Pause de fenêtres.

Fenêtres sur cour

Aux États-Unis, des architectes avaient décidé de faire des buildings d’affaires sans ouverture sur l’extérieur. Ils avaient par contre beaucoup cogité sur un intérieur tout aseptisé. Il y avait là aquarium, jolies peintures aux murs, lumières sophistiquées et grosse moquette sous les pieds. Mais dès le premier mois de travail, les femmes qui étaient au boulot, ont commencé à avoir des migraines, des angoisses, des taticardies, des pertes de connaissances et le rendement s’en ressentait rudement.  Après réflexion,  il s’est avéré que c’était le manque de fenêtres, de velux, de vasistas, de baies vitrées sur l’extérieur, que c’était cette absence d’ouverture sur le Ciel et le Rêve qui avait provoqué le malaise.

Miléna Jesenska, qui fut « compagne » de Franz Kafka, avait déjà tourné l’espagnolette dans son journal : « Ce sont les fenêtres et non point les portes qui ouvrent sur la liberté. Le monde s’étend de la fenêtre (…) C’est dans la fenêtre que réside toute espérance de lumière, de lever du soleil, d’horizon ; c’est dans la fenêtre que se logent les désirs et les aspirations. »
Franz Kafka, lui-même, avait tiré plusieurs fois les rideaux. La première fois en écrivant à Oscar Pollak, un de ses amis : « Qui vit abandonné (…), celui-là ne pourra se passer indéfiniment d’une fenêtre sur la rue. » Une autre fois il écrivit à Felice son amoureuse qui ne lui a pas ouvert sa porte : « Tu étais pour moi une fenêtre à travers laquelle je pouvais regarder les rues. Tout seul, je ne le pouvais pas. »
Marc Chagall, lui aussi, s’était penché à la fenêtre en déployant ses grands pinceaux : « La Peinture me paraissait comme une fenêtre à travers laquelle je m’envolerais vers un autre monde. »

Elias Canetti, lui, l’ouvrit en grand :
« Toutes les fenêtres, pour moi, donnent sur l’infini. Mais si, de l’extérieur, je regarde par une fenêtre un intérieur quelconque, j’ai le sentiment, qu’arrivant de l’infini, je rencontre la vie. »

Marina Tsvetaeva, elle, parlait de son âme par-delà sa fenêtre. « J’ai habitué mon âme à vivre par delà les fenêtres, je l’ai toujours contemplée, elle et seulement elle, derrière la vitre, sans la laisser pénétrer dans la maison, de la même façon qu’on ne laisse pas entrer un chien de ferme ou un oiseau merveilleux. Mon âme est devenue ma maison, mais je n’ai jamais fait de ma maison une âme. Je suis absente de ma vie, je ne suis pas là. L’âme dans la maison, l’âme de la maison est pour moi quelque chose d’impensable, vraiment impensable

Chez Bibi, vous trouverez non seulement porte mais… fenêtre ouverte. Aussi attend t-il avec impatience vos courants d’air.

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