Tag Archives: Palmyre

La vie est passionnante.

Passionneria

Y a pas à dire mais y a à écrire.

C’est foutraque. C’est le bazar. C’est le fatras. C’est sens dessus dessous, ça part, ça repart de partout. Bah, pourquoi pas ? La trajectoire multidirectionnelle de ce billet n°1474 qui va des Communistes des Minguettes à la beauté insolente de Laura Antonelli, décédée ce mardi, faut-il que je me (vous) l’explique ? Je ne sais rien et ne veux rien savoir de ces liens secrets, de ces coïncidences rapportées ici : ça s’écrit, ça s’entasse et puis basta. 

Seul espoir fou qui demeure : la lectrice, le lecteur. A elle, à lui de voir, à elle, à lui de lire. 

ALEP, Mon Amour.

 

ALEP cette superbe ville (août 2010) est aujourd’hui une ville détruite (octobre 2014). Dans ma cosmogonie géographique et humaine, aucune autre Cité d’envergure ne saurait l’égaler (sauf Athènes).

On le disait jadis avec raison : «Rien n’est plus terrible que la destruction d’une Cité».

Voyage en Syrie (4): en pays de chrétienté.

1. Tamara, 27 ans, est une femme heureuse : elle a épousé tout récemment un ingénieur de 42 ans. Chrétiens tous les deux. Elle attend la fin de ses études de Droit pour être Juge et travailler auprès des enfants. Elle voudrait améliorer les lois qui protègent les mineurs contre l’arbitraire. Paradoxalement, elle trouve qu’à Damas, il y a trop de jeunes (irakiens réfugiés) : «Cette arrivée massive a perturbé notre pays». Ses parents habitent à 150 kilomètres de Damas, la Capitale. Malgré la voiture qu’elle peut conduire (40 centimes d’euro le litre d’essence), malgré le prix en car (1,5 euro le trajet), elle ne leur rend visite qu’une fois tous les deux mois. Comme beaucoup de syriens, elle ne connaît pas très bien la géographie intérieure de son pays et n’ose guère s’y aventurer. Sa maison est en construction, toute proche de celle de ses beaux-parents. Son visage est radieux et son thé délicieux.

2. B., 32 ans, est un homme célibataire, de confession chrétienne. Ce soir-là, il se laisse séduire par un groupe de jeunes musulmanes buvant un thé à la terrasse. Certaines sont coiffées d’un voile, d’autres ont leur chevelure qui vole au vent, d’autres fument le narguilé sans complexe, jouent au jacquet ou se remettent du fond de teint devant les miroirs des couloirs.

B. compte quelques amies musulmanes mais n’en épousera aucune. Les codes sont trop prégnants, la pression des familles souterraine est omniprésente, les habitus sont trop pesants. «Ils nous acceptent mais ils veulent que nous restions à notre place». Mais la réciproque est aussi vraie : les chrétiens – 13% de la population, couche sociale aisée – veulent coexister mais ont le même adage : «chacun chez soi». Pas de mélange ou de réciprocité via la mixité des mariages par exemple.

La Famille reste un point d’ancrage incontournable, décisif : « à mon âge », dit-il, « je dois accélérer le mouvement » (il se doit de trouver rapidement une femme jeune, en âge de procréer). S’il n’y arrive pas, il sera triste. Seule possible sortie d’impasse : rejoindre un oncle au Canada avec ce prix à payer : distendre les liens familiaux, s’éloigner de ses proches.

3. Pour comprendre ces mariages impossibles et inenvisageables, rappelons que 8 syriens sur 10 se réclament de l’Islam et du sunnisme (pour 80 % d’entre eux). Les minorités druzes, kurdes et celle des Alaouites (à laquelle appartient la famille du Président Bachir El Assad) se réclament elles aussi de l’Islam.

4. A l’opposé, les Chrétiens sont eux aussi disséminés, entre grecs orthodoxes, latins, arméniens. Enfin restent seulement 300… juifs, juifs qui constituaient avant 48, une des plus importantes communautés religieuses du Moyen-Orient.

Voyage en Syrie (2) : Haya laisse son empreinte.

Elle montre son pouce marqué à l’encre. C’est la raison de sa venue en ville : elle vient au Poste de Police pour refaire sa carte d’identité de femme de 38 ans. Assise sur le rebord du trottoir, toute timide, elle se laisse aborder. Avec Boto-Boto, elle va engager une prudente mais souveraine conversation. Entre femmes, la glace va se rompre à vitesse grand V.

Pour Haya, l’échange avec une femme européenne est un présent de Dieu, une grâce d’Allah, un court temps hors-monde dans son quotidien. Malgré les différences culturelles, les sujets abordés seront nombreux : les enfants (3 d’entre eux s’amusent sur le capot rouge d’une KIA coréenne sans que cela fâche le père), l’aîné est bon élève, tout fiérot, il compte en anglais jusqu’à dix, les grossesses ont été difficiles, le mari fait du commerce en campagne. Elle écrit son prénom HAYA, elle sourit, tente de repérer la France sur les contours européens que Boto-Boto lui dessine sur son petit carnet. Les enfants insisteront pour une longue séance-photo. Au dixième cliché, Haya acceptera de s’y associer.

Le mari est de retour. Le salut est respectueux. Chaleureux, il envoie l’aîné chercher deux boites de Pepsi-Cola pour nous les offrir. Ce matin-là, il fait 45 degrés sur le trottoir de Palmyre et BiBi pense aux peurs, à la méfiance infondée et à l’inhospitalité d’une certaine France d’aujourd’hui.

Au moment de la séparation, cette incise temporelle d’une heure, ces soixante minutes hors du commun, inédites dans le Quotidien de Haya, feront douleur. Ses yeux brillent : des larmes retenues ? Elle racontera à ses amies du village la rencontre, l’échange avec la femme européenne jamais jusqu’ici croisée, une de celles qu’Haya voit sur son écran dans les fictions télévisuelles occidentales ou égyptiennes.

Pour Boto-Boto aussi, cet instant restera exceptionnel.

A jamais.

Fin de Syrie.

Fin de voyage en Syrie. BiBi espère que ces photos en diront plus long que n’importe quel commentaire. La photographie est d’importance en ce pays. Les gens s’offrent volontiers à la visée de votre appareil. Nul narcissisme mais une fierté légitime d’avoir à partager avec l’Étranger. Enfants et adultes vous font ces cadeaux merveilleux de simplicité, en haut et en couleurs, heureux que vous les emportiez avec vous aux quatre coins du Monde. Qu’ils en soient ici remerciés.

Petits métiers et grandes rencontres.

Couleurs au Souk d’Alep.

La Palme à Palmyre.

Les enfants de Syrie ( Hama, Damas, Alep, Apamée…)

Toutes ces photos reprises doivent comporter la source initiale et le nom de l’auteur (du blog). Rappel : les éléments présents sur Internet sont soumis de facto au droit d’auteur, même si leur accès est libre et gratuit et qu’aucune mention ne précise qu’ils sont protégés. Merci.

Les lecteurs du Blog peuvent revenir aux premiers articles sur la Syrie :