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Le Grand Voyage de BiBi.

«Comme le Monde a sa géographie, l’Homme intérieur a sa géographie  qui est une chose matérielle » écrivait Antonin Artaud.

Lieux et Liens.

BiBi a traversé Limoges, s’est arrêté à Montignac (Dordogne), a fait halte dans les vallons de la Haute-Loire. Itinéraire en trois étapes avec, en bénéfice, un merveilleux lot-surprise, commun à chacune des trois étapes : le nom du Lieu singulier s’est noué autour des Personnes de Rencontre. Merveilleuse correspondance entre Lieu (toponymique) et Lien (humain). Que serait la Provence sans Van Gogh ? Que seraient la Jungle et le Tigre sans les visions du poète William Blake ? Que serait BiBi sans ces Rencontres de Voyage?

Avant le Départ.

En mettant une incise dans le temps ordinaire ( triple halte prévue et organisée sur 3 jours), BiBi-Voyageur anticipait déjà le plaisir subtil du déplacement, il en rêvait, il commençait même à respirer différemment, il laissait tout le temps antérieur se diluer : tout était A-venir. Les jours précédents, il vivait dans une certaine ébriété née de la Nouveauté et ressentait les lenteurs du Temps comme autant d’accélérations.

Trois étapes.

Trois noms sous écorces (Limoges-Montignac-La Tour) et voilà la greffe qui prend sur le tronc de la Rencontre humaine. Des hommes, des femmes nouvelles, comme surgis d’un bois, parlent et viennent lui parler. Mots de bois tendre Rue Alphonse Daudet, échos psalmodiés de la Place des Armes, éclats de rire au Village de la Tour. Autant de sources qui chantent, brise du soir comme souffle du matin, autant de «choses matérielles » qui donnent du grain et du poids nouveaux à la Vie.

La Rencontre.

Un Ami- BiBi disait : «Tu as beau voyager dans tous les sens, c’est toujours toi que tu retrouves au coin de la Rue ou au coin du Bois ». Il avait tort l’Ami. Sa sentence ignore que le Voyage – même s’il ne dure pas  – est une sorte d’Incendie généralisé qui brûle à l’intérieur, est un Feu de Forêt singulier qui s’alimente à la Parole inouïe de l’Autre. Oui, ce que cette parole maladroite de l’Ami oublie, c’est que la Rue (ou le Bois) sont peuplés, immensément peuplés. Dans la Rencontre humaine, la floraison verbale devient Bouquet. La palette de sons émerge alors des quatre coins de l’Hexagone et toutes les «Réserves de Printemps» demandent à être dilapidées.

Et elles le furent, magnifiquement-parlant.

Le Retour.

Toutes ces Minutes Heureuses partagées marquent déjà le cadran de nos Vies disséminées. Un peu de soi est parti ailleurs, s’est émietté entre Pollen et Promesse. Il est cependant heureux qu’il y ait un Retour. Bien sûr, le Manque épouse les Douleurs du Lundi mais BiBi retrouvera ses couleurs du Mardi. Tout le pousse déjà à un Nouveau Départ. Élans déjà présents, pieds qui fourmillent et manches relevées. L’été appelle déjà une nouvelle Invitation au Voyage : BiBi n’attendra pas l’hiver pour, à nouveau, lier Lien et Lieu.

Lascaux : des Origines à la Copie.

Lascaux Grands taureaux

BiBi s’est replongé dans les écrits crépusculaires d’un Georges Bataille subjugué par Lascaux (1). BiBi revient des bords de la Vézère et a visité pour la seconde fois le fac-similé de Lascaux 2. Il n’a pas oublié ensuite de se rendre dans les ateliers de Montignac, parfait complément à sa re-découverte de la Grotte.
BiBi avait en tête ces mots de l’écrivain maudit : « Si nous entrons dans la Caverne de Lascaux, un sentiment fort nous étreint que nous n’avons pas devant les vitrines où sont exposés les premiers restes des hommes fossiles ou leurs instruments de pierre. C’est ce même sentiment de claire et brûlante présence que nous donnent les chefs-d’œuvre de tous les temps ».
Ce qui nous saisit immédiatement c’est la force de la Raison qui a ordonnancé ces figures dans un ordre encore à déchiffrer, c’est l’intelligence qui a construit ces ensembles couplés et c’est l’apaisement joyeux de ces innombrables figures. Elles courent dans ce volume et sur ces parois ornées sans qu’on puisse encore en saisir toutes les subtilités. Aurochs, cerfs, chevaux, grande vache noire, bisons adossés forment une sarabande étonnante, une fresque étincelante. « Séquence unique de toute l’histoire occidentale de l’Art pariétal » comme l’écrit Renaud Sanson, maître des lieux.
Le succès économique et populaire de Lascaux 2 a poussé l’équipe de Renaud Sanson à envisager un Lascaux 3 où chacun pourra voir – autre sujet d’admiration de BiBi – un merveilleux travail de copie « objective » (ouverture prévue en avril 2010). Renaud Sanson fait la visite de ses ateliers et commente avec passion chaque étape de son travail de réalisation de fac-similés. Le travail entrepris restituera les fresques dans le moindre détail (avec seulement 4 mm d’erreur possible). Ceci est rendu possible grâce à l’ordinateur et à la projection de photographies positionnées avec une très grande précision. En une demi-heure, Renaud Sanson fait partager ses hésitations dans les interprétations, ses pointes d’acuité forgées et éprouvées depuis près de 30 années de présence à Lascaux.
BiBi aime ce genre de bonhomme qui, venu du théâtre et du cinéma, n’oublie en rien la précision dans les hypothèses qui naissent et renaissent des observations. Il décrit et donne à voir avec passion,en quelques mots, la Scène du Puits. « Lascaux, dit-il, s’est mis à me parler ».
Qu’il sache que BiBi, lui aussi, tend son oreille.

(1) Georges Bataille. Oeuvres complètes IX (pages 10-102)