Trierweiler, Trierweiler, Trierweiler, les blogs et Twitter.

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Je n’ai pas lu le livre de Valérie Trierweiler.

J’ai plutôt profité de ce temps libre pour parcourir et m’attarder sur ce qui s’est écrit sur le Net (Blogs et Tweets) et dans quelques journaux à ce propos.

Plantons le décor en deux tweets. L’un est une parfaite analyse condensée de Christian Salmon : «Seule révélation de Trierweiler  : Quand la politique renonce à changer le monde, elle s’enlise dans le Storytelling». Le second est de Marie-Anne Paveau qui relève posément et justement les effets de cette Storytelling sur le fil Twitter: « ‏@mapav8  : «Le fil #trierweiler est d’une telle violence, elle doit finalement en toucher des choses, cette femme».

 *

 Ce qui saute en effet immédiatement aux yeux et aux oreilles avec la parution du livre de Valérie Trierweiler, c’est l’extrême violence des propos, des commentaires, l’accumulation incroyable des invectives. Pour BiBi, sans discussion possible, les trois raisons essentielles de cette mise au pilori sont autant de rappels très banals :

1. c’est parce que Valérie Trierweiler est une femme.

2. c’est parce que c’est UNE journaliste qui travaille dans ce torchon qu’est Paris-Match.

Et accessoirement, 3. c’est une Blonde (raison de plus pour s’en méfier !). Lire par exemple le billet de Gilles Johnson (supporter de Hollande) qui intitule son billet : «La vengeance (aveugle) d’une blonde» … 

Blonde et surtout… violente.

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Une violence qu’on lui attribue par ce simple procédé de «c’est celui qui y dit qui y est». Politeeks rappelle qu’elle a été «violente» en deux circonstances . Une première fois, elle détruit une loge à Rennes…(«Ceci est une manifestation de jalousie avec acte de violence sur des objets»). Remarquez le mot violence : il est en gras. La seconde violence est dirigée sur des personnes : «Voici donc un autre acte de jalousie violente : elle a donc envisagé de se venger sur les policiers protégeant Hollande ?» (L’envisager est assimilé ici à… le faire dans le Réel). Autre extrait : celle qui vient de publier (juste publier, hein ?) «vient de commettre un attentat politique». A l’image de ces adolescentes caractérielles, cette «violence» n’a rien d’étonnant : VT est une «adolescente éconduite» (Et dieu sait où ça nous mène ces amoureuses immatures !) qui ne sait pas écrire, manipulatrice de surcroît. (Le «sans dents» sent le rajout de dernière minute»).

Pourtant on avait aimé le préambule de sa lecture du livre : «Le livre n’est pas nul, on apprend des choses sur l’affaire Cahuzac» (Rhooo, dommage que ces choses-là ne soient pas évoquées, BiBi aurait bien aimé en savoir plus sur ces «choses» politiques). Mais le blogueur – qui admirait Hollande en 2012 – persiste en rajoutant : «si toutefois elle ne ment pas».

Ce qui passe pour tant d’autres (se raconter jusqu’à l’overdose, pondre des écrits autobio, être invité dans les Médias à pérorer sur soi etc) ne passe pour Madame Trierweiler, lui serait interdit.

Inventaire des qualificatifs.

Blogueurs

«Femme aigrie et aveuglement revancharde, pour ne pas dire irresponsable» (Gilles Johnson). C’est une menteuse («Toujours est-il que les propos qu’elle tient dans le livre sur sa goujaterie et son ignominie ne sont pas crédibles»), une sorte de Cosette (Jegoun). Dans ce billet, un com’, celui d’Apolinne : «Mon opinion est qu’il s’agit d’une bonne femme qui n’a pas plus d’idéal de gauche que toi et moi ne sommes évêque, qui est une arriviste opportuniste». La figure de la Menteuse (parangon de la Femme dont il faut se méfier) revient très souvent. Chez Didstat par exemple (autre blogueur de soutien à Hollande), c’est l’évidence (donc l’«argument» est à ses yeux imparable) : «Comment peut-on croire cinq secondes que FH déteste les pauvres ? Comment détester les pauvres quand on est de gauche depuis toujours?» Madame la Menteuse est aussi une intrigante : (On se croirait à la Cour de Versailles)«Bon vent, madame l’intrigante». C’est le même – Fernand Bloch-Ladurie, historien, blog Didstat – qui la qualifie ainsi. (Pourquoi le livre de Valérie Trierweiler est un tissu de mensonges).

Chez Grosse Fatigue, les arguments sont honteux, presque à en vomir. Les qualificatifs sont sans retenue : «François Hollande me plaît aujourd’hui. Le voilà attaqué par quelque pute bourgeoise aux traits tirées, rien pour inspirer l’amour et pour laquelle Eva Braun ressemble à la tendresse».

La Plume d’Aliocha en reste, elle aussi, au temps des Courtisanes. VT se double d’une profiteuse sans scrupules, déjà nourrie par l’argent de la France (apprécions ce titillement populiste): «une courtisane peut déjà, après avoir coûté les frais d’un cabinet à la France et profité de ses largesses, espérer devenir millionnaire en droits d’auteur pour se consoler de sa rupture».  Pour cette blogueuse, il n’y a pas que Valérie Trierweiler comme responsable, il y a aussi «nous» autres, les «consommateurs». Nous jugeons la démarche de VT scandaleuse mais nous encourageons «le système médiatique à poursuivre dans ce sens». Pas une nouveauté cette pulsion de tout dévorer, Madame Aliocha : Pierre Michon disait déjà, à juste titre, que nous étions «des crapules romanesques».

Courtisane mais pas loin du caniveau. Au hasard relevons ce tweet : «Trierweiler se voulait être Première Dame de France elle a réussi à être Première Dame du Caniveau, bravo !».

*

Anne-Marie Rocco, grand reporter à Challenges, argumente, elle, d’une bien curieuse façon. D’abord en s’arrogeant le droit de parler au nom DES femmes et – allons-y gaiement – au nom de… La République! Et secundo, en reprochant à VT d’avoir écrit et parlé car elle donne – via son livre -une «image catastrophique de la femme». Notez là aussi ce « LA » femme. Et VT lui fait si peur qu’elle termine son billet ainsi ! «La République n’avait pas besoin de cela, les femmes non plus. Voilà pourquoi j’ai décidé de ne pas lire ce livre».

Un trouble (chargé très très souvent de haine et… d’humour).

Adjani Klaus Kinski

Dans ce trouble qu’engendre la sortie de ce livre, certains combattent leur désarroi par l’humour. L’humour : on sait depuis le Père Freud ce que cela recouvre : des pointes d’agressivité masquées. Avec, souvent, le dernier mot pour un Hollande, amateur de bons mots, espiègle, sauvé tout en étant beau joueur : «Si le Président de la République pouvait répondre à Valérie Trierweiler (après la sortie de son livre « Merci pour ce moment « ), je pense qu’il dirait (ou qu’il se dit): De rien, c’était un plaisir». (EXTIMITeS)

Chez Rue Affre, ça rigole aussi. Mais les moqueries vont au Roi de la République. «Alors tant pis ! pour tous ses reniements, ses remaniements, pour tous ses renoncements avant même d’avoir commencé, pour nous avoir ouvertement pris pour des jambons, pour nous avoir craché son Valls au visage, son Macron dans les dents, moquons nous, défoulons nous, amusons nous du guignol… » Retenons ce commentaire plus politique du «Lyonnais» : «Je me souviens de Pierre Bourdieu me disant, au milieu des années 1990 : «Ce pur produit de l’ENA qu’est François Hollande se faisant élire à Tulle, c’est la fin de tout ! Ca veut dire le Front national à 20 % dans dix ans».

Vie privée

De son côté, Bourgeoise-Bohême garde le sens de l’humour dans son billet sur le livre et on tâchera d’y lire – en sous-main – quelques possibles vérités : «Lorsque vous ouvrirez la première page, vous messieurs vous serez des voyeurs mais pas nous !» «Nous nous sommes des femmes c’est pas pareil alors lire la vie d’une femme on aime bien. Tous les Sissi Impératrices et ces conneries à l’eau de rose (c’est le cas de le dire) ont été écrites pour nous les femmes. On aime bien aussi les histoires d’alcôves monarchiques et royales et de femmes de Président».

Autre femme qui aime bien lire la vie d’une femme, c’est la blogueuse Marie-Anne Paveau. Elle fait un intéressant rapprochement entre le livre de VT et celui d’Annie Duperey («Le Voile Noir»). Deux auteures qui sont toutes deux des personnages publics.

Conclusion (provisoire ?)

Je ne suivrais pas SarkoFrance jusque dans ces hallucinations ni ne resterais scotché à cette «impression de désastre» qui  «nous saisit». Je laisserais plutôt la conclusion de mon billet à ceux qui l’ont ouvert. A Anne-Marie Paveau  : «Pas de quoi en faire une affaire ni en vomir sur Twitter» et à Christian Salmon que je rejoins sur ce point primordial et crucial : «Seule révélation de Trierweiler : quand la politique renonce à changer le monde, elle s’enlise dans le storytelling».

9 Responses to Trierweiler, Trierweiler, Trierweiler, les blogs et Twitter.

  1. Un partageux dit :

    Partageux : un blogue qui ne consacre pas un seul mot à madame Trierweiler.

  2. BiBi dit :

    @partageux

    Pour ma part, ce n’est pas sur Madame Trierweiler que je me suis arrêté mais sur les effets surprenants qu’a occasionné la sortie de son livre. Propos machistes, misogynes, commentaires orduriers, insultes etc absolument incroyables. Et de la part de journaleux, de blogueurs dits de gauche (pour beaucoup). Le qualificatif qui revenait, c’est surtout celui de « menteuse ». Je me garderais bien d’écrire mon avis là-dessus mais comme « mensonge », j’en ai connu un : c’est celui du Bourget où un certain futur Président annonçait que « l’ennemi, c’était la Finance » !!

    Tu as remarqué que j’ai d’emblée signalé que je n’avais pas (encore ?) lu son best-seller. Pas besoin de l’acheter, je le retrouverais sur les étagères d’Emmaüs ou sur celles du Secours Pop dans trois mois.

  3. Un partageux dit :

    J’avais bien saisi ton propos. ;o)

    J’avoue avoir été une fois de plus étonné tant par la nature que par l’ampleur de cette onde autour de la sortie d’un livre (qui ne restera sans doute pas dans les annales). Des auteurs qui n’ont peut-être pas de préoccupations quotidiennes pour faire bouillir la marmite ou qui pensent que les quelques chômeurs, RSAstes, mal-chauffés mal-logés mal-soignés et désespérés de notre pays passent loin derrière un couple déchiré…

    Pourtant je me souviens notamment du raffut mondial autour de la relation de Clinton avec une jeune stagiaire. L’unique texte que j’ai lu à ce sujet en vaut la peine. D’aucuns auraient dû le lire avant de se lâcher :
    http://www.vanityfair.fr/actualites/international/articles/le-tmoignage-exclusif-de-monica-lewinsky/15511

  4. bembelly dit :

    Je note et souligne cette ligne: « L’humour : on sait depuis le Père Freud ce que cela recouvre : des pointes d’agressivité masquées. » Donc, faire de l’humour c’est masquer une agressivité, c’est ça?

    1ère nouvelle, merci…

  5. BiBi dit :

    @Bembelly

    Tu as bien compris ce que le père Freud voulait dire.
    Oui le jeu de mot est par nature ambigu.
    D’un côté, on retient la gouaille, le fun pour amuser/épater la galerie. De l’autre, cela permet de laisser cours à justement cette agressivité camouflée. Autrement cette dernière serait difficile à faire passer.

    Il va de soi que cette agressivité reste du côté latent et ne présente pas ainsi (mais plutôt inconsciemment).
    C’est le génie humain que d’avoir inventé histoires drôles ou attaques humoristiques envers soi et/ou envers les autres. Ce moment pulsionnel où l’on rit de la Vie (pour oublier qu’on mourra un jour… Grrr…), où l’on rit aussi de son propre travail.

    Au Salon du Livre, j’avais rencontré un journaliste qui me disait que les titres des articles de son journal (Libération) avec jeu de mots dedans était agressivité masquée. J’avais demandé : « Euh… mais contre qui cette agressivité ? » Il m’avait justement répondu que c’était contre le journalisme tel quel, contre la forme de journalisme qu’il était obligé de pratiquer. Comme de parler/écrire avec légèreté de choses graves. Vilaine habitude que celle d’insérer un titre humoristique jusque dans le titre d’un article grave. Demandons-nous pourquoi ?

    Et je crois que dans ton humour sur les rapports Hollande/Trierweiler rapportés avec drôlerie, il y a une petite pointe contre la Dame Trierweiler derrière puisque le dernier mot (très drôle) appartient à Hollande.

    Mais je n’ai évidemment pas la science infuse car « errare – comme faire de l’humour – humanum est ».

  6. Bembelly dit :

    Très belle réponse…
    Cependant, ne pas approuver l’ex Dame du château n’induit pas une « agressivité » quel qu’en soit la forme. L’humour peut masquer une indifférence, voire une distance sur un fait non important. Y voir autre chose c’est peut être freudien (je n’en sais rien), mais c’est une approximation très peut flatteur pour le Père de la psychanalyse.

    J’étais loin de me douter que « l’oeuvre littéraire de @Valtrier » relèverait d’une si sérieuse analyse.

    😉

  7. BiBi dit :

    @Bembelly

    Bien sur, que tu n’approuves pas l’écrit de Madame Trierweiler, tu en as le droit comme tu as le droit absolu de contester mon sérieux dans l’analyse.
    Mais cette réticence à y voir de l’agressivité (derrière l’humour), le Père Freud l’appelle aussi une « résistance ».

    « Un fait non important » écris-tu encore.
    Mais ce qui m’a paru au contraire important c’est la prolifération des discours tenus sur ce fait « non important ». A commencer par le nombre de billets de blogueurs de « Gauche ». Cette femme-là a touché quelque chose d’important. Il suffit de lire les propos virulents et insultants de Grosse Fatigue et l’analyse de Politeeks que j’ai rapporté dans mon billet.

    « L’oeuvre littéraire de @valtrier » ? Je ne crois pas avoir écrit cela. Ni oeuvre, ni oeuvre littéraire.
    Encore aujourd’hui, j’ai écouté un François Morel dans sa chronique de France-Inter bien faiblard. Il causait du style de Madame avec… humour. Mais j’y ai décelé – derrière sa gouaille – une réelle et bien mal placée animosité/agressivité contre elle.(C’est mon avis of course)

    Et si tu m’as bien lu, je ne m’intéresse pas du tout du tout aux secrets d’alcôve, aux propos conjugaux etc (je n’ai pas lu le livre).
    Je relève qu’il y a quand même quelque chose de totalement absent, c’est le côté politique. J’ai lu ( par exemple dans le billet de José Fort, dans un passage tweeté par uy Birenbaum) des extraits du livre qui donnent le ton sur les « revirements » politiques de Hollande, sur « le changement que nous attendions », sur la Gauche-caviar (allons-y vite pour la nommer) qui entoure le Président.
    Et là, on fait silence quasi-total.

  8. bembelly dit :

    Pour faire simple, je dirais: « En politique, on ne peut être agressif sur ce qui n’existe pas ». Ce livre pour ne pas dire cette confession ultime qui s’immisce dans la vie politique ne relève pas de la chose politique, les interprétations hasardeuses qui en découlent faussent la lecture sur ce qui doit l’être. Aussi, je me garderai d’en faire une référence pour lire avec fruit les contours (et convictions humaines) de l’Etre (objet du livre) noyé dans tant de « gentillesse ».

    Oui, l’association « Trierweiler-&-agressivité » s’impose et je te rejoins sur ce point, la question est de savoir de qui émane cette « agressivité »?. Et, la distance affichée sur un fait somme toute « agressif », est-ce de l’agressivité?

    Question.

  9. BiBi dit :

    @Bembelly

    Vaste débat que de (chercher à) savoir ce qui est politique et ce qui ne l’est pas.

    Je relève juste que ce qui est dit de « politique » ( que j’ai signalé via José Fort et Guy Birenbaum) est censuré par les commentateurs (en particulier de « gauche », celle-là même qui appuie les orientations désastreuses du PS (du pouvoir).

    Une des façons de prendre ses distances vis-à-vis de cette affaire peut se faire via l’Humour. Loin de moi de critiquer cette position. Vive la diversité.
    Et je préfère l’humour-bembelly aux insupportables « Blondasse de Pute » etc.
    Je disais juste que l’humour et le jeu de mot en rapport avec l’Inconscient camouflent de l’agressivité.On peut ne pas être d’accord et je ne suis pas là pour te convaincre.

    Et tout ce que je dis sur l’humour, notion ambiguë, camouflage d’agressivité, tu pourrais bien entendu l’appliquer complètement à l’humour-bibi. (Se) balancer des vannes vaudra toujours mieux que de (se) balancer des pains sur la gueule. Là-dessus, je crois que nous sommes au moins d’accord.

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