Tag Archives: Angleterre

Chuck Berry. « Johnny B.Goode » (Un inédit-BiBi).

*

Il y avait deux copains plus âgés, mon grand frère et moi, tout minot. On était monté au Festival de Buxton (à côté de Manchester) en Simca 1000 et nous avions planté nos tentes sur le grand champ qui jouxtait la scène. Ce samedi 21 juillet 1973, il y avait eu un peu de pluie et le terrain était très boueux. Après Canned Heat (vous vous souvenez certainement de leur «On The Road Again» et de leur « Goin’Up the Country ») est apparu Chuck Berry. Il avait l’habitude de prendre des musiciens locaux pour ses prestations. Beaucoup connaissaient ses hits par cœur. Chuck Berry avait alors 41 ans. Ce soir-là, les Hells Angels, descendus de Manchester, occupaient les premiers rangs et certains étaient assis sur la scène. Pour rigoler, ils s’envoyaient des kilos de boue sur la tronche.

Chuck Berry fit comme à son habitude un concert court (50 minutes à peine) et chanta ses grands standards avec cependant un morceau tout nouveau, un long blues lancinant. Le son dans cette nuit-là fut clair et fantastique.

Le morceau qui clôt le concert fut «Johnny B.Goode», celui que vous entendez sur ma vidéo. J’avais emporté mon magnétophone-cassette Grundig avec un petit micro pour enregistrer le concert. Le rappel dura bien vingt minutes mais Chuck Berry ne revint pas. Avec un de mes copains, j’avais réussi à passer derrière la scène et là, nous vîmes une voiture, phares allumés avec le monstrueux guitariste à l’arrière. La foule en délire continuait de le réclamer en applaudissant à tout rompre. Mais ce qui intéressait Chuck, c’était le fric. Fidèle à sa réputation, il attendait une rallonge de la part des organisateurs pour remonter sur scène. Tapant à la vitre, je vis alors Chuck Berry descendre la vitre-arrière de la voiture. Il tendi sa main, croyant avoir à faire à un chasseur d’autographes ! Ne sachant quoi faire, je… lui serrai la main. Puis me tournant vers Patrick, je lui criais : « Wow ! Wow ! Wow ! J’ai serré la main du plus grand guitariste du monde ! ». Plus tard, j’allais quand-même rectifier mon avis mais Chuck Berry ne se fera surpasser que par deux autres grands guitaristes : Hendrix et Rory Gallagher.

Meute et « émeutes » en Angleterre.

1. Parfois l’adhésion d’une majorité à plus de 60% fait peur. En Angleterre, selon le tabloïd «The Sun», 68% des britanniques accusent la criminalité d’être la première raison des saccages contre 8% qui citent la politique de David Cameron.

Henry et les haines européennes.

La Main d'Henry

Pourquoi la main  d’Henry soulève t-elle autant de passion ? Pourquoi ne relève t-elle plus que du seul constat sportif ? Peut-être parce que l’incident est facile à comprendre pour tous, que tout le monde peut prendre position et affirmer les valeurs à laquelles chacun croit.

Le Football est un jeu dont les règles sont des règles faciles à comprendre. Le jeu est vu, il est pratiqué, compris autant par des poussins que par des vétérans et ce, dans le Monde entier. Le titre de l’Equipe du vendredi est d’ailleurs explicite : «Le Monde entier t’a vu tricher, Thierry». Le geste d’Henry divise autant qu’il rassemble, il interpelle en chacun de nous nos valeurs, valeurs historiquement datées de «Pureté, Dignité, Tricherie, Probité, Responsabilité individuelle, collective, nationale etc» et ce geste inattendu ou volontaire de la main les met à l’épreuve.

BiBi est frappé de constater que la tricherie d’Henry a suscité en Europe des rancœurs et des déchaînements rarement vus. En Espagne, les médias ont pris fait et cause pour l’Irlande, laissant éclater un sentiment anti-français exacerbé quasi général dans la presse ( barcelonaise ou madrilène). La haine de ces Faiseurs d’Opinion espagnols est féroce. Ils ont peut-être encore en travers de la gorge le but de Zidane qui élimina l’équipe d’Espagne en 2006 alors que tous les journaux d’avant-match ironisaient et se gaussaient de ce même Zizou vieillissant. Vengeance (ridicule bien sûr).

Haine des tabloïds anglais qui jettent les Frenchies dans la mare aux grenouilles avec l’ idée très british de se croire dépositaires eux-mêmes de l’Idée de Fair-Play. Rappelons quand même – pour tempérer ces prises de position et ces analyses outrées – qu’en 1966, l’Angleterre s’était vue accordée un non-but en finale contre l’Allemagne de l’Ouest. Rappelons aussi que l’entraineur anglais d’alors, Alf Ramsey, avait traité les joueurs argentins d’«animaux ».

L’Italie, elle aussi, n’est pas en reste, voulant nous faire payer les humiliations des «Macaronis» venant travailler en France au début du siècle dernier, voulant aussi se venger de la blessure sportive de la défaite en prolongations à l’Euro 2000. Haine, quand tu nous tiens !

Espagne- Angleterre- Italie- France : voilà quatre exemples exemplaires de la Fraternité européenne alors qu’on vient d’élire Monsieur et Madame Europe.

Et BiBi ne parle là que de l’Europe mais il a remarqué qu’une majorité de médias mondiaux est toute heureuse de pouvoir donner une bonne leçon à cette France qui – on doit le concéder – est elle-même depuis bien longtemps (depuis 1789 ?) et bien trop souvent perçue comme la Championne des Donneuses de leçons.

BiBi soupire : la Haine a encore de beaux et sombres jours devant elle.