Grands Patrons à la casse ?

Grands Patrons à la casse ?

Comme aux Temps révolus, certains dirigeants de grandes entreprises aimeraient rester invisibles, passer inaperçus, faire leurs petites affaires sans avoir à affronter le regard public mais les Temps changent. Les voilà sur la sellette. A leurs corps défendant parfois. Certains – les plus performants – ont su que l’ère était nouvelle et qu’il valait mieux orchestrer sa propre médiatisation que de la subir. On aurait tort de croire cependant que ces coups de projecteurs jetés sur leurs personnes font avancer les libertés. Pour Bibi, cette Lumière aujourd’hui nous aveugle et cache l’Essentiel : les rapports de forces, les contraintes d’airain pour de plus en plus de salariés, la précarisation, le chômage grandissant, la baisse du pouvoir d’achat. Eh oui, c’est la Ronde du Monde : les malheurs des Petits font le bonheur des Grands.
Beaucoup de ces Grands Patrons ne tiennent pas le coup car la pression est intense. Ils se doivent d’être performants, séducteurs, souples, fermes, inspirés. En quête permanente d’une reconnaissance professionnelle et affective, ces Boss n’en peuvent plus : ils quittent leur poste, volontairement ou non. Leur nombre n’a jamais été aussi élevé. Ainsi, tous les deux jours, un des mille boss du classement Fortune quitte la tête de son entreprise.
Ces grands dirigeants personnifient leurs entreprises et la cote de popularité est souvent déterminée par l’image de marque de leurs Capitaines. Pour exemple, Michel-Edouard Leclerc qui n’a pas hésité à se montrer en créant un blog où il est question de tout : de son intimité, de ses hobbies, de ses prises de position, du tracas de ses clients de ses Hypermarchés. D’ailleurs, depuis la « naissance » de cette « Nouvelle » Economie (Le Capitalisme financier pour parlerBiBi), la terminologie de ces dirigeants qui risque d’emporter le morceau, c’est : « Capitaine d’Industrie ». La métaphore sportive vient rappeller le capitaine d’Equipe (de foot) supervisé par un « Coach ».
Donc, ils se montrent…

Dans les années 90, Jean-Marie Messier nous montrait ses chaussettes trouées dans Paris-Match. Aujourd’hui, il n’est pas rare que le Camarade Lagardère soit visible dans les pages de l’Equipe. Son Team Lagardère est incontournable dans le paysage sportif et industriel français. Bernard Arnault place sa fille chez Dior avec les photos de Paris-Match. Vincent Bolloré prête son yacht et s’en vante, investit les écrans télévisés. Le « charisme » est cette vertu qui tient paradoxalement du spontané et d’un apprentissage. Il devient cette première qualité attendue. BiBi ne s’étonne alors pas devant le succès de ces formations à la… Com et du développement du coaching – subtile technique de séduction et de manipulation sous couvert d’apprentissage.
Le « charisme », l’aura, le rayonnement de ces Capitaines d’Industrie est de plus en plus visible, non parce qu’il s’agirait pour ces Grands Patrons de changer leurs habitudes mais parce que les performances de leurs entreprises sont en jeu. Le charisme d’un haut dirigeant influe sur la performance de l’entreprise entière et détermine le niveau de confiance et d’implication de l’ensemble des collaborateurs.
Ils délèguent souvent cette aura aux Coachs, ces « Athlètes de l’Entreprise », ces «  Donneurs de souffle » qui se mettent à niveau de leurs équipes, avec une « qualité d’écoute extraordinaire ». Ils sont « créatifs », « humanistes », « visionnaires », capables d’être mobiles et ils ne se laissent pas arrêter par les frontières. Ce sont les «Rimbaud de l’Ere moderne » !
Bien entendu, ils sont sous pression et cette pression justifie à leurs yeux les golden parachutes et les salaires dont l’augmentation est significative : ( + 15% en 2006, + 9,4 en moyenne en 2004, + 14 en 2003) et BiBi ne compte pas le tapis de leurs stock options !
Ce sont donc  les nouvelles techniques managériales, nécessaires dans le développement de ce Nouvel esprit du Capitalisme qui les poussent à la visibilité, à l’ostentation, à la suffisance nauséabonde ou à… l’humilité.
Gageons que nous allons découvrir dans les années qui viennent de plus en plus de Grands Dirigeants, ces stars du Cac 40, sur les supports médiatiques et publicitaires. Ces Nouveaux Princes envahissent les librairies, les halls de gare et étalent leurs failles, leurs secrets, leurs pudeurs, leurs souffrances d’antan, leur papa, leur mamma, leur tata, leurs dadas. A la télé, Michel Drucker se chargera d’être leurs porteurs d’eau, une fois qu’il aura épuisé les représentants politiques. Aujourd’hui, Nonce Paolini, Laurent Solly n’ont plus de honte et de retenue à envahir les espaces médiatiques. Malheur à celui qui sera en déficit d’image !
Ainsi, Carrefour voit son activité ralentie depuis l’affaire Daniel Bernard président licencié et de ses trente huit millions d’Euros touchés, équivalents à « 2462 années de salaire au SMIC » et doit retrouver une image nouvelle pour se relancer. BiBi ne comprend pas autrement par exemple, le départ du Président du directoire du groupe Accor, Jean-Marc Espalioux, « remercié » en dépit de résultats financiers tout à fait honorables. L’énarque, dont les qualités de gestionnaire avaient séduit dix ans plus tôt les banquiers et les actionnaires, a été accusé de manquer de… charisme. C’est ainsi qu’on rassure les Actionnaires…
BiBi vous racontera prochainement de quelle façon ils se retrouvent dans ces cercles d’influence très très select et entretiennent leurs forces et leur puissance (via les réseaux).

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