Jours tranquilles à Paris.

Jours tranquilles à Paris & déambulations bibi.

Jours tranquilles

 Statut, statue.

Cour du Collège de France

 

T’es dans la Cour du Collège de France, tu t’arrêtes devant Champollion statufié, te voilà rêveur comme lui. Autour du Maitre perçant les écritures égyptiennes, tu tournes, tu tournes. Dans cent ans, il sera probablement toujours là, pas toi, mais en ce jour de juin 14, il est comme toi : ermite so alone, so alone.

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Musée d’Orsay.

ARTAUD

Artaud rend visite à Van Gogh. Tu te souviens de la fulgurance de ses écritures sur le Suicidé de la Société. Mais que veulent tous ces gens, ces cinq japonais cravatés, ces américaines baby-dolls, ces sexagénaires fatigués ? Tout comme toi, ils viennent faire serpentin et zigzaguer avant de payer aux caisses. A l’intérieur les splendeurs vangoghiennes (merci aux généreux donateurs : merci Crédit du Nord, merci Wilhemm & Associés, merci Ponticelli) mais on n’entendra pas la voix d’Artaud (je parle de ses éructations dans l’émission radiophonique de 1946). Trop luciférienne cette voix. Absente ici cette voix car tout se fait dans le feutre des galeries. C’est qu’il faut suicider une fois de plus Van Gogh en silence, en finir une fois de plus avec le jugement braillard de Toto le Mômo. Ainsi veut-on contenter, ainsi veut-on rassurer le cochon de payant. Orsay en ce jour de juin 2014. Orsay, ma porcherie.

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Au Marché de la Poésie.

Marché de la Poésie

Drôle d’associer Poésie et Marché. Encore plus drôle d’associer l’Eglise (Saint-Sulpice) au Marché et à la Poésie. Des poètes sont là, des poétesses crient leur juste colère. Au premier virage du Marché, le stand des éditions Ypsilon (les cahiers d’Alejandra Pizarnik) et les dernières parutions de Héros-Limite. Les tentures sont dressées, lavées, blanches, très blanches au soleil. Les stands sont bien, très bien tenus. Quand, soudain, vint à passer un poète un peu hors-circuit (ils ne le sont pas tous) qui mit aussitôt le feu à tous ces échoppes littéraires. Il avait bien fait car quand on parle de poésie, faut jamais, jamais, jamais oublier cet élément central : le feu.

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Pluie aux Tuileries.

Paris Tuileries

C’est quand il pleut, il pleut et pleut encore, c’est quand ta chemise fait des vagues, c’est quand on croit que c’est pipi dans la culotte, c’est quand Paris prend ses quartiers aquatiques que les Tuileries sont à toi, que les visiteurs ne t’assomment plus dans chaque allée, alors, tu gagnes de l’apaisement. Apaisé oui, sous les arbres, flic, flac, les arbres qui dégouttent.

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Soleil aux Tuileries.

Jardin des Tuileries

Et quand le soleil revient, te voilà sombre, te prenant la tête, et la tête, et la tête alouette. Tu connais la chanson parisienne, son décor, ses rideaux déchirés. Et quand vient à flâner un nuage, tu lui sautes dessus, tu l’enfourches pour qu’il t’emporte au-delà de Paris-en-Scène.

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Taupe parisienne.

Denis Robert

Dans cette galerie (Galerie W, 44 Rue Lepic) te voilà en guerre de 2014. Plongé doublement dans une tranchée matérialiste : à la fois dans les tableaux de Denis Robert (qui sont au cœur des trous noirs et des bourbiers de la Finance) et dans une rêverie théorique de la Mystique Mistic. Te voilà transformé en Taupe, de celles qui – dans nos nuits – rêvent de se fiancer aux lucioles.

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 Librairies défuntes.

Librairie

Les librairies meurent, se ferment, se referment. Tu longes leurs devantures et tu te dis que ces bruits derrière, ce sont les livres qui crient leur détresse. Mais non, non, non, gros bêta, ils rient au nez des passants déjà morts.

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Les photos et photo-montages sont de Pensez BiBi. 

4 Responses to Jours tranquilles à Paris.

  1. Robert Spire dit :

    Ce sont aussi des « Jours tranquilles » de passage du Bac de nos chers étudiants: sur la grève, le pavé chemine haut.

  2. Donc l’exposition à Orsay est à éviter ? J’aime bien la galerie W, j’ai aimé lesttoiles de ce peintre qui représentent des routes désertes.
    Au doigt mouillé, tu étais à Paris la semaine dernière…

  3. BiBi dit :

    @despasperdus.
    Ah non, FAUT Y ALLER pour Van Gogh, des portraits, des tableaux de Saint-Remy, d’Arles, le père Tanguy, la Chaise de Gauguin, Augustine Roulin, Salle de danse à Arles etc.
    Impressionnant.
    Billet-BiBi 1 : http://www.pensezbibi.com/categories/photos-cinoche-peinture-et-videos/apres-midi-ensoleille-a-auvers-sur-oise-15027

    Billet BiBi 2 : http://bit.ly/1pgWpZm

    FAUT Y ALLER QUAND-MÊME pour Artaud, des dessins. La voix d’Alain Cuny. Les extraits de ses films. D’émouvantes photographies : l’un de sa chambre à Ivry, l’autre, une vue de l’hospice d’Ivry. Un autoportrait. Et les photos en planches-contact d’Artaud

    Billet-BiBi 3 : http://www.pensezbibi.com/categories/pensees-politiques/artaud-le-momo-636

  4. Je note, merci 😉

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