Football français : du côté des quotas (1).

Il faudrait analyser la «surprise» et la naïveté de tous ceux qui, à longueur d’année, sont persuadés – de bonne ou mauvaise foi – que le Sport (le football) échappe au racisme ou à la discrimination raciale.

Morphotype d’un Sociologue.

Même Stéphane Beaud, sociologue pourtant avisé, reprend cette idée reçue (article du Monde du 2 mai intitulé : «Un endroit où il n’y a pas de discrimination raciale») alors même qu’on peut lire en toutes lettres les  propos tenus par Eric Mombaerts (Entraineur des Espoirs) : «Je crois qu’il vaut mieux s’autolimiter. Il y a bien des clubs comme Lyon qui le font dans leur centre de formation. Henri Stambouli le met en place à Marseille. Ils vont limiter le nombre».

Cette interview du Monde laisse BiBi sur sa faim lorsque Stéphane Beaud souligne cette réalité sociologique («Il y a un morphotype africain, un joueur souple avec des capacités physiques exceptionnelles») sans préciser la réalité historique qui la fonde. A savoir qu’avec le football importé en Afrique au début du XXième siècle, les Noirs, africains dominés, ont investi le bas du corps et ses seules zones corporelles possibles. Souplesse de cheville et de hanche, gestuelle de feintes, dextérité avec dribbles étonnants étaient les seuls biais pour s’affirmer, pour contourner les brimades des Dominants blancs et pouvoir espérer arriver au sommet.

Il existe des Noirs intelligents : mais oui.

A insister sur cette appréciation («le morphotype de l’africain»), on oublie aussi son intelligence extrême. BiBi renvoie l’internaute à sa Nouvelle mise en ligne ici-même en deux billets, nouvelle intitulée «La Découpe du Monde». Il pourra s’interroger sur ce passage où BiBi parle de Pelé, buteur aux 1284 buts : «Artur R releva un mensonge manifeste. Il serra contre lui l’épais livre sur Pelé, Pelé, ce nègre, ce café-au-lait, oui, oui. Mais, dans le même temps, il réalisa que pour marquer 1284 buts, pour mystifier 1284 fois les défenseurs adverses, pour battre à 1284 reprises le gardien adverse, il fallait obligatoirement en avoir dans la tronche».

L’Intelligence n’est jamais (ou rarement) mise en avant lorsqu’il s’agit de joueurs africains. Pour BiBi, cette omission est déjà une position qui frise le racisme. Elle rappelle à BiBi le honteux Discours sarkozyste de Dakar qui inventa le retard de l’Homme africain sur la « Civilisation ».

Laurent Blanc en Noir, blanc et… rouge

Laurent Blanc à l’«éducation ouvrière et communiste» est resté aussi sur les archétypes du Noir «grand, costaud, puissant (répété trois fois)». Cette insistance témoigne effectivement bien d’une légère arriération mentale et d’une adhésion aux pires préjugés. L’inconscient du Sélectionneur travaille jusque dans ses dénégations. Il dit que le Noir est grand, fort et puissant en son essence (préjugé) et en même temps, il soutient (tolérance humaniste) que des Blacks, s’ils se sentent français, s’ils veulent jouer en Equipe de France, pas de problème pour lui.

Analyse et Psychanalyse.

BiBi pourrait alors faire une séance de psychanalyse de quincailler et rappeler que ce contraste Noir/Blanc a dû avoir une importance d’importance pour celui qui porte justement le nom de… Blanc. Mais foin de ce petit clin d’œil-BiBi. Plus intéressant est de se pencher sur les discours respectifs tenus par nos Footeux qui – rappelons-le – occupent les plus hautes responsabilités dans un sport qui compte le plus grand nombre de licenciés.

Reprenons les propos de Francis Smerecki, sélectionneur des 20 ans. Il défend les joueurs de couleur et pose le cadre de la double nationalité face à Laurent Blanc : «Si le mec a envie d’être international, c’est quand même normal qu’il aille vers un pays où il va pouvoir jouer. Si toi, Laurent, tu n’avais pas pu jouer en Équipe de France… »

Que répond alors Laurent Blanc ? «J’aurais pas demandé à jouer ailleurs. C’est aussi simple que ça ».

«Pas demandé à jouer ailleurs» veut dire : «Moi, Laurent Blanc, je suis porteur (du fantasme) de la France éternelle, (du fantasme) d’une France qui ne se discute pas, qui ne se divise pas. Pour moi, Laurent Blanc, pas d’origine double possible, pas d’hésitation à avoir».

«Aussi simple que ça» veut dire qu’à ce moment-là, Laurent Blanc généralise à partir de son cas particulier qui serait d’être… blanc de «souche française» (comme le dit l’ineffable François Blaquart).

L’introuvable «souche française»…

Deuxième partie ici.

9 Responses to Football français : du côté des quotas (1).

  1. borneo dit :

    si toi aussi BIBI…
    Comédien amateur, pour apprendre mes textes par exemple: le beau vieillard malgré sa prestance ne pourra rivaliser aux yeux de la Star aux attraits du banquier prospère, je visionnerais par exemple une canne, une paire de lunettes et une Rolex ! Et ça fonctionne.

    Catégoriser est un mode de fonctionnement du cerveau.

    Plus sérieusement, la question de la morphologie dans les équipes de jeunes est fondamentale.
    Bien que fort mauvais joueur, ado « du sud » ayant atteint sa pleine croissance très tôt, les entraineurs de Rugby et de foot se disputait ma participation car j’étais un rare gabarit. Le dernier d’ailleurs trichait sur les licences et les âges pour incorporer en cadet des juniors !
    Seulement une bonne équipe de foot ce sont non pas 11 joueurs mais 23 parmi lesquels l’entraineur en fonction de la composition supputée de l’équipe adverse (blessure, carton rouge) va puiser. Pour un même poste il faudra demain un gabarit et la semaine suivante une Gazelle.
    Ben sauf que les petits, en cadet, on les tient plutôt à l’écart car un gabarit d’âge tendre est souple et rapide, donc il cumule les avantages.
    C’est plus tard qu’il devient plus statique.

    Comment peut on dire que les entraineurs sont racistes s’ils s’aperçoivent au contraire qu’ils ont surtout trop privilégier dans les équipes jeunes les gabarits ? Ils ne l’étaient donc pas hier et ils le seraient brusquement devenus ?

  2. BiBi dit :

    @borneo
    J’espère avoir compris ce que tu dis.
    D’abord, je ne dis à aucun moment que LES entraîneurs sont racistes. Je m’attache uniquement aux propos des protagonistes de cette affaire.

    1. Ce qui est désolant, c’est de réduire Noirs et Arabes à des stéréotypes qui frôlent le délire raciste (« Les Noirs seraient éternellement grands, forts, puissants etc »).

    2. Ce n’est pas d’aujourd’hui que tendanciellement, les responsables footeux (du bas jusqu’en haut de l’échelle) privilégient la force, la puissance au détriment de l’intelligence etc.
    Ces Messieurs (en majorité) – avec leurs œillères – continuent de ne pas voir ce qui constitue AUSSI le football : les qualités de ruse, la nécessité d’un équilibre avec petits formats souvent plus lestes qu’un gros costaud etc. Ex : Messi, Iniesta, Xavi et tant d’autres…
    Aujourd’hui, ils s’en mordent les doigts et lorsqu’ils réfléchissent à ça, ils tirent la conclusion qu’il y a trop de noirs et d’arabes, il font des « sélections » (comme à l’OL et à l’OM – propos de Mombaerts) alors que ce qui est mis à mal, ce sont leurs propres impasses, leurs propres critères remplis d’horribles préjugés.

    3. enfin, je n’ai pas les instruments d’analyse mais il me semble qu’il y a une fracture sociale et idéologique, une incompréhension (qui ne tient pas à la seule psychologie) entre les composantes de la 3F et les joueurs souvent issus du populo (Ribéry, Henri, Anelka, Evra etc).

  3. borneo dit :

    Au fond on est assez d’accord après tes précisions.
    Je vais t’en donner une autre. Le sport n’a jamais été ma tasse de thé.
    Assurément, j’ai pris la place de plus talentueux et motivé que moi. Mais pour la castagne, j’étais le meilleur (au judo aussi)

    De sorte que j’ai eu rapidement un comportement de « prostitué » faisant monter toujours plus les enchères.

    Pour accepter de jouer je négociais les passe droits: sortir et rentrer (ou pas) à minuit au collège (à 14 ans) , avoir un double de la clef de la salle de Tv et même le droit de fumer !
    C’est dire que mes entraineurs étaient de leurs côtés complétement accros à leurs feuilles de match.
    Comme il y a tout lieu de penser qu’au fond rien n’a changé, ben ils se trouvent confrontés aux mêmes problèmes: des gars pas forcément très motivés mais qui ont compris le buziness à en tirer rapidement.

    J’avais un pote surdoué en musique qui en jouait de la même manière, ceci pour relativiser l’opprobre sur les seuls éducateurs sportifs

  4. borneo dit :

    et pour ta dernière analyse (populo contre élite de l’encadrement) je crois qu’il faut l’analyser en marché de dupes.
    C’est vraiment une histoire de prostitution.

  5. BiBi dit :

    @borneo
    Merci pour ton témoignage.
    Plus de judo, plus de Rugby ? Dommage ! Je suis sur qu’il existe des bons Clubs de Vétérans, non ? 🙂

    Je crois qu’il y a aussi des jeunes qui sont très motivés… justement parce qu’ils ont compris le buziness à en tirer rapidement. 🙂

  6. bembelly dit :

    Perso, je pense que Lolo aura du mal à rester Entraineur des bleus. Les doutes seront visibles à chaque sélection, chaque composition d’équipe…
    A sa place, je démissionne…

  7. pierre dit :

    Malheureusement, une partie de l’article fait un mauvais procès d’intention à quelqu’un qui a passé sa carrière à lutter contre les préjugés de ce type.

    Stéphane Beaud n’a jamais repris à son compte l’expression de morphotype contrairement à ce qui est écrit. Le journaliste avait mal retranscrit les propos (Il s’en est d’ailleurs excusé auprès de l’intéressé et le monde a corrigé).
    Wieviorka, autre sociologue, (enfin, plus donneur d’avis qu’autre chose) s’est malheureusement empressé de vilipender S. Beaud et de médiatiser l’affaire avant la correction via son blog.
    A moins de n’avoir jamais lu S. Beaud, j’ai du mal à croire que wieviorka ait jugé fiable les propos retranscrits. Alors, s’agit il d’une forme de règlement de compte ? La fin de l’article sur son blog est sans doute le passage le plus mesquin (anticipant la correction et mettant Beaud au même niveau que Finkelkraut).

    En attendant, AVANT de dresser des procès d’intention, il serait pas mal que wievorka apprenne à s’interroger sur la qualité de ses sources et des matériaux de seconde main. Ce serait la moindre des chose.

  8. BiBi dit :

    @pierre
    A l’heure où je vous lis, je ne suis pas au courant de la rectification opérée par le journaliste du Monde qui aurait mal retranscrit les propos de S.Beaud.
    Sans la lire (je le ferai), j’espère que cette correction va dans le sens de mes arguments.

    J’ai d’ailleurs souligné que ce sociologue était d’habitude « avisé ». C’est pour cela que son argumentation m’a énormément surpris : il y a une telle propension chez certains intellos à retourner leur veste ces temps-ci.
    Je suis heureux de voir que S.Beaud a encore gardé la sienne.

  9. pierre dit :

    Pas de souci. je vous recommande la lecture de l’article signé beaud et noiriel dans libération de ce jour. malheureusement, c’est dans l’édition payante.

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