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A propos des livres de Patrick Champagne et d’Aude Lancelin.

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Deux livres. Celui de Patrick Champagne. Celui d’Aude Lancelin. Quand tu ouvres ces deux livres sur le journalisme, tu tombes sur les écrits d’un sociologue avisé et d’une journaliste, longtemps restée au coeur du Système et qui, très récemment a été éjectée manu-militari de L’Obs. Tu te dis : c’est obligé, je vais devoir en parler, faire lire leurs travaux.

Mais d’abord en faire ma double affaire : 1. les lire puis 2. écrire un bibillet…

En voulant le rédiger, tu t’aperçois alors – que tout ce que tu vas écrire, tu l’as… déjà écrit. Tu t’es déjà servi des chroniques d’Alain Accardo, de l’analyse de Pierre Rimbert sur LibérationPravda des nouveaux bourgeois» comme l’écrivait Guy Hocqhenghem), du collectif de La Découverte dézinguant les Editocrates, d’un numéro spécial d’Europe sur le polémiste Karl Kraus, des sorties bourdieusiennes etc. Bref, tu vas écrire, réécrire, faire et refaire un peu la même chose, endosser, ré-endosser ta parure de perroquet.

Reprendre et donc, ressasser. Fatigant bien sûr mais indispensable.

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La Folle Quinzaine de Bernard-Henri Lévy.

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BiBi a suivi à la trace les aventures du Grand Philosophe. Il rappellera ici ses déplacements en tenue kaki dans le Golan auprès de l’armée israélienne, son impeccable smoking auprès des combattants libyens, ses chemises blanches sur les écrans TV, sa toque de cuisinier chez l’ami Arnaud Lagardère du JDD et de Paris-Match. Comme à chaque publication (ou événement – voir billet sur le Café Flore), notre philosophe et son équipe publicitaire ont squatté les télés, radios publiques et privées pour une opération publicitaire jamais remise en question.

En effet, la multiplication de cette présence totalitaire ne semble déranger personne dans le microcosme qui allie politiques et «intellectuels» médiatiques. Déjà en 2007, Acrimed nous faisait un relevé ô combien instructif sur la puissance des réseaux BHL. (Lire le billet ici ). Suivant l’exemple du site d’Infos, j’ai refait l’itinéraire médiatique de Bernard-Henri Lévy durant cette première quinzaine de septembre 2014.

« Serons-nous heureux, demain ? » (1)

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Milton Friedman, Grand Manitou des théories libérales, est récemment décédé. Des blogueurs en ont profité pour adresser à des personnes connues pour leur engagement néolibéral une lettre visant à clarifier leur position sur ce bonheur promis depuis 30 ans et plus. («Quid du Bonheur libéral ? »). Voilà une demande bien curieuse, à la limite de la naïveté pour BiBi. Dieu ! Quelle perte de temps que d’attendre leurs réponses ! Nos blogueurs pensent-ils vraiment que ces Intellectuels renommés interpellés vont tourner casaque et nous offrir un sublime mea culpa ?

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C’est en retrouvant une intervention de Jean-Marie GENG dans la Revue Actuels (février… 1978) que BiBi a trouvé réponse à cette curieuse injonction blogguesque. En effet au lieu d’attendre réponses sur ce «bonheur libéral» promis par tous ces Quatremer-Copé-Parisot-Madelin-Giesbert-Aphatie-Attali-Novelli et tutti quanti, ne vaudrait-il pas mieux retourner à nous-même la Question : «Hé ! Ho ! Gens de Gauche, serons-nous heureux, demain ?»

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Le texte qui suit constitue la déclaration liminaire faite par le sociologue d’alors Jean-Marie GENG, le 3 février 1978, à l’occasion d’un débat public qui l’opposait à Bernard-Henri Lévy, le «nouveau philosophe» à la chemise blanche. La question posée était : «Serons-nous heureux demain ?» et intervenait peu avant d’importantes élections, en plein règne giscardien.

BiBi en a retenu de larges extraits qu’il vous propose en trois billets. Cette intervention d’une magnifique justesse politique fait écho profond et correspondance étonnante avec l’Esprit-BiBi et avec les questions essentielles qu’il (se) pose aujourd’hui.

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«Difficile de répondre à cette question aujourd’hui – pris, comme nous le sommes, dans des attitudes (espoir, agacement, scepticisme, amertume anticipée), attitudes que commandent les prochaines élections. Plus difficile encore d’imaginer, sinon par provocation esthétique de faire comme si nous n’y étions pas – je veux dire : ici, maintenant -, comme si nous n’étions pas emportés par le mouvement aberrant de l’histoire (…).

Serons-nous heureux demain ? Il y a dans l’apparente simplicité de cette question, dans sa lisibilité innocente, une sorte de piège pour intellectuel de gauche. Supposons que par simple politesse pour les gens qui m’ont invité, ou par provocation au troisième degré, je m’y laisse choir, dans ce piège, et que je réponde : oui, nous serons heureux demain, à la condition que la gauche, surmontant ses divergences, l’emporte et qu’elle applique, à la satisfaction des larges masses et sous la conduite désintéressée des chers Camarades, un programme minimal qui résorbera le chômage, qui réduira les inégalités salariales, qui rongera les structures économiques de type capitaliste que nous subissons.

Mais rassurez-vous, je ne répondrai pas ainsi – encore qu’un gouvernement de gauche a plus de chance de résorber le chômage, de réduire les inégalités qu’un gouvernement de Droite (…). Je ne répondrai pas ainsi et pour une raison simple : la Question justement n’est pas simple. Il faut la questionner sérieusement, dans tous ses plis, comme une question vitale et non comme un inducteur rhétorique, un prétexte à laisser se développer un discours déjà entendu, et qui n’aurait posé cette question devant lui que pour mieux s’afficher. Serons-nous heureux demain ? Quand, demain ? Quel bonheur ? Et qui, nous ?

Demain nous serons morts (…).

Le bonheur. Tout tout de suite ou que rien n’arrive ? Un pied infini ou une chaîne de menus orgasmes picorés ? La grande dérive jouissive ou avoir moins mal ? Vivre sans temps mort et jouir sans entraves ou se sentir intensément mortel ? Je n’ai peut-être rien compris à la question du bonheur – sinon je ne serais pas là. Serons-nous heureux ? Qui, nous ? Qui pose la Question ? Etre heureux, ne serait-ce pas précisément, pour chaque individu, la possibilité de ne pas être compris, compté, réduit dans ce «nous» tentaculaire qui nous parle ? «Je est un autre» dit Rimbaud. Nous n’est rien. Ou plutôt, nous, c’est le Politique en tant que je n’y est pas (…)

Donnez à ce «nous» sa réalité humaine, sa densité sociologique : vous verrez qu’il n’induit pas à la convivialité, qu’il se casse la gueule, ce «nous», qu’il éclate, peut-être pas en autant d’individus mais en classes, en castes, en fractions, en clans, en partis et cela dans tous les champs et à tous les niveaux de pratique sociale.

Viser un bonheur collectif et programmable – comme le fait la Question – est de ce point de vue tout à fait aberrant. Et pourtant, à l’inverse, nous savons bien qu’il n’y a pas de bonheur innocent, que le bonheur n’est pas qu’une affaire individuelle, même si le bonheur réalisé suppose pour chaque individu le dépassement, l’annulation du Politique. De quelque côté qu’on l’aborde, la Question ne tient pas : ou ne tient qu’au prix du refoulement des différences actives qui font la socialité même. Elle ne tient plus parce que nous n’y sommes pas tous nommés à la même place, parce que, dans les conditions actuelles, pour nous, habitants de cet univers aujourd’hui, le bonheur de quelques-uns entraîne le malheur de nombreux autres et que c’est – comme on dit – le Système qui le veut (…) »

Deuxième partie ici.

 

Petits riens dans un Grand Monde.

Afghanistan.

Ce lundi, le 64ième soldat français a été tué en Afghanistan. Comme toutes les aventureuses aventures, cette guerre se termine par des justifications oiseuses et un prévisible revirement guère souligné par les médias et par les hommes politiques (presque) tous bords confondus. 

BHL et Daphné Guinness : c’est un beau roman, c’est une belle histoire…

Le dessus des Affaires de BHL.

Catherine Schwaab, rédactrice en chef à Paris Match, décrit ainsi la Soirée du Flore du 30 novembre 2010, soirée au cours de laquelle BHL fêta sa revue «La Règle du Jeu» :