Bob Dylan : sa jeunesse, ses débuts (1)

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La Cité de la Musique de Paris a récemment monté une exposition sur la période la plus riche de l’itinéraire de Dylan (1961-1966). Intitulée « L’Explosion Rock 61-66», elle durera jusqu’au 15 juillet 2012. 

Bob Dylan, icône du Folk-Rock, a toujours été à part. C’est ce côté singulier (ajoutons-y un humour des plus corrosifs) qui a toujours plu à BiBi. Ponctué de disques hors-norme, le parcours dylanesque est restitué ici avec des photos rares tirées du livre d’origine de Daniel Kramer. En voici le premier volet… 
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Robert Zimmerman est né le 24 mai 1941 à Duluth dans le Minesota mais il a vécu à une centaine de kilomètres de la frontière canadienne, à Hibbing. Son père, qui faisait dans le commerce de tabac, poussa son fils à perfectionner ses dons en musique en lui offrant un piano le jour de ses 10 ans. Mais notre Robert s’en débarrassa pour le refiler à son frangin («Je n’arriverais pas à jouer des airs du premier coup»).

Robert était presque un sauvageon. A 10 ans, une première escapade. A 18, il en est à sa huitième fugue. Il part  alors dans tous les coins des USA : Dakota, Kansas, Nouveau Mexique, Californie. Il se remet néanmoins au piano, s’achète une guitare et un harmonica. Il séjourne à l’Université (Minneapolis) qu’il quitte au bout de 6 mois («J’ai échoué à l’examen de sciences car je refusais de regarder mourir un lapin. J’ai été chassé de la classe d’anglais pour avoir utilisé un mot de 3 lettres dans une description du professeur»).

En juillet 1960, il est à nouveau repris par le démon de la route. Attiré par le Rock, il va se produire dans plusieurs universités avec des groupes d’inconnus. «J’ai essayé de réussir dans le Rock quand le Rock était un bon gâteau. Elvis y a réussi. Buddy Holly était mort, Little Richard entrait en religion et Gene Vincent quittait les USA. Je me suis mis à écrire le genre de trucs que vous écrivez lorsque vous n’avez pas de quoi vivre. Je me suis presque tué et j’ai vu comment les portes se ferment, comment se ferment les portes qui ne vous aiment pas… et j’ai dû battre en retraite».

De passage dans le New Jersey, il rend visite à son idole, Woody Guthrie, malade et hospitalisé (Le Folk-Singer mourut le 3 octobre 1967). Puis Bob Dylan débarque à New-York où il trouve (difficilement) quelques engagements. Le critique Robert Sheldon de la Revue Cavalier écrit un article dithyrambique sur Bob Dylan dans Time. Le chanteur qui a évolué vers la Folk-Music réalise un premier disque qui s’intitule sobrement «Bob Dylan». Il se vendra à 4000 exemplaires.

Pendant trois ans, on verra et on entendra la très riche et magnifique production dylanesque. Il est devenu le modèle de toute une génération mais il gardera toujours un rapport distancié avec son public. Entre humour et mélancolie, il cheminera seul et plutôt taciturne.

En Juin 1966, revenu d’une tournée mondiale de neuf mois, Bob Dylan eut un accident de moto près de Woodstock. Accident qui lui permettra de se retirer provisoirement et de réfléchir à son statut de Star.

Le 20 janvier 1968, il réapparaît au Carnegie Hall de Londres en hommage à Woodie Guthrie avec Judy Collins, Odetta, Pete Seeger, Tom Paxton et Arlo Guthrie, le fils.

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INTERVIEW DU 20 JANVIER 1968.

Que composez-vous en premier ? Les paroles.

Quels poètes aimez-vous ? Rimbaud peut-être, WC Fields, Smokey Robinson, Allen Gisberg, Charles Rich, c’est un bon poète.

Dans beaucoup de vos chansons, vous êtes dur, avec les filles dans «Like A Rolling Stone», avec un ami dans «Positively 4th Street». Voulez-vous leur montrer l’erreur dans leur vie ? Je veux les irriter.

Quels sont les gens qui font des films que vous aimez particulièrement ? François Truffaut. Je n’en ai pas d’autre en tête. Des metteurs en scène italiens aussi, mais il n’y en a pas beaucoup en Angleterre et aux USA que j’aime vraiment.

 Où se trouve Highway 61 ? Highway 61 existe. C’est une autoroute qui traverse le pays, du Nord au Sud.

Où se trouve « Desolation Row » ? Quelque part au Mexique. C’est près de la frontière. Cet endroit est connu pour sa fabrique de Coke, de Coca-Cola.

Vos chansons parlent-elles toujours de gens ayant réellement existé ? Bien sûr, elles parlent toutes de personnes réelles. C’est ce qui les rend si effrayantes.

Quelques-unes en particulier ? Je suis sûr que vous avez vu tous les gens qui sont dans mes chansons, à un moment ou à un autre.

A suivre dans le volet 2 : l’incident de Newport et le passage à l’Ed Sullivan Show…

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