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Elysée, 16 décembre au soir : le Dîner de cons.

Une fois de plus, le Pouvoir macroniste se ridiculise. On pourrait ne pas finir d’en rire avec Macron diagnostiqué à la Covid 19. Mais le rire se fige très vite : c’est que ce sont les Français qui sont malades. Malades de sa politique. Malades de sa Réforme des retraites remise à nouveau sur le tapis. Malades de son refus d’augmenter le SMIC. Malades, blessés à mort par ses violences policieres démultipliéees, par les arrestations en masse de simples Citoyens innocents. On pourrait rire devant le ruban des obscénités de la Macronie et de sa punition divine d’être cloué au lit une semaine mais l’écho de tous ces agissements ne me porte ni au rire, ni même au sarcasme mais à la rage et à la lutte, poings serrés, poings tendus.

Tous les jours, tous les moyens médiatiques sont au service de la Propagande. Des logos sur les écrans (celui de France 2 : «Restez Prudents») aux annonces des conseils Gouv.fr dans les  radios privées et publiques, rien ne nous est épargné. Tout discours critique est irrémédiablement relégué au dernier rang quand… il peut s’y tenir et quand il n’est pas purement et simplement censuré.

A propos des vaccins – sur lesquels on peut s’interroger légitimement puisqu’on ne sait pas quels en seront les effets secondaires à long terme – voilà qu’une députée UDI (Valérie Six) lance l’idée d’un Passeport Vert. Une idée qui cache la plus horrible des fictions. Tu voudras entrer dans un magasin, te faire soigner les dents, t’inscrire à l’Auto-école ou en salle de musculation, tu voudras faire une promenade en forêt avec tes gosses, assister à un match, dormir à l’hôtel, qu’il te faudra présenter ton «passeport vert». Façon anti-démocratique portée à un degré jamais vu. Ainsi faut-il s’attendre – si nous ne sommes pas vigilants – à voir le Pouvoir manœuvrer ainsi pour contourner la trop explosive contrainte de rendre obligatoire toute vaccination.

Donc, ce matin, les Français ont appris que leur Président est touché par la Covid19… et que cette nouvelle se double de cette ahurissante annonce :  la veille, le Gourou LREM a dîné en compagnie de dix de ses groupies (tous des hommes… Les femmes en cuisine ?). Imagine t-on l’avant-dîner ? Ben oui, perso, je l’ai même «rêvé» ici en vignette caricaturale.

Les 9 Courtisans et le Maître
(avant le Dîner de Cons)

S’il y en a qui restent sur le Chiffre de Dix à table, chiffre dont on sait que Castex le réduisait solemnellement à Six, j’ai essayé personnellement de m’arrêter plutôt sur le nombre… des repris de Justice, tous invités à la table d’hier soir. J’y vois le Bayrou Gate, Thierry Solère et ses mises en examen, Richard Ferrand et son Affaire des Mutuelles de Bretagne, Alexis Kohler et ses soupçons de prise illégale d’intérêts, Jean Castex et son enquête préliminaire interrompue. Sans parler du passé douteux de Castaner et des tractations souterraines de Séjourné. Une belle brochette au menu élyséen, non ? Et trop à compter : mes dix doigts ne suffiraient pas.

Table pas prévue
au Budget élyséen.

Tous ces j’menfoutistes de la table élyséenne n’ont cessé de nous donner des conseils, de vouloir mettre au piquet les mauvais élèves, indociles que nous serions. Que vont-ils venir nous dire dans les micros de leurs radios et sur leurs Chaines de la Honte pour justifier le malheureux malheur de leur Maître ? Comment pourrait-on leur donner blanc-seing lorsque nous les avons entendus dire ceci, avec leur morgue de Dominants, avec leur épouvantable suffisance.

« Le meilleur moyen de soulager l’hopital, c’est de ne pas tomber malade » (Jean Castex)

« Le masque en ville, ça ne sert à rien » (Edouard Philippe)

« Il ne suffit pas d’avoir peur, d’être en colère, il faut aussi faire attention. Car si vous madame Bécard, si vous, monsieur Baddou ou moi-même, nous sommes malades demain c’est parce qu’à un moment donné, nous n’aurons pas fait aussi attention que nécessaire » (Richard Ferrand).

En attendant d’entendre les Valets médiatiques de la Macronie lâcher leurs psaumes, on peut toujours rire de la Tyrannie de ces Bouffons. Voilà un relévé sur Twitter qui dit l’essentiel avec humour rageur : «Bon, de toute façon, ça va être très simple de retracer les cas contacts puisque tous les gens du gouvernement et des entourages ont TOUS installé TousAntiCovid, non ?»

Ou sourire à mon tweet : « Macron et sa Covid19 : 4 causes. 1. C’est la faute à Mélenchon. 2. C’est la faute à l’ultra-gauche 3. C’est la faute aux réseaux sociaux. 4. C’est la faute à Didier Raoult »

Et encore se gausser de ceux de ce pôv’ Renaud Pila de LCI (La Chaîne Immonde) qui tente de nous convaincre – en prenant ses désirs élyséens pour la réalité – que «la crainte du vaccin chez les Français va fondre comme neige au soleil dès l’enclenchement des vaccinations et du bouche à oreille». Un Renaud Pila qui tente de nous rassurer avec un de ces milliers de sondages à la con des Officines macronistes à la con : «Sondage Elabe ce matin, 38% des Français prêts à se faire vacciner, en hausse de 4 points». Et qui, plus inquiétant, se range du côté de Twitter et de ses menaces : «Twitter va exiger le retrait des publications mensongères sur les vaccins contre le Covid à partir de la semaine prochaine». Inquiétant Twitter. Inquiétant Renaud Pila qui, ne mettant pas de guillemets à mensongère, entérine la mesure de censure du réseau social. Vous avez dit Chien de Garde ?

A propos du Prix Renaudot et de ses jurés « rebelles ».

Voilà qu’on découvre que même dans les Jurys des Prix littéraires (ici le Renaudot décerné à Marie-Hélène Lafon ce 30 novembre), il y a des « Rebelles ». Rebelles  de droite (comme le juré François-Olivier Giesbert). Ces « Rebelles » ne sont  pas nés d’hier mais d’avant-hier. Rappelons que le franc-tireur Michel Clouscard avait été le premier, fin XXème siècle, à avoir repéré ces « libéraux-libertaires » qui avaient réussi à faire de leur -pseudo- rebellion la norme de tout postulant (en milieu) littéraire reconnu. (En exemples : Yann Moix, Houellebecq, Richard Millet etc.)

Jetons un œil sur les qualificatifs dont ces Potiches du Renaudot s’affublent. Dans les articles du Monde Magazine, Clementine Goldszal rapporte les auto-analyses des membres de ce jury.  Pour jouer ces cartes de hors-la-loi et d’insoumis (qui ne dérange personne et qui conforte la vision très frenchy d’une littérature au-dessus de tout), la juré Dominique Bona en souligne le côté « insoumis, rebelle, intranquille ». Les mots de Jérôme Garcin, juré démissionnaire, ne sont pas très différents jugeant ce jury « un peu voyou ». Citons encore la version de David Foenkinos, lauréat 2014 qualifiant la présence de cette Office de consécration de « sulfureuse, un peu rock et anti-institutionnelle ».

Cette idéologie et ses supports sont au contraire très institutionnels (n’en déplaise à Foenkinos). Citons L’Obs qui a recensé les jurés 2020 (aux dernières nouvelles) : Frédéric Beigbeder, Patrick Besson, Dominique Bona, Georges-Olivier Châteaureynaud, Louis Gardel, Franz-Olivier Giesbert, Christian Giudicelli, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

Notons qu’il n’y a qu’une femme dans ce jury. Que – Ô surprise – le Prix Renaudot 2020 a été décerné à… une femme (« Histoire d’un fils » de Marie-Hélène Lafon). Et que – Ô surprise bis – les jurés (90% masculins) ont envoyé au charbon une… femme (Dominique Bona) pour défendre le livre primé. Notons encore – pas du tout en passant – la présence du Prix Nobel, JM Le Clézio, invité récent de Boomerang d’Augustin Trapenard (qui n’a pas osé poser la question de sa présence).

Je n’ai trouvé que Mediapart (via Fabrice Arfi/ Marine Turchi) et Arrêts sur Images  (Via Daniel Schneidermann) pour avoir cité et rappelé le nom de Mr Giudicelli comme juré de ce jury du Prix Renaudot. (Motus et bouche cousue ailleurs). Ce présumé pédocriminel conte dans ses livres ses « aventures » auprès des enfants qu’il a abusés à Manille, à Tunis, à Ouarzazate en compagnie de Matzneff. Cela ne peut être ignoré des membres du Jury. Dominique Bona – qui, évidemment, ne l’ignore pas – verse une larme sur Vanessa Springora mais déplore l’opprobe jetée sur ce très beau Prix et – tenez-vous bien – elle rajoute : « Et je regrette AUSSI le MAL que cela a entraîné pour un écrivain [Matzneff] qui s’est retrouvé au ban de la société, et VICTIME D’UNE CHASSE A L’HOMME ». Voilà comment une jurée plaint ce pauvre Matzneff et s’afflige de son « mal », le faisant passer en « victime d’une chasse à l’homme », lui, le chasseur d’enfants à abuser. Obscénité, obscénité, j’écris ton nom.

La présence de Christian Giudicelli dans ce jury est loin d’être une « anomalie » comme l’écrit Daniel Schneidermann. C’est plutôt une règle d’offrir quelques places (inamovibles jusque-là) à ces « sulfureux » personnages.  Non seulement le pédocriminel Giudicelli est un indéboulonnable juré, respecté, estimé par ses pairs du Renaudot mais il officie aussi dans le Prix Valery-Larbaud (prix 2020 décerné le 7 mars dernier) par la ville de Vichy.

Primé en 1982 ( pour « Une affaire de Famille » au Seuil) par ce dernier jury, Giudicelli est depuis ce temps un des jurés les plus importants. 

Salarié de Gallimard, directeur de collection, il a permis aux livres de sa maison d’édition d’être primés à 80%. Lors de la dernière remise du Prix Larbaud, Giudicelli a annulé son voyage à Vichy s’étonnant que les bruits sur ses antécédents aient pu être entendus jusqu’aux bords de l’Allier ! Notre bon Giudicelli a peut-être cru que Vichy en était resté au 10 juillet 40 et que la ville n’était peuplé en 2020 que de … vichystes. Peut-être même était-il désolé de ne pas pouvoir retrouver ses amis, fantômes bienveillants que sont Chardonne, Morand, Maurras, Giraudoux and Co(llabos) ?

Depuis ce 7 mars, malgré les protestations de Vichyssois(es) à propos de la présence de Mr Giudicelli comme juré, malgré le fait que Mr Guidicelli ait été entendu comme s-u-s-p-e-c-t dans l’affaire Matzneff, rien, absolument rien n’a bougé

La mairie de Vichy et son maire se taisent alors que cette même mairie de Vichy s’est associée au Prix dès sa création (1967) et qu’elle fait chaque année don de 6000 euros au livre primé. Interpellé, Frédéric Aguilera, le maire (LR+LREM), s’est défaussé en rejetant la décision d’une (possible) suspension (provisoire pour lui et non « exclusion ») sur les avis des Jurés avec lequel, pourtant, il paradait lors de sa campagne municipale 2017. Lire mon billet ici.

Plus délirant et horrible encore : lors du conseil municipal du 21 septembre dernier, le maire a fait avaliser à la quasi-unanimité sa décision de présenter Vichy au label de… l’UNICEF, celui de  « Ville amie des… enfants » oubliant tranquillement ceux qui, à Manille, Tunis, Ouarzazate ont subi les « assauts » conjugués de Giudicelli et Matzneff lors de leurs voyages pédophiliques.

Ajoutons aussi que ni le quotidien local (La Montagne de Vichy) ni le régional (La Montagne) n’ont fait un seul article, n’ont écrit une seule ligne sur le parcours de ce pédocriminel depuis le 7 mars dernier et qu’il ne soufflent toujours pas mot des protestations grandissantes contre la présence de ce Giudicelli au Jury du Prix Larbaud (prix qui sera remis dans trois mois). 

Faudra-t-il attendre que les envoyés du New York Times viennent à Vichy enquêter sur cette présence de Giudicelli ? Faudra-t-il attendre qu’ils viennent enquêter pour dire enfin la vérité aux habitants de Vichy (et de France), dire toute la vérité à ceux et celles qui défendent la littérature ET le droit des enfants, à ceux et celles qui dénoncent les violences et les abus sur les mineur(e)s ? Peut-être qu’alors, on aura ainsi pu dévoiler les raisons (dessous inavouables ?) de l’incroyable omerta qui règne à Vichy sur ce toujours juré du beau Prix Valery-Larbaud.

Pierre Laval d’hier et d’aujourd’hui.

Le cinéaste Laurent Heynemann et son équipe de tournage font actuellement un téléfilm sur Laval, le collaborateur. Le réalisateur a pris ses quartiers à Vichy. Son téléfilm sera diffusé sur France 2 en 2021. On y parlera du procès et de la vie du premier des Collaborateurs.

A l ‘heure où tant d’historiens taisent les liens de Pierre Laval avec la très haute finance nationale (Banque Worms, BNCI) et internationale (américaine, oui oui), espérons qu’une partie du téléfilm parlera de la fortune colossale amassée par celui qu’on appelait « Le Mandarin Noir ».

Car Pierre Laval a fait très tôt des affaires. En avril 1931, il achète le château de Châteldon (Puy-de-Dôme, 20kms de Vichy) et la source La Montagne-La Sergentale qui donnera l’eau en bouteille de Châteldon. Malin, il placera ces bouteilles d’eau gazeuse sur chacune des tables de la Compagnie des Wagons-lits. Une eau qui reste encore très bien côtée aujourd’hui dans les garden-parties et les restos cinq étoiles.

Laval gardera toujours une image de bouseux, de «paysan», d’inculte dans les hautes sphères du Pouvoir. Elu maire d’Aubervilliers en 1923 grace à la colonie de «bougnats» vivant en ceinture parisienne et avec l’appui de la SFIO, il est déjà un anticommuniste forcené.

Son ascension le pousse à parfaire sa tenue. Monsieur prend son temps pour faire sa toilette quotidienne, il passe très souvent chez la manucure, il se fournit chez les meilleurs tailleurs, change très souvent sa cravate blanche mais, hélas, rien n’y fait. Sa tête d’Auvergnat lui fait ressembler à un «Gitan» surnom qu’on lui donne avec celui de «Jamaïk». « Jamais, dira t-il, ils n’ont admis mon visage » Mais ce n’est que peu d’importance pour tous les synarques qui l’aduleront, pour tous ceux qui sont adoubés par la Banque Worms. Ces derniers (Pucheu, Lehideux, Barnaud, Benoist-Méchin, Marion, Bouthillier, Jacques Gérard, De Labarthète, Pierre Nicolle – salarié du Comité des Forges et du MEDEF d’alors) lui dérouleront le tapis rouge, le faisant revenir au pouvoir en avril 1942.

A Paris, avec sa fille Josée (toujours très chic, amie des nazis, en admiration éternelle devant son papounet), il fréquentera les hauts lieux de la gastronomie parisienne (Lucas Carton, Drouant – où dînent les membres de l’Académie Goncourt, la Tour d’Argent). Roublard, il commence à amasser une fortune colossale. Il envoie ses maîtresses en Argentine avec des lingots d’or. Avec ses francs français et suisses, elles y achètent des pesos, pesos qu’elles (il) transfèreront aux USA pour les convertir en dollars. Une fortune déjà conséquente planquée dans les grandes banques américaines (JP Morgan). Espérons que le téléfilm n’occultera pas ce côté financier absolument décisif dans la compréhension du personnage.

René DE CHAMBRUN

C’est que Laval (comme Pétain) a des rapports très étroits avec l’Amérique (ce qu’on n’enseigne guère dans les écoles et les Universités). Ses liens se consolideront avec le mariage de Josée sa fille unique. Celle-ci va épouser le 20 août 1935 le Comte René de Chambrun, franco-américain, descendant de La Fayette, avocat – comme Laval – qui a de très gros clients en France et en Amérique.

Arrêtons-nous sur cette famille richissime De Chambrun. On n’est pas là dans une famille de prolos du Bronx. Originaire de Cincinnatti, la mère de René a un frère, membre du Parti Républicain, Président de la Chambre des Représentants qui épousera la fille de… Théodor Roosevelt !

Josée LAVAL et son papa adoré.

René de Chambrun connaît Pétain depuis son enfance. Il aura toujours toutes portes ouvertes à Vichy pour le rencontrer. Il sera ainsi le lien permanent entre Pétain–Laval et le…Département d’Etat US. Ceci explique pourquoi Roosevelt aimait beaucoup Vichy et pourquoi, après 1941, les hauts fonctionnaires vichystes, sentant le vent tourner, allèrent en masse à Alger demander asile chez le bienveillant Murphy «personal representative» de Roosevelt. Vichysto-américains et non «vichysto-résistants» comme veut le faire croire l’historiographie dominante française.

De 1929 à 1934, René De Chambrun vit aux Etats-Unis. En 1931, il fait visiter les USA au Maréchal Pétain. La même année, il reçoit Laval et sa fille (c’est la première rencontre avec René) qui voient le Président Hoover et croisent aussi Raymond et Jacqueline Pâtenotre qui l’introduiront chez JP Morgan pour planquer sa fortune déjà conséquente.

Comme tout homme de Pouvoir, Pierre Laval connaît l’importance des organes de promotion, de manipulation et de Propagande. Pour hâter son ascension, il se tourne vers la Presse, se fait l’ami de Jean Prouvost (futur Paris-Match, Figaro and Co), achète Lyon-Républicain pour 3 millions qu’il revend 12. Il développe Le Moniteur (220 salariés, premier journal d’Auvergne affermé à l’Agence Havas de Paris), achète aussi l’imprimerie Montlouis (les premiers tickets d’alimentation sortiront de là), investit dans l’Hebdo « Vu et Lu ».

Jean PROUVOST
(Paris-Match, Le Figaro, Télé7 jours, RTL)

Côté Radios, il investit dans Radio-Luxembourg (dès les années 30) puis dans Radio-Lyon (par décret, il en fait une des 13 radios privées avec construction d’un pylône de 107 mètres à Dardilly).

Côté Police, Pierre Laval qui promeut son ami Bousquet a tissé des liens avec Pierre Julien qui a des réseaux puissants dans la Police et chez les Politiques.

Côté Banque, on l’a vu avec René de Chambrun et ses millions recyclés aux USA. Mais en France, il est un des plus importants dépositaires chez BNCI, quatrième établissement bancaire en 1943, banque que les Américains qui enquêtent sur le blanchiment d’argent de vichystes appellent « la Banque de Laval ». Elle est présidée par son ami en affaires Albert Buisson qui, en 1935, devient Président de Rhône-Poulenc et des Chemins de fer du Nord.

Une fois tout ce pognon amassé, Laval essayera de le planquer en Suisse. Pour ce, il envoie en 1943, son numéro deux, Jean Jardin (grand-père d’Alexandre Jardin) en premier Conseiller de l’Ambassade de France à Berne. Jean Jardin y retrouve Moulin de Labarthète en attaché et Amédée Siaume, autre ami de Laval, président de la Société Générale pour l’industrie electrique (qui transporta le siège de la Radio Sud-Ouest à… Genève).

Signalons encore trois choses au sujet de Laval :

CHÂTELDON (Allier)

1. La Fondation de la fille de Laval a vendu les parts du Château de Châteldon à la famille Taittinger, dont la femme est mariée à Jean Pierre Jouyet, homme de l’ombre de Sarko-Hollande-Macron.

2. Henri Rousso (dans son Livre Les Collaborateurs) fait avec Laval comme un autre historien a fait avec Darlan : ces deux Collaborateurs des hautes sphères ne seraient pas antisémites. Sur Darlan, on fait censure sur le fait qu’il fut le n°1 de Vichy et qu’il parapha ainsi de sa main le second  Statut des Juifs. Et sur Laval, on omet de signaler qu’il fut en pôle-position pour décréter et conduire la rafle du Vel d’Hiv.

Les qualificatifs d’Henri Rousso :
Laval ? Pas nazi, pas fasciste, pas antisémite
!

3. La constante de Pierre Laval fut un anti-communisme forcené. Avec Pucheu et Bousquet, il fit une chasse effrénée aux Rouges. Avant-guerre, il prôna le pacifisme mais ce fut pour ne pas militariser la France et ainsi ménager les nazis qui allaient envahir si facilement la France. Notons encore que Louis Barthou, ministre des affaires étrangères en 1934 s’opposait aux thèses de Laval. Ce ministre travailla à construire une Alliance tripartite avec les Anglais et les Soviétiques pour lutter contre le péril nazi. Résultat ? Il fut assassiné. Et c’est Laval – ô surprise – qui prit la suite… mais bien évidemment, pour ne pas mener les mêmes démarches.

Espérons donc que Laurent Heynemann informera les Français de toutes les saloperies de Laval, suppôt des synarques, incessant comploteur contre la République, homme aux affaires ignorées mais à la fortune colossale en France et aux USA (Qui en a hérité ? Mystère) et que le réalisateur dira un mot de Josée et René de Chambrun, tous deux nullement inquiétés après la guerre.

*

Aujourd’hui on voit les analogies entre Laval, ses sbires avec nos dirigeants macronistes. Les Darmanin et Lallement ressemblent aux amis lavallois Pucheu et Bousquet. Un Macron vient des banquiers. Le staff macroniste dirige la Presse, les Radios. Tous avec cette haine qui perdure contre les Rouges mélenchonnistes, contre les Communistes même réduits à peu et contre une Ultra gauche qui s’infiltrerait partout.

Abécédaire de confinement.

Nous sommes sûrement beaucoup à vivre ces temps étranges à l’instar de Thomas Vinau qui écrit dans son blog : « C’est une période étrange pendant laquelle je n’arrive ni à créer ni à me projeter. Soit je m’occupe dehors et je construis des trucs bancals. Des poulaillers, des jardins, des machins. Soit je perds ma journée devant internet à regarder des nouvelles anxiogènes de morts et de maladies ou à commander toutes sortes d’objets inutiles ». Je n’ai ni poule, ni jardin, ni trop de machins. La seule chose que je suis arrivé quand-même à créer, c’est cet Abécédaire de confinement.

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B comme Bourdieu.

Un dictionnaire sur Pierre Bourdieu vient de paraître aux Editions du CNRS. Incontournable en ces temps de désolation et de toute-puissance des Dominants.

Autre conseil autour du travail du sociologue : celui de mon confrère éducateur qui a écrit une magnifique présentation de cette incontournable sociologie bourdieusienne en direction des enfants et des adolescents. Commandez le : il ne vous en coutera que huit euros.

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H comme Histoire.

LENINE. On fête le 11 novembre 1918 et on tait la plus sérieuse analyse sur cette maudite guerre, celle contenue dans l’ouvrage de Lénine « L’Impérialisme stade suprême du Capitalisme ».

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Allergique aux cours publics de français, Blanquer préfère les cours privés de natation.

BLANQUER nous gratifie d’un tweet sur les étudiants du 11 novembre 1940 déposant une gerbe de fleurs sous l’Arc de Triomphe mais oublie de dire que beaucoup d’entre eux venaient protester contre l’ignoble arrestation de l’intellectuel physicien Paul Langevin, antimunichois, antihitlérien, communiste haï par l’extrême-droite et les macronistes des Années 40.

HENRI BARBUSSE. On panthéonise Maurice Genevoix mais on oublie Henri Barbusse qui écrivit ce grand livre (« Le Feu »). Aucun regret car ce communiste d’Henri Barbusse est beaucoup mieux à sa place : au Père Lachaise, division 96, près du mur des Fédérés.

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MACRON que des artistes et autres intellectuels médiatiques présentent comme un Président cultivé est un nullard en orthographe (ici sa faute sur le livre d’Or de De Gaulle) et en géographie. Il y a deux ans, il situait Villeurbanne dans le Nord de la France et pensait que la Guyane était une île. J’ai écrit « nullard ». Confirmé.

J comme Journaliste.

Sébastien Fontenelle, chroniqueur à Politis, twitto à ses heures perdues (@vivelefeu) est un des journalistes les plus mordants, les plus incisifs de France. Il sort un nouveau petit livre « Les Empoisonneurs » (Editions Lux). Haro sur ces indécents mediacrates qui pullulent sur les Chaines de la Honte, haro sur ces intellectuels à promotion continue. Voilà trente et un échos sur l’antisémitisme, l’islamophobie et la xénophobie. Trente et un échos, trente et un retours en arrière qui donnent la nausée : théories du Grand Remplacement, chroniques de Finkielkraut-Zemmour-Rioufol, célébration des crapuleux du nom de Chardonne, de Renaud Camus et de Maurras.

L comme Lectures.

ALEXANDRE JARDIN.

Des gens très bien. (Livre de poche).

Alexandre Jardin nous emmène dans sa famille et dans son histoire, famille dont l’indigne représentant fut son grand-père Jean Jardin (n°2 du Cabinet de Pierre Laval), jamais inquiété après la guerre. Un Collaborateur qui sut, à la minute près, le déroulement de la rafle du Vel dHiv mais qui la recouvrit de toutes les justifications odieuses possibles. Un livre courageux.

WILLIAM BURROUGHS à Allen Ginsberg : «  Le 5 mai 1953. Je suis à Lima, qui ressemble un peu à Mexico_City et j’éprouve quelque nostalgie. Mexico-City est ma ville et je ne peux plus y aller. Ai reçu une lettre de mon avocat — je suis condamné par contumace. Comme un citoyen exilé de Rome » (Les lettres du Yage – L’Herne).

FRANCOIS CHENG. (Le Dialogue chez Desclée de Brouwer). Un écrivain partagé entre le chinois et le français.

« Saint langage, honneur des hommes » a dit Paul Valéry. Le poète se plaçait ici dans une perspective idéaliste. A un humble niveau existentiel, l’exilé éprouve la douleur de tous ceux qui sont privés de langage, et se rend compte combien le langage confère la « légitimité d’être ».

« Rétrospectivement, aujourd’hui, je puis affirmer que si abandonner sa langue d’origine est toujours un sacrifice, adopter avec passion une autre langue apporte des récompenses. Maintes fois, j’ai éprouvé cette ivresse de re-nommer les choses à neuf, comme au matin du monde ».

KATHI DIAMANT.

Dora Diamant. Le dernier amour de Kafka (Hermann Editeurs)

Extraordinaire destin de celle qui assista Kafka dans ses derniers jours à Berlin et au sanatorium de Kierling. Cette juive de Pologne adhéra au Parti Communiste allemand, se réfugia en URSS, quitta le pays pour se retrouver en Hollande puis en camp de réfugiés sur l’île de Man. Elle connut la première traductrice française de Kafka (Marthe Robert dont les ouvrages furent mes livres de chevet) et mourut dans la misère le 15 août 1952 à Londres.

N comme Nietzsche.

« Il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse » écrivait-il dans Zarathoustra. Oui, un chaos mais ajoutons que ce chaos des Temps présents, qui s’est installé au cœur de nos émotions et de notre spleen quotidien, est né du chaos du Monde.

Monde de la laideur, du libéralisme, de la concurrence exacerbée, de la corruption et du mensonge. Celui-là même qui est à l’origine du virus de Wu-han.

W comme Sabine Weiss, photographe.

Belle surprise matinale de retrouver Sabine Weiss au micro de France-Inter. Je l’avais croisée en 2010 et l’avait honorée avec ce petit clip d’hommage.

– Qu’est-ce qui vous fait peur ? lui demanda Augustin Trapenard dans Boomerang. Sabine Weiss répondit tout de go : Les religions, ça salit tout.

On aurait aimé avoir le… développement de la réponse de la merveilleuse photographe mais Augustin Trapenard coupa court, passant alors très vite à ses questions-clichés.

Allez, je vous laisse à ce W.

Portez-vous bien.

NOUS SOMMES TOUS DEVENUS DES PETITS LALLEMENT.

Je suis au cinéma, avec masque sur le nez. La salle est pleine. Le dispositif d’une place vide est respecté.

Les lumières s’éteignent. Le film commence devant une centaine de sièges occupés.

Le Monsieur, au deuxième rang devant moi, sort aussitôt de son fauteuil et, dans le clair-obscur de la salle, se dirige vers le quatrième rang. Il se penche sur une Dame qui, visiblement étouffant sous son masque, l’a ôté trente secondes. Le Monsieur lui demande très poliment de remettre son masque.

La Dame, sans un mot, s’éxécute. Honteuse d’avoir été repérée, elle a remis illico son masque.

Scène ordinaire de notre vie depuis la Covid19.

J’ai continué de regarder le film mais comment se fait-il que, par la suite, cet incident m’est brutalement revenu et m’a empêché de dormir.

C’est alors que j’ai – dans un éclat de terrible lucidité –  fait ce constat que cet incident était porteur d’une violence inouïe. Pensée-bibi cheminant, s’est imposée l’obligation de comprendre en quoi – à mon corps défendant – j’étais passé d’un premier constat (incident anodin) à son contraire (un épisode d’une extrême violence).

Toute cette scène vécue s’est déroulée dans une atmosphère feutrée. Le Monsieur est certainement un Citoyen lambda, dénué de toute agressivité. Il a interpellé cette Dame avec gentillesse, sans hausser le ton. C’est peut-être cela qui m’a frappé : le déroulement de cet incident s’est passé dans le calme, la violence résidant justement dans cette douceur de l’apostrophe, dans l’abscence de réplique de cette Dame repérée et épinglée sans masque. Absence totale de dialogue. Aucun échange pour s’expliquer.

Qu’aurait eu cette Dame à expliquer pour sa défense ? Imaginons qu’elle se rebiffe, qu’elle dise par exemple : « Mais Monsieur, j’ai le droit d’ôter mon masque pour respirer trente secondes. De quel droit intervenez-vous ? Voudriez-vous que j’étouffe » ?

Imaginons encore quelle tournure aurait pris ce « dialogue » : la femme se rebiffe, commence à répliquer, elle entre dans l’échange avec éclats de voix. Perturbation. On en vient à interrompre le film. Les lumières s’allument. 98 personnes cherchent la coupable, s’offusquent, pointent du doigt cette méchante Citoyenne qui – refusant de porter le masque – est une hors-la-loi. On appelle les Responsables du Cinéma qui la prient de sortir. Et si besoin, en dernier recours, on demande même aux Forces de Police de venir faire régner la loi. Avec amende de 135 euros (et plus, si l’on a suivi ce matin Gabriel Attal).

Qui irait protester jusqu’à ce point ? Qui irait jusqu’à braver la vindicte populaire (de cette salle de cinéma) ? Comment appelle t-on ces énergumènes, ces opposants qui refusent les lois ? Des fous, des hors-la-loi, des terroristes, des islamo-gauchistes. Que sais-je encore ? Qui pourrait supporter ces insultes lorsqu’on lui oppose le Covid19 et ses maléfices ?

Mais mes pensées-bibi ont continué de cheminer à vitesse folle. Elles sont allées beaucoup plus loin. L’incident est venu poser sans complaisance la question de… ma propre place. C’est assurément cette interpellation de moi-même qui a fait encore plus violence. Impossibilité de prendre le temps de peser le pour et le contre. Le seul choix a été d’être d’un côté (celui du Monsieur), pas de l’autre (celui de la Dame).

Qu’ai-je fait ? Rien. J’ai laissé faire. Suis-je intervenu pour défendre la spectatrice ? Non. Au contraire, j’ai acquiesçé au commandement du Monsieur. Je n’ai pas touché à mon masque et, même, ne le supportant pourtant pas, je l’ai gardé pendant toute la durée de la projection. C’est surement pour ça que je n’ai pas dormi.

Impossible de supporter cet aveu : je suis devenu un petit Lallement.

Dorénavant, nul besoin de faire intervenir les Forces de l’Ordre. Nous avons intégré tous les gestes consensuels, nous obéissons tous aux ordres du Donneur d’Ordres. Nous en sommes les délégués, les exécutants dociles.

Il ne s’agit pas, ici, de discuter pour savoir si les gestes barrières sont justes ou non. Il s’agit de constater le point où nous en sommes : nous voilà dans l’impossibilité de protester individuellement sous peine de devenir un bouc-émissaire, un paria. Qui pourrait supporter d’être mis au ban, d’être cloué au pilori, d’être rejeté ? Impossibilité aussi (surtout) de s’unir dans une protestation collective. Nous voilà interdit de nous réunir à plus de six personnes, de bouger la nuit, d’arpenter les rues entre 21 heures et 6 heures du matin.

Ce matin, 9 heures. FranceInter. La journaliste annonce d’un ton allègre, presque jouissif : « Dès samedi, nous allons troquer le Carosse pour la Citrouille ». 10h : France Info : « Finie la Fête » s’exclame un autre. C’est dans la joie que Radio-Paris nous annonce ce qui va suivre : soyez heureux d’avoir un comportement de citoyen-modèle. Traduisons : soyez des délateurs, ne permettez à personne d’enfeindre les lois de la Protection Sanitaire. Si, dès ce samedi, vous voyez vos voisins à sept autour d’une table, appelez les flics. Avec ce couvre-feu, voilà le retour de la délation. Mais c’est bien plus fort qu’en 1940-45 car c’est à visage découvert qu’on se présente à l’autre en infraction, exécutants de ces ordres, tous fiers d’être estampillés Bons Citoyens.

Pourquoi tout cela tient ? Pourquoi la Macronie en déshérence jusque-là a repris l’initiative avec ces dernières mesures… liberticides ?

Peut-être parce que sa puissance repose sur cette peur toute individuelle d’être contaminé(e) (de mourir) ou de contaminer (plus rare). Alors tout devient plus facile pour la Macronie : elle s’impose comme le Grand Protecteur sanitaire incontournable, indiscutable et indiscuté. Son Storytelling – amplifié par les Medias-moutons débarrassés de tout discours critique – est en marche. Le discours critique – quand il a un peu de place – est aussitôt disqualifié.

Les buts de la Macronie sont atteints. Non seulement, elle a réussi à nous habituer à l’Obéissance mais elle a obtenu notre acquiescement « raisonné et raisonnable ». Rêve exaucé et triomphant de ce libéralisme qui a pourtant créé les conditions d’apparition de ce virus.

Mais nulle raison de désespérer. Dans la Vie sociale, rien ne va sans contradiction, sans luttes, sans opposition. Pour le moment, nous sommes dans le brouillard, hébétés, tétanisés pour penser comment réagir et agir contre. Voyez ce tweet capturé hier qui dit notre sidération, notre acceptation tacite et facile de toutes ces lois et décrets liberticides.

Mais le temps de l’analyse en est aux prémices. Le temps d’une réponse collective, de NOTRE réponse collective viendra. Inexorablement.

Nous ne continuerons pas d’être des petits Lallement.