Battler et Platini traquent les méchants.


Bresil VS Ghana par Falafel65

Le livre de Declan Hill (1) n’a pas fini de faire des dégâts et d’indisposer les hautes Autorités du Football. A l’approche de la Coupe du Monde en Afrique du Sud, la FIFA semble se réveiller d’un profond sommeil. Faut dire que la bombe Declan Hill a fait un sacré tintouin ! Les Grands Pontes du football mondial ont vu leurs filets violemment secoués par les tirs en rafale du journaliste canadien.

Au début de son livre, Declan Hill nous fait l’inventaire des actions de jeu les plus usitées pour truquer un match. Il s’arrête sur le témoignage d’un joueur singapourien qui décline toutes les maladresses factices possibles : « Des trucs comme rater un tacle, faire un dégagement droit sur l’attaquant de l’équipe adverse qui est à cinq mètres des buts. Ou faire semblant de chercher un hors-jeu. C’est sûrement ça la meilleure. Tu remontes le terrain, tu fais croire que tu cherches le hors-jeu et l’attaquant de l’équipe adverse qui lui, ne l’est pas, a le champ libre ».

BiBi a retrouvé les buts de ce match de la Coupe du Monde que Declan Hill nous dit avoir été truqué (Brésil-Ghana à Dortmund avec une victoire brésilienne par 3 à 0). Comment ne pas rapprocher les propos de ce joueur singapourien des images du premier but brésilien de Ronaldo (cinquième minute) et du troisième (84ième minute)? Ajoutons qu’au départ de l’action qui mène au second but marqué par Adriano (46ième minute), il y a une remontée incongrue de la défense ghanéenne. Au total trois buts sur des remontées défensives jouant le hors-jeu. Vous avez dit bizarre ?


Devant de telles présomptions, les vestiaires de la FIFA sont en ébullition. On nous dit aujourd’hui qu’un système d’alerte préventive (Early Warning System) avait été testé à l’occasion des 64 matches de la Coupe du Monde de la FIFA en Allemagne. Battler nous assure que tous les matches ont été contrôlés de près et que le système mis sur pied a fait ses preuves. Au vu des conclusions « positives » de ce test, le Congrès de la FIFA a décidé fin mai 2007 d’institutionnaliser le système. Le contrôle des activités de paris se fera sur les matches de qualification et sur les matches de la compétition finale de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.

Monsieur Battler va vite en besogne car il ne répond en rien aux preuves avancées par le journaliste sur les matches suspects (et en premier sur ce Brésil-Ghana). L’enquête de Declan Hill est pourtant sérieusement argumentée : le journaliste y consacre même un chapitre entier. Il y parle de ses voyages au Ghana, de ses rencontres avec les protagonistes et fait des recoupements qui laissent BiBi et ses amis pantois. Interviewé par le journal français 20 minutes du 4 septembre, l’auteur ajoute « avoir reçu le résultat de trois matchs avant leur déroulement […] (Italie-Ghana, Italie-Ukraine, Angleterre-Equateur) » et que « le capitaine ghanéen, Stephen Appiah, aurait été approché plusieurs fois, et qu’une fois, aux JO 2004, il avait accepté de l’argent pour gagner un match et qu’il l’avait redistribué à l’équipe ».

La FIFA s’est donc réveillée mais est-elle plus efficace pour autant ? BiBi demande à voir sur l’initiative prise par ces grands Magnats du Football mondial. Voilà six mois, ils ont chargé le Docteur en Droit zurichois, Urs Scherrer, de fonder Early Warning System (EWS), une société dont le but est de constater suffisamment tôt toute irrégularité ayant cours dans les activités de paris autour du football puis de signaler le cas échéant à temps à la FIFA toute influence éventuelle sur les matches.
Aucun des 90 premiers matches de la phase de qualification de la Coupe du Monde 2010  qui ont été disputées depuis août dernier n’ont été entachés d’activité illégale. Plusieurs bookmakers, opérateurs et organisations de paris influents se sont ralliés au cours des derniers mois au Early Warning System, s’engageant ainsi à signaler toute irrégularité dans les activités de paris. « Environ 400 sociétés de paris et bookmakers sont chargées de nous avertir s’ils constatent des mouvements suspicieux, dit avec grande conviction Urs Scheller. Nous analysons ensuite ces données et nous décidons d’alerter ou non la FiFa ». BiBi déplore pourtant le rattachement de cet organisme à la FiFa et aurait préféré qu’il soit indépendant de la Fédération internationale.

BiBi s’interroge quand-même sur l’efficacité du Système puisque sur les 64 matches surveillés de la dernière Coupe du Monde aucune anomalie n’a été relevée. BiBi ne parlera pas d’Italie-Ukraine et d’Angleterre-Equateur mais il revient sur ce huitième de finale Brésil-Ghana. BiBi a du mal à croire aux arguments du Docteur en Droit lorsque celui-ci répond : « Pour ce match, il ne s’agit que de rumeurs lancées par un journaliste. Il n’y a aucun indice qui nous laisse supposer que ce soit le cas. Nous avons réanalysé ce match et nous n’avons rien remarqué de douteux ».

BiBi pense sérieusement que ce bon Docteur passe à côté de la maladie et qu’avec Brésil-Ghana, il a certainement vu le premier match de football de sa vie. Michel Platini aurait pu l’aider à rajuster  ses lunettes. En tous les cas, ça part mal pour contrecarrer l’incroyable poids économique des paris clandestins asiatiques.

Du même avis que le bon Docteur, Joseph S. Blatter, président de la FIFA, s’est montré très satisfait de l’absence d’irrégularités dans ces premières phases d’élimination. C’est vrai que ces deux compétitions à venir (Championnat d’Europe et Coupe du Monde) sont d’importance lorsqu’on connaît l’énorme machine économique et les gigantesques bénéfices qui sont en jeu. Sepp Battler veut nous persuader : « Le dispositif est désormais opérationnel. Nous disposons d’un outil efficace pour surveiller et contrôler les activités de paris ».

Retournons à nos écrans TV, revenons dans les stades et soyons tranquilles : Monsieur Battler s’occupe des méchants.
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(1) Declan Hill. Comment truquer un match de foot ? Editions Florent Massot.

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