L’appel du 18 juin de Mr. Jean-Claude.

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On l’avait aperçu sur nos écrans français lors du referendum sur l’Europe, joignant le doigt menaçant à la parole suave. Il nous avait déjà délivré ses messages d’espoir et de béatitude sur la construction européenne dans son costume gris très strict. Voilà que le canard d’Edmond de Rothschild a ouvert ses pages à Monsieur Jean-Claude (Juncker) pour une interview où pointe non plus de l’agacement mais une colère sourde pas exempte de menaces. C’est vrai qu’avec son ami Baroso, Monsieur Jean-Claude doit penser que les Temps sont durs. Après le peuple français et néerlandais, les Soiffards irlandais se sont engouffrés dans les interstices démocratiques et sont venus foutre la pagaille dans les Règlements peaufinés et concoctés dans la tranquillité silencieuse de la Capitale belge.

 Mais qui est ce Monsieur Jean-Claude, premier ministre chrétien-social luxembourgeois ? La première fois que BiBi l’a « rencontré », ce fut sur une des pages de la revue interne de Cedel Groupe (aujourd’hui chambre de compensation bien connue… surtout de Denis Robert). Là, sur la photo, Monsieur Jean-Claude applaudissait le lauréat de la Fondation Edmond Israël (du nom du premier président de cette firme de clearing luxembourgeois). A ses côtés, BiBi a reconnu André Lussi le grand patron d’alors qui fut « déplacé » en silence après les Révélations de Denis Robert. BiBi apprend que l’année suivante, notre Monsieur Jean-Claude se voit décerner le Prix baptisé « Vision pour l’Europe » et reçoit les louanges du trotskyste Lionel Jospin.

Mais c’est de 1985 que date le début de l’engagement résolument pro-européen de Monsieur Jean-Claude. Il veut  de par son engagement éviter les drames et tragédies du passé qu’il connaît bien. En effet, son père a été enrôlé de force dans la Wehrmacht allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et envoyé au front russe.
Il sera Gouverneur de la Banque mondiale et assumera la responsabilité de gouverneur du Fonds monétaire international et de gouverneur de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

En mai 2008, le Président de l’Eurogroupe va adhérer au Parti Communiste luxembourgeois (non,non, là, BiBi s’amuse !). Ce qui n’empêche nullement Monsieur le Premier Ministre de jouer au Défenseur des Prolétaires, dénonçant les augmentations « scandaleuses » que s’attribuent certains dirigeants d’entreprises (qu’il connaît parfaitement bien). Il « envisage (pesez le verbe « envisager » !) de faire tout pour lutter contre ces comportements extravagants ». « Nous pensons (pesez le verbe « penser ») que les dérapages excessifs sur les salaires que nous avons pu observer dans plusieurs pays sont proprement scandaleux et regardons (pesez le verbe « regarder« ) quels moyens utiliser pour lutter contre ces excès-là« , et plus loin : « Une action internationale s’impose. Nous voudrions que l’UE donne l’exemple et entraîne les autres« .
Ben, Monsieur Jean-Claude, d’accord mais on n’a rien vu venir.
Ce que nous avons vu venir par contre, ce sont le Non irlandais et vos petites lunettes grises.
Dans une interview à Libération, Monsieur Jean-Claude estime que la perspective d’une Europe à deux vitesses se renforcerait si les propositions irlandaises n’étaient pas suivies par le reste de l’UE. Comme si les deux vitesses n’y étaient pas.
Monsieur Jean-Claude a de la suite dans les idées. Non content de houspiller le peuple français qui a osé dire et voter démocratiquement NON à son Europe, le voilà qui tançait, il y a quelque temps, la Belgique dans ses problèmes communautaires :
« Il faudra que la Belgique se ressaisisse. Qu’elle donne, vers l’extérieur, l’image d’un pays le plus uni possible. Qu’elle sache que d’autres l’observent dans sa façon de régler ses problèmes ». En donneur de leçons, le voilà qui distribue hier les mauvais points : «  Il y a une vraie paresse des gouvernements qui ont renoncé à expliquer l’Europe » (1) On pourrait croire qu’il n’y a pas que des chômeurs parmi les fainéants mais Monsieur Jean-Claude ajoute : «  Il y a une paresse des citoyens bien installés dans leur confort national » avant de lâcher, dépité : «  On n’a plus de regard sur le Monde ». Peut-être devriez-vous changer de lunettes ( et de politique), Monsieur Jean-Claude ?
A la rescousse, ce même jour, Inigo Mendez de Vigo, rapporteur sur le Traité de Lisbonne au Parlement européen singe notre Petit Nikos et appuie notre Premier ministre en qualifiant le vote irlandais d’ « incident de parcours » (2).
Et pour finir, à lire les propos de Monsieur Jean-Claude, on pleurerait presque sur le sort de toutes ces grosses fortunes amies : «  Si l’Europe n’existait pas, nous aurions eu de graves crises monétaires qui nous auraient tous rendus plus pauvres ! »
BiBi se gratte la tête, médite sur le « NOUS » et le « TOUS » et, un peu hésitant, ne sait plus si Monsieur Jean-Claude a de riches idées ou des idées de riches.
(1) Libération du 18 juin.
(2) Le Figaro du 18 juin.

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