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J’ai lu « A l’Ordre du jour » d’Eric Vuillard, prix Goncourt.

Bertolt Brecht écrivait avec justesse : « Dire aux hommes politiques : « Ne touchez pas à la littérature » est ridicule mais dire à la littérature : « Défense de toucher à la politique » est inconcevable ». Après son 14 Juillet et avec son «L’Ordre du Jour», Eric Vuillard s’aventure une nouvelle fois dans le Politique. Pour ce qui est de savoir s’il s’est accouplé avec la littérature, je ne pourrais me prononcer. Je ne peux qu’ajouter que pour ma part, il y a trois sortes de livres : les mauvais, les bons et les grands. La troisième catégorie nous emporte toujours au-delà de nous-mêmes, nous transforme de fond en comble, elle occasionne brûlures et cicatrices à vie.

S’il faut quand-même avancer un avis-BiBi sur le livre d’Eric Vuillard, pourtant porté au pinacle par le Comité Goncourt, il n’intégrerait pas la catégorie 3.

Ce que j’ai appris cette semaine.

Ce que nos bons éditocrates disent être «l’actualité» est en réalité un puzzle, un imbroglio, une bouillie, un sommet de conneries et de commérages, un tri qui privilégie le plus souvent l’Insignifiance et l’accord avec la puissance des Puissants. Mais parfois, en creusant dans les fissures, en élargissant les failles, en découvrant les diaclases, voilà que surgit une lueur, un rai de soleil.

Eclairage qui met en lumière le Pouvoir toujours tapi dans l’ombre.

Avec ces traces laissées par le Pouvoir et ses chiens de garde, non seulement on en apprend tous les jours mais on n’en apprendra jamais assez.

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Livres de lecture.

On n’a pas toujours envie de parler. On a juste ce désir de rester sans voix, sans paroles, de se taire, de laisser venir à nous, moins les lectures (c’est impossible) que les souvenirs de lecture, ceux qui se sont emparés de nous ces derniers temps. Très souvent, trop souvent, les livres s’éloignent, ils nous perdent de vue, les phrases qui nous ont brûlés sont de cendres, émiettées, emportées par les vents. Paysage de désolation. Qu’avons-nous retenu ? Le flux, le reflux, le feu peut-être ? Restent quand-même des bribes qui nous reviennent, qui nous retiennent.