity new yorkaise, fondation nouvellement créée pour recevoir les dons des riches Dindons en faveur des pauvres Séropositifs. L’Appel à l’action contre le Sida du 23 septembre dernier devant les responsables internationaux de l’ONU, c’était lui. Et c’est encore grâce à Monsieur Grégoire, spécialiste de la Santé publique et Grand Humanitaire devant l’Eternel, si soucieux de l’épanouissement de chacun et surtout de chacune, que Chochotte peut continuer son œuvre empreinte de piété et de grande humanité.

Notre Greg est bien évidemment sorti tout droit et bien fier des Grandes Ecoles (IEP Science-Po/stage à l’ENA). Il s’amusait d’ailleurs moyennement dans ses soirées-promo. De méchantes langues rapportent que le Sanflorain n’eut guère de succès auprès des Demoiselles – même auprès de la plus naïve d’entre elles – restant même en plan jusqu’à aujourd’hui. Le bonhomme grandissant va ensuite connaître l’itinéraire classique de ceux qui rêvent de grandeur, de ceux qui finissent Troisième Couteau (et qui ne peuvent guère porter leur arme plus haut, plus loin, plus fort).

(A suivre). (2) et (3)

Camus Albert, de Lourmarin.

Camus Albert de Lourmarin

Le Panthéon est l’obsession un peu infantile de Chouchou. BiBi avait déjà parlé du lapsus de Chouchou au cours de cet été. Chouchou avait confondu le patronyme de la Responsable des Verts(Cécile Duflot) avec Madame… Soufflot. A Paris, BiBi s’était souvenu que la rue Soufflot rejoignait la Place des Grands Hommes qui n’est autre que la Place du Panthéon. BiBi avait rajouté malicieusement : « Cher Chouchou, c’est là qu’il faut des cendres« .

Et bien entendu, cette obsession se double d’un calcul politique. Voilà donc notre Président qui remet ça avec les cendres de Camus, espérant qu’un peu de gloire par ci retombe un peu par là (c’est-à-dire sur lui). BiBi se souvient aussi de cette autre histoire drôle qui circulait entre Paris et New York. Chochotte parlait avec le Président Bush et lui demandait s’il connaissait Camus. L’ancien Président des Etats Unis fait une moue interrogative et reste un peu perplexe devant la question. Intervient alors Chouchou qui d’un joli accent américanisé apostrophe Bush : « Yeah ! Camus ! Camus !… Cognac Camus! »

Enfin, c’est un BiBi en bonne forme qui avait laissé tomber sur un gazouillis de Twitter : « Nicolas Sarkozy n’a jamais pu lire un livre de Camus. Et pour cause, il a chargé Besson de reconduire tous les exemplaires de l’Etranger aux frontières« .

Chouchou – qui est loin d’être l’agité que d’aucuns croient – est un Penseur malin. Avec son pool elyséen, il n’a de cesse de se pencher sur le rapport de forces qui traverse notre Pays. Le monde des Intellectuels a ses faveurs personnelles : il désire éblouir la galerie et il veut trouver un grand Homme pour asseoir une légitimité inexistante. Il désire aussi être à la hauteur de sa femme légitime qui, elle, rebelle raffinée ou Dame Patronesse distinguée, lit Proust, Nietszche dans le texte, connait par coeur Ferré ou admire Pasolini etc, tous inconnus jusqu’en 2008 de notre Président Bling-bling.

C’est vrai que lorsqu’on se moque de la Princesse (de Clèves, pas de Monaco), lorsqu’on débarque avec pour tout capital culturel les Oeuvres complètes de Didier Barbelivien, les refrains d’un Chanteur jauni, les prouesses de Gilbert Montagné, l’humour de Guy Carlier et de Jean Marie Bigard, on a pris beaucoup de retard pour rattrapper les Intellos de CM1 et de CM2. Et ce n’est pas la photo d’un Sarkozy très affairé, découvrant innocemment un exemplaire de Gérard de Nerval sous son bras, qui suffira à être de la Fête !

Rajoutons encore que ses amis de l’UMP versent, eux aussi, dans l’anti-intellectualisme. Prenez l’ami Eric Raoult : difficile de croire l’amour de Chouchou pour Albert Camus lorsqu’on veut mettre au pas et au Devoir de réserve les écrivains.

Aujourd’hui, BiBi apprend que le fils Camus refuse le transfert des cendres de l’écrivain au Panthéon. BiBi se souvient de cette Montagne du Chenoua qu’il escalada et de la beauté de Tipasa, un exemplaire de l’Exil et du Royaume en main. Il se rappelle son ahurissement à la lecture de l’Etranger ( les soixante premières pages). Il se rappelle l’amicale correspondance entre Camus et René Char, tous deux à une distance sidérale de tout devoir de réserve.

Jean Camus parle de « contresens » et refuse l’Opération manipulatrice de Chouchou. Si BiBi repasse à Lourmarin, il lui payera un verre.

Henry et les haines européennes.

La Main d'Henry

Pourquoi la main  d’Henry soulève t-elle autant de passion ? Pourquoi ne relève t-elle plus que du seul constat sportif ? Peut-être parce que l’incident est facile à comprendre pour tous, que tout le monde peut prendre position et affirmer les valeurs à laquelles chacun croit.

Le Football est un jeu dont les règles sont des règles faciles à comprendre. Le jeu est vu, il est pratiqué, compris autant par des poussins que par des vétérans et ce, dans le Monde entier. Le titre de l’Equipe du vendredi est d’ailleurs explicite : «Le Monde entier t’a vu tricher, Thierry». Le geste d’Henry divise autant qu’il rassemble, il interpelle en chacun de nous nos valeurs, valeurs historiquement datées de «Pureté, Dignité, Tricherie, Probité, Responsabilité individuelle, collective, nationale etc» et ce geste inattendu ou volontaire de la main les met à l’épreuve.

BiBi est frappé de constater que la tricherie d’Henry a suscité en Europe des rancœurs et des déchaînements rarement vus. En Espagne, les médias ont pris fait et cause pour l’Irlande, laissant éclater un sentiment anti-français exacerbé quasi général dans la presse ( barcelonaise ou madrilène). La haine de ces Faiseurs d’Opinion espagnols est féroce. Ils ont peut-être encore en travers de la gorge le but de Zidane qui élimina l’équipe d’Espagne en 2006 alors que tous les journaux d’avant-match ironisaient et se gaussaient de ce même Zizou vieillissant. Vengeance (ridicule bien sûr).

Haine des tabloïds anglais qui jettent les Frenchies dans la mare aux grenouilles avec l’ idée très british de se croire dépositaires eux-mêmes de l’Idée de Fair-Play. Rappelons quand même – pour tempérer ces prises de position et ces analyses outrées – qu’en 1966, l’Angleterre s’était vue accordée un non-but en finale contre l’Allemagne de l’Ouest. Rappelons aussi que l’entraineur anglais d’alors, Alf Ramsey, avait traité les joueurs argentins d’«animaux ».

L’Italie, elle aussi, n’est pas en reste, voulant nous faire payer les humiliations des «Macaronis» venant travailler en France au début du siècle dernier, voulant aussi se venger de la blessure sportive de la défaite en prolongations à l’Euro 2000. Haine, quand tu nous tiens !

Espagne- Angleterre- Italie- France : voilà quatre exemples exemplaires de la Fraternité européenne alors qu’on vient d’élire Monsieur et Madame Europe.

Et BiBi ne parle là que de l’Europe mais il a remarqué qu’une majorité de médias mondiaux est toute heureuse de pouvoir donner une bonne leçon à cette France qui – on doit le concéder – est elle-même depuis bien longtemps (depuis 1789 ?) et bien trop souvent perçue comme la Championne des Donneuses de leçons.

BiBi soupire : la Haine a encore de beaux et sombres jours devant elle.

Henry, Domenech, Sarko : main dans la main.

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La France (sportive) serait écoeurée, honteuse. Mais pourquoi l’être ? Nous sommes en Guerre et en temps de Guerre, tous les coups ( y compris le coup de main) sont permis. On peut regretter cette Logique ( BiBi en est le premier marri) mais elle est là, suplombant toutes les autres possibles.

Derrière cette équipe de France de Football, il y aura l’image de la Triche, une image qu’elle va traîner derrière elle et qui fait désormais partie de notre identité nationale dans le concert sportif international.

Henry, égratigné ici même pour sa pauvre participation au jeu de cette pauvre équipe fait déjà preuve d’amnésie et gomme l’intentionnalité de son geste (les images télévisuelles sont implacables pour montrer sa double main). Il dira presque que c’est le ballon qui est venu malencontreusement à sa main, main qui se trouvait là par hasard. On peut penser, sans vraiment se tromper, qu’Henry ne sera plus seulement perçu comme Capitaine légitime, comme porteur des couleurs nationales mais aussi – de façon latente – comme un Usurpateur.

L’Amnésie sur cette Triche a déjà commencé : silence de Sarkozy notre Président, silence de Rama Yade, silence d’un Domenech, silence des Commentateurs TF1. Rappelons qu’en finale de la dernière Coupe du Monde, c’est le quatrième arbitre qui regarda sur son écran de contrôle le coup de boule de Zidane et qui en informa l’arbitre de champ. Ce qui sera drôle, c’est qu’on va s’acharner à vouloir écarter ce geste de Triche, on voudra le faire absolument oublier. Ce trou de mémoire sur un geste qu’on voudra évacuer, sur lequel on ne voudra plus revenir (BiBi entend déjà les commentateurs, les journalistes, les Sponsors dire sur cette qualification : «Allez, on ne va pas remuer les vieilles histoires») reviendra – Freud l’a déjà écrit – par la fenêtre et pèsera d’autant plus par son «effacement». Et pèsera sur toute joie prochaine, un sentiment de malaise diffus.

On peut s’attendre que, pour un temps, l’Ethique de la Sportivité, les beaux Discours sur la Beauté du Sport, apanage de nos Dominants, soient remis au placard. Pour un Temps seulement. On a pu justifier le geste de Zidane en 2006 mais celui d’Henry sra plus difficile à digérer. Mais soyons sans crainte : on arrivera à le justifier (dans ce cas-là, on s’efforcera de le gommer).

A écouter les commentaires raisonnables, ceux des amoureux d’un Sport qui porteraient des valeurs de solidarité, de propreté, BiBi se dit qu’ils sont d’un autre temps, d’un temps qui n’a jamais existé. Le Football d’hier, d’aujourd’hui, c’est la Guerre. Et une majorité de Dominés participent à ce jeu social en se positionnant du côté des Dominants. Qui ne sera pas d’accord avec Chouchou, fier mais sans ostentation hier sous l’œil et le micro de TF1, disant que l’important est de se qualifier ? BiBi pense que toute victoire sportive est plus que du Sport. Et l’Equité, la Dignité, la Justice resteront celles qu’elles ont été depuis la naissance du Sport : des valeurs souterraines, dominées.

En Sport comme ailleurs, la lumière des Projecteurs ( de la Pensée) éclaire mais elle peut éclairer jusqu’à – dans nos comportements et conduites – nous rendre aveugles. BiBi, lui, n’a qu’une bougie. Avec sa flamme habituelle, il essaye de sortir de l’Ombre mais il est possible que, lui aussi, il encourage la France dans ses premiers matches en Afrique du Sud. C’est que… comme le disait Lacan, nous sommes des Sujets divisés.

Retour sur Raoult le Censeur et l’exquise Marie.

Eric et Marie

Sur le site de Causeur.fr, on peut lire une intervention d’Odile Cohen, avocate. Son article reparle des propos tenus par Eric Raoult qui ne sont pour Madame Cohen qu’une «sotte injonction» ! Après le discours d’usage sur la défense des écrivains (mais bah, ce n’est qu’une « tempête dans un verre d’eau» !), la collaboratrice de Causeur s’attaque à Marie N’Diaye en rappelant justement ses propos : «Cette France est monstrueuse…» Jusque là, tout va bien.

Mais l’ensemble de sa démonstration va prendre un tour bizarre car l’avocate va renvoyer dos à dos le cher Raoult et l’ecrivain Prix-Goncourt. Pour appuyer sa démonstration, elle va tronquer/rectifier les dires de Marie N’Diaye : «Ceci étant clairement dit, on a cependant le droit de trouver que Marie NDiaye est parfaitement à côté de la plaque. La France serait « monstrueuse », la droite, c’est la « mort et la vulgarité ? ».

CETTE France est subitement devenue : « LA France ». Petit tour de passe-passe (in)conscient ? Madame est avocate et on aurait aimé qu’elle fasse – comme probablement lors de ses plaidoiries – très attention aux mots, aux phrases, aux tournures employées. Or en transformant «Cette France» en «La France», c’est tout le sens et la portée des propos de Marie N’Diaye qui sont dénaturés. Il s’ensuit que la pseudo-démonstration est parfaitement déplacée. A vouloir ménager la chèvre et le chou, Madame l’Avocate se retrouve dans l’enclos, chèvre ligotée et corde au cou, à chevroter et à prendre la défense des Maîtres.

Plus direct et plus offensif est l’article publié par l’écrivain Christian Salmon ( Le Monde lundi 16 novembre). Il écrit : « La Déclaration d’Eric Raoult porte atteinte non pas seulement à la liberté d’expression d’un écrivain, il met en cause la liberté tout court, celle qu’a tout citoyen de trouver en effet « monstrueux » de reconduire manu militari des Afghans dans leur pays en guerre, « monstrueux » de traquer des enfants sans papiers dans les écoles maternelles, « monstrueux » de criminaliser ceux qui prennent leur défense etc… »

Un article sans Chèvre ni chou… ce chou gras qui fait la soupe un peu indigeste de Madame Cohen.