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Le Présent coloré : gilets jaunes, blouses blanches et tempes grises.

«Ceux à gauche qui pensent qu’ils ne feront la révolution qu’avec un peuple révolutionnaire constitué de leurs exacts semblables attendront la révolution longtemps». Judicieuce incise de Frédéric Lordon dans son entretien chez Ballast.

Sur une seconde analyse, je signalerai la réflexion de Serge Faubert de Le Media TV qui voit les gilets jaunes en couleurs bariolées et qui résume l’appréciation de ce Mouvement par les Dominants en trois mots : «mépris de classe». (Ici)

Enfin, j’ajouterai cette pensée de Montaigne qu’on pourrait tirer du côté de la morale individuelle mais que j’élargirai du côté du Politique. Gens de rien contre gens de biens.

C’est que le penchant-BiBi, c’est le côté du conflit, le côté de la lutte des uns contre d’autres, le côté de l’analyse structurelle que certains résument bien en ces trois mots : lutte des classesEt de cette lutte des classes, la période présente en est toute colorée. Blouses blanches, gilets jaunes, écharpe rouge (celle de Barbier), chemise blanche BHL, Résistance verte, tempes grises des retraités.

12 Perles de culture.

Glisser mon doigt sur les étagères, s’attarder sur les côtes de mes livres. En retirer un, deux, dix. Les ouvrir. Être intrigué par les passages jadis soulignés. Impossible de se souvenir de ces temps précis de lecture, des circonstances qui m’ont poussé à ouvrir tel livre, et pas un autre. Parfois,  j’avais griffoné une date en première page. Ce qui me retient en les redécouvrant aujourd’hui, c’est l’année, pas forcément la brulûre de la lecture. L’année. Il y a là comme un vertige. 1972, 1979, 2001. Le temps passe. Les livres, eux, restent-ils ? Celui-là, l’ai-je vraiment lu ? Si oui, que m’en reste t-il aujourd’hui? Je me console en me disant que, là-dedans, il y a de l’inconscient, que tous ces passages surlignés (crayons ou feutre fluo) sont là, inside me, tapis quelque part, et que, sans eux, ma vie aurait été plus triste encore.

Hier, j’ai feuilletté tous ces livres empilés, un à un. Et ces 12 perles de lecture ont continué de m’éblouir.

Lectures : de Robert Walser à Femme Actuelle.

steve mc curry  lecture 1

Lectures tous azimut cette quinzaine. Temps de lectures partagés entre livres d’auteurs de haut-vol et revues de presse alternative. Puis, lecture inédite : dans ma boite aux lettres, une lectrice de blog me déposa le dernier numéro de Femme Actuelle. Alors, voici les extraits les plus précieux retenus. Y sont évoqués le climat des Années 30 entre Communistes et Surréalistes, des propos d’un écrivain qui prend la vie avec philosophie ou encore les flèches acérées du gentil Robert Walser.

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Pulsions intertextuelles : Télérama, Montaigne et Laurent Bigorgne.

BiBi aime s’apercevoir que, par delà les siècles, des écritures sont comme des wagons. En les rapprochant, en les raccrochant, on se trouve embarqué dans des trains incroyables. En les mettant bout à bout – Ô surprise – voilà que ça roule ! Imperceptiblement les mots, les phrases et leurs sens retrouvent des couleurs semblables, un rythme commun. Voilà qu’elles finissent par dire les mêmes choses, des choses éternellement et terriblement humaines.

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Télérama et Montaigne.

Ainsi, lisant cette lettre tirée du courrier de Télérama, BiBi découvrit une analyse inédite, très juste et très fine, sur le rapport à l’autre (envisagée ici dans le cadre d’interviews de journaleux).

Les liens chez BiBi se font plus rapides encore que chez les Premiers des Classements Wikio. Il s’en alla derechef tirer le tome des Œuvres Complètes de Montaigne, se souvenant que le génial écrivain (dont l’Institut de Claude Bébéar, roi des stock-options, n’a guère eu de scrupules à s’affubler de son nom) avait aussi écrit là-dessus :

Montaigne et le Directeur de son Institut.

L’aventure-BiBi de sa pensée continua lorsqu’il lut cet article du Monde (page 3 entière SVP. Le Monde du 4 août) sur Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne. Ce sortant de Science-Po nous détaillait son carnet noir. Il s’offrait en modèle de travailleur infatigable… au service du libéralisme (pardon, bien sur, au service de la «Gauche libérale»), et paradait en exemplaire et vertueux stakhanoviste, bossant plus de 24 heures par jour (pauvres fainéants que nous serions).

Le petit coq du Think Thank au service des Puissants et de leurs idéologies, cherchait dans Le Monde un embryon de capital de notoriété. Cette magnifique vanité – sous couvert de modestie et de réserve –  fera très bien, à n’en pas douter, dans la Cour de Versailles et dans ses alcôves (de droite comme de «gauche»). Félicitations-BiBi à notre Étoile montante.

En échos aux méchantes pensées-BiBi, continuaient de se manifester avec force les «sauts» et les «gambades» de Montaigne. Les aphorismes de Michel Eyquem répondaient sans complaisance à la fringale de Laurent Bigorgne, enchaîné à sa science :

«Et combien ai-je vu de mon temps d’hommes abêtis par téméraire avidité de science ?» Ou encore :

«Combien d’honnêtes hommes ont rejeté tout leur certain à l’abandon, et le font tous les jours, pour chercher le vent et la faveur des rois et de la fortune».

Tout s’emballait : on quittait ce sinistre Laurent et l’esprit-BiBi vagabondait toujours.

Montaigne, Freud et Théophile Gautier.

Montaigne parlait à présent «peinture » : «Il en est de même en la peinture, qu’il échappe parfois des traits de la main du peintre surpassant sa conception et sa science, qui le tirent lui-même en admiration et qui l’étonnent». Conjonction étonnante avec le concept de pulsion chez Freud ou encore rapprochement avec ce qu’écrivait Théophile Gautier en arrêt devant l’œuvre de Rembrandt :

«Heureux l’artiste qui n’écoute pas les mauvais conseils de la prudence et redouble d’audace à l’heure où les plus fougueux deviennent sages, et, soutenu d’une conviction inébranlable, pousse son originalité même jusqu’à la furie et jusqu’à l’extravagance ! Nul peintre, nul poète n’a dit son dernier mot».

Montaigne, Freud, Théophile Gautier, Rembrandt : la Joie, la Rage, la Beauté novatrices, par delà les repères temporels.

Joie, Rage, Beauté contre tous les Rentiers, tous les Chiens de Garde et les sinistres Serviteurs des Maitres.

Lectures croisées.

Jacq

BiBi fait son canevas : lectures croisées de deux livres sur Picasso. Le premier d’un fidèle ami de Pablo Picasso, Claude Roy (« L’Amour de la Peinture »), l’autre d’une proche, sa petite-fille, Marina qui parle de son « Grand-père » (Denoël). L’un porte le peintre aux nues, l’autre présente un peintre ne vivant que pour son art, sacrifiant presque toute une famille (de nombreuses fois composée et décomposée). Picasso, un mètre soixante, à qui on demandait ce qui lui aura manqué dans cette vie, dira : « Cinq centimètres ». BiBi fait l’hypothèse non vérifiée que ces centimètres manquants à la Toise décidèrent du destin Pablo Picasso à la Toile. Toute une vie pour dépasser Papa, Don José Ruiz Blasco, lui aussi peintre et professeur de dessin à l’école de Malaga. Taille : un mètre soixante-quatre. Le Papa sera plus grand – à jamais – de quatre centimètres mais le fiston fera tout pour être au-dessus et le dépasser. Tout : c’est-à-dire des tableaux à perte de vue, des céramiques, des dessins épurés, des esquisses, des portraits, des cahiers entiers. Une œuvre gigantesque pour être le Géant qui terrasse Papa-Dragon.