Conseil de voyage à Mme Trierweiler: après Ouistreham, Vichy ?

Valtrier 2

Ce mercredi 20 août, un curieux tweet est venu se déposer sur mon écran. Il arrivait tout droit de Madame Valérie Trierweiler @valtrier, l’ex-«Première Dame» de France.

Ce jour-là, elle accompagnait des enfants de la ceinture parisienne jusqu’à la plage d’Ouistreham, surtout connue pour être l’endroit du Débarquement. D-Day donc pour ces jeunes invités du Secours Populaire, jeunes qui – pour la plupart – n’ont jamais vu la mer. Plus qu’une plage, Ouistreham, c’est une page historique de notre pays, une page que Madame Trierwiller n’aura surement pas manqué de leur lire.

J’applaudis mais, étrange coïncidence, à ce moment précis, je finissais le terrible livre de Louis Calaferte («C’est la Guerre»), un récit de 39-45 raconté par deux enfants de onze ans.

Calaferte

L’un vit à la campagne. L’autre à la ville. Ce sont des notations, des instantanés de cette Guerre (de la Drôle de Guerre à la Libération). Rien n’est occulté : à tour de rôle, les deux enfants rapportent aussi bien le jour de la Mobilisation au village, les exécutions sommaires dans les rues de la ville, la présence incompréhensible et très minoritaire des résistants (qualifiés de «terroristes») que les exactions des miliciens (français) etc. Ils font un portrait au vitriol de Pétain chef de la «France des bénitiers». Le style est concis, tranchant, impeccablement pris sur le vif. On aurait très envie de se transformer en prof d’histoire avec ce livre sous les yeux. Sur que les Oubliés des Vacances du Secours Populaire comprendraient tout dès leur première lecture.

Pétain

C’est vrai qu’en France, on a tendanciellement un désir constant en présentant cette période : celui de ne présenter que les bons côtés de notre Histoire (ici le Débarquement, l’héroïsme, le prélude à la Libération, les combats) oubliant non seulement les lâchetés d’une certaine populace, les intérêts individuels sans égards pour quiconque mais aussi la responsabilité de l’Etat français, de son personnel, de ses appareils, de sa Police.

Milice 2

 Je retournais à mon écran pour relancer notre ex-première-dame-de-France via ce tweet :

BiBi

Car Ouistreham n’est que la fin dramatique et l’épilogue libérateur de cette époque. J’espère qu’en cette seule journée, on leur aura fait découvrir le courage de ces jeunes américains, anglais et français de l’étranger, on leur aura parlé de l’Occupation allemande et de la participation active de cette France bornée, de cette France du bénitier dont parle Calaferte avec justesse et férocité. Et si Le Secours Populaire et sa Marraine cherchent une prochaine destination à leurs enfants pour août 2015, je leur conseillerais bien Vichy (et ma visite de la ville en 2009 consignée dans le présent blog) pour finir leur aventure d’un jour. Vichy est une très agréable ville thermale, une ville qu’un certain François Mitterrand ne visitera plus après 1941, une ville dont la visite complétera avec bonheur la leçon d’Histoire commencée à Ouistreham.

3 Responses to Conseil de voyage à Mme Trierweiler: après Ouistreham, Vichy ?

  1. Auxi dit :

    Rien à redire, Bibi, sauf une chose : les vacances au bord de la mer, ce n’est pas une misérable journée, c’est au minimum un mois. Il faudrait pourvoir signaler ce fait à la dame patronnesse Trierweiler, et aussi que la charité, dont elle semble toute fière, c’est le contraire de la justice, parce que c’est le fait du prince, son bon vouloir, son bon plaisir. Une journée ? Madame la Duchesse est trop bonne !

  2. BiBi dit :

    @Auxi
    C’est vrai ce que tu dis. Rien à en redire.
    Mais découvrir la Mer quand on ne l’a jamais vu, ça peut être un choc aux effets insondables, une ouverture bienfaisante et décisive. Pour ma part, né au bord de l’Atlantique, je n’ai pas été de ces enfants-là. Mon paysage découvert en autodidacte fut la littérature, ses vagues, ses tempêtes. Je suppose que ça a du faire le même effet à (certains de) ces enfants.

  3. Anne-Marie dit :

    J’ai voulu commander ce livre chez mon libraire, mais il n’est plus disponible (aussi bien à l’Arpenteur qu’en poche), dommage.

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