Tag Archives: Guillaume Canet

« Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde » (2)

BiBi s’est réveillé et son Double l’a rappelé au Désordre du Monde en criant « Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde » (Part.2)

«Plus de mineurs, plus d’adultes, plus de Vieux, juste des consommateurs qui communient ensemble» écrit le Sociologue avisé.

Dégoût et déglutition.

On ne peut que vomir cette inversion fondamentale et dominante des Temps Présents : «Maintenant, écrit justement Tony Anatrella, psy et… prêtre, ce sont les adultes qui cherchent à s’identifier aux adolescents».

«Je ne suis pas un ado, pas nostalgique et je vous emmerde».

Je ne veux pas être le Clone des Bobos des «Petits Mouchoirs» de Guillaume Canet, je ne veux pas être un Enfant de la Nouvelle Star ou un ex-ado du Grand Bleu. Je ne veux pas qu’une mère de 40 ans prête ses strings à sa gamine de 10 ans et j’emmerde ces Quadra-Quinqua qui singent nos chérubins, ceux qui vont en boite chanter du Chantal Goya, qui regardent Champs-Elysées de Michel Drucker la larme à l’œil et qui laissent leurs gosses de 12 ans jouer aux Bad-Boys et aux Lolitas.

Dureté.

Que ne voient-ils pas la dureté des rapports sociaux, les lois d’acier qui régissent le(ur) Corps Social ? Sous des dehors ludiques (la Pub aujourd’hui fait sourire et amuse beaucoup. Le même ami quinqua extasié : «Faut avouer qu’elles sont bien faites»), sous les anabolisants qui transforment le Citoyen en Geek, que voit-on ? Des hommes, des femmes qui refusent d’entrer dans le Monde adulte et qui prolongent des comportements d’adolescents jusqu’au-delà la barrière des Trente Ans.

Refrain : «Je suis un vieux, pas nostalgique et je vous emmerde ».

Tout ce qui m’est proposé est débectant : des Cinq fruits et légumes imposés pour rester en bonne santé à ce plaisir vintage d’avaler des Haribo et de mâcher des Malabars. A gerber ces promesses d’éternelle jeunesse. A gerber ces caresses démultipliées sur le portable pour vérifier – comme le petit garçon et son robinet – qu’il est toujours, à portée de main. A gerber ces obscénités quotidiennes et majeures du XXI ème Siècle, ces tendances à vouloir être maternés à n’importe quel prix. D’où vient cette incroyable propension à refuser la Séparation et la Solitude pourtant constitutives de la personnalité humaine et fonctions structurantes fondamentales ?

Cybercrèches.

Exemple : relisant Serge Tisseron, j’ai redécouvert l’existence des cybercrèches. Dans les pièces ou chambres où déambulent les petits enfants, on a installé des webcams pour que Papa au bureau puisse voir et admirer continuellement son chouchou. Le Rêve des Puissants se réalise : transformer les Papas & Mammas en Agents de Surveillance, new Big Brothers.

Le Temps passe.

Le Temps passe et ça fait mal. Mais ce Mal peut faire du bien quand, dépassant les rhumatismes, évitant les lumbagos, rajustant le dentier, constatant sa perte de vue, sa perte de cheveux, sa perte de tension-là-où-vous-savez, quelques-uns ont encore la force de crier cette vérité du jour :

«Je suis vieux, pas nostalgique et je vous emmerde».

(Aides à la Rédaction : Serge Tisseron – L’Intimité Surexposée et Cédric Biagini «Areuh, areuh, la croissance régressive» N° de Décroissance – Juin 2011).

 

Lecture de Paris-Match du 13 janvier (Part.2)

BiBi, un peu moins enthousiaste qu’à l’ouverture du numéro, finit sa corvée de lecture de Paris-Match. Après les trois hommes (Guillon-Sollers-Valls), l’hebdo cancane sur trois femmes : Farah Pahlavi, Marion Cotillard et Danièle Thompson.

Farah Pahlavi.

Paris-Match pleure sur le destin de Farah Dibah qui a perdu son second fils. Par contre, l’hebdo ne pipera mot sur les souffrances passées des Iraniens, de ce temps pas si lointain où le Shah avait aux ordres une police qui torturait, pendait, emprisonnait, coupait les mains et les têtes à tout va.

Farah a quand-même beaucoup de chance dans son malheur d’exilée : «A 72 ans, elle réside principalement à Paris, rive gauche, où elle bénéficie d’une discrète surveillance policière [ah bon ? Qui paye ?]. Elle y mène une existence assez mondaine [dégustons le «assez»], est reçue à l’Elysée par Chouchou, côtoie les Chirac, les Giscard, les Pinault et se rend parfois à des premières, toujours élégante». BiBi se demande si, en partant d’Iran, elle a pensé à faire comme Leila Ben Ali : partir avec une tonne et demie d’or dans son sac à main. Bien entendu, vous avez  la réponse : c’était beaucoup, beaucoup plus.

Marion Cotillard continue de piaffer.


Toujours dans le même numéro de Paris-Match, on s’étend sur Marion Cotillard et Guillaume Canet : «Marion a quitté son appartement pour se rapprocher de lui [touchant !] dans le Marais [ah, quand-même !]. Mais ils n’habitent pas ensemble [Moderne le couple !]. Ils jouent aux 4 coins sur une jolie place autour d’un jardin [ils y jouent avec l’infantile Philippe Sollers ?], elle dans un deux-pièces sous les combles [comme elle doit avoir froid l’hiver – ou trop chaud l’été, la pôvrette]. Lui, dans un duplex un peu plus vaste».

Qui aura un clap de fin pour dire à Marion que Piaf, c’est fini ?

Danièle Thompson.


Tournons la page de ce si riche numéro : au Théâtre Marigny (propriété de Pinault simple François), Danièle Thompson, décorée récemment par l’ami Sarkozy, fait répéter Bernadette Lafont dans «L’amour, la Mort, les Fringues». Paris-Match rapporte une réplique de la pièce ce jour-là :

«Évidemment, maintenant, il y a le Botox… parce que là aussi… quelle misère ! Alors opter pour un visage tendu comme une peau de yack sur un tambourin au-dessus d’un corps plissé, franchement, où est l’intérêt ?».

Conseil à Danièle : si Carla et Arielle (Dombasle) sont invitées à votre Première, retirez la réplique.

Du « Grand Bleu » aux « petits Mouchoirs ».

BiBi est allé voir «Les Petits Mouchoirs» de Guillaume Canet.

Les copains de Guillaume faisaient de l’humour, ronchonnaient, partaient en virée ou s’invectivaient lorsque, au milieu du film, l’amie-BiBi se pencha sur lui et chuchota : «Dis-moi, BiBi, on s’est trompé de salle ! Je crois que c’est «Camping 3» qu’on regarde». Pourtant, non, BiBi et son amie ne s’étaient pas trompés de film même s’il y avait peu de différences géographiques entre le camping des «Flots Bleus» de Frank Dubosc (tourné près de la dune du Pyla) et la maison du Cap-Ferret louée par François Cluzet. BiBi n’était pas devant un remake de «Camping». Petite différence notable : Frank Dubosc est analphabète mais Marion Cotillard, elle, est capable de lire «Le Monde». Bon, c’est vrai… à part ça…

En revenant sur son blog, BiBi s’est fendu d’un petit gazouillis-critique sur Twitter :

«Petits Mouchoirs. Petits copains. Petite amie.Très très petit film».

Le surlendemain, il revint encore se moucher dans ces «petits mouchoirs » et se souvint qu’au milieu du film, Canet avait placé un très court extrait d’un film de Jerry Schatzberg de 1973 «L’Épouvantail» avec Al Pacino et Gene Hackman. BiBi s’est trituré les méninges pour tenter de comprendre le pourquoi de cet extrait au milieu du film. Pas forcément parce que le film date de 1973 (année de naissance de Guillaume) mais peut-être parce que le réalisateur américain avait fait tourner Guillaume en 2001 dans le film «The Day the Ponies Come Back» et qu’en mettant cet extrait, Guillaume remerciait Jerry ? Bah ! Ce n’était que le énième petit merci  à un ami supplémentaire.

Il y a plus de 20 ans, on regardait le «Grand Bleu» de Luc Besson (1) et on se perdait au fond de la Mer. Le film nous disait : «Ben, oui, la mort existe mes petits loulous. C’est triste hein ?». Les grands ados du «Grand Bleu» ont grandi depuis 1988 : ils ont aujourd’hui 40 ans et ils sortent toujours leurs petits mouchoirs, pleurant chaudement encore aux enterrements. «Mince, semblent-ils dire, c’est con, hein ? On a beau faire, la Mort ça existe toujours».

«Grand Bleu», «Camping 1 et 2», «Petits Mouchoirs» : en tous les cas, la mort de ce cinéma, ce n’est pas pour demain. Il est toujours à l’agonie, n’en finit pas de mourir mais – paradoxe – il reste plus vivant que jamais sur nos écrans. Et BiBi, grand nigaud devant petits films, fait partie des trois millions de français qui ont couru voir le film.

Et même qu’il avoue : « J’ai beaucoup pleuré avec François, Marion, Benoît, Gilles et les autres. Je me suis longuement mouché dans mon petit mouchoir lors de cette incroyable séquence finale de la sépulture. Car, pour moi, tout triste à la fin du film de Canet, c’était peut-être bien le Cinéma qu’on avait enterré».

___________________________________________________

(1) C’est Europa Corp Distribution de Luc Besson qui a commandé, financé, distribué le film de Canet. Du «Grand Bleu» aux «Petits Mouchoirs», ainsi la boucle est bouclée.