Quand Jean Quatremer de Libé gazouille ouille ouille ouille.

Carambar*

Jean Quatremer, journaliste pantouflard à Bruxelles pour Libération, nous en a fait une belle ce week-end. Sans contrôler ses sources, sans daigner prendre le moindre recul, aveuglé par sa haine de Jean-Luc Mélenchon, il a posté un gazouillis qui allait faire un buzz (plus tard on dira «buzz factice» (1)). Ce tweet s’insurgeait contre le discours du leader du Front de Gauche dans lequel Monsieur Jean de Bruxelles avait repéré des «relents antisémites».

On n’oubliera pas que notre bon journaleux a quelques 44.400 abonnés et que ce n’est donc pas n’importe quel quidam. Derrière lui, s’engouffrèrent quelques hautes personnalités du PS (Désir, Valls) et quelques pointures d’Editocrates (l’omniprésent Aphatie, frère jumeau de Quatremer, Bruno Jeudy etc). Avec cette stature, une telle aura, on pourrait penser qu’avant de se prononcer, ce bon journaliste aurait pris son temps (et donc ses précautions) pour poster le tweet en question mais avec Jean de Bruxelles, on est dans un autre Monde, un Monde où tout est permis.

Quand – grâce aux preuves irréfutables d’une journaliste de Médiapart – on apprit que tout cela était du vent, le bon Monsieur Jean se lança illico dans des excuses via un tweet que voici :

Quatremer Mot d'excuse

En premier, on pourrait lui chipoter qu’en langue française, on ne dit pas : «Je m’excuse» mais «veuillez m’excuser». Pour certains, ce n’est effectivement pas pareil : la personne ne devrait pas dire ce «Je m’excuse» car cela signifierait qu’elle s’excuse elle-même de la faute qu’elle a commise envers l’autre. Un peu comme si elle disait : «je me déclare moi-même innocent». Si on adopte ce sens-là (et je ne suis pas loin de l’adopter), seul Jean-Luc Mélenchon – à qui le tweet a fait du tort – devrait (ou non) accepter les excuses de Quatremer.

Cette précipitation à s’excuser aussi rapidement me fait beaucoup penser à ces enfants qui – pris en faute – demandent aussitôt à être pardonnés pour ne pas avoir à réfléchir à leur acte et au sens (ici politiquement impensé) de leur acte. Manipulation pardonnable pour des enfants mais grosse ficelle pour l’envoyé de Libé, non ?

libération-

Mon hypothèse risque d’être confirmée puisque pas moins d’une heure après son tweet d’excuse, le bon Monsieur de Bruxelles posta un nouveau tweet : «Le discours de @JLMelenchon est brutal, populiste, nationaliste. Mais il ne faut pas lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. C’est tout #AFP». Un sociologue hélas disparu aurait dit justement qu’indécrottable et insupportable est cet «habitus de classe».

Ben, oui, s’excuser via un tweet a eu deux avantages :

  1. d’abord de s’en tirer à son avantage. Qu’on lise bien le tweet de Jean Quatremer : «Mais il ne faut pas lui faire dire ce qu’il n’a pas dit». Remarquons le discours impersonnel du bonhomme qui gomme sa place de sujet d’énonciation. Le tweet du (soi-disant) repentant devrait dire tout au contraire : «Mais JE ne dois pas lui faire dire ce qu’il n’a pas dit».
  2. de continuer – sans retour et sans autocritique sur de tels agissements – à bavasser sur Mélenchon et sur son discours qualifié de «brutal, populiste (2), nationaliste». On est loin du débat démocratique, de ce même «débat» entendu aujourd’hui à France Inter, dans l’émission de Pascale Clarke. Madame invita trois journalistes se déclarant tous d’accord pour affubler JLM des mêmes qualificatifs. Et ce, sans qu’une voix contraire ne se fasse entendre.

«Polémique pour rien» : ce sont les mots de Quatremer. Rions un peu devant tant de pseudo-ingénuité. «Pour rien ?» alors que cette polémique a enflé, a touché de façon exponentielle ses abonnés et s’est élargie jusqu’aux grands Médias. Bouuuhh !

Demorand

Enfin, BiBi s’interroge sur l’absence de réaction du Boss de Libé (Nicolas Demorand). Un de ses journaleux taxe d’antisémite une personnalité et silence sur toute la ligne et les lignes dans son journal. Pas l’ombre d’une faute professionnelle, Nicolas ? Ah ! Qui dira que la Vie (médiatique) française  n’est pas belle ?

*

  • (1)  Buzz factice : n’est-ce pas un pléonasme ?
  • (2)  Sur ce mot de «populiste» qui fait évidence pour les Editocrates, voir billet-BiBi.
  • (3)  Bruno Jeudy  sur France-Inter : «Et vous imaginez un Président aller soutirer de l’argent à une vieille dame ?». Ben, si, Bruno, les bibis l’imaginent parfaitement.

4 Responses to Quand Jean Quatremer de Libé gazouille ouille ouille ouille.

  1. Bien vu, Bibi !

    Une oligarchie médiatique de plus en plus sectaire, aveuglée par son idéologie, perdant perpétuellement son sang-froid, ces gens ne sont plus journalistes mais des propagandistes.

    En plus, ces journalistes sont ulcérés de voir des voix sur Internet battre en brèche leurs avis « éclairés » !

    Et comme l’information de beaucoup plus de citoyens qu’on imagine passe par le Net, ils sentent bien qu’ils sont débordés !

    Si un sondage sur la crédibilité de ces journalistes paraissait, je suis certain que les résultats seraient désastreux pour eux.

    Par ailleurs, avec finesse, le staff de Sarkozy ne s’y est pas trompé : il a utilisé le canal Facebook pour s’exprimer.

    Il s’agit là d’une nouvelle pelletée de terre jetée sur le cercueil d’une presse conventionnelle morte.

  2. BiBi dit :

    @Cui Cui
    Les nouveaux Experts sont effectivement des propagandistes dans des espaces médiatiques déconsidérés et en perte de vitesse (et de lecteurs). Je me souviens avoir écrit un billet sur cette frange de « Journalistes » qui faisaient l’autruche. http://bit.ly/JhqgOF
    Aujourd’hui, ils sortent la tête du sable pour insulter, caricaturer et prêter leurs défauts à leurs adversaires.

  3. Arthurin dit :

    A propos du populisme, je remets ici (avec ta permission BiBi) un commentaire que j’ai laissé il y a quelques jours sur LGS (http://www.legrandsoir.info/populisme-de-droite-et-de-gauche-une-distinction-obsolete.html):

    La porosité maintes fois constatée entre les deux populismes [de droite et de gauche] est à mon sens bien naturelle.

    Comme j’ai pu le dire auparavant, ce qu’il faut dénommer peuple est le prolétariat, la nation lui appartenant de fait car toute production de richesse, de valeur, de plus-value, émane directement de lui.

    Or parmi ce peuple, malgré sa puissance effective, tous n’ont pas conscience de leur classe, ni des exactions de la classe adverse à son encontre, dont sa mise sous tutelle intellectuelle par l’intermédiaire de la propagande oligarque. Ceci amplifié par le conditionnement préalable de l’école de l’oligarchie qui garantit l’acculturation relative du bas-peuple. Le citoyen doit déployer une force de caractère considérable pour s’extirper de la fange dans laquelle on essaie de le maintenir par tous les moyens.

    Distinguant avec difficulté les causes de ses maux et ne pouvant analyser avec précisions les tentatives de manipulations, le peuple peut se vouer tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; c’est dire la suprême importance du débat démocratique et l’excès de prosélytisme qui peut se rencontrer chez les gens de conviction.

    Dans tous les cas donner un sens péjoratif au mot populisme est un crime de lèse-majesté et l’expression d’une condescendance certaine.

  4. Bien dit. Il mange chaud en ce moment !

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