Le quart d’heure est passé mais ça dure encore.

Des fois, plus envie de rien. Le blog ? Une cochonnerie. L’énergie : y a du manque pour poursuivre. Constat de ne plus pouvoir penser autrement. Plus possible de lire jusqu’au bout un livre, plus pensable non plus de porter du regard ailleurs. Toujours les mêmes gimmicks, les rotatives deviennent routinières : billets d’humour politique en série, méchancetés sourdes à répétition contre les Puissants. Pour ce que ça change ? Pourtant on est obligé en rien, c’est vrai mais constat duraille qu’une prison invisible s’est refermée sur soi.

Des fois envie de plus rien d’autre que de lézarder en silence, que de s’ouvrir à d’autres mondes sans rien dire, rien écrire. Peut-être se retrouver début juin sur le Mont Troodos, aller tâter le terrain rimbaldien (1880 à Chypre) à 2100 m d’altitude ? «Je suis surveillant au palais que l’on bâtit pour le gouverneur général, au sommet du Troodos, la plus haute montagne de Chypre». Bon, et après ce détour ? Laisser tomber les Divagations Twitter ? Les amis Twitter, cette longue lignée anonyme Cricri, Sisyphe, Shaya, Jujusete, Pasperdus, EssorTower, AnelliaHolly, Louizeline, Loudl, ValDo, Mariebender, ce long ruban d’invités sans visage ? Quoi, ça, la Vie ? Continuer jour après jour ce gazouillis de caractériel en 140 caractères ?

Faudrait aussi pouvoir larguer les billets-BiBi achevés. Et laisser encore  en jachère les billets-BiBi embryons. Stopper la Machine. Se concentrer peut-être sur ce petit livre de l’énigmatique Philippe Jacottet, poète. Mais même avec d’la-poésie, plus envie de rien : du Temps continue de passer à perte et sans fracas. Les degrés Zéros de la Lecture et de l’Ecriture sont atteints. La Mort rôde. Temps de l’absence de temps. Temps ravageur.

Pourtant, lecture du Canard Enchaîné ce midi. Mais l’article fait remonter la nausée. Même plus envie du sourire aristocratique de pamphlétaire. «Bernard Arnault, le roi du quadrillage de la politique et de la presse» : ce foutu Bernard tombe mal pour le moral. Les mots-BiBi devaient dézinguer mille fois le bonhomme mais le bonhomme est toujours là, sale, retors, mesquin, puissant. Tout ça, BiBi l’avait déjà écrit : les potes Bazire, Dutreuil, Jamet, Védrine, Bernadette. Hommes invisibles aux sommets. Ils régentent, ils font à leur guise, Princes des Stock-Options, ils nous shootent au désespoir. Tiens, voilà ma veine : envie de me taire, d’aller couper du bois, de faire l’autruchon, ça y est, on dirait que ça y est, BiBi va verser dans l’irrémédiable Servitude volontaire.

Le Canard aurait pu rajouter : « Le Roi du Quadrillage de l’Art« . Une Fondation près du Jardin d’Acclimatation. Une parole-crachat sur l’Art. Souvenirs de ces longues nuits-BiBi à lire au mot près les parades de ce Bernard, sexagénaire richissime, odieux, ignoble. Regards rétrospectifs sur les Travaux-BiBi : 10 billets en trois ans sur cette 4ième fortune du Monde. Tout ce temps perdu. Tout ce temps qui passe. Et la cervelle-BiBi qui se ramollit. Plus envie de rien. Le Canard a aussi oublié le faste à vomir du mariage de la fifille Delphine avec Gancia, le père de l’apéro italien. Et oublié de dire un mot sur Antoine le Pistonné, fils de. Nauséabonds.

Vint un éclair, Temps ultime de répit avec ces chiffres pêchés dans l’enquête 2009 du Crédoc à propos de ces Technologies qui vous bouffent le cigare et vous laminent :

«Plus les revenus progressent et plus grande est la probabilité d’être internaute (de 52% chez ceux qui perçoivent moins de 900 € par mois à 93% chez les titulaires des revenus les plus élevés). Les écarts se sont tout de même réduits en un an, grâce à une nette progression du taux d’internautes en bas de l’échelle des revenus (+ 14 points) (…) Le nombre d’internautes en France a franchi un nouveau seuil. 28 millions de personnes chaque jour, se connectent sur la Toile. (…) La France compte désormais 37 millions d’internautes (de douze ans ou plus)».

S’achève alors ce mercredi en creux, jour de repos avec une Marinade de plus au compteur :

Marinade dont parle Roland Barthes :

« La Marinade : le mot est de Gustave Flaubert. On se jette à un moment sur son lit. On ne fait rien. Les Pensées tournent en rond, on est un peu déprimé. Des marinades, j’en ai souvent mais elles ne durent pas longtemps, un quart d’heure à vingt minutes. Après, je reprends courage ».

Le quart d’heure est passé mais ça dure encore.

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