Délinquants et encadrement militaire : l’impasse Royale (2).

Pour BiBi : c’est tout simple : l’insistance – voire l’obsession – de Ségolène Royal à encadrer les mineurs délinquants par des militaires empêche de penser une approche éducative de la difficulté du rapport à la loi. Et avec les médias qui s’y engouffrent pour la colporter, la tendance répressive a de beaux jours devant elle.

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On ne souligne pas assez la trajectoire de Madame Royal. Venue d’une famille de militaires, elle a du se persuader très vite qu’elle était une réussite à donner en exemple et que son éducation était un parangon valable universellement.

Lisons Wikipédia : «Marie-Ségolène Royal est la fille de Jacques Royal (1920/1981), lieutenant-colonel d’artillerie de marine, lui-même fils du général de brigade Florian Royal (1891/1975) et d’Hélène Dehaye. Le couple eut huit enfants en neuf ans : Marie-Odette, Marie-Nicole, Gérard (lieutenant-colonel à la DGSE), Marie-Ségolène, Antoine, Paul, Henry et Sigisbert. Le Général Benoît Royal, cousin de Ségolène Royal, est sous-directeur chargé du recrutement à la Direction des Ressources Humaines de l’Armée de Terre et a été auteur d’un livre sur l’Éthique du soldat français en 2008. La famille Royal habite en Martinique pendant trois ans en raison d’une autre affectation militaire de son père en 1960» (1).

Ce qui est dommageable, c’est le fait de privilégier le répressif sur l’éducatif, de soutenir l’idée ahurissante d’un «encadrement militaire» comme fer de lance d’une réponse de gauche à la délinquance des mineurs.

Voilà donc une porte-parole de «gauche» qui en vient à nier l’esprit progressiste de l’Ordonnance 45 (2) en s’enfermant dans des oppositions très discutables (ou l’encadrement militaire/ ou la prison), qui devrait se battre férocement contre le démantèlement dramatique de la Justice des Mineurs mais qui continue de s’attacher encore à cette idée qu’on peut «redresser des comportements» pour gagner du populo, qui croit qu’il suffit d’«inculquer un savoir-être et un savoir-faire» aux jeunes délinquants pour vivre soi-même dans une tranquillité de normosé (normose = pathologie féroce du néolibéralisme en crise) et qui propose en parade d’«accentuer ce que l’exercice de l’autorité comporte d’autoritarisme». (3)

BiBi vient de lire ces quelques mots : «Il faut inculquer [aux condamnés de 16 ans] à la fois un savoir être et un savoir-faire, grâce à une discipline stricte inspirée de la rigueur militaire. La durée de ce service sera fixée par le magistrat qui prononcera la peine. Il devrait être compris entre quatre et six mois». Des propos qui interroge durement BiBi car il ne saurait dire s’ils émanent de Ségolène Royal ou de l’UMPFN Eric Ciotti.

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 (1) L’argument selon lequel Madame Royal aurait «évoqué ouvertement ses conflits parentaux» sans censure apporterait plutôt de l’eau au moulin-BiBi. Les enfants disent fréquemment Non à leurs parents pour, finalement, quelques années plus tard, suivre leurs traces et défendre leurs valeurs.

(2) Qu’on ne vienne pas redire cet argument éculé que «nous ne sommes plus en 1945». Les formes contemporaines de la contestation ne sont évidemment pas celles du passé. Il faudrait plutôt réfléchir à «l’invention des modalités démocratiques d’autorité» au lieu de courir au plus pressé, dans les pas des pires donneurs d’Ordre.

(3) Lire l’article de Saül Karsz : «L’autorité comme sport de combat». http://www.pratiques-sociales.org/?p=1242. ou encore le beau livre de Mireille Cifali «Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique» aux PUF. Pas besoin d’un troisième billet-BiBi : les précautions méthodologiques, l’argumentation, les prises de position des deux intellectuels sont celles de BiBi.

6 Responses to Délinquants et encadrement militaire : l’impasse Royale (2).

  1. Gdec dit :

    Comme je t’approuve, mon bibi ! Le chapeau de ton billet est tout à fait représentatif de ce que je pense. Cette obsession d’envoyer les militaires aux jeunes est une insulte à l’intelligence. Surtout quand on a été travailleur social toute sa vie…

  2. Robert Spire dit :

    Quand on pense que la plupart des grands truands assassins de notre temps sont d’anciens militaires, légionnaires, paras…que peut bien être ce « savoir faire » inculqué?
    Robert Spire

  3. BiBi dit :

    @robert spire
    C’est vrai que leur violence a été légitimée par les États et que, parfois, individuellement, ils ont été pire que les pires truands.

  4. Robert Spire dit :

    @Bibi
    Bien d’accord avec vous, trop de responsables de « crimes contre l’Humanité » sont morts bien vieux dans leur lit, les Bigeard et Cie.
    Je faisais allusion aux braqueurs de banque ou de fourgon blindé qui appliquent leur « savoir faire » dans le civil, à leur compte perso ou celui de groupuscules fascistes.
    Robert Spire

  5. borneo dit :

    Bon en dehors de la critique éducative que tu as fort bien traitée je vais juste poser ceci:
    à l’heure ou l’armée sous traite une grande partie de ses missions à des halliburtons_like ben, ça ferait juste un appel d’offres supplémentaire en fait
    In fine les mômes seraient encadrés par des mercenaires !

  6. BiBi dit :

    @borneo
    Tiens, je n’y avais pas pensé ! C’est vrai que ces mercenaires à la retraite (c’est fatigant d’aider des Dictateurs) vont pouvoir finir leur vie en alliant l’Utile à l’agréable.

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