Questions autour de la Blogosphère.

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Curieux : SarkoFrance vient découvrir qu’avec le Web, on ne peut pas tout et que misère de misère, «tout ceci n’est que du Web». Puis il constate (découverte récente ?) : «Et, voyez-vous, tous les électeurs et électrices ne sont pas «connectés».

Oui curieux que, jusqu’ici, il ait pu croire – avec son expérience de bloggeur politique ou de politique qui blogue – que le fait de tenir un blog, de dire, d’écrire des billets, de les transmettre via leur mise en ligne devait obligatoirement déboucher sur un sentiment révolutionnaire et que, ni une ni deux, le Petit Chef allait dégager illico de l’Elysée.

Finalement, SarkoFrance pose une bonne question : Quel pouvoir avons-nous ? (Nous = les tenants des blogs «politiques» ). Cette question n’est pas autre chose que de s’interroger pour savoir d’où l’on parle, écrit, transmet et comment on pourra agir le plus efficacement possible.

EN PREAMBULE.

D’où on parle ? PensezBiBi n’est pas un blog politique. BiBi s’interroge encore sur la définition (dominante) du mot «politique», mot qui, pour lui – il va vite – ne se réduit pas du tout à ce qui est nommé, dénommé, catégorisé en «politique». Ce qui est politique concerne la vie de la Cité et tous ses champs (champs «politique» comme artistique, sportif, culturel) qui y sont inclus. Dans l’appelation «blog politique», l’adjectif «politique» y est souvent un synonyme d’«étriqué », de «réducteur », un synonyme réduit hélas à «qui parle de politique».

Faire la critique du film «Les Petits Mouchoirs», parler de Michel Butor ou de Georges Haldas est aussi important que de décocher les Flèches anti-sarkozystes car BiBi a la faiblesse de croire que la Pesanteur de la Vie s’infiltre par tous les pores de la Société (libérale) pour la pérenniser et la conserver telle qu’elle est. BiBi est passé par les écrits de Farge-Chartier-Corbin-Foucault-Bourdieu-Boltanski et par leurs fourches caudines qui l’ont certes désenchanté dans son rapport au Monde mais qui – dans le même temps – lui ont fourni quelques tuyaux pour y voir un peu plus clair.

POLITIQUE, RESISTANCES.

Lui reviennent en mémoire ces deux belles ces sentences. Celle de Roger Chartier : «Les œuvres littéraires peuvent changer la façon de penser le monde et la société ou de considérer le passé». Celle de Marx : «Dès le début, une malédiction pèse sur l’esprit, celle d’être entaché d’une matière qui se présente ici sous forme de couches d’air agitées, de sons, en un mot, sous forme de langage». La «littérature», la peinture, le cinéma, la vidéo et autres lieux signifiants sont ces milieux, ces champs spécifiques où se déploient des résistances à l’Ordre et aux Formes établis. Déploiement des résistances. Du politique donc.

LE MONDE ENTIER.

Faut-il rappeler qu’écrire des billets de blogs n’est pas parler et dialoguer avec le Monde entier ? Et ceci, pour la simple et bonne raison qu’il y a inégalité dans l’accès (ou face) au Web. Et que, même en étant abonné au Web, il faudrait encore que la propre reconstitution de sa force de travail soit employée au minimum à lire les blogs.

Et autres raisons possibles : il faudrait aimer la politique, il faudrait aimer imaginer un intérêt et un plaisir à en faire (vs le climat de dégradation dans le Monde politique), il faudrait que le «politique» soit perçu comme une affaire intime et bienfaisante etc.

BiBi ne s’est jamais leurré : même avec près de 400 lecteurs par jour et 1050 billets en 3 ans, il ne s’est jamais enflammé sur l’influence qu’il a. Sur ses 400 lecteurs quotidiens, une majorité d’entre eux sont convaincus – d’avance – par ses billets.

S’ORGANISER ?

En conclusion, SarkoFrance lance : «Nous devons, nous Blogueurs, nous organiser». Mais tendanciellement, sans se l’avouer, les bloggeurs le sont… organisés ! La Blogosphère fonctionne déjà très bien en groupes affinitaires, en tribus, en LeftBlog, en Kremlin des Blogs ou République(s) des Blogs etc. Et même plus lorsqu’on se penche sur la Politique des Liens. Denis Szalkowski a raison lorsqu’il rapporte que «l’essentiel des blogs qui composent le Top 100 des classements Wikio sont amenés à commenter le commentaire qui, à son tour, est commenté par des commentateurs ! (…) On n’oublie pas de faire un backlink vers le blog de son «ami».

Une organisation très organisée qui finalement donne le sentiment de tourner en rond. Les bloggeurs parlent aux bloggeurs. Et les bloggeurs répondent… aux bloggeurs.

Et lorsque le Wikio, organisateur de tous ces liens, disparaît, la déprime n’est pas loin : «Wikio disparaît, c’est déprimant, dit un tenant de blog, on s’était habitué au classement et aux pages d’accueil bien notées». La Vie d’un blog, la vie d’un bloggeur dépendant d’un Hit-Parade : misère !

UNE REDECOUVERTE DU REEL.

Comme l’écrit Monique Dagnaud, les 15-30 ans sont «une génération qui a commencé son apprentissage de la vie avec les outils informatiques». Aujourd’hui, les bloggeurs influents touchent à la Quarantaine. Eux aussi élevés au Web – un Web qui penche à «Gauche» – ils pensent que leur désir est la Réalité mais les faits sont têtus. Nous voilà en pleine période pré-électorale : on s’est enivré des Primaires et on a commenté le moindre mouvement de la Merkozy, on s’est renvoyé des tweets ironiques, on n’a pas hésité à faire et à écrire «cynique», on a cru voir le Soleil se lever etc.

Et voilà qu’on découvre que le Réel n’est pas si malléable que ça, que Sarkozy garde ses chances d’être réélu et que – malgré X billets anti-Sarko – le Dragon est toujours là et pas encore terrassé. Leurre de croire le Pouvoir à l’agonie, dangereuse croyance à le croire prêt à trépasser alors que le Pouvoir et ses Chiens de Garde se sont réorganisés autour des nouveaux Médias et qu’ils en sont beaucoup moins effrayés. Des petites preuves ? L’arrivée par exemple d’Atlantico sur le Marché politique du Net ou encore les petits malins de bloggeurs de Droite qui jouent amicalement avec des gens de gauche, qui s’installent dans leur blogroll au nom de l’amitié etc, etc.

PENSER PAR SOI-MËME.

Le déficit est là : dans la pensée. Ici encore le juste constat de Monique Dagnaud : «[Les mouvements nés du Net] ont une grande capacité à s’organiser pour protester – comme l’attestent les mouvements des «indignés» -, ils impulsent des valeurs émancipatrices, mais leur capacité à peser durablement sur la scène politique reste à prouver». Hé oui, la protestation n’est pas la Pensée, n’est pas le Don de Sens.

Et contrairement à ce que pense SarkoFranceIl faut donc sortir du Net, trouver les caisses de résonance adéquats hors du simple cyberespace: presse, radio, TV, livres»), il faut ni en sortir ni faire en sorte de s’y enfermer mais… il faut combiner le Net (son blog) avec une prise de position pensée et réfléchie qui ensuite – espérons-le – débouche sur l’action (hors du Net). Quant à dire comment se comporter, BiBi n’en dira rien parce que c’est à chacun de se démerder, que c’est à chacun de penser son rapport au Monde, de choisir ( un peu), de s’engager, d’agir pour que ce foutu Monde change (un peu, beaucoup, passionnément).

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Les deux photos de bloggeurs sont de Gabriela Herman.

Pas des fainéants, les Boss d’aujourd’hui.

 

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Les Nouveaux Capitaines d’Industrie ne croient jamais que d’autres qu’eux puissent penser. Les autres (les grévistes, les Manifestants, les Peuples en colère) sont dans l’Emotion. Paralysés par leur sentimentalisme puéril, ils ne peuvent évidemment pas penser le Monde et ses réalités. Quatre adjectifs pour les résumer : Exaspérés. Fragilisés. Désespérés. Décervelés.

BiBi a continué de lire le numéro de l’Expansion (novembre 2011) et il est tombé sur deux articles encensant deux Capitaines d’Industrie, penseurs activistes de ce New Age de l’Économie (Mr Philippe Carli, nouveau Boss chez Amaury et Madame Arianna Hufftington).

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Vendredi 7 octobre dernier, grève au Parisien contre les coupes et les plans en préparation. Le journal, dont Philippe Carli est le Boss, est absent dans les kiosques.

Philippe CARLI garde un calme olympien : «Il est légitime que ce changement crée de l’émotion. La presse est un secteur qui doit réinventer ses codes et définir sa propre méthode de conduite de changement. Il faut dépasser les clichés».

Analysons :

«Il est légitime que ce changement (apprécions le mot qui donne l’impression que ce changement est un progrès et que le mouvement des Grévistes est rétrograde) crée de l’émotion (Carli réduit le mouvement à une émotion et les émotions ne sont pas souvent maîtrisées, hein ? Les motifs des grévistes sont ainsi ravalés à des positions infantiles).

« La presse est un secteur qui doit réinventer ses codes…» : avec du langage emprunté à la Sémiologie 1968, on fait moderne et on cache la brutalité de licenciements à venir « …et définir sa propre méthode de conduite de changement» (Mot-bis)» :  Apologie du mouvement contre l’immobilisme dont le synonyme (« Il faut dépasser les clichés») est le cliché.

Décervelés sont les grévistes qui réagissent à chaud, sous le coup de l’émotion (les Adultes – c-à-d les Boss – eux, pensent à froid). Les mauvaises graines ne voient pas grand-chose de l’Avenir radieux qu’on  (On ? Les Papas qui transmettent les belles Valeurs aux enfants) leur prépare. Et s’ils persistent, ce sont des ingrats. Ne pas s’étonner alors que, dans ses dispositifs, le Nouvel Esprit du Capitalisme fasse appel à certains courants de la psychologie persuasive pour rappeler les mauvais sujets à leurs «responsabilités».

Les Boss travaillent dur : un travail de titan. Ils se vouent à l’Entreprise, ils descendent du piédestal sur lequel se complaisaient leurs Ancêtres, Vieux Patrons hiérarchiques.

L’EXPANSION (toujours à propos de Philippe Carli) : «Le Nouvel homme fort d’Amaury est sur le terrain, à la rencontre des salariés. Un journaliste témoigne : «En bon chef de chantier, il vient environ une fois par semaine».

Analysons :

«Le Nouvel homme fort d’Amaury est sur le terrain». A l’instar du travailleur manuel, très loin de l’Intello toujours fainéant  (petite dose bienvenue d’anti-intellectualisme – ça marche toujours), Philippe Carli est au cœur de l’Entreprise, il se salit les mains notre Géant, il n’a pas peur, il va au charbon en venant à la rencontre des salariés ! Et c’est un journaliste, un bon petit gars de la base qu’on ne saurait suspecter d’être un lèche-bottes du Patron, qui le dit.  Sympa, hein, le Boss ? Pas comme tous ces Rentiers vieille-génération, ces Capitalistes-Salauds, loin de tout, qui attendaient que rentrent les sous en se payant la bonne.

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L’EXPANSION, page suivante.

C’est le tour de la présidente et rédactrice en chef d’AOL-Huffington Post Media Group, Arianna Huffington d’être en pleine page. Elle aussi bosse dur, dur, très dur. Vous pouvez pas imaginer : «Une force de la Nature» écrit L’Expansion. Et au risque de surprendre, BiBi est d’accord avec le constat de L’Expansion. Chez ces gens-là, on bosse comme des fous, comme des folles. Ce qui fait courir ces Capitaines d’Industrie, ce n’est pas (forcément) l’argent. Ce qui intéresse les Top-Models du Patronat comme les Coqs de la Nouvelle Économie, ce sont la Gloriole et la Notoriété, les Feux de la Rampe, les Projos de la Célébrité :

L’EXPANSION : «Elle était plus riche avant. La gloire l’attire plus. On l’a comparée à Madame de Staël pour qui c’était «une jouissance enivrante d’emplir l’univers de son Nom».

La Gloriole, comme l’écrivait Elias Canetti : vermine de ce Siècle.

Les Capitaines du Net dans le N° de l’Expansion.

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Dans la Nouvelle Economie, foin des Chefs hiérarchiques ! Aujourd’hui, les leaders sont des «donneurs de Souffle» avec leurs visions : ils sont dans la place et l’occupent. Ces leaders ne recourent jamais à la force, ils apparaissent comme de bons démocrates, comme des visionnaires-précurseurs-inventeurs. Ils maillent le sens de leur travail, peaufinent leur projet, sachant transmettre ce même sens et faire partager leur projet à leurs agents.

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Le N° de L’Expansion de ce mois (1) fait sa Une sur le Big Bang dans les Médias et nous propose un inventaire de ces nouveaux Capitaines d’Industrie du Net. BiBi ne s’arrêtera que sur les photographies qui accompagnent les textes de présentation de leur parcours. Charisme oblige, ils se présentent individuellement via des portraits. En effet, aujourd’hui, l’Economie libérale les oblige à ne plus se cacher. Ils se montrent donc mais leur Singularité n’est pas de l’Egoïsme, c’est avant tout l’image de leur Entreprise dont ils sont l’Icône, l’Emblème. Au service évidemment du Bien Commun, du Citoyen, de la Liberté.

Le titre de l’article ? «Ils cherchent leur business-model de demain». Recherche et Projet. Voilà des Hommes qu’on assimile aux Aventuriers du XXIième Siècle, Christophe Colomb du Second Millénaire. Pasteur ou Einstein des Années 2000.

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 MEDIAPART : Edwy Plenel, placide, porte pantalon noir, chemise bleu nuit, moustache-relique d’ancien baroudeur. A noter : un stylo au revers de la manche de chemise relevée. Edwy est donc prêt à noter tout ce qui se passe à chaque seconde dans le Monde. Façon de faire voir qu’il est la Synthèse de l’Ancien (journaliste au stylo) et du Nouveau (journaliste au clavier). Il est le premier sur la liste, le plus connu. Une moustache déjà légendaire. Parions qu’il y aura beaucoup de mouchoirs et de pleurs quant il finira comme Steve Jobs. Incontournable donc.

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RUE 89 : en seconde position, suit Pierre Haski. Il tient discrètement un portable à la main et un quotidien sous le bras. Lequel ? On n’en saura rien. Peu importe, le Quotidien représente tous les quotidiens. Haski arpente toutes les rues (là où se joue la liberté des Peuples) jusqu’à la Rue au numéro (19)89, celle qui ouvre tous les Carrefours de la Pensée, de l’Action (révolutionnaire).

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XXI : Laurent Baccaria, directeur et inventeur, est assis sur une pile, non de journaux ancienne manière mais de «mooks» colorés (ces couleurs disent probablement qu’il est ouvert à tous les courants de toutes les couleurs). Ces Capitaines, héritiers de l’Idéologie 68, ont compris qu’il ne faut plus paresser mais être des Hommes de leur Temps. Bosseurs, ils se dévouent tous à l’Information. Baccaria est assis sur une pile de book-magazines, il relève les manches. Ouh ! Quelle masse de boulot l’attend  pour ce… XXI ième siècle !

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OWNI : on a Nicolas Voisin de profil. Beau brun ténébreux, il tranche avec les autres. Séducteur distant, veste noire, intellectuel à la barbe naissante. On le voit pouce sur la lèvre mettant ses pensées au travail. Des pensées qui vont à la fois à mille à l’heure et qui sont réfléchies. Un surhomme ordinaire, un homme parfait. Autrement dit : un OVNI.

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ATLANTICO : C’est Jean-Sébastien Ferjou. Avec lui, on ne rigole pas. C’est du sérieux. Visage angulaire, dur. On devine un esprit volontaire. Normal : il a une guerre à mener jusqu’en Mai 2012 pour défendre son Maître Nicolas. Arrivé dernier dans l’inventaire des sites d’Infos, il compte sur le million d’euros de Charles Beigbeder et du soutien de l’Elysée ( à qui il manquait une courroie de transmission) pour rattraper le retard. Avec DSK, sa voiture, ses call-girls, Jean-Sebast’ a grimpé sur l’échelle. (Lire ici billet-BiBi)

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DAILYMOTION : «Sans strass, ni paillettes» est-il écrit. On aura droit à une plus petite photo du Secrétaire Général (Giuseppe de Martino). Photomaton couleur, photo banale mais pas insignifiante sous sa banalité : c’est un entrepreneur sérieux et discret qu’on veut exhiber.

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MYSKREEN : C’est le petit dernier méconnu. Et la photo de Frédéric Sitterlé, président aussi du club de foot de Strasbourg, est là pour se faire connaître par son visage assimilé à l’Entreprise – chaque Capitaine se doit de porter l’Image de son Navire car, autrement, on le taxerait de Narcissique (vilain défaut dans l’idéologie communautaire et partageuse de la Nouvelle Économie). MYSKREEN porté, supporté par Dassault pour porter les valeurs sportives dans les Médias. Notre Frédéric se présente mains croisées, chemise blanche ouverte, pas rasé, montre discrète mais de classe.

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(1) Malheureusement, toutes ces photos de Managers new-look, élevés au biberon de 68, reconvertis dans la nouvelle Économie, ne sont disponibles que dans le numéro de Novembre 2011 de l’Expansion. Ces Hommes de Pouvoir (qui s’autoglorifient en Hommes de Contestation à l’Ordre établi), Jeunes loups aux dents longues sur la Scène médiatique des Temps Nouveaux, veulent dominer le Territoire-Média. Entre eux, il y a une féroce lutte concurrentielle comme dans n’importe quel champ ouvert mais l’Expansion ne… s’étend guère là-dessus. BiBi note un grand absent : Daniel Schneidermann d’Arrêt sur Images (trop vieux probablement pour être dans le Carrosse de cette Jeunesse).

Revue des Blogs et autres petites choses…

BiBi a fait sa tournée des blogs. Au hasard mais d’un hasard objectif. Une promenade dans sa blogroll, une plongée dans ses tweets et chez des bloggeurs (quasi) inconnus, un regard sur les journaux. Trois coups d’œil pour un billet.

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BLOGS HORS ZONE OFFICIELLE.

Voilà ce qui fait du bien à BiBi : en navigant sur le Net, il trouve des blogs qui sortent de la Zone Officielle.

Christian COTTET-EMARD : Lorsque BiBi est tombé sur les deux billets de Christian Cottet-Emard, il eut comme un double ravissement. Deux courts billets mais de haute tenue : lisez donc (c’est un Ordre !) : «Les ennemis du poète» et «Leurs petits besoins».

Frédéric SCHIFFTER : Un billet qui ne fera pas plaisir à tous, c’est celui de Frédéric Schiffter, «philosophe sans qualités» (en voilà une jolie qualité). Il a pondu un billet d’une belle et incisive envergure sur le Duo Stéphane Hessel/Edgar Morin, frères de combat, en concluant par ce rappel que tout avait commencé par… Abel et Caïn. Dans le Com-BiBi qui accompagne son billet, une certitude : ni Hessel, ni Morin n’ont hélas lu Cioran et Thomas Bernhard.

Le Blog d’AGONE est toujours aussi instructif. Outre le billet d’Alain ACCARDO, il y a l’intervention de Xavier Montanyà Les vieux vautours de la Françafrique ont atterri en Libye»). Le meilleur des articles lus sur la Libye.

BIBLIOSURF  lance cet appel opportun à propos des livres numériques. On y apprend que «les sociétés Apple et Amazon qui ont leurs sièges sociaux au Luxembourg bénéficient d’une totale exonération alors que les librairies françaises reversent 19.6 % de TVA à l’Etat français sur la vente de livres numériques». Billet à lire. Pétition à soutenir.

DANS LA BLOG-ROLL DE BIBI.

NICOCERISE : Un petit signe amical à NicoCerise qu’un Libertaire vient emmerder au nom de l’Esprit Libertaire. Ben oui, Nico, il y a des petits Maîtres et des petits Dieux partout.

BEMBELLY s’arrache sur Rachida (Dati). Et croyez-en la lecture-BiBi, son billet n’est pas fictif. Il rappelle opportunément que Fillon pioche dans nos bourses publiques pour payer sa future Campagne parisienne. Un scandale de plus.

CUI CUI FIT L’OISEAU : BiBi est heureux de voir qu’il n’est pas le seul à tirer le portraits des Brigands de la Brigade élyséenne. Voilà CuiCui l’Oiseau qui plante son bec dans les chairs de Laurent Wauquiez. L’Oiseau a une belle plume et il sait où la mettre…

PLUME DE PRESSE : Dans le blog offensif d’Olivier Bonnet, propos instructifs de Sonia Mitralias, citoyenne grecque membre du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers monde. En Grèce, l’inquiétude monte encore  : «Le chômage atteindra probablement 30% l’année prochaine. On aura 40% de moins d’hôpitaux et de lits d’hôpitaux (…) L’Etat grec se trouve déjà dans l’incapacité de fournir des livres scolaires à ses écoliers et les invite à en faire des photocopies. Et la faim, oui la faim, commence à faire son apparition dans les grandes villes tandis que les suicides se multiplient dans un pays plongé dans le stress et le désespoir». 

LES COULISSES DE JUAN (SARKOFRANCE) : BiBi aime beaucoup Brassens (Voir ici l’interview du Copain Georges ). Mais la chanson mise en ligne par Juan, chanson qui rappelle que «Quand on est cons, on est cons», n’est pas de la meilleure veine pour BiBi. Arrêtons-nous sur ce refrain : on serait donc con à vie, on ne pourrait pas ainsi être con parfois et intelligent à d’autres moments. Il y aurait donc des cons figés une fois pour toutes dans la Connerie ? Eh bien, BiBi n’est pas du tout de ce côté car, la Psyché humaine n’est pas toute Une, n’est pas définitivement Une… même si chacun d’entre nous a moult exemples de Connards restés à vie dans la (leur) Connerie.

LES JOURNAUX.FR

LE MONDE.FR fait un carton sur l’article «La Strauss-Kahnie entre rage et amertume». A propos de Dominique Strauss-Kahn, on écrit : «Il est chez lui toute la journée, il tourne en rond ». Et BiBi de tweeter : «Étonnant pour cet amateur de parties carrées».

Le Numéro 1 du Grand Webze.

Ils voulaient une émission «décalée». Ils ? Les animateurs du Grand Webzé sur France 5, ce vendredi.

Les Invités, le trio d’animateurs.

1. Rythmée par un @Jcfrog dont le jingle ouvrait chaque séquence, BiBi vit apparaître des français bien anonymes, talents cachés du Web : un expert-comptable, une sculpteur-in-bouse-in-buzz ?, un allumé très scientifique se promenant dans la Voie Lactée, une chinoise donnant la leçon à trois pékins, un dessinateur, fils de Bernard Mabille. Pourquoi pas ? On est au Pays de la Télé démocratique, hein ? Tous pour Une émission. Une émission pour Tous.

2. En Maitres de séance : VinVin, François Rollin – qui doit être un écrivain (Amis-BiBi confirmez SVP) et Alexandre Astier ( sosie du judoka Thierry Rey).

Esprit d’Equipe.

Tout le long de l’émission, on resta dans l’Esprit démocratique du XXI ième siècle : coulisses et devant de la scène à égalité de chances visuelles. On se promena dans le studio dont le décor oscillait entre bar de prolo et atelier de bobo. On y montrait techniciens, amis de techniciens, maquilleuse et amies de maquilleuse, script solitaire ; on y remarquait Florence Porcel, tenante de la Time Line Twitter (Lire gazouillis-BiBi (1)). Voyez, comme on partage, disaient-ils tous, voyez ce magnifique Esprit d’Equipe. Manquait juste la pub de la Société Générale (2) sur les murs.

«Peu me chaut»

Alors ? Et cette émission ? Tint-elle toutes ses promesses, en particulier celle-ci : «réconcilier la Télé et le Web» ? BiBi, plutôt partisan de «la Bagarre», de l’Humeur rageuse et de l’Humour d’Enragé, répond en trois mots : «Peu me chaut». Laissons Alexandre Astier en Roi Artur traduire cette prose médiévale.

Se distinguer.

Ce qui frappe plutôt, c’est cette volonté obsessionnelle de vouloir faire décalé, c’est cette volonté, cette intention affichée, affirmée à tout va, de dire qu’on va faire du différent et qu’on n’est donc pas comme les autres (…comme les autres présentateurs, les autres émissions). C’est cette drague éhontée du téléspectateur par l’annonce d’un «Regardez-moi, écoutez-moi, vous sauvez pas, je suis pas pareil» qui évidemment gâche tout. On reste ainsi dans la ligne conformiste de tous les médias et de toutes les chaînes confondues (De Drucker France 2 à Canteloup TF1), tous enchaînés à la question «Comment se distinguer dans ce champ concurrentiel ?»

La Grande Frousse de l’Audimat à Zéro % (le GrandWebzero ?)

Derrière cette volonté de Distinction, derrière le temps de l’émission qui file, file, file, demeure corrélativement la Grande Frousse de voir le Téléspectateur se sauver. Au-delà du contenu, c’est évidemment cette présence en surplomb, cette présence surmoïque (restera ? Restera pas ?) qui empêche le rire libérateur. Ils ont beau tout vouloir nous montrer, se tourner dans tous les sens, il y a toujours ce Rideau derrière lequel se cachent les Puissances Tutélaires, le Pouvoir politique et économique qui nomme les Directeurs de Chaînes et donnent la Sentence de l’Audimat etc.

L’Axe basique, c’est l’Humour.

François Rollin est drôle. VinVin (Cyrille de Lasteyrie) carburant à l’eau-l’eau est drôle. Astier sort ses blagues-Kamelott. On rit ? Ben… Après une séquence fadasse sur «Burnes et XV de France» (pas d’essai transformé sur cet Humour Q), après les résultats du jeu SMS-SOS, toujours encéphalogramme plat, toujours pas de Fukushima du Rire.

Debout, de boue, Debouze.

Arrive alors cette Femme-Sculpteur qui façonne ses animaux avec de la bouse de vache… Arrive, dans un même élan, la vanne centrale qui résume tout, la blague de potache qui restera dans les anals de l’émission. C’est Cyril qui, fiche en main, attend sa minute, il respire profondément, il la répète, ça y est, c’est le moment, il regarde ses acolytes, genre vous-allez-entendre-ce-que-vous-allez-entendre, il guette d’un œil la caméra, de l’autre œil sa fiche, hé caméra ! sur moi, sur moi, SVP, et voilà, hop, il lâche à la Sculpteur-de-bouse : «Et si vous faisiez Djamel, on dirait que vous faites du Djamel Debouze».

On rit.

On rit parce qu’on voit alors tout le décalage, le gouffre qui sépare cet humour préparé, répété, prédigéré, prérédigé, prédirigé, calculé, démultiplié par la TV (et le Net) de l’humour par exemple d’un Devos (Ou du jeu sur les mots d’un Vincent Roca). Ici, on rit mais hélas d’un rire qui ne rit pas. Un rictus plutôt. Et nous revient alors ce mot en pleine figure : le célèbre mot de Cambronne.

RDV le 25 novembre pour le n°2.

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(1) Voili-voilà les 13 twittos-BiBi de la Réconciliation (Émission à voir ici).

1. Je suis comme une vache qui regarde passer les trains. Je regarde donc #LGW

2. @LeGrandWebze compte sur un expert-comptable pour enrichir l’émission.

3. Séquence : la leçon de chinois. Trois pékins pour présenter.

4. Manque de rythme ? François, t’es pas très Rock and Rollin !

5. Invité de LGW: Pierre Billon, fils de Patachou. C’est la Crème !

6. J’aimeuh beaucoup cette Sculpteur.

7. Oui, c’est vrai, les vaches sont souvent maltraitées.

8. Sur le jeu de mots «bouse» et «Debouze», glissons.

9. A @Donjipez Tout se résume dans la (pauvre) blague sur Debouze : préparée, annoncée, enveloppée, présentée, citée, récitée, appuyée etc.

10. A @FlorencePorcel Je ne suis pas un troll. D’ailleurs j’ai beaucoup aimé François Trollin.

11. Problème de son : l’émission mériterait un bon… direct.

12. @philippesage Hélas cette émission est dans la Promo du « décalé ». C comme les blagues appuyées : même l’inattendu en devient fade.

13. @philippesage C’est qu’il faut beaucoup de gentillesse et beaucoup plus de perfidie (politique entre autres) pour faire rire BiBi.