L’Auberge espagnole.

   Don quijote

L’Espagne nous a offert le meilleur (Cervantès et Miro, Goya et Lorca) mais aussi le pire (Franco et l’Inquisition). BiBi s’est inscrit pour la Vuelta et a  fait le (petit) tour de ce pays en demi-teinte, entre noir et blanc, entre sang et or. Au bilan final, il a surtout traversé des zones grises.

1. Cristina Perez est la femme du sulfureux Docteur Eufeminio Fuentes. Elle est aussi une ancienne championne espagnole d’athlétisme, soupçonnée de dopage aux JO de Séoul en 1988. Elle fut médaille de bronze sur 400 mètres lors des championnats d’Europe en salle de Liévin, en France, en 1987. Son Docteur de mari, lui, avait été au centre des affaires de dopage Puerto qui avaient secoué le cyclisme européen et le football espagnol (les deux grands clubs de la Liga avaient été  mis en cause). La femme du Docteur a donc déclaré au journal La Provincia : « Je pourrais décapiter le sport espagnol si je révélais ce que je sais » et plus loin «  je sais ce qui s’est passé lors des JO de Barcelone en 1992 ( les Jeux de la Dream Team et de Carl Lewis). Je suis une boîte de Pandore. Si elle devait s’ouvrir, elle mettrait le sport espagnol à genoux ». Selon elle, «beaucoup de médailles olympiques » espagnoles ont été obtenues grâce à son mari. L’Espagne avait remporté 13 médailles d’or, un record, aux JO de Barcelone.
Elle conclut par un silence qui en dit long : « Je me tais, mais je parlerais bien pour couler tous ceux qui sont mêlés à ce petit monde ». Son mari avait déjà lancé le pavé dans la mare avant de se rétracter. Guy Béart chantait que « celui qui disait la vérité devait être éxécuté ». Cristina Perez a choisi la Vie contre la poursuite de la Vérité : comment lui en vouloir ? De toutes les façons, BiBi et ses amis ont compris.

2. Une bonne partie du peuple espagnol espérait ouvrir les portes jusqu’ici scellées du Franquisme et remettre en question le Pacte de l’Oubli, loi d’amnistie votée en 1977 au nom de la Réconciliation nationale.
Le juge Baltasar Garzon voulait comptabiliser le nombre de personnes tuées à partir du 17 juillet 1936, date du Coup d’Etat qui devait entrainer la guerre civile. On estime à 114000 le nombre de fusillés par les franquistes et enterrés dans des fosses communes.
Treize associations pour la récupération de la mémoire historique s’étaient déclarées plaignantes, et c’est en leur nom que le juge avait décidé cette démarche. Il s’agissait, après enquête, de déterminer où sont enterrés les disparus. La loi sur la mémoire historique obligeait les administrations à mettre à disposition des familles des éléments permettant de retrouver les leurs. Seules la Catalogne et l’Andalousie avaient dressé des cartes de ces fosses communes.
Au final, le juge a abandonné sous les pressions hostiles de l’Audience nationale, la plus haute juridiction espagnole. L’Eglise, le Parquet et la Droite conservatrice ont eu raison de l’obstination du juge. On enterre une seconde fois ces morts qui criaient « Vive la République ». Dans l’Espagne d’aujourd’hui, ceux qui crient « Viva la Muerte » bombent le torse à nouveau.Une porte se referme mais les Morts restent vivants.
3. Pendant ce temps, Juan Carlos et son épouse Sofia offraient une vaste fresque de 1400 mètres carré, œuvre de Miquel Barcelo pour la Salle XX du Palais des Nations à Genève. L’inauguration s’est faite en présence du Premier ministre turc, du Président de la Confédération Helvétique et du Secrétaire de l’ONU. Juan Carlos aurait du inviter les familles des fusillés espagnols, de celles dont on bafoue la mémoire en faisant silence sur le passé de la Guerre Civile. La toute nouvelle salle a un nom : Salle des Droits de l’Homme et de l’Alliance des Civilisations. Un château en Espagne que cette salle.
Le financement de ce plafond a coûté 20 millions d’euros et la majorité des fonds provient de la Fondation ONUART qui est alimentée par les Grandes Entreprises démocratiques espagnoles. Citons : Telefonica, RepSol, la Banque de Santander, la Caixa. Le ministère des affaires étrangères et de la Coopération a puisé à hauteur de 500.000 euros sur la part publique de 8 millions d’euros dans l’enveloppe de l’Aide au Développement. BiBi aurait préféré que ces 500.000 euros servent à l’Aide au Développement de la Vérité (historique).

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