Sur les Ondes locales, surprise du jour : on passait un vieux titre de François Béranger («Elle Voyage»). Il y a bien longtemps, en écho peut-être aux voyages de ma fille sillonnant les terres australes et indiennes, je m’étais aventuré dans un petit texte : «La Voyageuse». Mais au final, il s’agissait de réminiscences beaucoup plus lointaines : celles qui touchaient à ces cartes de géographie, à ces Atlas offerts dans mon Enfance, à ces noms toponymiques que j’apprenais par cœur et qui me faisaient rêver.
Et toujours là, encore aujourd’hui, ces increvables désirs : désirs de lieux, désirs de liens.
Il y a sept ans, presque jour pour jour, François Béranger décédait.
Tout jeune, BiBi fut instantanément un fan inconditionnel. Les chansons de son premier album, il les découvrit dans l’émission de Michel Lancelot « Campus ». C’était tout de suite après mai 68 : le soir, on sautait par-dessus les murs du bahut, on trouvait les disques rares de Charlebois, des Kinks ou des enregistrements-pirates des Stones.
On apprenait aussi par cœur les morceaux de Béranger «Tranches de Vie», «Dis-moi oui» ou « Y’a dix ans » et on appréciait cette superbe et toute simple balade «Brésils». François Béranger : sa voix au timbre chaleureux, légèrement granuleux, et encore son énergie du Désespoir, son sourire franc, son regard mélancolique, son respect du public populo.
Vidéo 1 : « Tranche de Vie » extrait de son premier album « Une Ville ».
BiBi découvre donc effaré le canadien Léonard Cohen, repasse en boucle le «White Rabbit» des Jefferson Airplane et se jette sur les disques de François Béranger.
Il se rend à son premier festival, le festival de Malataverne près de Montélimar, dans la carrière de pierre. Trois jours de chansons hors-cadre radio-télé, avec une scène bringuebalante, des pétards qui circulaient, des tentes en toile bleu délavée posées sur le plateau. Aujourd’hui, on appellerait ça un Festival alternatif.
Vinrent ensuite les sublissimes albums 33 tours («Rachel» et «Le Monde bouge»), les chansons plus électriques («Alternatives» « Joue pas avec mes nerfs» et albums publics) avec Jean-Pierre Alarcen et Gérard Cohen.
Vidéo 2 : « Le Vieux » extrait du 33t. « Rachel ».
Tout cela est indémodable et il faut réécouter par exemple «Combien ça coûte» pour être sûr que même inhumé au cimetière du Champ Juvénal de Castelnau-le-Lez, François Béranger n’est pas mort.
D’ailleurs, son esprit sera là, et à Paris, Thonon ou Marseille, dans les manifs du 12 et 16 octobre, il chantera dans nos têtes.