Category Archives: Catégories

L’Odyssée de BiBi (en Mer Egée).

En partance pour les Cyclades

L’Actu de BiBi, c’est qu’il existe des hommes, des femmes, des enfants, des chiens, des chats qui vivent loin de France et pour qui la France se réduit au plus simple, à la portion congrue, à la petite Image d’Epinal. Dans ces coins-là – Athènes et les Cyclades – même la langue française y est de peu d’utilité. C’est EuroNews TV, c’est le Herald Tribune qui dominent outrageusement la partie.
Alors BiBi, analphabète, regarde, scrute, jauge, dissèque, décortique. Voilà même qu’il se met à penser autrement. Il se souvient du mot de Picasso : «  Quand je lis les livres du physicien Albert Einstein auquel je ne comprends rien, ça ne fait rien : ça me fera comprendre autre chose».
BiBi, sur la Mer Egée, paraphrase en chantonnant : «  Quand je voyage dans un pays dont je ne comprends ni la langue ni l’écriture, ça ne fait rien : ça me fera comprendre autre chose ». Ici, cet « autre chose », rajoute BiBi, c’est d’abord et surtout « autre chose que les clichés sur la Grèce ».
Dans son Odyssée de huit jours et huit nuits, BiBi se drape en aède, livrant ses impressions, délivrant en quinze ses expressions…

Le Peintre et ses amis.

Chagall

Ce qui surprend dans la vie des peintres (1), c’est le nombre d’amis qui sont là, à l’atelier ou sur la terrasse, au jardin ou dans la serre. De ces amis qui proposent le gîte et le couvert, qui lèvent le voile et le coude et qui tâtent aussi du pinceau. La peinture est un travail de solitaire – mais contrairement à l’écriture – il est immédiatement partagé. On montre, on laisse voir aux proches, aux potes, aux amours. Voyages, mobilité, amitiés. Il y a là comme un monde qui sera à jamais interdit à BiBi.
Dans l’écrit, on est dans une solitude crasse : difficile de trouver un ami disponible à qui refiler immédiatement ses tableaux, à qui faire renifler ses travaux. Il est souvent absent le lecteur solide, bien campé sur ses deux jambes.
Pour tout au monde, BiBi donnerait un lien, une corde, un bout de ficelle, un filin, un câble pour s’amarrer à la chaîne des peintres.

(1) « Marc Chagall » par Pierre SCHNEIDER (Editions Flammarion).

La Beauté de Larache (Maroc).

Larache (Maroc)

M’est revenue la beauté de Larache…

Me sont revenues les ordures de novembre déversées sur la plage encastrée dans les roches rouges. Des ordures, des immondices colorées, des guirlandes épousant les dessins fins des ravines, des ordures comme des mots qui se jetteraient dans quelque recoin inatteignable. Un thé mentholé au « Cervantès », le  bistrot de Jean Genet qu’il fréquenta les 12 dernières années de sa vie. Et encore cet autre souvenir, cette conversation d’hotel entre ces deux hommes, deux ingénieurs français, dont l’un disait que l’eau serait dans les années futures le bien le plus précieux… pour son entreprise. Longue discussion sur la longue barre qui envoie les vagues à pleine puissance sur la côte, au nord de Larache. Les Travaux Publics marocains devaient aller chercher loin des gros cailloux jusque dans l’intérieur des terres pour les ramener et éviter l’ensablement du port. Au crépuscule, Mohammed, un habitant du quartier du Cimetière arabe me parla longuement de l’ami de Jean Genet et de sa tante enterrée du côté de Meknès. « Deux gros cailloux. L’un pour la tête, l’autre pour le corps : rien de plus. Comme pour ta tante » avait dit l’écrivain à son ami marocain en lui parlant de sa propre pierre tombale.

Des fictions qui disparaissent.

Tornade

Il est de milliers de fictions qui m’arrivent, mais elles m’arrivent émiettées, par bribes, comme détachées, par morceaux, par lambeaux. A peine si elles se rappellent à mon souvenir. Tant de vers mort-nés, tant d’histoires fantastiques et de projets prodigieux perdus. Ces fictions passent à la vitesse de la lumière, elles passent que déjà elles se perdent, que déjà s’impose un autre embryon de fiction qui à son tour s’évanouira. Ne restent plus qu’en mémoire des traînées fulgurantes, des élans impossibles à fixer. Ces accumulations me sortent pourtant de la torpeur du Quotidien.

Dick Fosbury, un sauteur qui a pris de la hauteur.

[dailymotion x2f4ju]

 

BiBi a toujours aimé ceux qui ne font rien comme personne, ceux qui lèvent le doigt quand il ne faut pas, ceux qui haussent les épaules devant les conseils trop pédants, ceux qui s’entêtent malgré les quolibets tout autour. BiBi aime imaginer que Dick Fosbury était de ces gamins obstinés et malins, pas prétentieux mais avec une bonne dose d’orgueil. «  Faire au mieux dans le temps qui nous est réservé », voilà ce qu’écrivait la poétesse Marina Tsataeeva. Le temps d’une Olympiade, Dick Fosbury fit au mieux ce qu’il pensait devoir faire.